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Les solutions envisageables pour favoriser l’égalité filles/garçons

Partie III : Bilan

III. Les solutions envisageables pour favoriser l’égalité filles/garçons

Les études développées dans ma première partie ainsi que l’analyse des différentes observations faites et notamment de ma propre pratique montrent une réelle diffusion des stéréotypes de sexe à l’école. Bien que les enseignants soient conscients de ce risque, ils transmettent tout de même des stéréotypes de sexe.

Devant cette réalité, il est primordial pour moi d’amorcer une réflexion sur les pistes d’activités et les pistes pédagogiques à mettre en place dans ma propre classe voire de les discuter avec mes collègues de cycle ou d’école.

Tout d’abord, dans les règles de vie de la classe, il convient de veiller à toujours constituer des groupes mixtes comportant le même nombre de filles et de garçons. En effet, dans ma classe j’ai essayé de laisser les enfants constituer leur propre groupe et sur 7 groupes 5 étaient non mixtes.

De même pour le placement des enfants dans la classe, je veille à ce que l’alternance fille/garçon soit respectée.

J’ai également établi une règle d’alternance des interrogations lors d’activité en autonomie où les enfants posent des questions à leurs pairs sur des notions connues.

En les laissant faire aux débuts ces activités, j’ai remarqué que les filles n’interrogeaient que les filles et les garçons également ne s’interrogeaient qu’entre eux. J’ai dû établir qu’une fille n’avait pas le droit d’interroger une autre fille et réciproquement pour les garçons.

Dans mon école une de mes collègues utilise, pour les interrogations, un système de tirage au sort, avec des pailles de couleurs (jaune pour les garçons et verte pour les filles) où est inscrit le nom des enfants.

Je pense que ce genre de technique peut permettre aux enseignants qui véhiculent des stéréotypes de manière inconsciente de lutter contre les inégalités filles/garçons. Je vais essayer de la mettre en place dans ma classe pour la dernière période.

Au début de l’année, je laissais les enfants se ranger par affinité et j’ai remarqué que les filles se rangeaient ensemble et à l’arrière du rang alors que les garçons étaient tous ensemble au début du rang. Ainsi, j’ai dû imposer un rang qui alternait une fille et un garçon rangés ensemble.

Tout au long de l’année, j’ai été confrontée à des problèmes entre les filles et les garçons notamment dans la cour (« pas de filles au foot, pas de filles aux jeux de cartes, pas de garçons dans les conversations des filles, etc. »). J’ai souvent réglé moi même ces problèmes avec les intéressés sans prendre le temps d’en parler en classe entière.

Je souhaiterais mettre en place par exemple des « messages clairs » comme j’ai pu l’observer dans une des classes pour régler ce genre de problème. Ainsi les problèmes d’inégalité entre les filles et les garçons seraient réellement discutés et débattus par tous.

Ces situations problèmes pourraient également être la problématique de départ des débats philosophiques à organiser en classe.

Ces règles sont très simples à mettre en place et je pense qu’elles devraient être instaurées de façon systématique dès la maternelle.

Un autre levier important pour travailler l’égalité entre les filles et les garçons est de trouver un projet à faire en classe qui apparaisse dans le projet d’école afin de mettre en place dans toutes les classes de l’école des activités qui amènent les élèves à développer leur esprit critique. Cela permettrait également d’intégrer les parents à ce dispositif et de les sensibiliser à ces notions qui peuvent leur sembler complexes.

Lors de mes recherches, j’ai trouvé énormément d’activités proposées notamment par le site « Outils égalité fille-garçon » réalisé par Canopé. Je vais développer ici rapidement une activité que je trouve particulièrement intéressante et facilement réalisable que je vais mettre en place dans ma classe pendant cette période.

Il s’agit d’exploiter la bibliothèque de la classe et donner envie à chacun et chacune d'explorer des ouvrages qui ne lui sont pas familiers. En effet, j’ai la chance d’avoir une bibliothèque de classe très fournie qui me semble être un bon levier pour favoriser le travail sur l’égalité. Chaque enfant se verra proposer un contrat de lecture où, sur un nombre limité d'ouvrages, il sera invité à lire au moins un livre identifié comme « un livre de garçons », « un livre de filles ».

