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e) Quelle libération sexuelle ?

Dans le document LES FEMMES EN FRANCE, 1870-1990’ (Page 33-37)

accès à la contraception :

- dès 1956, plusieurs propositions de loi à l’Assemblée nationale - pilule contraceptive mise en vente aux États-Unis 1960>>> -  gros débats en France : elle « dénaturerait » la femme !

- campagne présidentielle 1965 : F.Mitterrand se déclare favorable au contrôle des naissances

- un député de droite, Lucien Neuwirth dépose une proposition de loi libéralisant la

contraception. Vote 29 décembre 1967 grâce à la gauche (droite en majo. contre). Retards des décrets d’application (>>> 1973). Pas loi féministe, plutôt volonté lutter contre

avortements clandestins (voir plus haut)

* La loi autorise la fabrication et l’importation de contraceptifs.

* La loi N. autorise la vente des contraceptifs, mais limite strictement la publicité qui peut en être faite (la loi de 1920 n’est pas abrogée).

* la vente se fait en pharmacie sur ordonnance médicale pour la pilule et le stérilet * Une autorisation parentale est obligatoire jusqu’à 21 ans pour se voir délivrer la pilule. - L’encyclique Humane Vitae a beau réaffirmer (le 29 juillet 1968) l’opposition de l’Église catholique aux méthodes de contraception modernes, ces dernières entrent dans les mœurs, d’autant plus que :

- en 1974, une nouvelle loi autorise l’accès des mineures à la contraception et permet le remboursement des produits contraceptifs prescrits. Elle intègre dans les centres de PMI des centres de planification et d’éducation familiale.

- mais sous-utilisation de la contraception féminine :

* mauvaise information, notamment dans milieux défavorisés * crainte d’effets secondaires de la pilule

* souci écologique d’éviter ce qui est « artificiel », ce qui « enrichit les laboratoires pharmaceutiques »

* plus autres raisons, sans doute  la nouvelle génération (de la fin du XXe siècle) utilise moins la pilule

- Mais celle-ci reste encore en 2000 la méthode la plus utilisée par les femmes (60,8 % ; stérilet : 23,19 % ; préservatif : 9,9 %)

- dans années 1980, les risques liés au Sida avaient commencé à modifier les

comportements, en mettant au premier plan le préservatif masculin dans la prévention la dépénalisation de l’avortement (voir plus haut) : la pression féministe a fait de l’avortement un grand débat national

les tabous contestés :

- levée sociale des tabous lexicaux (les mots pudiques disparaissent progressivement), hygiéniques, médicaux 26

- pudeur : maillot deux pièces, du bikini au monokini (mode des seins nus commence à la fin des années 60), retour du nudisme, concert de Woodstock…

26 Mais le pouvoir médical, masculin pour l’essentiel, soulève des méfiance  féministes s’intéressent aux « médecines naturelles ».

- manières de s’habiller évoluent vers la décontraction : sous-vêtements plus simples, collant se substitue aux bas et porte-jaretelles, soutien-gorge plus systématique, minijupes et jeans moulants sont signe d’une libération sexuelle, etc.

- Dans le mouvement général de libération corporelle, les femmes sont à l’avant-garde, logiquement, puisqu’elles subissent des contraintes corporelles plus fortement que les hommes et que leur émancipation physique rejoint une lutte plus globale pour leur émancipation tout court

- la masturbation cesse d’être un tabou

- réhabilitation du plaisir clitoridien (sous-évalué par Freud) : les sexologues admettent que la stimulation clitoridienne peut être un élément important voire décisif du plaisir féminin

- Mais le désir de « jouir sans entraves », slogan de 68, se heurte néanmoins à des obstacles juridiques :

la liberté d’aimer :

- En 1969, Gabrielle Russier, professeure de lettres de 32 ans, est condamnée à douze mois de prison avec sursis pour détournement de mineur (Christian, l’un de ses élèves, âgé de 16 ans). Trois mois plus tard, elle se suicide, désespérée par la violente campagne dont elle est l’objet. Elle est devenue pour la droite le symbole du laxisme moral post-soixante-huitard. Pour l’extrême gauche, l’affaire montre la force répressive des grandes institutions contestées : l’École, la justice, la famille. Gabrielle Russier va devenir l’héroïne de la

révolution des mœurs, pleurée par les spectateurs de Mourir d’aimer (André Cayatte, 1971) - Elle restera présente dans les esprits, en favorisant une évolution des normes et des droits. En 1974, la majorité est abaissée à 18 ans. En qq années, les jeunes accèdent à une plus grande liberté dans leur vie sexuelle. La cohabitation juvénile, très remarquée en milieu étudiant, interpelle la tradition du mariage. À partir des années 1980, la cohabitation peut commencer sous le toit des parents !

