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III. L’écriture sociologique

1. Les nouveaux concepts développés par Albert Memmi

La publication des essais vient toujours après celle des romans, Memmi explique cela par «J’ai d’abord commencé à écrire un roman, c'est-à-dire à poser des questions nées d’une expérience vécue […] mon

118 Ibid, p. 72

119 Guerin Jeanyves,Albert Memmi écrivain et sociologue, édition, L’Harmattan, 1990, P. 157

120 Ibid, p, 157

121 Ibid, p, 157

expérience de sociologue est née du besoin de vérifier cette expérience vécue»122.

D’un essai à un autre, notre auteur a approfondi ses études sociologiques, on doit à Albert Memmi beaucoup de nouveaux concepts, des théories et des méthodes, c’est ce qui a fait de notre auteur un sociologue du premier rang.

Le premier essai Portrait du colonisé constitue un des références essentielles à la problématique de la colonisation de l’oppression et du racisme, Albert Memmi e eu le don de clarifier, de simplifier une situation très complexe. « L’originalité de cet œuvre relève du concept du duo »123, «elle tient à ce que Memmi […] y considère colonisateur et colonisé comme indissolublement liés par le système de domination coloniale […]»124. Le portrait du colonisé procède du portrait du colonisateur paru en 1957125 et préfacé par Jean Paule Sartre, est un essai qui donne une caractérisation précisée et détaillée des deux principaux acteurs du fait colonial : le colonisateur et le colonisé. « Non seulement il juxtapose les deux figures décrites mais aussi il détermine le rôle décisif du rapport entre ces deux groupes sociaux »126.

Colonisateur, colonisé vivant dans un même contexte se construisent réciproquement par leur interaction. Le texte d’Albert Memmi explique les conditions d’existence de ces groupes sociaux. Portrait de colonisé est un texte marqué par son engagement politique. Son sujet relève des sujets actuels qui intéressent tout le monde car, comme le dit l’auteur dans la préface de l’édition de 1996127, « ses propos sur la relation coloniale ne sont pas uniquement présentatifs de la période coloniale

122 Strike Joelle,Op, Cit, p. 129

123Strike Joelle,Ibid, p, 129

124 Ibid, P. 130

125 Ibid, p, 130

126 Ibid, p, 130

127 Guerin Jeanyves,Op, Cit, p. 142

française, mais ils pourraient également expliquer toute situation de dominance »128.

Le fait d’être un juif ne cesse de s’afficher à travers toute l’œuvre memmienne. Au début des années 1960, A. Memmi était l’un des précurseurs proposant des « enquêtes empiriques sur les juifs de France »129. Il a attribué à chaque concept ; judaïcité, judaïsme, judéité une signification différente. « La judaïcité est l’ensemble des personne juives, soit au sens large, vivant dans le monde, soit au sens étroit, dans un groupement géographiquement localisé ; le judaïsme est l’ensemble des doctrines, croyances et institutions juives ; la judéité est le fait et la manière d’être juif »130. Cette terminologie fait partie de l’étude de la condition juive contemporaine, elle a beaucoup servi les auteurs de langue française.

En 1979, Memmi a publié son essai La dépendance, dans lequel a signalé, «J’ai découvert l’extraordinaire importance de la dépendance il ya quelques années dans un hôpital […]. C’est dans cet état d’importance extrême que je vis à quel point on peut avoir besoin d’autrui»131.

Dans son premier essai, Portrait du colonisé, Albert Memmi a bien exprimé le rapport conflictuel caractérisant la relation avec l’autre. Cela est « apparu aussi dans tous les essais qui suivent »132, ce n’est qu’avec l’apparition de La dépendance que notre auteur a donné une nouvelle signification aux relations humaines. La découverte du concept de

« dépendance » figure dans la partie « Annexe » de son livre133, mais

128 Ibid, p, 142

129 Ibid. p. 91

130Ibid, p. 92

131 Strike Joelle, p. 165

132 Ibid, p, 165

133 Ibid, P, 165

Albert Memmi a déclaré que cette notion est apparue bien avant cet essai134, «Je manipulais la dépendance sans la nommer»135.

