• Aucun résultat trouvé

B. Les régimes amaigrissants

3. Les régimes hyper protéinés

amaigrissant, c’est en fait une hygiène de vie à adopter définitivement. La perte de poids se fait lors de la première phase qui reste très restrictive et est médicalement inacceptable, cependant la dernière phase reste acceptable sauf certains interdits, comme l’exclusion des pommes de terre et du maïs [SCHLIENGER, 2015 ; ANSES, 2010].

3. Les régimes hyper protéinés

Ces régimes privilégient massivement l’apport en protéines. Ils ont connu un franc succès car ils promettent une perte de poids rapide. Les aliments autorisés sont ceux à fortes teneurs en protéines tels que la viande, le poisson, les œufs et les laitages. Il existe aussi des sachets-repas contenant des protéines pures à diluer dans de l’eau ou du lait qui sont peu appétissants. L’objectif principal de ces régimes est de réduire l’apport calorique tout en empêchant la fonte musculaire. Ces régimes, en plus d’être hyper protéinés, sont très hypocaloriques, aux alentours de 800 kcal/jour. Ils procurent un effet de satiété et sont bien tolérés. Bien qu’ils soient bien supportés au début et motivants, de par la perte de poids, ils deviennent ensuite très rapidement lassants et fatigants [SCHLIENGER, 2015].

Une étude danoise a mis en évidence l’efficacité d’un régime hyper protéiné en comparaison à un régime normo protéiné (Tableau V). L’étude a été réalisée sur 65 patients et sur une durée de 6 mois, qui est une durée relativement courte pour en retirer des informations concluantes sur ces régimes. La répartition des macronutriments a été dans l’ordre glucides/protéines/lipides 58/12/30 pour le régime normo protéiné et 45/25/30 pour le régime hyper protéiné. Au bout de ces 6 mois, les résultats ont clairement montré que le régime hyper protéiné était beaucoup plus efficace pour la perte de poids et de masse grasse. Une perte de poids de 5 kg a été observé chez les sujets ayant suivi un régime hyper glucidique contre 8,7 kg chez les sujets ayant suivi le régime hyper protéiné. Et pour la masse grasse, les auteurs ont observé une perte de 4,3 kg contre 7,6 kg. Les résultats, bien que intéressants, ne sont malheureusement pas fiables sur la durée en raison de la lassitude des participants. Une partie de l’effectif a été suivi pendant 2 ans. Après 1 an, la perte de poids n’a plus été aussi significative, et à 2 ans, plus de 50% des patients étaient sortis de l’étude. L’intérêt et l’adhésion des patients s’estompant avec le temps, l’interprétation de ces études devient difficile. Sur cette courte durée, les auteurs ont conclu que le remplacement d’une partie des glucides par des protéines dans un régime hypolipidique paraît intéressant [SKOV, TOUBRO, RONN et al., 1999].

Le risque de carence augmente avec la restriction calorique et la durée. A l’arrêt de ces régimes, il est bien souvent difficile de maintenir le poids perdu. Ces régimes atténuent la

31

réduction de la masse maigre et augmentent la dépense énergétique globale en augmentant la thermogenèse postprandiale et la dépense énergétique au repos.

Tableau V. Etude danoise comparant pendant 6 mois un régime hyper protéiné-normo glucidique à un régime normo protéiné-hyper glucidique, les deux étant hypolipidiques [ZIEGLER, CHEVREMONT,

CORBONNOIS et al., 2013].

AET : apport énergétique total ; Hyper G : régime normo protéiné-hyper glucidique ; Hyper P : régime hyper protéiné-normo glucidique ; N = effectif ; P = probabilité.

Variations à

6 mois Hyper G N = 25 Hyper P N = 25 Différence entre les deux groupes P

Poids

(kg) -5,0 kg (-3,6 à -6,4 kg) -8,7 kg (-7,3 à -11,9 kg) 3,7 kg (1,3 à 6,2 kg) < 0,001

Masse grasse

(kg) -4,3 kg (-3,1 à -5,5 kg) -7,6 kg (-6,2 à -9,0 kg) 3,3 kg (1,1 à 5,7 kg) < 0,0001

Apports

alimentaires Apports protéiques relatifs (% AET) À 6 mois

en valeur Évolution de la

consommation en protéines en valeur absolue (moyenne)

De 0 à 6 mois Hyper G

N = 25 Hyper P N = 25 Hyper G N = 25 Hyper P N = 25

Protéines 12,2 ± 0,1 %

Cible : 12 % 24,1 ± 0,2 % Cible : 25 % de 91,4 à 70,4 g/jour de 91,4 à 107,8 g/jour

Glucides 59,0 ± 0,2 %

Cible : 58 % 45,9 ± 0,2 % Cible : 45 % Non disponible

Lipides 28,8 ± 0,2 %

Cible : 30 % 29,1 ± 0,2 % Cible : 30 %

Apports énergétiques totaux

Résultats relevés au cours des 3 derniers mois

kcal/jour 2 675 ± 119 2 221 ± 96

Les inconvénients restent identiques aux autres régimes avec un risque de carence en micronutriments dès lors que l’apport énergétique est inférieur à 1 500 kcal/jour. Le risque rénal existe pour des apports protéiques supérieurs à 1,3 g/kg. En dessous de ces apports, il faut faire attention chez le sujet ayant une néphropathie existante comme la néphropathie du diabétique. Sinon, un apport excessif de protéines n’est pas forcément néfaste pour le rein.

