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B. Analyse qualitative des entretiens avec les acteurs des LHSS pour repérer les pratiques

6. Les LHSS sont aussi un lieu propice pour l’éducation à la santé et la prévention

a. Le rôle des soignants et des travailleurs sociaux

Les médecins et les infirmières réalisent des dépistages, des actions d’éducation thérapeutique sur certaines pathologies.

Les LHSS sont parfois le lieu pour réaliser des dépistages (IST, hépatites…), des vaccinations, des surveillances de tensions artérielles, des pathologies liées à l’addiction…

A Périgueux, le centre de soins permet en association avec les LHSS de réaliser ces actions. Mais les éducateurs aussi participent à l’éducation à la santé par leur action au quotidien. Ils participent notamment à l’établissement de règles d’hygiène en accord avec chaque patient. « Avant, il y avait des infirmières de la CPAM dédiées à l’éducation à la santé qui intervenaient sur le

CHRS et sur les LHSS. C’était très utile mais ce n’est plus financé. Actuellement, c’est fait par les éducateurs mais ce n’est pas adapté. » (2)

Les repas en commun, le jardinage peuvent être le lieu pour parler d’équilibre alimentaire.

Les LHSS créent un lien avec les soins au corps et à la santé pour cette population qui a souvent mis ces aspects de leur vie entre parenthèses parfois pendant plusieurs années. Ces actions sont aussi réalisées sur des lieux de logement tels que les centres d’accueil d’urgence, les CHRS…

Sécurisation des patients

Intervention de spécialistes pour soutien au soin : psychologue et

addictologue

Création d'ateliers occupationnels et de sorties en

groupe pour entretenir le lien social

Réunions de participation des usagers pour respecter leurs

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b. Participation à des projets médico-sociaux

• Logement d’abord

Six personnes sur 13 le mentionnent.

Le logement d’abord est une innovation dans la lutte des sans-abris. Ce principe venu des états unis créé pour des patients psychiatriques s’est répandu en Europe pour les sans-abris.

On fournit un logement « d’abord » plutôt qu’« à la fin » comme dans le modèle dit « par paliers », traditionnels dans lequel le logement n’était proposé que si les personnes sans-abris avaient franchi une série d’étapes, à commencer par la prise d’un traitement et l’abstinence aux substances

psychoactives.

Le logement d’abord permet d’accéder rapidement à un logement stable en milieu ordinaire, combiné avec des services mobiles d’accompagnement proposant des visites au domicile des personnes.

Cette action est encadrée par un plan quinquennal pour le Logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme 2018-2022.

« Améliorer la santé des personnes à la rue passe d’abord par la possibilité de leur fournir un logement,

une sécurité. » (2)

« On est dans une logique de logement d’abord. Peut-être que cette logique va diminuer le flux des

LHSS. » (11)

« On a été retenus pour mettre en place le logement d’abord mais avec une entrée psy uniquement

donc les entrées sont limitées. Cela pourrait faire aval des LHSS. » (6)

« Le fonctionnement du logement d’abord est contraire au système habituel. On prend la personne telle

qu’elle est. L’idée est de faire comprendre « si je me soigne, je vais mieux, je bois moins et je vais pouvoir entretenir mon logement ». Cela inverse le rapport de force. » (4)

« Les structures ne sont que des passerelles, la solution c’est le logement d’abord. » (1)

Si cette méthode fonctionne, le nombre de patients nécessitant une prise en charge aux LHSS devrait diminuer, bien que toutes les personnes en précarité ne soient pas concernées.

• Projets PRAPS (Programme régionaux pour l’accès à la prévention et aux soins des plus démunis)

Prévus par la loi de lutte contre les exclusions de 1998, ils ont pour objectifs de favoriser au sein de chaque région une approche globale et coordonnée des problèmes de santé des publics en difficulté, pour lutter contre les inégalités sociales de santé. Le but est de lutter contre les pathologies aggravées par la précarité ou l’exclusion.

Les LHSS ont pu rentrer dans ces actions de coordination médico-sociale autour des personnes accueillies.

Il crée une réelle dynamique de transversalité pour réaliser un décloisonnement entre santé et social, entre les divers acteurs sanitaires et sociaux.

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c. Création d’un système de halte pour les gens de la rue

A Limoges, devant un taux d’occupation incomplet, l’équipe a inventé un système de halte en créant un lieu de répit aux gens de la rue et faire le point sur leur état de santé pour des séjours de courte durée.

« Les personnes de la rue autour de nous n’avaient pas forcément de pathologies lourdes mais ils étaient très fatigués. Le principe de Halte consiste à prendre une personne à la rue épuisée pour un contrat d’une semaine renouvelable. Elle représente 24% de notre activité, et 25% d’entre eux basculent sur du soin car on trouve régulièrement des pathologies chroniques. L’entrée reste toujours du médical : des douleurs, asthénie, demande d’analyse…On peut reprendre quelqu’un passé sur les LHSS pour une semaine pour un examen, organiser d’autres rendez-vous… On est passé de 70 à 92% de taux d’occupation. Cela satisfait beaucoup les gens que l’on accompagne et l’équipe mais entraine par contre un gros « turn over » qui peut fatiguer l’équipe. » (1)

J’ai communiqué cette méthode aux autres structures qui l’ont trouvée intéressante en termes de bénéfices apportés à cette population mais difficile à mettre en œuvre par le manque de places.

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