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PARTIE II : EXPLOITATION ET ÉTUDE DES DONNÉES NATIONALES 2014

4. Résultats et analyse

4.2. Description et caractéristiques des syndromes déterminés

4.2.2. Les syndromes mycotoxiques à latence longue (>6 heures)

Nous recensons 38 cas de syndrome phalloïdien. Ce syndrome représente 4% de l’ensemble des syndromes mycotoxiques et 53% des syndromes à latence longue. C’est le syndrome mycotoxique à latence longue le plus fréquent.

Le sex-ratio est de 1,4 (femmes : 16 cas ; hommes : 22 cas). Il s’agit d’une population plutôt âgée, la moyenne d’âge étant de 53 ans mais la médiane de 61 ans. Les patients ont entre 2 et 75 ans.

Il est question d’intoxications accidentelles alimentaires pour tous les cas sauf un, où il s’agit d’un défaut de perception du risque par une enfant de cinq ans.

La répartition mensuelle des cas, montre que 92% des intoxications ont eu lieu à parts égales aux mois d’août, de septembre et de novembre (Figure 62).

Figure 62 : Répartition mensuelle des cas de syndrome phalloïdien. (n=38) 13

11

2

11

1 0

2 4 6 8 10 12 14

août septembre octobre novembre décembre

Effectif

Mois

La répartition géographique montre une répartition hétérogène des cas avec huit régions qui ne présentent aucun cas de syndrome phalloïdien (Figure 63). Une majorité des cas a eu lieu dans les régions du nord-ouest de la France : les Pays de la Loire représentent 21% des intoxications, la Bretagne 16%, et le Poitou-Charentes 11%. Deux régions de l’est, Bourgogne et Rhône-Alpes ont généré 21% des intoxications. Les régions du sud de la France sont toujours concernées : Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et PACA. Elles représentent 11% des cas.

Nombre de cas 7 - 8 5 - 6 3 - 4 1 –2

Départements et Territoires d’Outre-Mer

Figure 63 : Répartition géographique des cas de syndrome phalloïdien. (n=38)

Espèces en causes

Dans 69% des cas, le genre du champignon responsable a été déterminé : il s’agit exclusivement du genre Amanita (amanites).

Deux espèces ont été identifiées :

- l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides) qui représente 53% des intoxication ; - l’Amanite vireuse (Amanita virosa) qui est en cause dans 8% des intoxications.

Dans 45% des cas, les champignons recherchés par les patients ne sont pas connus : soit par non renseignement de ce critère, soit par méconnaissance de la population.

Les différents champignons (espèces ou genres) recherchés sont les suivants : - Agaric champêtre (Agaricus campestris) ;

- Boletus (bolets) ;

- Coulemelle (Macrolepiota procera) ;

- Marasmes des oréades (Marasmius oreades) ; - Pleurotus (pleurotes) ;

- Pied-bleu (Lepista nuda) ;

- Tricholome terreux (Tricholoma terreum) ; - Russule verdoyante (Russula virescens).

La Figure 64 représente la distribution des principales confusions liées au syndrome phalloïdien.

Les champignons ingérés n’ont pas pu être identifiés dans 31% des cas. Par conséquent, le nombre de confusions retrouvé est succinct.

Les principales confusions retrouvées parmi les espèces identifiées sont(par ordre décroissant): - l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides) avec l’Agaric champêtre (Agaricus campestris) ; - l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides) avec les champignons du genre Pleurotus

(pleurotes) ;

- l’Amanite vireuse (Amanita virosa) avec l’Agaric champêtre (Agaricus campestris) ; - l’Amanite vireuse (Amanita virosa) avec la Coulemelle (Macrolepiota procera).

Figure 64 : Principales confusions retrouvées dans le syndrome phalloïdien. (n=12) 42%

Symptomatologie

Les symptômes digestifs apparaissent entre 6 et 28 heures avec une moyenne de 12 heures. Ils se manifestent par des diarrhées (89% des cas), des vomissements (79%), des douleurs abdominales (37%) et des nausées (26%). On retrouve également une asthénie (5%), une hypersudation (5%) et une sécheresse des muqueuses (3%). Les patients ont présenté une insuffisance rénale aiguë fonctionnelle dans 39% des cas.

Des signes d’hépatite sont apparus entre la 24e et la 72e heure (moyenne de 44 heures et médiane de 36 heures) :

- 71% des patients ont présenté une cytolyse hépatique avec augmentation des transaminases (n=27 cas) ;

- 47% ont développé une insuffisance hépatocellulaire avec abaissement du TP et du facteur V (n=18 cas) ;

- 18% ont présenté une rétention biliaire avec augmentation de la bilirubinémie non conjuguée (n=7 cas).