Dans toutes les parties du livre, Albert Memmi insiste sur la relation de dépendance qui doit réunir les individus, il commence d’abord par le questionnement suivant : «En définitive, ne dépendre de rien ni de personne, qu’est-ce que cela signifie ? Ce serait n’avoir besoin de rien ni de personne : à la limite, est-ce que cela conserve un sens ?»136. Ces interrogations sont la porte qui permet à Albert Memmi d’introduire son nouveau concept dans les relations humaines, la reconnaissance de la dépendance ne peut jamais être une barrière devant le sentiment de liberté, «[…] le refus total de dépendance n’est pas un signe évident de liberté : il est aussi une peur de dépendance, c'est-à-dire une peur des autres»137.

Après avoir était l’ennemi, l’Autre devient une partie inséparable dans la quête personnelle d’Albert Memmi138, «[…] nous existons en fonction des autres»139. La relation avec l’altérité trouve dans cet essai un nouveau sens, l’auteur associe la définition du concept avec celui du besoin, «la dépendance est toujours liée au service d’un besoin », et il reformule, « enfin, le besoin est la clé de la dépendance»140.

Tout en approfondissant la notion de dépendance, Albert Memmi a consacré une partie dans le livre pour montrer «le bon usage de la dépendance »141, « […] la dépendance est en somme l’une des bases du lien social, la solidarité qui assure la cohésion du groupe […] est ainsi une dépendance réciproque, la dépendance est un facteur de stabilité.

134Ibid, 166

135 Ibid, 166

136 Strike Joelle,Op, Cit, p, 166

137 Ibid, p, 167

138Ibid p, 167

139Ibid. P. 168

140Ibid, p, 168

141Ibid, p, 168

C’est un mode de fonctionnement de l’être humain, dans ses rapports avec les autres et le monde environnant, afin d’assurer sa survie ».

Notre auteur confirme après que le concept de dépendance devient un des bases de son travail, ces affirmations justifient notre propos :

« Les notions de dépendance et de pourvoyance sont devenus pour moi, au cours des années, […] les pivots de mon travail et, j’en suis de plus en plus persuadé, les clés pour l’interprétation de toute condition humaine »142.

La notion de dépendance considérée depuis longtemps comme négative, trouve dans l’essai d’Albert Memmi une caractérisation nouvelle et positive. Elle a changé même les types de rapports qu’entretiennent les hommes entre eux c'est-à-dire « la reconnaissance du besoin de l’autre »143. Ce travail a beaucoup aidé Albert Memmi dans la théorisation de son autre concept : le racisme.

Le problème du racisme est au centre des sujets mémmiens : «Sur le racisme j ai écrit des centaines de pages [….] j’y aurai consacré beaucoup plus de temps qu’a n’importe quel autre sujet».144 Lisant l’œuvre mémmienne, on aperçoit beaucoup d’images de ce phénomène.

Son premier roman illustre beaucoup de figures du racisme.

Albert Memmi définit le racisme comme «la valorisation généralisée et définitive de différence, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression»145. Cette définition est entrée dans le dictionnaire et qui est également patrimoine de l’Unesco, adopté aussi par l’Encyclopedia Universalis146.

142Strike Joelle,Op, Cit, p, 172

143 Ibid, p, 172

144 Memmi Albert,Ce que je crois, édition, Grasset, 1985, p. 193

145 Strike Joelle,Op, Cit, p. 176

146Ibid, 172

Memmi sort de la définition restreinte du racisme pour lui donner un

« sens plus humaniste en s’incluant lui-même »147 : «en chacun de nous, ou presque, il y a un raciste qui s’ignore», « la tentation du raciste est la chose au monde la mieux partagée »148. Comme il attribue au racisme un caractère social et culturel «on suce le racisme dans le lait familial et social».149 Albert Memmi déclare à ses lecteurs que nul n’est indemne car à la base du racisme réside «le trouble, l’effroi devant l’altérité»150. Au cours de l’essai, l’auteur ne fait aucun jugement, « aucune condamnation de la personne raciste : c’est avec grande sagesse et expérience qu’il mène le lecteur à constater l’universalité et la banalité même du racisme »151. Son étude sur le racisme, a poussé Albert Memmi de créer un nouveau terme

«l’Hétérophobie », « ce concept signifie la peur de l’autre. C’est le refus d’autrui au nom de n’importe quelle différence « les jeunes, les femmes, les homosexuels, les handicapés… »152.

Disant enfin que l’écriture des essais, a eu le grand mérite de classifier Albert Memmi parmi les grands sociologues, à travers ses études il a pu résoudre son douloureux rapport à l’autre153. Ces nouveaux concepts ont donné aux sciences des hommes une inspiration nouvelle et frappante.

