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Les sciences physiques

Dans le document Histoire du matérialisme (Page 147-200)

Chapitre Ier.

Le matérialisme et les recherches exactes

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Matérialistes et spécialistes ; dilettantisme et école dans les sciences physiques et dans la philosophie. — Manière de penser conforme aux sciences physiques et à la philosophie. — Les limites de la connaissance de la nature. — Du Bois-Reymond. — Malentendus des matérialistes et des théologiens. — Rectification des conséquences des hypothèses de Du Bois-Reymond. — Les limites de la connaissance de la nature sont les limites de la connaissance en général. — La conception mécanique de l’univers ne peut pas nous dévoiler l’essence intime des choses. — Le matérialisme change la théorie en réalité et la donnée immédiate, en apparence. — La sensation est un fait plus fondamental que la mobilité de la ma-tière. — Même l’hypothèse d’une matière sensible ne lève pas toutes les diffi-cultés. Le tiers inconnu. — Reproches injustes faits au matérialisme. — Le maté-rialisme est vaincu par la science philosophique et historique. — Valeur des théo-ries. — Le matérialisme et l’idéalisme dans l’étude de la nature.

Le matérialisme s’est toujours appuyé sur l’étude de la nature ; au-jourd’hui, il ne peut plus se borner à expliquer dans sa théorie les phé-nomènes de la nature d’après leur possibilité ; il faut qu’il se place sur le terrain des recherches exactes, et il accepte volontiers ce forum, parce qu’il est persuadé qu’il y gagnera nécessairement son procès.

Beaucoup de nos matérialistes vont jusqu’à prétendre p138 que la

conception de l’univers, qu’ils ont adoptée, est une conséquence né-cessaire de l’esprit des recherches exactes ; un résultat naturel de l’immense développement en largeur et en profondeur, qui a été don-né aux sciences physiques, depuis que l’on a renoncé à la méthode spéculative pour passer à l’étude précise et systématique des faits. Ne nous étonnons donc pas si les adversaires du matérialisme s’attachent avec un plaisir tout particulier à chaque phrase d’un savant sérieux, qui rejette cette prétendue conséquence, et représente même le maté-rialisme comme expliquant mal les faits, comme une erreur naturelle de chercheurs superficiels, pour ne pas dire de simples bavards.

Liebig formulait un jugement de ce genre lorsque, dans ses Lettres sur la chimie, il traitait les matérialistes de dilettanti. Quoique en gé-néral ce ne soient pas précisément les chercheurs les plus sérieux, les inventeurs et les hommes de découverte, les maîtres les plus remar-quables sur un terrain spécial, qui ont l’habitude de propager la doc-trine matérialiste ; et quelques fautes qu’aient commises des hommes comme Büchner, Vogt ou même Czolbe aux yeux des juges, partisans d’une méthode rigoureuse : nous ne pouvons accepter sans restriction le mot de Liebig.

Et d’abord il est tout naturel qu’aujourd’hui, par suite de la divi-sion du travail, le spécialiste, qui a concentré tous ses efforts intellec-tuels sur le développement d’une branche particulière de la science, n’ait ni le désir, ni souvent la capacité de parcourir le vaste domaine des sciences physiques, afin de recueillir partout les faits les mieux garantis résultant des recherches d’autrui et d’en former une vue d’ensemble. Ce serait pour lui un travail ingrat. Son importance per-sonnelle dépend de ses découvertes ; et il ne peut espérer les faire que sur son terrain spécial. Il est juste de demander que tout physicien ac-quière un certain degré de connaissances scientifiques générales, et étudie aussi bien que possible notamment les branches qui se rappro-chent le plus de sa spécialité ; mais, même p139 avec cela, le principe de la division du travail ne sera qu’amélioré dans ses résultats, sans être supprimé. Il peut même arriver qu’un spécialiste, cherchant à ac-quérir la connaissance générale des sciences de la nature, parvienne à une conception bien déterminée sur l’essence de l’univers et les forces qui y règnent, sans éprouver le moindre désir d’imposer ses idées aux autres hommes ou de prétendre qu’elles ont seules une valeur réelle.

Une semblable réserve peut être inspirée par les plus sages réflexions, car le spécialiste aura toujours conscience de la différence considéra-ble qui existe entre son savoir spécial et la valeur subjective des no-tions puisées dans les travaux d’autrui.