Une fois par période, un débat pourra être organisé avec une problématique telle que : Est-ce un livre de garçons ou de filles ? Pourquoi parle-t-on de livres de garçons et de livres de filles ? A- t-on le droit d'aimer tous les livres ?

On pourra également demander aux élèves d'établir chaque mois la liste de leurs dix livres préférés par exemple : cinq avec des héros féminins, cinq avec des héros masculins.

De plus, il ne faut pas oublier que de nombreux autres acteurs existent et peuvent nous aider pour véhiculer des valeurs d’égalité à travers tous les domaines d’apprentissages. Par exemple un conseiller pédagogique m’avait indiqué qu’il existait des rencontres USEP qui organisent des biathlons.

Le biathlon se court en équipes mixtes de 5 ou 6 enfants. C’est une course d’équipe qui doit mettre en avant les valeurs d’égalité, de solidarité, tolérance et soutien mutuel.

Conclusion

Ma problématique était de savoir si le sexe de l’enseignant pouvait avoir une influence sur la transmission des stéréotypes de sexe à l’école. Je voulais savoir si, étant une femme, je véhiculais inconsciemment plus de stéréotypes que mes collègues masculins.

Pour cela je me suis servie des études existantes en la matière sur le rôle de l’enseignant, notamment celle de Nicole MOSCONI, puis j’ai distingué selon le sexe de l’enseignant.

D’après mes recherches, les enseignants interrogent plus les garçons en général, mais cela s’observe encore plus en mathématiques et lorsqu’il s’agit de notions plus compliquées.

Les garçons sont plus perturbateurs et prennent plus de place dans l’espace physique de la classe que les filles.

Il convenait ensuite de valider ou non ces tendances en les testant sur une micro étude en analysant la pratique de quatre enseignants en français et en mathématiques. De plus, je voulais que ce mémoire serve ma propre pratique ainsi j’ai analysé également deux de mes séances à l’aide des mêmes outils.

Grace à ces observations et à ces analyses j’ai pu me rendre compte que même si la plupart des enseignants savent qu’ils ont un rôle à jouer dans la transmission des valeurs d’égalité entre les filles et les garçons, ils véhiculent tout de même des stéréotypes de façon souvent inconsciente. En effet il est difficile d’éviter de diffuser des stéréotypes qui ont été construits tout au long de notre vie sociale et qui sont ancrés très profondément dans notre personnalité.

J’ai ensuite croisé ces résultats avec le sexe de l’enseignant pour voir si une tendance particulière ressortait.

Bien qu’il s’agisse d’une micro étude et que les résultats doivent donc tous être modérés, il ressort que les femmes interrogent plus souvent les garçons que les enseignants hommes. Les résultats concernant le comportement ne permettent pas de distinguer une tendance particulière en fonction du sexe de l’enseignant.

Enfin concernant les domaines d’apprentissage, il ressort que les enseignantes femmes interrogent plus les garçons en mathématiques et les filles en français. Ce qui vient conforter la diffusion des stéréotypes de genre à l’école.

En conclusion ces résultats laissent à penser que les femmes véhiculeraient plus de stéréotypes cependant, s’agissant d’une micro étude on ne peut pas généraliser ce résultat.

Il serait intéressant de continuer cette étude en y apportant certaines améliorations comme proposées plus haut.

J’étais moi-même certaine au début de ma recherche d’avoir conscience des différents mécanismes par lesquels les stéréotypes pouvaient se transmettre. Mon point de vue a bien évolué et je pense qu’il est de la responsabilité de chacun d’être bien informé sur les stéréotypes et leurs différents modes de transmission.

Mais cela n’est pas suffisant, il faut aller plus loin et chercher des activités à mettre en place dans sa classe et dans l’école afin de diminuer au maximum la transmission des stéréotypes de sexe.