Le diagnostic de syndrome phalloïdien a été posé formellement dans 42% des cas grâce au dosage des amanitines urinaires qui s’est révélé positif. Dans 8% des cas, le dosage a été réalisé mais le résultat était soit négatif, soit non renseigné. Et dans 50% des cas, le prélèvement en vue du dosage des amanitines n’a pas été effectué.

Prise en charge

Tous les patients ont bénéficié d’une prise en charge hospitalière. 92% des cas y sont restés pour surveillance médicale et 21% des patients ont été admis en réanimation médicale. Outre un remplissage vasculaire effectué pour 29% des cas, le traitement principal a été l’association de la Silibinine LEGALON SIL® avec la N-Acétyl-Cystéine (NAC) pour 95% des patients (n=36 cas).

Le charbon actif a été utilisé en plus de cette association pour deux patients.

L’épuration extra-rénale a été nécessaire pour deux patients et l’épuration hépatique a été appliquée pour un seul patient.

Les deux patients ayant eu recours à la transplantation hépatique sont décédés.

Gravité et évolution

La Figure 65 représente la distribution des cas de syndrome phalloïdien selon la gravité. Plus de la moitié des intoxications phalloïdiennes sont de gravité forte (53% ; n=20 cas). Il s’agit du deuxième syndrome entraînant le plus de cas de gravité forte. Les cas de gravité moyenne représentent 16% des intoxications (n=6) et les cas de gravité faible concernent 31% des patients (n=12).

Figure 65 : Répartition des cas de syndrome phalloïdien selon la gravité. (n=38)

La Figure 66 représente la répartition des cas selon la tranche d’âge et la gravité. La tranche d’âge 51-70 ans représente 50% des cas de gravité forte. Aucun cas de gravité forte n’a été retrouvé chez les 11-30 ans, alors que l’ensemble des cas de 0 à 10 ans sont de gravité forte.

Les cas de gravité moyenne concernent uniquement les patients âgés de plus de 50 ans.

La vigilance est donc de rigueur lorsque le syndrome phalloïdien concerne les âges extrêmes.

Figure 66 : Répartition par tranche d’âge selon la gravité des cas de syndrome phalloïdien.

(n=36)

0-10 11-20 31-40 41-50 51-60 61-70 71-80

1

La répartition de la gravité et l’évolution des cas en fonction de la latence est présenté dans la Figure 67. 53 % des cas de gravité forte ont eu lieu lorsque la latence était inférieure à 12 heures après l’ingestion des champignons. Les trois décès ont eu lieu pour des latences de phase gastro-intestinale comprises entre 8 et 10 heures.

Figure 67 : Répartition de la gravité et de l’évolution selon la latence : syndrome phalloïdien.

(n=38)

Les cas de gravité moyenne et faible ont évolué favorablement vers la guérison. Aucun cas n’a été rapporté avec séquelles. Néanmoins, on recense trois décès parmi les cas de gravité forte.

Le syndrome phalloïdien est le syndrome le plus pourvoyeur de décès.

0 2 4 6 8 10 12 14

H6 H7 H8 H9 H10 H11 H12 H20 H24 H28

Effectif

Latence

Forte - Décès Forte - Guérison Moyenne - Guérison Faible - Guérison

Statistiques – syndrome phalloïdien

Tableau 16 : Gravité en fonction de la latence (inférieure ou supérieure à 12 heures) : syndrome phalloïdien 1.

Latence PSS 2/3/4 PSS 1

<12h 7 10

≥12h 11 9

p-value 0,5148

Ces données ne montrent pas de lien entre la gravité et la latence contrairement à une publication qui avait décrit la latence comme étant un facteur de mauvais pronostic (78), (Tableau 16).

Tableau 17 : Gravité en fonction de l’âge (plus ou moins de 70 ans) : syndrome phalloïdien 1. Âge PSS 2/3/4 PSS 1

≥70 ans 5 2

< 70 ans 15 14

p-value 0,4264

Le test de Fisher ne montre pas de relation entre l’âge et la gravité des cas de syndrome phalloïdien (Tableau 17).

1 PSS 1 : Gravité faible ;

PSS 2/3/4 : Gravité forte nécessitant une prise en charge médicale.

Focus sur les cas graves

Parmi les 20 cas de gravité forte recensés, trois ont conduit au décès du patient. Ces décès sont décrits dans le Tableau 18.