Le spécialisme inspire donc de la prudence ; mais parfois aussi il pousse à l’égoïsme et à l’arrogance. C’est ce que l’on remarque sur-tout quand un spécialiste déclare seule valable sa façon d’envisager les sciences voisines, quand il prétend interdire à tout autre le droit d’émettre un jugement quelconque sur les choses de son ressort per-sonnel, quand, par conséquent, il rejette absolument le mode de penser nécessaire à celui qui a pris la vue d’ensemble de la nature pour but de ses recherches. Si, par exemple, le chimiste veut interdire au physio-logiste de dire un mot sur la chimie, ou si le physicien veut repousser le chimiste comme dilettante, quand il se permet une parole à propos de la mécanique des atomes, qu’il ait soin d’avoir sous la main de so-lides arguments pour prouver la légèreté de son adversaire. Mais si ce n’est pas le cas, s’il réclame, pour ainsi dire, au nom des droits pré-tendus de sa profession, l’expulsion officielle de l’« intrus », avant que l’ouvrage de ce dernier ait été sérieusement examiné, il montre une prétention que l’on ne saurait blâmer assez fortement. Cette arro-gance est très condamnable surtout quand il ne s’agit pas d’émettre des vues nouvelles, mais simplement de coordonner d’une autre façon des faits dûment constatés, enseignés par les spécialistes eux-mêmes, de les combiner avec des faits empruntés à un autre domaine pour en tirer des conclusions à longue portée, ou p140 bien de les soumettre à une nouvelle interprétation relativement au mode d’après lequel le phénomène provient des causes dernières des choses. Si les résultats des sciences ne pouvaient être interprétés que par les inventeurs, — et telle serait la triste conséquence de cette prétention, — on mettrait en péril l’enchaînement systématique des sciences et la culture supérieure de l’esprit en général. Sous certains rapports, c’est le cordonnier qui apprécie le mieux une chaussure ; sous d’autres rapports, c’est celui qui la porte ; sous d’autres rapports enfin, c’est l’anatomiste, le peintre et le sculpteur. Un produit industriel est jugé non seulement par le fa-bricant, mais encore par le consommateur. Souvent celui qui achète un outil sait mieux s’en servir que celui qui l’a confectionné. Ces exem-ples sont applicables ici, malgré leur trivialité. Celui qui a parcouru attentivement tout le domaine des sciences de la nature, pour se faire

une idée de l’ensemble, appréciera souvent l’importance d’un fait iso-lé mieux que celui qui l’aura découvert.

On voit du reste aisément que le travail de celui qui veut obtenir une vue d’ensemble de la nature est essentiellement philosophique ; on peut donc se demander si le matérialisme ne mérite pas à bien plus juste titre que les doctrines adverses le reproche de dilettantisme phi-losophique. C’est en effet ce qui est arrivé assez souvent, mais cela ne nous aide en rien pour une critique impartiale du matérialisme.

D’après le sens rigoureux du mot, on devrait appeler dilettante celui qui n’a pas fait d’études sérieuses ; mais quelle est l’école philosophi-que assez sûre de la solidité de son enseignement pour pouvoir tracer une ligne de démarcation entre les juges compétents et les juges in-compétents Aujourd’hui, dans les sciences positives comme dans les arts, nous pouvons partout dire ce qu’est une école ; mais non en phi-losophie. Si nous faisons abstraction du sens spécial qu’acquiert le mot, quand il s’agit de la transmission individuelle de la pratique de l’art d’un grand maître, on sait encore très bien ce qu’est p141 un histo-rien, un philologue, un chimiste ou un statisticien formé à bonne éco-le ; à propos de « philosophes », au contraire, on n’emploie éco-le plus souvent le mot de dilettantisme que d’une façon abusive. Bien plus, l’abus de l’idée elle-même par l’application irréfléchie qu’on en fait, a nui considérablement à la dignité et à l’importance de la philosophie.

Si l’on voulait, abstraction faite des élèves d’une école, déterminer d’une manière générale ce qu’est une véritable éducation philosophi-que, que faudrait-il pour cela ? Avant tout, une culture rigoureusement logique par l’étude sérieuse et assidue des règles de la logique formel-le et des principes de toutes formel-les sciences modernes, de la théorie des probabilités et de celle de l’induction. Où trouver aujourd’hui une pa-reille instruction ? Sur dix professeurs d’universités, c’est à peine si un seul la possède ; il faut encore moins la chercher chez les gens dont le nom se termine en « — iens », hégeliens, herbartiens, trendelenbur-giens ou disciples de n’importe quel autre chef d’école. La deuxième condition à réaliser serait une étude sérieuse des sciences positives, non au point de les posséder chacune en détail, ce qui est impossible et serait d’ailleurs inutile ; mais pour comprendre, d’après leur déve-loppement historique, leur marche et leur état actuels ; pour approfon-dir leurs connexions et saisir leurs méthodes d’après les principes de toute méthodologie. Ici nous demanderons encore une fois : Où sont

les hommes qui ont reçu une éducation vraiment philosophique ? Cer-tainement point parmi les gens en « — iens ». Hegel, par exemple, qui s’est dispensé très étourdiment de remplir la première condition, a du moins sérieusement travaillé pour satisfaire à la seconde. Mais ses

« disciples » n’étudient pas ce que Hegel a étudié. Ils étudient Hegel.

