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Les tests suggestifs réalisables en routine

Dans le document Imagerie du cerveau et hypnose (Page 33-37)

II- Quels éléments pour évaluer l’« hypnotisabilité » ?

II.3. Les tests suggestifs réalisables en routine

Plusieurs tests suggestifs ont déjà été décrits et peuvent être utilisables en routine [20]. Un test doit avoir plusieurs caractéristiques afin d’être reconnu comme valide. Il doit d’abord être simple et rapide. Ses résultats doivent être faciles d’interprétation et reproductibles. L’idéal est de réaliser plusieurs tests afin de confirmer ou d’infirmer un résultat.

Nous allons maintenant en décrire quelques-uns parmi les plus utilisés. Nous ne chercherons pas à tous les exposer, seuls ceux les plus facilement réalisables au cabinet dentaire ont été retenus.

II.3.1. Les doigts aimantés

Le test des doigts aimantés est probablement le plus connu des tests de suggestibilité hypnotique. Son principe est très simple : on demande au patient d’entrecroiser ses mains et de garder ses deux index levés sans se toucher. A l’état de repos, on lui fait prendre conscience que ses deux index ne sont pas en contact. On le focalise sur l’espace entre ses deux index, et on lui suggère que cet espace va diminuer, qu’une force invisible et puissante va rapprocher ses doigts, qu’ils sont attirés l’un à l’autre comme si un aimant était interposé entre eux. On peut même aller plus loin pour instaurer une saturation : une corde ou un élastique peut maintenant lier les deux doigts, qui se retrouvent scotchés l’un à l’autre, ils sont liés si fortement qu’il en est presque impossible de les décoller.

Trois réactions différentes peuvent avoir lieu. Le patient peut se retrouver avec ses index collés l’un à l’autre : celui-ci est a priori suggestible. Si de plus il n’arrive pas à les décoller seul, il est très suggestible. Devant ce type de patients, il faut généralement peu de travail préparatoire avant de les amener en transe. Si au contraire le patient n’a pas du tout rapproché ses index, il est peu suggestible. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’ira jamais en transe, n’oublions pas que n’importe quelle personne est théoriquement hypnotisable. Les patients peu suggestibles auront besoin de beaucoup de travail préparatoire et d’un accompagnement constant pour les amener en transe puis surtout pour les maintenir en transe. Enfin, il arrive que le patient ait une réaction à mi-chemin entre les deux précédentes, ses index se sont certes rapprochés mais sans se toucher ou alors ils se sont décollés quasi instantanément. Ce résultat peut venir d’une suggestibilité moyenne ou d’une forme de lutte contre le lâcher prise, il est donc encourageant quant à la suite.

II.3.2. Les paupières collées

Ce test de suggestibilité hypnotique est également rapide et simple à mettre en œuvre. Là où il diffère du test précédemment décrit, c’est qu’il peut, s’il est concluant, faire office d’induction d’un état hypnotique. Il sera donc possible par la suite d’amener le patient en transe, en utilisant des suggestions adéquates.

Pour ce test, l’idéal est de faire assoir son patient. L’accompagnant lui demande de focaliser son attention sur sa main et de la suivre du regard, en insistant sur le fait que seuls les yeux doivent bouger et non la tête. Il est possible de saupoudrer de quelques suggestions verbales, pour inviter le patient à se focaliser encore plus sur les mouvements de la main de son accompagnant. Puis, l’accompagnant va suggérer la fermeture et l’ouverture des paupières au moins cinq fois de suite, afin de mettre le patient en confort. Quand il voit que le patient a de plus en plus de mal à rouvrir les yeux, qu’il est fatigué de se focaliser sur la main et qu’il a de plus en plus envie de lâcher prise, l’accompagnant suggère encore une fois la fermeture des paupières mais cette fois-ci il autorise le patient à se laisser aller. C’est le moment d’approfondir cette hypnose naissante, en berçant le patient de suggestions de confort et de calme. L’accompagnant demande ensuite au patient d’essayer d’ouvrir les paupières. S’il rouvre les yeux rapidement et sans trop d’effort, le test n’est pas concluant et il ne semble pas très suggestible de cette façon. Si en revanche, les yeux ne s’ouvrent pas, le test semble fructueux et il est possible d’amener le patient dans une transe encore plus profonde en lui suggérant tout simplement d’arrêter d’essayer d’ouvrir les yeux et de se laisser aller à sa transe.