Début août 2014, ont eu lieu deux cas, un en Bourgogne et un en Rhône-Alpes, tandis que le dernier cas en Bretagne s’est produit début septembre. Les patients avaient entre 55 et 75 ans et deux d’entre eux présentaient un antécédent cardio-vasculaire.

Le dosage des amanitines s’est révélé positif dans deux cas. Pour ces mêmes cas, l’espèce en cause identifiée était l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides) confondue avec l’Agaric champêtre (Agaricus campestris) ou avec des champignons du genre Pleurotus (pleurotes).

Les trois patients ont présenté dans un premier temps des troubles digestifs (H8-H10) suivis de troubles hépatorénaux (H36-H48). Les bilans biologiques étaient très perturbés et malgré un traitement associant dans les trois cas la NAC et le LEGALON SIL®, deux patients ont eu recours à une transplantation hépatique.

- Le premier (n°479636) concerne un patient de 63 ans avec antécédent cardiovasculaire (hypertension artérielle) et endocrinien (diabète de type II). Le patient est pris en charge en réanimation médicale dans un contexte de cytolyse hépatique et d’insuffisance hépatocellulaire (IHC). Devant l’aggravation de l’hépatite, une transplantation hépatique est réalisée (J5). Les complications liées à l’acte chirurgical (épisodes hémorragiques, choc septique) vont conduire le patient au décès (J14).

- Le second (n°479927) implique un patient de 75 ans avec antécédent cardiovasculaire (HTA), pris en charge en réanimation médicale devant une hépatite sévère. Le patient présente un état de choc cardio-vasculaire, l’évolution est défavorable, il décède à J6.

- La troisième patiente (n°427318) est âgée de 55 ans sans antécédent connu. Elle présente une hépatite sévère pour laquelle elle est traitée par NAC, LEGALON SIL®, épuration hépatique puis transplantation hépatique. Elle décède à J28 dans un contexte de défaillance multi viscérale, CIVD majeure, aplasie médullaire et bactériémie.

Tableau 18 : Cas graves ayant abouti au décès : syndrome phalloïdien. (n=3)

Patient 1 ; n° 479636 Patient 2 ; n°479927 Patient 3 ; n°427318 Âge / Sexe 63 ans / Masculin 75 ans / Masculin 55 ans / Féminin

ATCD Cardio-vasculaire,

endocrinien Cardio-vasculaire Non connu

Repas Collectif : 3 convives Collectif : 2 convives Collectif : 5 convives Espèce

ingérée Amanite phalloïde

(Amanita phalloides) Non identifiée Amanite phalloïde (Amanita phalloides) Espèce /

genre recherché

Pleurotus

(pleurotes) Non connu Agaric champêtre

(Agaricus campestris)

Symptômes Cytolyse hépatique, IHC, IRA, anurie

max (UI/L) 1600/1200 2075/2521 6262/6507

PEC NAC + LEGALON SIL®,

Lieu Réanimation Réanimation Réanimation

Dosage amanitines

urinaires Positif Non fait Positif

Évolution Décès Décès Décès

b) Syndrome orellanien

Sept cas de syndrome orellanien sont répertoriés. Ce syndrome représente moins de 1% du total des syndromes mycotoxiques et 9% des syndromes mycotoxiques à latence longue. Parmi ces syndromes à latence longue, il s’agit du troisième syndrome le plus fréquent.

Nous dénombrons deux femmes pour cinq hommes, soit un sex-ratio de 2,5. La moyenne d’âge est de 50 ans, l’âge médian est de 59 ans et les patients ont entre 13 ans 62 ans.

Il s’agit pour l’ensemble des cas d’intoxications accidentelles alimentaires.

Les intoxications ont eu lieu entre le 4 et le 30 août. Les cas de syndrome orellanien ont eu lieu exclusivement dans la zone nord-ouest de la France métropolitaine (Figure 68). Les régions les plus touchées sont les Pays de la Loire, la Basse-Normandie et la région Centre.

Nombre de cas 2

1 0

Départements et Territoires d’Outre-Mer

Figure 68 : Répartition géographique des cas de syndrome orellanien. (n=7)

Espèces en causes

Sur les sept cas de syndrome orellanien, six sont liés à l’ingestion de champignons du genre Cortinarius (cortinaires). Pour le septième cas, le champignon en cause n’a pas été identifié, mais au vu des circonstances, de la clinique et de la biologie, il s’agit probablement d’un champignon du genre Cortinarius (cortinaires).