- La liberté d’aimer est aussi un enjeu pour les homosexuels des deux sexes. Une loi datant de Vichy institue en effet une différence pour l’âge de la majorité sexuelle : 21 ans pour les actes homosexuels, 15 ans pour les actes hétérosexuels. En 1945, le Code pénal maintient ce dispositif répressif. En 1960, la « lutte contre l’homosexualité » est intégrée dans une loi autorisant le gouvernement à agir contre divers « fléaux sociaux ». La France adopte en 1968 la classification de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui place

l’homosexualité parmi les maladies mentales.

- La contestation de l’après-Mai 68 provoque bien des changements. Le Front homosexuel d’Action révolutionnaire (FHAR), mixte, se fait connaître en 1971 par des actions

spectaculaires : il perturbe une émission radio publique de Menie Grégoire 27, il se mêle

joyeusement au défilé du 1er mai 1972. Venu de l’extrême gauche estudiantine, le mouvement provoque la colère du PC, mais rencontre un écho plus favorable au PS. Le FHAR se saborde en 1973, d’autres groupes naissent, dont le Groupe de Libération homosexuelle (GLH, 1974-1978)

- La gauche arrivée au pouvoir réalise plusieurs de ces vœux en supprimant les aspects répressifs :

* 1981 : l’homosexualité ne doit plus être considérée comme une maladie mentale (min. de la Santé)

* 1982 : majo. sexuelle à 15 ans pour tout le monde

* 1985 : loi sur les discriminations en raison du sexe, des mœurs, de l’origine (notamment lors de l’embauche) : sanctions

- sondages montrent que l’opinion a suivi le mouvement le viol et le harcèlement sexuel :

- Sa perception évolue à partir des années 1970. Choc d’un procès 1978  - loi 23 décembre 1980 (la première depuis le Code pénal de 1810) :

* définit plus précisément le viol

* ce qui gêne la déqualification du viol de crime en délit

*  les plaintes pour viol (de plus en plus nombreuses) seront reçues en grande majorité comme des plaintes contre un crime  assises

- le Code pénal de 1992 crée un nouveau délit, celui de harcèlement sexuel, défini comme un abus de pouvoir commis par une personne utilisant son autorité hiérarchique pour obtenir des « faveurs de nature sexuelle »  associations aident les dépôts de plainte

- dénonciation des violences masculines (foyers de « femmes battues »), de la publicité sexiste, de la pornographie

Que sont les acquis devenus ? :

- la droite ne s’oppose plus frontalement à l’IVG, mais :

* difficultés 1988>>> pour légalisation de la « pilule du lendemain », contraception d’urgence qui n’est disponible en pharmacie sans ordonnance que depuis juin 1999, idem 2000 pour sa délivrance dans les lycées, acquise en qq mois : en mars 2001, les infirmières scolaires sont autorisées à délivrer la pilule du lendemain dans les collèges et les lycées

- l’utilisation de cette contraception d’urgence, connue de toutes les femmes, ne cesse de progresser

- méthodes radicales des lobbies « pro-vies »

- relatif petit nombre et encombrement des hôpitaux et cliniques qui pratiquent l’IVG - problème considérable du manque d’information et de liberté des femmes immigrées, surtout les musulmanes et les plus pauvres : un double dramatique décalage, vis-à-vis des Françaises et vis-à-vis des « beurgeoises »

- choc de la découverte fin années 1990 du déficit de prévention contre le Sida, spécialement chez les femmes

Dans le document LES FEMMES EN FRANCE, 1870-1990’ (Page 33-37)

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