CONCLUSION

Parler d’un auteur connu par une triple appartenance nous a ouvert les portes sur d’autres points d’étude, nous avons été amenés d’abord à donner un aperçu général sur tous les courants littéraires qui constituent l’identité de Memmi. Au cours de sa carrière, et surtout avec la parution

147 Ibid, p, 173

148 Ibid, p. 173

149 Strike Joelle,Op, Cit, p, 180

150 Ibid, p. 180

151 Ibid, p, 180

152 Ibid, p, 180

153 Ibid, P. 211

de son roman La Statue de sel en 1953, Albert Memmi était toujours qualifié par plusieurs auteurs : il est considéré comme un grand écrivain tunisien d’expression française, ou encore par Hédi Bouraoui de « père fondateur de la littérature tunisienne d’expression française»154. Ces hommages font de lui un expert dans le domaine littéraire en général.

On ne peut étudier la vie d’un auteur sans esquisser son œuvre littéraire, l’ensemble qui constitue sa bibliographie s’avère très vaste et riche, ne nous pouvons donc passer sans retracer les sources et caractéristiques de son élaboration. En plus de son métier d’écrivain, il se considère comme un sociologue par préférence, on a donc exposé à la fin du chapitre les différents concepts qu’il a développés et qui ont ajouté aux sciences sociales des théories très efficaces.

154 Noiry Jaques,Op, Cit, p. 65

DEUXIEME CHAPITRE

AGAR, PRESENTATION DU ROMAN

Introduction

Agar est un des romans memmiens qui illustre l’idée la transposition des faits sociaux dans les productions littéraires. Son sujet relève de la vie sociale, il s’agit du mariage mixte entre un maghrébin et une étrangère, phénomène très répondu dans le monde. Notre problématique était formulée à partir de la lecture de ce roman : l’image de l’étrangère dans l’union mixte, nous exposons donc dans ce présent chapitre l’importance donnée à l’image de la femme dans la littérature maghrébine. On va cerner le cadre dans lequel la femme en est venue constituer un sujet d’étude pour la littérature maghrébine en particulier.

Ensuite, nous passerons à une présentation générale du corpus étudié.

Nous étudierons d’abord le contexte socio- historique dans lequel est né le roman d’Albert Memmi, puis nous ferons une brève présentation des composantes de l’œuvre (édition, préfaces, titre et dédicace du roman).

Enfin, on passera à l’analyse du roman, nous essayerons de donner le résumé de l’histoire, tout en étudiant les personnages, le personnage de l’étrangère sera l’objet d’analyse du chapitre suivant. A la fin, nous représenterons les deux lieux de l’action : Paris et Tunisie.

I. La représentation littéraire de la femme

Le sujet de la femme a toujours représenté une source d’inspiration pour les écrivains de la littérature. L’évolution de son statut au cours de l’histoire, d’un être infériorisé, possédé et dominé à un être libre, fort et autonome constitue un grand défit. Aujourd’hui, la femme affirme son existence dans tous les domaines de vie, elle est évoquée dans les écrits littéraires ainsi que dans d’autre genre d’écrit (journaux et magazines).

La représentation de la femme offre au discours sa richesse, elle est présente dans tous les genres littéraires. Les écrits qui abordent la femme sont polémiques, tantôt l’exaltent et tantôt la méprisent.

Les auteurs s’interrogeaient toujours sur la nature de la femme, sur son rôle dans la vie sociale, et l’amélioration de son statut par rapport à celui de l’homme. C’est à travers leurs écrits que les auteurs essayent d’analyser les rapports homme/ femme. Comme ils mettent en lumière l’ensemble des idées et des jugements de valeurs qui concernent la femme. « On peut donc lire dans le texte littéraire l’image de la femme dans telle ou telle époque »155.

1. La femme dans la littérature maghrébine 1.1. La femme indigène (autochtone)

Comme nous avons déjà dit, la littérature se préoccupe avant tout des problèmes d’une société donnée. La littérature maghrébine prend aussi ses sujets de la réalité sociale, la situation de la femme maghrébine était toujours un centre d’intérêt pour les écrivains maghrébins. Dés l’origine, cette littérature a entrepris de représenter cette situation.

