2.4 Les matériaux superisolants
2.4.3 Les superisolants organiques
Des superisolants organiques, à base de cellulose, existent, bien qu’ils ne soient
pas encore sur le marché [42]. Ils pourraient permettre de fabriquer des
superiso-lants (PIV ou SIPA) avec une faible énergie grise avec pour matériau de base une
ressource abondante et renouvelable.
2.5 Énergie utilisée sur un cycle de vie : la
ques-tion de l’énergie grise
Nous allons dans cette partie nous intéresser de plus près à l’impact écologique
des PIV, au travers de l’énergie grise et de l’impact climatique. Nous comparerons
l’énergie totale utilisée (chauffage sur une durée de vie du matériau et énergie
L’énergie grise d’un PIV de conductivité thermique λ = 7 mW m
−1K
−1et
d’épaisseur 25 mm est de 40 à 170 kW h m
−2selon les PIV et les auteurs [36,
page 10]. Cela correspond à une résistance thermique R
T=
λe= 5 m
2K/W, où
e est l’épaisseur de l’isolant. La même source nous indique qu’il faut entre 55 et
110 kW h m
−2pour une isolation identique à l’aide de panneaux de laine de verre.
D’autres sources [45, 35] donnent une énergie grise des PIV de l’ordre de deux fois
plus que celle de la laine de verre, avec 100 kW h m
−2pour la laine de verre et
210 kW h m
−2pour les PIV pour une R
Tde 5 m
2K/W.
Cependant, la connaissance de l’énergie elle-même n’est pas suffisante pour
es-timer l’impact environnemental. L’étude de Karami [37] estime aussi la quantité
de gaz à effet de serre, en équivalent CO
2, émis par le PIV tout au long de sa vie.
Ses conclusions sont qu’une bonne isolation à l’aide de PIV permet de diminuer
l’impact climatique par rapport à une isolation classique, mais conserve un impact
supérieur à celui d’une bonne isolation à l’aide de matériaux standards. De plus,
l’énergie consommée est plus grande avec les PIV que dans les autres cas ; seule
la nature décarbonée de l’énergie utilisée lors de la fabrication des PIV permet
une réduction sous condition de l’impact climatique. Ainsi, les PIV seraient
éco-logiquement rentables à condition que les seules alternatives soient la rénovation
énergétique à l’aide de PIV ou pas de rénovation (donc dans les cas où la
rénova-tion énergétique à l’aide de matériaux standards n’est pas possible, typiquement
parce qu’elle impliquerait une perte en surface habitable trop importante).
L’étude étant suédoise, il conviendrait de s’assurer qu’elle est transposable tant
sur le passage de l’énergie consommée à l’impact climatique que sur les gains
d’énergie dus à l’isolation. Les résultats principaux de l’étude sont présentés sur
la figure 2.9.
L’énergie grise des PIV est globalement plus grande que celle des isolants
stan-dards, avec de fortes variations selon le PIV. Les PIV ne semblent, dans l’état
actuel des choses, être un atout pour l’écologie qu’à la condition de permettre une
isolation qui aurait été impossible avec d’autres isolants (surface au sol perdue trop
importante...). Il conviendrait, pour faciliter la rénovation énergétique sans souffrir
de ces limitations, de diminuer fortement l’énergie grise des PIV, par exemple en
utilisant une voie de synthèse moins énergivore. De manière générale, les isolants
usuels ont été optimisés tandis que les PIV, moins utilisés, possèdent encore une
marge de progression pour diminuer leur énergie grise et leur cout (plus faible
densité) ou pour augmenter leur efficacité.
Fig. 2.9 : Énergie utilisée pour le chauffage d’un logement (dont énergie grise)
pour trois configurations (haut). L’usage de PIV est plus couteux en énergie. Gaz
à effet de serre émis par le chauffage et la production d’isolant pour trois
configura-tions (bas). L’usage des PIV pour une bonne isolation permet de réduire l’impact
Chapitre 3
Les silices nanostructurées
De manière générale, les silices étudiées sont constituées de dioxyde de silicium
amorphe SiO
2, associées à des molécules d’eau. Ces molécules s’organisent sous la
forme de tétraèdres de SiO
4, présentées sur la figure 3.1. Derrière ce cas générique,
de nombreuses organisations sont possibles, dues à l’existence de nombreuses voies
de synthèse. Il existe trois sortes de silices nanostructurées : les aérogels de silice,
les silices pyrogénées et les silices précipitées [46].
Ces silices ont été étudiées par le groupe de recherche sur les nanosilices. M.
Boucquerel [6] a étudié en 2012 les panneaux de PIV à l’échelle macroscopique.
L. Dewolf [38] a réalisé en 2013 des essais mécaniques sur des pastilles de silice
pyrogénées et précipitées. Elle a aussi étudié au MET les silices à l’échelle sub
micrométrique. A. Perret [4] a réalisé en 2015 sur des composites à base
d’aéro-gels de silices des expériences de porosimétrie, des images MET et aux rayons X,
ainsi que des essais mécaniques en flexion et des analyses thermiques. L. Roiban
et G. Foray [43] ont poussé en 2015 plus loin l’étude MET en s’intéressant aux
trois types de silice et en mesurant entre autres la taille des pores à l’échelle de la
centaine de nanomètres. W. Gonçalves [30, 29, 28] a étudié, en 2016 et 2017, les
aérogels de silices à l’aide de simulation de dynamique moléculaire. En particulier,
le comportement mécanique, la morphologie de l’aérogel de silice et son énergie
de surface ont été étudiés. B. Benane [5] a étudié en 2018 les silices
nanostruc-turées précipitée et pyrogénée. Ces études sont aussi bien des études mécaniques
(compression œdométrique) que structurelles (SAXS, porosimétrie). Elle a aussi
travaillé sur l’influence du vieillissement des silices sur leurs propriétés mécaniques
et structurelles. B. Chal est actuellement en thèse et étudie le vieillissement des
silices.
Nous ne traiterons par la suite que des silices dites précipitées et pyrogénées.
Nous allons maintenant décrire les procédés de fabrication et les propriétés de
ces silices [5]. Nous nous focaliserons en particulier sur la silice K200, une silice
pyrogénée et la silice T365, une silice précipitée. Ces silices ont été caractérisées
Fig. 3.1 : Tétraèdre de SiO
4. Tiré de [28].
en détail dans la thèse de B. Benane.
Dans le document
Modélisation du comportement mécanique et thermique des silices nano-architecturées
(Page 33-37)