La mission de l’école et de ses personnels est de promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons de combattre les stéréotypes de sexe diffusés dans la vie scolaire des élèves et donc sociale afin que chacun prenne conscience et intègre l’importance de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société. Il est donc de la responsabilité de tous les acteurs intervenant dans l’éducation d’un enfant de transmettre des valeurs d’égalité entre les filles et les garçons dès le plus jeune âge et ce tout au long de sa scolarité. Cela est primordial car la transmission de stéréotypes de sexe à l’école va avoir de lourdes conséquences sur l’estime de soi, la réussite scolaire, et l’orientation de chaque enfant.

Bibliographie

- Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif - 2013 - 2018.

- L’égalité entre filles et garçons dans les écoles et les établissements- Rapport Inspection générale de l’éducation nationale de mai 2013.

- FILLES ET GARÇONS sur le chemin de l’égalité de l’école à l’enseignement supérieur 2016 – Ministère de l’éducation Nationale.

- Comportements sexistes et violences sexuelles – Guide publié par l’Education Nationale. - CEFA asbl 2009 – Analyse N° 9 : qu’est-ce qu’un stéréotype appliqué au genre ?

- Loi du 4 août 2014 : Pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes

- Circulaire du 1er janvier 2015 : Mise en œuvre de la politique éducative en faveur de l’égalité

entre les filles et les garçons à l’école.

- Lutter contre les stéréotypes fille-garçon- Travaux coordonnés par Marie-Cécile Naves et Vanessa Wisnia-Weill

- LES STÉRÉOTYPES, c’est pas moi, c’est les autres ! Lutter contre les stéréotypes pour construire une culture de l’égalité- Laboratoire de l’égalité.

- Filles et garçons à l’école maternelle - Leila Acherar – juin 2003

Entretiens vidéos :

- « Les missions de l'école et les raisons de l'action pour l'égalité entre les filles et les garçons » - Entretien avec Florence Robine, directrice générale de l'enseignement scolaire.

- « Acquérir une culture de l'égalité entre les sexes » - Entretien avec Marie Duru-Bellat

Sites internet : - http://www.education.gouv.fr/cid4006/egalite-des-filles-et-des-garcons.html - http://eduscol.education.fr/cid46856/egalite-filles-garcons.html - http://institut-du-genre.fr/ - http://w3.portail-genre.univ-tlse2.fr/spip.php - https://monusco.unmissions.org/Default.aspx?tabid=11264&language=fr-FR - http://labogenere.fr/quest-ce-que-le-genre/ -  https://www.reseau-canope.fr/outils-egalite-filles-garcons.html

Annexe 1 : Grille d’observation

Enseignant : H / F Age : Niveau Classe : Nombre: Domaines :

Observations Filles Garçons

Nombre d’interrogations.

Nombre d’interventions spontanées tolérées.

Nombre d’interventions spontanées sanctionnées.

Nombre de fois où le comportement est repris. Nombre de fois où le

comportement n’est pas repris. Temps de latence.

Nombre d’interrogations portant sur des notions connues.

(réinvestissement)

Nombre d’interrogations portant sur des notions inconnues. (recherche)

Nombre de retours positifs de l’enseignant. (étayage,

encouragement, félicitation) Nombre de retours négatifs de l’enseignant. (invalidation, reprise comportement ou travail,

commentaire désobligeant)

Annexe 2 : Questionnaire support de l’entretien

Questions pour l’entretien oral après l’observation en classe : 1. Êtes-vous un homme ou une femme  ? H F

2. Quel est votre niveau de classe ? ……….

3. Combien d'élèves avez-vous dans votre classe  ? ………….. 4. Combien y-a-t-il de garçons dans votre classe  ? ………….. 5. Combien y a-t-il de filles dans votre classe  ? ……….. 6. Pouvez-vous me définir les stéréotypes de genre ?

7. Pensez-vous faire autant participer les filles que les garçons ? En mathématiques ? En français ?

8. Pensez-vous faire une différenciation notionnelle en fonction du sexe de l’élève ?

9. Pensez-vous avoir plus repris les garçons au niveau de leur comportement que les filles ? 10. Abordez-vous la question du masculin et du féminin avec vos élèves  ? Si oui, dans quel contexte et par quels biais (albums, sciences...)   ?

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