32

L’apport de protéines augmente la filtration glomérulaire mais ne provoque pas d’altération anatomo-pathologique du rein sur une courte durée. Si les régimes hyper-protéinés sont poursuivis sur une longue période ou répétés plusieurs fois, il peut y avoir une production importante d’acide urique et un vieillissement prématuré des reins. Il y a également un risque osseux qui est valable pour tous les régimes dès qu’il y a une perte de 10% du poids entrainant une perte de la masse osseuse de 1 à 2%. Cette perte osseuse s’expliquerait par l’élimination excessive de calcium par les rein en cas d’apport excessif en protéines et la stimulation possible des ostéoclastes en raison d’un apport accru d’acides aminés qui favorisent ainsi la résorption osseuse [ZIEGLER, CHEVREMONT, CORBONNOIS et al., 2013 ; ANDRE, 2006 ; SARAZIN, ALEXANDRE, THOMAS, 2000].

 Le régime Dukan

C’est le régime hyper-protéiné le plus populaire en France, mis en place par le docteur Dukan. Il permet une perte de poids rapide tout en préservant la masse musculaire et une consommation moindre de calories du fait de la capacité des protéines à donner un sentiment de satiété rapide. Ce régime promet une perte de poids de 5 à 7 kilos assez rapidement, puis une perte de 1 kilo par semaine [SCHLIENGER, 2015].

Le régime Dukan est construit en 4 étapes qui sont indissociables. La première étape est la phase d’attaque : elle consiste en une alimentation exclusivement composée de protéines à chaque repas pendant une à deux semaines. La perte de poids est très rapide pendant cette période et est très motivante. Ensuite, il y a la deuxième étape dite « alternative »: elle est constituée principalement de protéines avec une introduction progressive de légumes. L’ajout de légumes se fait un jour sur deux jusqu’à ce que la perte de poids souhaitée soit atteinte. La troisième étape dite « de consolidation » : permet un retour progressif à une alimentation équilibrée avec une introduction progressive de certains aliments tels que certains fromages, les féculents, les fruits, le pain. Cette étape intervient une fois le poids souhaité atteint. Elle évite le phénomène de rebond qui se définit par une reprise de poids toujours supérieure au poids perdu après une période de restriction. La quatrième et dernière étape est celle dite de « stabilisation » : elle permet de retrouver une alimentation équilibrée normale avec toutefois trois mesures afin de ne pas reprendre les kilos perdus. Ces trois mesures sont : chaque jeudi une alimentation exclusive à base de protéines, 20 minutes de marche quotidienne et trois cuillères à soupe de son d’avoine par jour. Le son d’avoine est conseillé dans cette méthode pour ses vertus de fibres solubles qui gonflent au contact de l’eau dans l’estomac et qui provoquent la satiété. Il est également conseillé pour sa capacité à freiner l’assimilation des sucres et à faciliter le transit [DUKAN, 2010].

33

L’avantage de ce régime est le pouvoir de l’apport protéique sur la satiété et la masse maigre. Cependant tout n’est pas parfait. Le fait de consommer uniquement des protéines durant la première phase rend celle-ci difficile et fatigante si la perte de poids est importante. Ce régime devient frustrant et lassant à la longue. Un autre point est que la quantité trop limitée de lipides proposés peut créer des carences multiples et entraîner une perte de la masse osseuse [ZIEGLER, CHEVREMONT, CORBONNOIS et al,. 2013].

 Le régime Montignac

Régime très en vogue dans les années 90, il s’agit d’une adaptation du régime « low carb » mis au point par un responsable des relations humaines dans l’industrie pharmaceutique. Ce régime consiste à bannir tous les aliments ayant un index glycémique élevé. Selon Montignac, la consommation de glucides à index glycémique élevé provoque une hyperglycémie réactionnelle qui engendre à son tour une hyperinsulinémie, responsable du stockage de graisse. En effet, l’insuline stimule la lipoprotéine lipase, une enzyme qui mobilise les acides gras circulant pour les stocker sous forme de triglycérides dans les tissus adipeux. Ce phénomène s’appelle la lipogenèse. L’insuline inhibe également la triglycéride lipase, l’enzyme responsable du déstockage des graisses. Ce phénomène est la lipolyse. L’hyperinsulinémie provoquée par l’ingestion d’aliments à index glycémique élevé aurait donc un rôle dans le stockage des graisses et donc dans la prise de poids.

C’est un régime dissocié car il interdit d’associer au même repas, glucides et lipides, protéines animales et légumineuses ou féculents. Le principe est simple : il s’agit de ne pas « manger » ensemble certains aliments. Le métabolisme des glucides et des protéines est modifié, car l’assimilation ne se fait pas de la même façon lorsqu’ils sont absorbés séparément ou en même temps. La consommation d’aliments riches en fibres tels que les fruits et légumes permet de réguler le transit et de conserver le sentiment de satiété plus longtemps après un repas. La phase d’entretien est moins restrictive, mais les aliments à index glycémique élevé restent bannis. C’est pourquoi ce régime nécessite une période d’apprentissage pour arriver à différencier les index glycémiques des aliments ainsi que les bons des mauvais lipides. Ce régime, s’il est trop riche en lipides, peut s’avérer athérogène. Toutefois, ce régime n’expose pas à des carences car presque tout peut être consommé, à condition que l’index glycémique soit bas, sans se priver. Cependant, Montignac considère que ce régime devrait être poursuivit à vie pour éviter la reprise de poids, ce qui n’est pas envisageable dû aux nombreuses interdictions d’associations d’aliments comme le fromage et le pain. [SCHLIENGER, 2015; ANDRE, 2006 ; METHODE MONTIGNAC DEPUIS 1986].

34

Documents relatifs