II.3.3. Les seaux imaginaires

Le test des seaux imaginaires est peut-être un des tests de suggestibilité les moins facilement réalisables en cabinet dentaire, car il nécessite d’avoir un peu d’espace et malheureusement nos salles de soins sont parfois exigües. Cependant, il a l’avantage de permettre une visualisation directe et rapide de son résultat.

Pour ce test, il faut placer le patient face à nous, debout et avec les bras le long du corps. L’accompagnant lui suggère de fixer un point au hasard et en même temps

d’imaginer qu’il porte un seau dans chaque main (notons que lui demander de se concentrer sur plusieurs choses à la fois va l’amener vers la saturation). L’accompagnant va ensuite se déplacer vers son patient pour se tenir à sa droite par exemple, et il va lui suggérer qu’il remplit d’eau le seau qu’il tient dans la main droite. Un litre, puis deux, puis trois, puis dix. Si le patient est suggestible, l’accompagnant pourra voir qu’il bascule du côté droit où il ajoute virtuellement de l’eau, car le seau devient de plus en plus lourd. Si au contraire, le patient est faiblement suggestible, cette bascule sera moins évidente voire inexistante.

II.3.4. Le crâne de cristal

Tout comme le test des paupières collées, celui du crâne de cristal revêt une certaine puissance car il permet bien souvent d’induire une transe hypnotique. Le principe de ce test est simple : l’accompagnant place son index entre les yeux du patient et il lui demande de le fixer du regard. Puis, il lui suggère que son crâne devient transparent, et que donc il lui sera toujours possible de fixer son index. Lentement, l’opérateur déplace son index vers le sommet du crâne du patient, tout en continuant de l’inviter à le suivre du regard. Une fois l’index hors de portée du regard réel du patient, il peut avoir plusieurs réactions. Un patient très peu suggestible gardera les yeux ouverts et perdra de vue l’index, alors qu’un patient plus suggestible fermera les yeux pour continuer de le fixer par transparence. Il arrive même que certains patients ont les yeux qui se révulsent vers le haut, ce qui peut s’avérer surprenant pour l’accompagnant, mais qui toutefois est une réaction normale et sans danger.

Si la réponse au test est concluante, il sera très simple pour l’accompagnant d’approfondir la transe naissante, car le patient aura déjà fermé les yeux et il se laissera facilement aller au confort de l’hypnose.

II.3.5. Les bras tendus

Tout comme le test des seaux imaginaires, celui des bras tendus aura des résultats facilement visualisables.

Pour ce test, le patient peut être assis ou debout en face de l’accompagnant. On lui suggère de tendre ses deux bras devant lui, puis d’orienter la paume d’une main vers le sol et la paume de l’autre main vers le ciel. L’accompagnant lui fait fermer les yeux et lui suggère qu’il dépose un poids dans la paume de sa main orientée vers le ciel. Ensuite, il lui fait imaginer d’une plaque métallique est fixée à son autre main et que cette plaque est de plus en plus attirée vers le haut par un aimant. L’accompagnant peut utiliser un variateur d’intensité pour augmenter la puissance de l’aimant et rajouter de plus en plus de poids dans la main orientée vers le ciel. Il mettra l’accent sur la sensation de fatigue musculaire, d’épuisement sous ce poids de plus en plus lourd tandis que l’autre main est de plus en plus attirée par cet aimant. Ce test est basé sur cette saturation, cette fatigue physique qui permettra aux patients les plus suggestibles de se laisser aller à la transe. Les patients les moins suggestibles, eux, n’auront pas l’impression d’avoir un poids dans une main et l’autre main ne sera pas attirée vers le haut.

Dans le document Imagerie du cerveau et hypnose (Page 33-37)

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