Ce qui résulte de là, nous l’avons vu suffisamment : une phraséologie creuse et vide, une philosophie fantaisiste dont l’arrogance devait dé-goûter tout homme d’un savoir sérieux. — Ce n’est qu’en troisième ou quatrième ligne qu’arriverait, dans un système régulier d’éducation philosophique, p142 l’étude approfondie de l’histoire de la philosophie.

Si l’on fait de celle-ci, comme c’est assez l’usage aujourd’hui, la pre-mière et l’unique condition, si l’on y joint l’adoption d’un système quelconque de philosophie déterminé, la conséquence infaillible, c’est que l’histoire de la philosophie devient elle-même une pure fantasma-gorie. Les formules sous lesquelles les penseurs des temps passés cherchaient à comprendre l’univers, sont détachées du fonds scientifi-que sur lescientifi-quel elles sont nées et, perdent ainsi toute valeur réelle.

Laissons donc de côté le reproche de dilettantisme, puisque l’on ne sait en quoi consiste au juste la qualité opposée, et que, précisément sur le terrain philosophique, l’avantage d’une vigoureuse originalité contre-balance souvent toutes les traditions d’école. Vis-à-vis les sciences exactes, les matérialistes sont justifiés par la tendance philo-sophique de leur travail, mais seulement s’ils constatent les faits avec précision et s’ils se bornent à tirer des conclusions de ces mêmes faits.

Quand l’enchaînement de leur système les force de hasarder des hypo-thèses qui empiètent sur le domaine des sciences empiriques, ou quand ils ne tiennent aucun compte des résultats importants des re-cherches scientifiques, ils encourent, à juste titre, comme tout philo-sophe en pareil cas, le blâme des juges compétents ; mais ces derniers n’acquièrent point par là le droit de traiter dédaigneusement tout l’effort de pareils écrivains. Néanmoins, à l’égard de la philosophie, les matérialistes ne sont point encore complètement justifiés, quoique nous devions affirmer que, dans le cas présent, le reproche de dilettan-tisme ne signifie rien de précis.

Et d’abord tout système qui prétend fonder une conception philo-sophique de l’univers exclusivement sur les sciences physiques, doit, à notre époque, être qualifié de demi-philosophie de la pire espèce. Le

même droit qui permet au philosophe de l’empirisme et des sciences de la nature de se poser, comme Büchner, en opposition au p143 spécia-liste exclusif, autorise tout philosophe dont la culture est générale à se poser comme adversaire de Büchner et à lui reprocher tous les préju-gés qui résultent nécessairement de l’étroitesse de son horizon.

On peut toutefois élever deux objections contre cette prétention de la philosophie : la première est proprement matérialiste ; la deuxième sera appuyée par beaucoup d’hommes qui, adonnés aux sciences exac-tes, n’entendent absolument pas être rangés au nombre des matérialis-tes.

Il n’y a rien en dehors de la nature. Telle est la première objection contre le désir de la philosophie, qui veut que l’on cherche une base plus large à la connaissance. Votre métaphysique est un semblant de la science sans fondement solides ; votre psychologie n’est que la physiologie du cerveau et du système nerveux ; quant à la logique, nos succès sont la meilleure preuve que les lois de la pensée nous sont mieux connues qu’à vous avec vos impuissantes formule d’école.

L’éthique et l’esthétique n’ont rien de commun avec les principes théoriques qui servent de base à l’univers, et se laissent placer sur des fondements matérialistes aussi bien que sur tous autres. S’il en est ain-si, qu’elle valeur peut avoir pour, nous l’histoire de la philosophie ? Elle ne saurait être par sa nature qu’une histoire des erreurs humaines.

Nous voici amenés à la question, devenue si célèbre de nos jours, des limites de la connaissance de la nature, question que nous ne tar-derons pas à approfondir. Mais auparavant, encore quelques remar-ques sur la deuxième objection.

Les philosophes, dit-on assez souvent dans le camp des sciences physiques, ont une manière de penser totalement différente de la nô-tre. Tout contact avec la philosophie ne peut donc que préjudicier à l’étude de la nature. Ce sont là des domaines distincts et ils doivent.

rester distincts.

Cette assertion est-elle bien souvent sincère ? Que de p144 fois, au contraire, n’est-ce qu’une litote de pédant pour exprimer la pensée que la philosophie n’est qu’un tissu d’absurdités ! Mais ne nous occupons pas de cela. En réalités la majeure partie des naturalistes est persuadée

qu’il y a complète disparité entre leur point de vue et celui des philo-sophes. Cette conviction a été exprimée avec une vivacité toute parti-culière dans un discours que l’éminent botaniste Hugo von Mohl a prononcé à propos de la création d’une faculté des sciences physiques et naturelles à l’université de Tubingue (201). Naturellement les maté-rialistes ne se regardent pas comme compris dans cette définition de la

« philosophie ». Ils affirment arriver à leur conception par la voie de l’investigation scientifique ; tout au plus accordent-ils qu’ils font usa-ge de l’hypothèse plus que les recherches spéciales ne le permettent.

