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laire* diminue à l’échelle de l’habitat (6.68 ; 6.37 ; 6.69). En effet, les actions de fauche et de pâturage permettent d’augmenter la richesse en espèces en diminuant la compétition inter-spécifique*, en réduisant la do- minance et en favorisant le renouvellement des espèces (6.68 ; 6.37 ; 6.69).

A plus large échelle, l’arrêt de l’entretien des prairies peut également se tra- duire par une diversification des groupements végétaux, permettant la réapparition ou l’extension de communautés végétales transitoires et de stades matures disparus ou en forte régression en Bretagne. Les Aulnaies rivulaires, qui avaient presque disparu des paysages bretons, se développent par exemple dans les stades les plus âgés. (6.69).

6.7.1. Evolution de la flore, des champignons

et des lichens associés aux zones humides,

en contexte d’enfrichement

Sur le plan des espèces et habitats à enjeu conservatoire, d’après la liste rouge de la flore vasculaire* bretonne et l’évaluation de la responsabilité biologique régionale (RBR) de la Bretagne vis-à-vis de sa flore vasculaire*,

les espèces associées aux milieux ouverts, notamment humides, constituent la plus forte proportion des espèces menacées de la ré- gion, sachant que la flore disparue, menacée ou quasi-menacée représente 22 % de la flore indigène (en ne tenant pas compte des taxons hydrides et des taxons douteux qui n’ont pas été évalués, 6.70 ; 6.71). 23 espèces de prairies humides ont notamment été identifiées sur la liste rouge, comme par exemple la Fritillaire damier (figure 6.7) ou la Gratiole officinale (6.71). De même, une attention particulière doit être portée aux espèces des milieux oligotrophes* dont certaines sont rares et menacées dans la plupart des régions en Europe (6.68). En ce sens, il est à noter que, par- mi les boisements humides présents en Bretagne, certains sont reconnus comme habitats d’intérêt communautaire prioritaire. C’est notamment le cas de la Bétulaie tourbeuse (6.29).

L’enfrichement réduit le nombre d’espèces liées à la flore vasculaire* à l’échelle de l’habitat. Selon le contexte du paysage (ouvert ou fermé), la diminution de richesse floristique à l’échelle de l’habitat peut être compensée par une augmentation de la richesse en espèces à l’échelle d’un sous-bassin versant ou d’un bassin versant (6.68 ; 6.72 ; 6.37).

En termes de conservation des espèces au niveau régional, les prairies humides sont identifiées comme des secteurs à enjeux, en particulier les prairies humides oligotrophes*(6.73).

6.7.1.2. Les bryophytes, les champignons et les lichens

D’une manière générale, les bryophytes* affectionnent particulièrement les milieux humides. Elles ne sont généra- lement pas affectées par l’ombre et trouvent dans un boisement, une potentialité d’accueil (diversité d’habitats et mi- cro-habitats) un peu plus grande que dans d’autres milieux, à travers la présence de bois en décomposition, d’écorces de plantes vivantes et tout particulièrement de l’humus forestier où les peuplements de bryophytes* sont généralement les plus abondants (9.74).

Par ailleurs, les milieux prairiaux et boisés présentent tous deux des potentialités d’accueil d’espèces de bryophytes* remarquables. Par exemple il est possible de retrouver la mousse Straminergon stramineum(figure 6.8) en prairies tour- beuses oligotrophes* diversifiées ou l’hépatique Aneura mirabilis dans son habitat « type » au sein des bois tourbeux : Boulaies et Saulaies*-Boulaies tourbeuses (6.75 ; 6.76).

Enfin, une grande part de la biodiversité en champignons et lichens se trouve en forêt car elle présente un potentiel d’habi- tat plus important pour ces taxons, notam- ment au travers du bois mort (6.77 ; 6.32).

Bien que la diversité en lichens, en cham- pignons et en bryophytes* associée aux milieux boisés soit reconnue, ces taxons apparaissent encore mal connus actuel- lement en Bretagne(6.73).