Pour deux cas, l’espèce a été identifiée par un mycologue comme étant un Cortinaire couleur de rocou (Cortinarius orellanus).

La Figure 69 ci-dessous représente les différentes confusions en cause dans ce syndrome. Les principales espèces confondues avec les champignons du genre Cortinarius (cortinaires) sont les Girolles (Cantharellus cibarius), les Fausses girolles (Hygrophoropsis aurantiaca) et les Trompettes-de-la-mort (Craterellus cornucopioides).

Figure 69 : Confusions retrouvées dans le syndrome orellanien. (n=7) 28%

29%

29%

14%

Cortinarius (cortinaires) / Fausse girolle

Cortinarius (cortinaires) / Girolle

Cortinarius (cortinaires) / Trompette-de-la-mort

Espèce non identifiée / Girolle

Symptomatologie

Les symptômes sont décrits dans la Figure 70.

Ils apparaissent entre la douzième heure et jusqu’au sixième jour, soit une moyenne de 4 jours après l’ingestion des champignons.

Les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont des vomissements présents chez 86% des patients, des douleurs abdominales (71%), des nausées (43%), une anurie (43%), une polyurie (29%), des diarrhées (29%), des douleurs lombaires (29%), une anorexie (29%) et une perte de poids (29%). Plus rarement, on retrouve une sensation de soif (14%) et une sécheresse des muqueuses (14%). Tous les patients ont présenté une insuffisance rénale aiguë ayant évoluée dans 29% des cas vers la chronicité.

Une néphropathie tubulo-interstitielle aigüe, caractérisée sur ponction de biopsie rénale, est retrouvée dans quatre cas sur sept (57%). Pour les trois autres cas, cette information n’est pas renseignée.

Figure 70 : Principaux symptômes présentés par les cas de syndrome orellanien. (n=7)

Pour deux patients, le diagnostic de syndrome orellanien a pu être posé formellement grâce au dosage de l’orellanine dans la ponction de biopsie rénale. Le dosage révèle une concentration en orellanine, respectivement, de 1,9 ng/g et de 2,4 ng/g.

0 1 2 3 4 5 6 7

La Figure 71 représente la créatininémie maximale retrouvée pour chaque patient.

Une élévation de la créatininémie est présente pour tous les cas, ce qui signe l’insuffisance rénale.

Les valeurs maximales de chaque patient varient de 318 µmol/L à 2600 µmol/L.

Les quatre patients (patients 2, 4, 6, 7) ayant eu une créatininémie maximale supérieure à 500 µmol/L sont des cas de gravité forte.

Figure 71 : Distribution de la créatininémie maximale retrouvée parmi les cas de syndrome orellanien. (n=7)

Prise en charge

Tous les patients ont bénéficié d’une prise en charge hospitalière et pour six d’entre eux, une surveillance médicale a été nécessaire. Le traitement consiste essentiellement en un remplissage vasculaire et la dialyse pour les trois cas présentant une néphropathie tubulo-interstitielle aiguë.

Deux patients sont inscrits sur liste d’attente pour une greffe rénale.

0 500 1000 1500 2000 2500 3000

1 2 3 4 5 6 7

Créatininémie maximale (µmol/L) nopatient

Gravité et évolution

En raison de la sévérité des symptômes et de la biologie, aucun cas n’a été codé de gravité faible.

Sur les sept cas, trois cas sont de gravité moyenne et quatre cas de gravité forte (Figure 72).

Autrement dit, 57% des cas, soit plus d’un cas sur deux voit son pronostic vital engagé. Et parmi ces cas, 43% évoluent vers la chronicité.

Il s’agit du syndrome mycotoxique dont le pourcentage de gravité forte est le plus élevé.

Figure 72 : Répartition des cas de syndrome orellanien selon la gravité. (n=7)

Le Tableau 12 résume la gravité en fonction de l’évolution des cas de syndrome orellanien. Les trois cas de gravité moyenne ont évolué favorablement vers la guérison. Quant aux cas de gravité forte, 75% sont porteurs de séquelles (n=3 cas).

Tableau 19 : Répartition des cas selon la gravité et l’évolution : syndrome orellanien. (n=7)

Gravité Guérison Séquelles Total

Forte 1 3 4

Moyenne 3 0 3

Total 4 3 7

57%

43% Forte

Moyenne

Focus sur les cas graves

Sur les quatre cas de gravité forte, trois ont évolué vers l’insuffisance rénale terminale. Ils sont décrits dans le Tableau 20.