Toute cette théorie repose sur la considération exclusive de l’histoire de notre philosophie après Kant; elle méconnaît complète-ment le caractère de la philosophie moderne, depuis Descartes jusqu’à Kant. Les procédés des schellingiens, des hégeliens, des néo-aristoléliciens et d’autres écoles contemporaines ne sont tous que trop de nature à justifier le dégoût avec lequel les naturalistes s’éloignent habituellement de la philosophie ; par contre, tout le principe de la philosophie moderne est entièrement différent, pourvu que l’on fasse abstraction des excentricités idéologiques du romantisme allemand.

Nous avons alors devant nous, sauf d’insignifiantes exceptions, une explication rigoureusement scientifique de tout ce qui nous est donné par les sens ; mais généralement aussi des essais tentés pour corriger, à l’aide de la spéculation, ce que la conception de l’univers obtenue dans cette voie peut avoir d’exclusif.

Descartes est moins fort comme physicien que comme mathémati-cien. Il s’est plus d’une fois trompé gravement, mais, sur quelques points, il a réellement fait progresser la science, et personne n’affirmera qu’il ait été étranger à p145 la véritable méthode de la science. Il admettait cependant, à côté du monde des corps, un monde de l’âme, dans lequel tous les objets extérieurs sont seulement « repré-sentés ». Quelque grands que soient les défauts de son système, il mit le doigt précisément sur le point où doit s’arrêter tout matérialisme, et où finissent par aboutir les recherches même les plus exactes. — Spi-noza, le grand champion de l’absolue nécessité de tout ce qui arrive et de l’unité de tous les phénomènes de la nature, a été si souvent classé au nombre des matérialistes qu’il est presque nécessaire d’établir plu-tôt ce qui le sépare que ce qui le rapproche de la conception matéria-liste de l’univers. Ces dissidences s’accentuent encore sur le même

point que chez Descartes : l’image de l’univers, à laquelle nous conduit la conception mécanique, n’est qu’une face de l’essence des choses, face qui, à la vérité, s’harmonise parfaitement. avec l’autre, la spirituelle. Dès l’époque de Bacon, presque tous les philosophes an-glais emploient une méthode qui se concilie très-bien avec celle de la science de la nature ; on n’a d’ailleurs jamais connu en Angleterre cet antagonisme de la philosophie et de l’étude de la nature, dont il est tant question chez nous. Le monde des phénomènes est compris par les principaux philosophes anglais d’après les mêmes principes que par nos matérialistes, encore que peu d’entre eux s’arrêtent, comme Hobbes, simplement au matérialisme. Locke, qui, pour l’étude de la nature, admettait, comme Newton, les atomes, ne fonda pas sa philo-sophie sur la matière, mais sur la subjectivité, il est vrai, dans un sens sensualiste. A ce propos, il doute que notre entendement soit apte à résoudre tous les problèmes qui se présentent : c’est un commence-ment du criticisme de Kant, que Hume développa considérablecommence-ment dans la suite. De tous ces philosophes, il n’en est pas un seul qui ne regarde comme évident que tout dans la nature se produit par des moyens purement naturels, et leurs concessions occasionnelles à la doctrine de l’Église sont assez apparentes. Mais, à p146 l’exception de Hobbes, ils sont loin d’identifier simplement avec l’essence absolue des choses ce qui apparaît à notre entendement et à nos sens comme l’image de l’univers. Malgré les évolutions les plus diverses des sys-tèmes, partout revient le point de vue qui sépare la philosophie mo-derne de la philosophie ancienne ; l’idée que notre conception du monde est essentiellement une représentation particulière à notre es-prit.

Chez Leibnitz, l’idée du monde comme représentation est poussée à l’extrême dans la théorie de la représentation des monades ; et ce-pendant il reconnaît, dans sa conception du monde des phénomènes, le mécanisme le plus rigoureux, et son procédé, dans les questions de physique, ne diffère pas de celui des autres physiciens. — Enfin Kant explique avec la plus grande clarté les rapports de la philosophie avec le matérialisme. L’homme qui développa le premier la théorie de la naissance des corps célestes par la simple attraction de la matière dis-persée ; l’homme qui connaissait déjà les principes du darwinisme et ne craignait pas, dans ses conférences populaires, de trouver que l’homme eût passé de l’état primitif de la brute à celui d’homme ; le

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