Beaucoup d’écrivains hommes ont consacré leurs écrits pour exposer les malheurs de la femme, citons par exemple Mohamed Dib, qui relate dans son premier roman La Grande Maison156les souffrances d’une femme algérienne veuve et pauvre « Aini », chargée d’enfants dont elle doit garantir leurs besoins. Kateb Yacine écrit Nadjma157 pour donner l’exemple de la femme révolutionnaire158. Mouloud Maamri, montre que le mariage peut parfois causer les grands malheurs de la femme,

155 Bouzar Wadi,Lectures maghrébines, édition, Publisud, Paris, 1984, p, 15

156 Dib Mohamed,La grande maison, édition, du Seuil, 1996

157 Kateb Yacine, Nadjma, édition, du Seuil, 1956

158 Noiray Jaques,Op, Cit, p, 14

il expose dans La Colline Oubliée 159 la misère de Kou. Taher Ben Djelloun, dans l’enfant du sable160 et la Nuit sacrée161 « constitue son héroïne à partir d’éléments intérieurs ambiguës »162, fille sous la pression de son père obligée de se comporter comme un garçon pour défende sa féminité.

Beaucoup d’autre travaux sociologiques et psychologique sont intéressés depuis longtemps d’exposer les souffrances et les difficultés aux quelles se heurte la femme maghrébine, ainsi que les injustices dont elle est toujours victimes.

La femme est généralement représentée dans le texte littéraire dans deux différentes catégories : la mère qui est le symbole de la femme autochtone et la femme étrangère. Nous exposons alors les caractéristiques de chaque catégorie.

1.1.1 La femme en tant que mère

Le personnage de la mère occupe une place primordiale dans le roman maghrébin, « la relation mère- fils constitue le nœud autour du quel évolue l’histoire »163. La mère représente par excellence l’image de la femme Arabe traditionnelle, c’est ce qui offre aux romanciers les thèmes de leurs écrits.

La mère est au centre de plusieurs romans maghrébins, nous pouvons dire que les représentations de ce personnage sont toujours les mêmes, c’est la conservatrice du monde des coutumes et des traditions ancestrales, La mère est toujours décrite à l’intérieur de sa maison, elle

159 Mammeri Mouloud,La colline oubliée, édition, Palon, 1952

160 Ben jelloun Tahar,L’enfant du sable, édition, du Seuil, 1995

161 Ben jelloun Tahar,La nuit sacrée, édition du Seuil, 2006

162 Noiray Jaques,Op, Cit, p, 15

163 Ibid, P. 15

ne sort presque jamais de son quartier ou de son clan. S’occupant des taches ménagères. Sa mission principale est l’éducation et la formation des enfants dans les règles de la tradition. C’est elle qui joue le rôle de protectrice des valeurs ancestrales, c’est pour cette raison, les écrivains tiennent à représenter la mère avec des vêtements typiques de son pays, faisant toujours preuve aux fêtes traditionnelles et aux rituels du passé.

Un des romans maghrébins qui vient mettre l’accent sur la femme mère, celui de Driss Chraibi paru en 1972 la civilisation, ma mère164. Dans cette histoire le premier rôle est assigné à la femme, l’évolution du statut de la mère semble être le centre d’intérêt de l’écrivain.

On peut dire que tous les romans maghrébins témoignent la présence du personnage féminin, le rôle de la mère est le plus fréquent car c’est elle qui évolue autour du protagoniste. C’est justement à l’opposé de ce type de femme que l’on trouve l’autre catégorie prédominante de personnages féminins : la femme étrangère.

1.2 La femme étrangère

Dans la plupart des romans maghrébins, les auteurs choisissent pour leurs protagonistes une femme étrangère, l’image de l’autre continent.

Ces héros préfèrent aimer des femmes étrangères pour s’éloigner de l’image de la femme de leurs communautés ou bien du monde Arabe en général.

Nous pouvons citer quelques romans dans lesquels figurent le personnage de l’étrangère : , Rache165d de Aicha Chaibi, Les Boucs

164 Chraibi Driss,La civilisation ma mère, édition Gallimard, 1972

165 Chaibi Aicha,Rached, édition MTE, 1975

de Driss Chraibi, La Terre et le Sang de Mouloud Feraoun, La Dernière Impression166 de Malek Hadded…etc.