Les intoxications ont eu lieu à entre le 28 août et le 9 septembre dans des régions différentes : régions Centre, Pays de la Loire et Basse-Normandie.

Les patients concernés ont entre 46 et 60 ans.

Le dosage de l’orellanine dans la ponction de biopsie rénale s’est révélé positif dans deux cas.

Pour ces mêmes cas, les champignons identifiés étaient des champignons du genre Cortinarius (cortinaires) confondus avec des Girolles (Cantharellus cibarius) ou des Fausses girolles (Hygrophoropsis aurantiaca).

Les trois patients ont présenté dans un premier temps des troubles digestifs (J1-J6) suivis d’une atteinte rénale sévère. Le bilan biologique affiche une créatininémie maximale élevée.

- Le premier (n°426441) concerne un patient de 46 ans ayant un antécédent de tabagisme et d’ulcère gastrique, pris en charge pour dégradation de la fonction rénale ayant abouti à une insuffisance rénale chronique (IRC). Le patient bénéficie de séances de dialyse. Cette atteinte rénale se répercute sur le plan cardiaque et le patient présente alors une cardiomyopathie dilatée associant dilatation du ventricule gauche et insuffisance cardiaque.

- Le second (n°426966) implique une patiente de 57 ans prise en charge pour atteinte rénale sévère inscrite sur liste de greffe (en mai 2015), mais toujours en attente de transplantation.

- Le troisième (n°440291) concerne un patient de 60 ans ayant consommé des champignons avec son fils de 13 ans. L’enfant, malgré une insuffisance rénale aiguë, a évolué favorablement vers la guérison. Le père est lui en insuffisance rénale terminale et bénéficie de séances de dialyse.

Tableau 20 : Cas graves avec séquelles : syndrome orellanien. (n=3)

Patient 1 ; n°426441 Patient 2 ; n°426966 Patient 3 ; n°440291 Âge / Sexe 46 ans / Masculin 57 ans / Féminin 60 ans / Masculin

ATCD Tabagisme Chirurgical,

Psychiatrique Non connu

Repas Collectif : 2 convives Collectif : 3 convives Collectif : 2 convives

Espèce ingérée Cortinarius spp. Cortinarius orellanus Non identifiée, (Cortinarius spp

PEC Dialyse Dialyse Dialyse

Dosage

c) Syndrome neurotoxique aux morilles

23 cas de syndrome neurotoxique aux morilles sont recensés. Cela représente 3% du total des syndromes d’intoxication et 31% des syndromes mycotoxiques à latence longue. Il s’agit du deuxième syndrome a latence longue le plus fréquent.

Ce syndrome est représenté par 48% de femmes et 52% d’hommes. Le sex-ratio est de 1,1 (femmes : 11 cas ; hommes : 12 cas). L’âge moyen est de 44 ans, l’âge médian est de 41 ans et les patients ont entre 27 et 62 ans.

La tranche d’âge la plus représentée est celle des 31-40 ans (43%). Il s’agit pour l’ensemble des cas d’intoxications accidentelles alimentaires.

La répartition mensuelle des intoxications révèle un pic au mois d’avril (Figure 73), moment de pousse privilégié des morilles. Il s’agit donc d’une intoxication à caractère printanier.

Figure 73 : Répartition mensuelle des cas de syndrome neurotoxique aux morilles. (n=23) 1

4

12

3

1 1 1

0 2 4 6 8 10 12 14

Effectif

Mois

La Figure 74 représente la répartition géographique des cas de syndrome neurotoxiques aux morilles. Neuf régions sont concernées (par ordre décroissant) : Midi-Pyrénées, Île-de-France, Poitou-Charentes, Auvergne, Languedoc-Roussillon, Alsace, Aquitaine, Lorraine, et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce syndrome est donc majoritairement présent dans le sud de la France métropolitaine.

Nombre de cas 10

3 2 1

Figure 74 : Répartition géographique des cas de syndrome neurotoxique aux morilles. (n=23)

Espèces en causes

Pour l’ensemble des cas, les champignons ingérés étaient du genre Morchella (morilles). Sur les 23 cas, 11 espèces ont été identifiées : six cas avec ingestion de Morille commune (Morchella esculenta) et cinq cas avec ingestion de Morilles rondes (Morchella rotunda).

Le Tableau 14 résume la cuisson et la quantité des morilles ingérées.

