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Chapitre 3 : William McFarlane Notman, photographe du Canadian Pacific

3.1 La commande de William Van Horne

3.1.3 Les voyages de William McFarlane Notman dans l’Ouest canadien

Alors âgé de 26 ans, William McFarlane Notman est envoyé à l’Ouest pour un premier voyage. Le succès de cette expédition fut tel que la firme William Notman&Son fut embauchée par le C.P.R. plus fréquemment qu’aucune autre firme. En effet, William McFarlane Notman voyagea régulièrement pour le compte du C.P.R. jusqu’en 1909, alors même que le chemin de fer avait mis sur pied son propre service photographique, en 1892 (TRIGGS, 1986 : 71). Il nous faut donc revenir sur les différents voyages effectués par

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McFarlane Notman, tout en soulignant que nous ne pourrons nous concentrer que sur certains aspects de ces voyages, tant la diversité des photographies et des lieux parcourus fut grande7.

William McFarlane Notman fit huit voyages dans l’Ouest (FRANCIS, 2011 : 23). Le premier eut lieu en 1884 : William et son frère George partirent au mois de juin. Ils se rendirent par train jusqu’à Owen Sound, en Ontario, mais, comme la ligne de chemin de fer n’était pas encore terminée dans la région du lac supérieur, ils durent prendre le bateau à vapeur avant de repartir en train pour Winnipeg. Ils y photographièrent les bâtiments publics qui venaient d’être construits. Ils continuèrent leur chemin vers l’Ouest pour photographier toutes les villes nées grâce à la construction du chemin de fer, comme Portage la Prairie et Brandon. Ils s’arrêtèrent également à Indian Head, Regina, Medicine Hat et Calgary. Comme les photographies issues du premier voyage avaient été un succès financier et une réussite artistique, Van Horne passa de nouveau commande aux Notman (TRIGGS, 1986 : 70-71). William et son frère George repartirent donc pour deux nouveaux voyages, en 1887 et 1889. Le 21 juillet 1887, en soirée, ils quittèrent Montréal à bord du Photographic Car N°1 (Fig. 35), spécialement équipé pour les photographes.

C’est encore William qui fit le voyage assisté de son frère George, mais cette fois, ils n’eurent pas à subir l’inconfort des hôtels, comme, semble- t-il lors du premier voyage, le CP leur ayant offert le grand luxe d’un wagon privé. Le wagon photographique numéro un comprenait tout le nécessaire pour une tournée photographique de longue durée : salon, wagon-lit, cuisine (avec cuisinier) et chambre noire complète, avec de grands réservoirs d’eau sur le toit. (TRIGGS, 1986, 72).

L’existence du Photographic Car N°1 avantageait également Van Horne, car, à présent, William McFarlane Notman pouvait s’arrêter à chaque fois que la beauté d’un paysage captait son attention. Son voyage eut donc une toute autre ampleur, surtout que la ligne Montréal-Vancouver était maintenant terminée et qu’il était possible de se rendre en train à tous les points de la ligne. Ainsi, comme le note Triggs, « toutes les colonies de la

7 Le chercheur qui s’est penché avec le plus d’attention sur ces voyages et sur leur déroulement est sans conteste Stanley Triggs, dans son ouvrage de 1986 : William Notman, l’empreinte d’un studio. Nous nous y réfèrerons donc très régulièrement.

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Colombie-Britannique situées dans les environs de la ligne furent visitées » (TRIGGS, 1986 : 72).

En 1889, William McFarlane Notman, accompagné cette fois-ci de son frère Charles, profita de nouveau du Photographic Car N°1. Bien qu’ayant suivi le même itinéraire, il chercha à renouveler ses prises de vue, n’hésitant pas à engager des guides pour transporter le matériel et l’emmener découvrir des coins isolés. Il prit notamment des photographies du Lac et du glacier Victoria, du Lac Louise et de la vallée Yoho (TRIGGS, 1986 : 73).

Huit ans s’écoulèrent avant que William McFarlane Notman ne reparte pour l’Ouest. De nombreux événements avaient bouleversé la vie du studio Notman : en 1891, William Notman décédait d’une pneumonie, ce qui amena son fils à déménager le studio au square Philips, à l’angle de la rue Sainte-Catherine. C’est donc en septembre 1897 qu’il repartit, accompagné de sa femme (TRIGGS, 1986 : 73). Nous avons cependant peu de détails sur ce voyage.

En 1901, William McFarlane Notman fut l’un des trois photographes officiels de la tournée royale du duc et de la duchesse d’York. Le couple royal arriva à Québec le lundi 16 septembre et poursuivit son chemin vers la côte Ouest avec le C.P.R., jusqu’à Halifax (TRIGGS, 1986 : 73).

En 1903, William McFarlane Notman fut chargé d’accompagner un groupe de deux-cent dix-sept congressistes invités par le Bureau de commerce de Montréal dans le Nord-Ouest du Canada ainsi qu’en Colombie-Britannique. Ces derniers furent logés pendant trois semaines et demi dans un train spécial composé de six wagons-lits et de deux wagons restaurants. McFarlane Notman devait prendre des photographies des plus beaux panoramas du Canada, pour que les voyageurs les achètent comme souvenirs. Ils se rendirent sur l’île de Vancouver, en s’arrêtant par Victoria. Au retour, ils visitèrent notamment les mines et les fonderies de la région de Grand Forks (TRIGGS, 1986 : 75).

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En 1904, McFarlane Notman se rendit dans le Sud-Ouest de l’Alberta, pour promouvoir la région et encourager la colonisation, avant de rejoindre sa femme pour se rendre à Banff et dans la Kicking Horse Valley. Sur le chemin de Vancouver, il prit des photographies des montagnes, notamment dans la Yoho Valley et au Great Glacier (TRIGGS, 1986 : 75-76). Il fit également un dernier voyage en 1909, pour lequel nous avons des archives, mais peu d’informations.

Ainsi, pendant plus de vingt ans, McFarlane Notman prit comme sujet photographique la conquête de l’Ouest par le C.P.R. En parallèle, le studio Notman conquit lui aussi l’Ouest en y implantant de nombreuses succursales :

By the eighties, only William Notman and Alexander Henderson continued to find strength in the national ideal of western expansion. But then, expansion, especially to Notman, had become a way of life. To him, continual growth was a natural thing. (REID, 1979 : 368-369). Les voies ferroviaires eurent bel et bien un impact sur la carrière des Notman, en leur permettant d’étendre leur entreprise dans d’autres villes du Canada et des États-Unis et d’avoir un contact facile avec leurs succursales8.