© José Durfort

© Marion Har

degen – CBN de Br

est

Figure 6.7 : Fritillaire damier Figure 6.8 : Straminergon stramineum

des prairies, haies et lisières, composant une mosaïque de milieux notamment favorable à la diversification des sources d’alimentation. Il s’agit par exemple du Grand rhinolophe (espèce en danger et à responsabilité régionale très élevée), de la Barbas- telle d’Europe (espèce quasi menacée, figure 6.9) ou du Muscardin (quasi menacée, 6.79 ; 8.80).

Sur le plan des espèces et habitats à enjeu conservatoire, les espèces de mammifères identifiées comme quasi menacées ou à res- ponsabilité régionale sont rattachées au bocage, aux milieux aquatiques*, humides ou frais et aux milieux forestiers, et une bonne part appartient au groupe des chiroptères (6.70).

Globalement, l’enfrichement des zones humides liées aux cours d’eau, conduisant à l’apparition de boisement spontané, apparaît plutôt favorable aux mammifères. Cependant, la conservation concomitante d’une mosaïque de milieux bocagers semble nécessaire. En effet, dans le cas où l’amont et l’aval des zones humides liées aux cours d’eau se boiseraient com- plètement, il est probable que cette situation devienne problématique pour plusieurs espèces, particulièrement dans les secteurs très cultivés avec peu de prairies.

6.7.2.2. Les oiseaux

La structure de l’avifaune est très influencée par la dynamique végétale (6.78). Quand le boisement se développe en zone humide par patch, il y a un changement de structure dans le paysage de l’oiseau. Cette modification est particulièrement défavorable pour les espèces inféodées aux zones humides ouvertes entretenues par fauche et/ou pâturage, comme par exemple le Tarier des près (responsabilité régionale très élevée et espèce en danger critique d’extinction).

Pour d’autres espèces d’oiseaux qui affectionnent les milieux ouverts à semi-ouverts, l’apparition de stades intermédiaires de l’enfrichement (stades 1 et 2, Voir Partie 4.1.1.1, p. 28) pourrait présenter un intérêt pour leur habitat. Cette mosaïque de milieux ouverts et semi-ouverts (prairies, Mégaphorbiaies*, fourrés, haies, lisières) peut par exemple constituer un habitat potentiel pour la Bouscarle de Cetti (figure 6.10). Enfin, au stade de boisement pionnier installé présentant surtout des Saules ou des Aulnes, des espèces plus ubiquistes seront potentiellement favorisées, comme le Troglodyte mignon (6.81). Néanmoins, quelques espèces à enjeux de conservation pourraient tout de même y trouver un habitat potentiel. Cela pourrait être le cas du Bouvreuil pivoine par exemple (espèce vulnérable et à responsabilité régionale élevée).

6.7.2.1. Les mammifères

Le milieu boisé joue un rôle important pour la diversité en mam- mifères notamment, car la Bretagne est une région relativement peu boisée actuellement (17,4 % en 2015 ; Voir Partie 3, p.11). En effet, il constitue des zones de gîte et de chasse pour bon nombre de mam- mifères, comme par exemple le Murin de Bechstein ou de Natterer (es- pèces de chauve-souris quasi menacées). Les boisements vont favoriser des zones de refuge pour la Loutre d’Europe (responsabilité biologique régionale élevée) et les boisements humides semblent constituer un habitat de choix pour la Crocidure bicolore (espèce vulnérable de mu- saraigne). Ce constat est néanmoins à relativiser car l’enfrichement est défavorable pour certaines espèces de milieux ouverts, comme le Campagnol amphibie (responsabilité régionale élevée et espèce quasi menacée notamment par la fermeture des milieux à l’abandon).

Pour d’autres espèces, il y a un intérêt fort ou supposé à conserver

6.7.2. Evolution de la faune associée aux zones humides