L’item « cuisson insuffisante » correspond aux champignons ingérés crus, séchés, et/ou dont la cuisson était inférieure à 15 minutes. Dans 56% des cas, la cuisson était insuffisante alors que dans 22% des cas, les champignons étaient bien cuits. Cette information n’était pas renseignée pour les 22% restant.

L’item « grande quantité » correspond à une quantité ingérée supérieure à 50 grammes.

Les morilles ont été ingérées en grande quantité dans 17% des cas. Il s’avère que les morilles étaient bien cuites dans la moitié de ces cas.

Nous pouvons donc conclure que l’intoxication survient dans deux situations : - lorsque les morilles sont consommées crues ou pas assez cuites ;

- lorsqu’elles sont ingérées en grande quantité, peu importe la durée de cuisson.

Tableau 21 : Répartition de la cuisson selon la quantité ingérée de morilles. (n=23) Morchella

(morilles) Grande

quantité NR Total

Bien cuites 2 3 5

Cuisson

insuffisante 1 12 13

NR 1 4 5

Symptomatologie

Les symptômes sont apparus en moyenne 10 heures après l’ingestion des morilles. Des troubles neurologiques sont présents chez tous les patients. Les symptômes les plus fréquemment retrouvées sont des sensations vertigineuses chez 65% des patients, un état d’ébriété chez 39%

des cas, des nausées (39% des cas), des diarrhées (39%), un tremblement général associé à des frissons (35%) et des troubles visuels dans 30% des cas. D’autres symptômes moins fréquents sont retrouvés tels que des vomissements (22%), des céphalées (17%), des troubles de l’équilibre (13%) des douleurs abdominales (13%) et de la fièvre (4%).

Les symptômes ont duré en moyenne 19 heures (de 6 à 48 heures).

Prise en charge

Les patients ont bénéficié d’une prise en charge hospitalière dans 39% des cas (consultation médicale immédiate ou différée). 9% des cas ont préféré se rendre chez leur médecin traitant et 52% des patients sont restés chez eux en bénéficiant d’une surveillance par leur entourage.

Gravité et évolution

Trois cas de gravité moyenne et 20 cas de gravité faible sont répertoriés. Ils ont tous évolué vers la guérison. Les cas de gravité moyenne correspondent à des hommes âgés respectivement de 33, 41 et 75 ans, sans antécédents particuliers.

d) Syndrome de dermatite flagellaire

Nous recensons quatre cas de dermatite flagellaire sur l’année 2014. Ce syndrome représente 0,45% de l’ensemble des syndromes rencontrés et 5% des syndromes mycotoxiques à latence longue.

Il y a trois femmes pour un homme soit un sex-ratio de 0,33. Les patients on entre 32 et 69 ans, la moyenne d’âge est de 45 ans et l’âge médian est de 40 ans. Ce sont des intoxications accidentelles alimentaires pour l’ensemble des cas.

Concernant la répartition mensuelle, les intoxications sont survenues en janvier pour deux patients, et en février et août pour les deux autres patients. Les quatre cas ont eu lieu dans une région différente : l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon, les Poitou-Charentes, et la région Provence-Alpes-Côte d’azur (Figure 75).

Nombre de cas 1

0

Départements et Territoires d’Outre-Mer

Figure 75 : Répartition géographique des cas de dermatite flagellaire. (n=4)

Espèce en cause

Pour l’ensemble des cas, l’espèce ingérée a été le Shiitake (Lentinus edodes).

Dans trois cas sur quatre, les champignons ont été consommés crus. La cuisson du dernier cas n’a pas été renseignée. Cela confirme les données de la littérature sur la thermolabilité de la toxine contenue dans le Shiitake (58).

Symptomatologie

La symptomatologie se manifeste, pour l’ensemble des cas, par un prurit et des lésions cutanées d’aggravation progressive. Ces lésions cutanées sont décrites telles des stries érythémato-papuleuses qui, dans deux cas se sont généralisées à l’ensemble du corps (tête, cou, membre supérieur, tronc, membre inférieur). Les signes dermatologiques apparaissent entre un et trois jours après l’ingestion des champignons. Ils ont duré en moyenne 14 jours. Cette moyenne est

La symptomatologie se manifeste, pour l’ensemble des cas, par un prurit et des lésions cutanées d’aggravation progressive. Ces lésions cutanées sont décrites telles des stries érythémato-papuleuses qui, dans deux cas se sont généralisées à l’ensemble du corps (tête, cou, membre supérieur, tronc, membre inférieur). Les signes dermatologiques apparaissent entre un et trois jours après l’ingestion des champignons. Ils ont duré en moyenne 14 jours. Cette moyenne est