L’étrangère est représentée comme la femme de dehors, elle n’est jamais renfermée à la maison, c’est une femme instruite, libre et autonome. Le personnage de l’étrangère constitue la transgression par excellence, sa présence est toujours remise en cause.

La représentation de la femme indigène et de la femme étrangère dans le texte littéraire permet aux écrivains maghrébins d’aborder les fameux sujets de l’identité et de l’altérité. La quête de l’identité est indissociable du texte magrébin, la représentation de l’autre ce n’est que la révélation de soi-même. Notre roman aussi contient ces deux figures féminines, nous proposons donc une étude analytique d’ Agar afin de mieux clarifier l’objet de notre recherche.

II. Présentation d’ « Agar »

1. Agar, deuxième roman d’Albert Memmi

« L’œuvre memmienne est une œuvre ouverte »167, c’est ce qui pousse toujours son créateur à la compléter et à l’approfondir, Albert Memmi fait de chaque œuvre « le prolongement de l’œuvre qui la précède »168, c’est ce que nous prouve la lecture du roman d’Agar. Ce dernier est aussi un « roman autobiographique »169 comme le roman de la Statut de Sel. Tous les deux retracent la vie de leur auteur dont l’un s’occupe de la période d’enfance et d’adolescence et le deuxième relate la vie d’un jeune adulte déchiré entre deux mondes.

166 Haddad Malek,La dernière impression, édition, Julliard, 1958

167 Strike Joelle,Albert Memmi, autobiographie et autobiographie, édition, L’Harmattan, p. 12

168 Marzouki Afifa,Agar d’Albert Memmi, édition, L’Harmattan, p. 21

169 Ibid, p, 21

Deux romans qui se ressemblent, en forme et en fond, mais le premier dessine un « héros révolté »170, Alexandre Benillouche qui ne cesse d’exprimer ses hostilités envers tout ce qui l’entoure : la hante de l’ignorance et les superstitions de sa tribu, la résistance aux compromis religieux et la colère devant la médiocrité du quotidien. Par contre dans Agar, le héros s’avère très compréhensif, son bonheur réside dans la joie des autres. « Ce changement radical de caractères, malgré la période courte qui sépare les deux romans, est en rapport au nouveau cadre spatial dont se trouve l’écrivain »171: la France, le pays de ses rêves et de ses fantasmes, adoré de plus en plus lors de la rencontre avec la femme de sa vie, une française qui est à l’origine de sa rupture avec son monde ainsi que ses traditions.

Contracter un mariage avec une étrangère est pour lui un acte de libération de toute liaison avec son milieu ainsi que les traditions et les coutumes jugées sans importance. « Mais le problème réside dans sa relation avec sa femme qui lui renvoie par son intransigeance à l’égard de son milieu à lui, l’image de sa propre attitude durant l’adolescence, celle du héros de La Statue de Sel »172.

III. Les composantes de l’œuvre 1. Editions

Deux ans après La Statue de Sel, Albert Memmi publie son deuxième roman, Agar, aux éditions Corréa/Buchet Chastel, en 1955, à Paris173. Il sera publié chez Gallimard en 1984 et dans la collection de poche.

Folio, en 1991174.

170 Marzouki Afifa, Op, Cit, p, 22

171Ibid, p, 22

172 Ibid, p. 23

173 Ibid, p, 18

174 Marzouki Afifa,Op, Cit, p, 18

2. Préfaces

On doit d’abord survoler les deux préfaces rajoutées par l’auteur après la première publication à la suite des nombreuses critiques suscitées par le roman. L’auteur pose d’abord le problème de la mal compréhension de son livre : «Agar est celui de mes livres qui a été le moins bien compris… »175. Passant par la suite à expliquer les raisons du choix de son sujet : « Agar n’est pas une étude sur le mariage mixte, mais l’histoire de deux êtres, un jeune médecin juif tunisien et une jeune étudiante catholique et française » ; leurs aventures […] constituent un

On doit d’abord survoler les deux préfaces rajoutées par l’auteur après la première publication à la suite des nombreuses critiques suscitées par le roman. L’auteur pose d’abord le problème de la mal compréhension de son livre : «Agar est celui de mes livres qui a été le moins bien compris… »175. Passant par la suite à expliquer les raisons du choix de son sujet : « Agar n’est pas une étude sur le mariage mixte, mais l’histoire de deux êtres, un jeune médecin juif tunisien et une jeune étudiante catholique et française » ; leurs aventures […] constituent un

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