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Les médicaments iatrogènes entrainant des nausées et/ou vomissements

2. DIARRHEES

3.4. Les médicaments iatrogènes entrainant des nausées et/ou vomissements

Les nombreux médicaments iatrogènes responsables de nausées et vomissements s’expliquent par le fait que la zone chémoréceptrice soit très sensible aux différents stimuli chimique. Pour certains traitements, il s’agira d’un effet indésirable passager, pour d’autre cela peut traduire un surdosage. Les molécules responsables de nausées et vomissement figurent dans le tableau 8 suivant :

Tableau 8 : Médicaments responsables de vomissements

Médicaments

- Antibiotiques - Antimitotiques +++ - Colchicine

- Dérivés ergot seigle

- Dérivés de la théophylline ++ - Digitaliques +++ - Levodopa - Opiacés - Quinine - Salicylés 3.4.1. Chimiothérapie

Le risque émétisant est de loin l’effet indésirable le plus fréquemment rencontré et redouté lors des chimiothérapies. Des facteurs propres à la personne ainsi que d’autres liés au cytotoxiques vont constitués le risque émétique.

Les facteurs de risque propre aux patients sont :

 L’âge : à partir de 50 ans, le risque est plus accru ;

 Le sexe : la femme étant plus sensible ;

 La prédisposition au mal des transports et à l’état d’anxiété ;

 L’altération de l’état général ;

 L’éthylisme chronique, au contraire préserve des vomissements.

Selon ces facteurs, un calcul de risque est ensuite effectué afin de connaitre le protocole à suivre qui aura pour but de limiter au maximum la survenue de nausées et/ou vomissements. (OMEDIT 2010)

56 Les facteurs liés au cytotoxique sont :

 Le produit lui-même : (Tableau 9)

o Agents hautement émétisant : 100 à 60% (Grade IV et V) o Agents moyennement émétisant : 60 à 30% (Grade III) o Agents faiblement émétisant : 30 à 0% (Grade II et I)

 Les doses administrées

 L’effet cumulatif : association de molécules

 La vitesse d’administration

 Le moment de la journée où le produit est administré

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Il existe trois types de vomissements différents lors des traitements par chimiothérapie :

 Les vomissements aigus : ils interviennent dans les 24h qui suivent l’administration du cytotoxique ;

 Les vomissements tardifs : ils surviennent dans les deux à sept jours après la cure

 Les vomissements anticipés : ils arrivent avant le traitement.

Les neuromédiateurs à l’origine de l’effet émétisant sont la sérotonine et la substance P par action sur leur récepteur. Le 5 HT3 est présent en phase aigue ou précoce alors que la substance P se retrouve plutôt en phase tardive.

Les traitements ne peuvent pas être confondus avec ceux de la GEA en phase tardive car les vomissements sont normalement traités par l’Emend®

qui a une action spécifique sur le récepteur NK1 de la substance P. Lors des phases aigues, le récepteur du stimulus étant le 5HT3, plusieurs thérapeutiques sont possibles : soit l’utilisation des « sétrons » qui sont des molécules spécifiques car antagonistes des récepteurs 5 HT3 ou bien sera utilisé un antiémétique anti-dopaminergique dans les formes légères.

3.4.2. Les digitaliques

La famille des digitaliques est représentée par la digoxine (DIGOXINE® et HEMIGOXINE®). Cet hétéroside cardiotonique entraine des troubles digestifs fréquents et précoces lorsque des doses excessives sont administrées tels que des nausées, des vomissements ainsi que des diarrhées. Sa toxicité s’exerce par son action directe et par stimulation de la chémorécepteur trigger zone. Ces manifestations cessent rapidement dès l’arrêt du traitement.

3.4.3. La colchicine

La colchicine (COLCHICINE®, COLCHIMAX®) utilisée en cas de crise de goutte n’est pas dépourvue d’effets indésirables en raison de son activité antimitotique. Les manifestations présentes lors d’un surdosage sont principalement d’ordre digestif avec des nausées, vomissements, diarrhées qui, se rencontrent fréquemment. (Pharmacovigilance 2013)

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3.4.4. Les agonistes dopaminergiques

La dopathérapie est un traitement de référence dans la prise en charge des patients atteints de la maladie de Parkinson. La dopamine est administrée sous forme d’un précurseur : la Lévodopa (L-dopa), si elle n’était pas administrée sous cette forme, elle serait immédiatement dégradée sans passer la barrière hémato encéphalique (BHE) qui est le lieu ou elle doit exercer son effet. De ce fait, la L-dopa est systématiquement associée à un inhibiteur enzymatique limitant sa décarboxylation en dopamine ce qui permet d’avoir moins d’effets secondaires et une meilleure action.

La Dopamine agit sur les récepteurs dopaminergiques de l’estomac ainsi que sur le CTZ. Cette zone gâchette n’est pas de l’autre coté de la BHE, elle est donc sensible à l’action de la dopamine. Ainsi, l’antiémétique rencontré lors d’un traitement antiparkinsonien ne peut être que la Domperidone (Motilium®) car il est le seul à ne pas franchir la BHE, les autres antiémétiques bloqueraient l’action de la dopamine.

Pour éviter la survenue des ces effets indésirables, il est conseillé d’augmenter les doses progressivement et de privilégier les formes à libération prolongée afin de stimuler de façon constante les récepteurs. Par conséquent, les troubles digestifs ne durent généralement pas plus de 6 à 8 semaines mais ils sont fréquents voir très fréquents. (Neal 2013)

3.4.5. Les opiacés

Les analgésiques opioïdes ayant pour indications des douleurs sévères (Tramadol, Morphine, Oxycodone, etc.) et les traitements de substitution aux opiacés (Buprénorphine, Méthadone) ont en commun une action sur le centre du vomissement. Cet effet non souhaité est généralement très fréquent. La stimulation émétique se fait par l’intermédiaire de la chemoreceptor trigger zone qui, lorsqu’elle est stimulée par de faibles doses d’opioïdes induits des vomissements. Cependant, à fortes doses, les opiacés exercent un rôle inverse se traduisant par un effet antiémétique.

Le plus souvent, ces nausées et vomissements sont rencontrés en début de traitement et sont acceptables si leur durée n’excède pas sept jours. Au-delà voir même avant ils nécessitent une adaptation posologique ainsi qu’une une prise en charge préventive par des antiémétiques possédant une activité neuroleptique. (FMPMC 2006)

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3.4.6. Les Salicylés

Les salicylés (ASPIRINE®) ou sels de l’acide acétylsalicylique sont des analgésiques de palier I. Ils appartiennent à la classe des AINS. La dose toxique serait d’environ 200mg/kg chez un adulte et de 100mg/kg chez l’enfant. L’Aspirine®

utilisée à dose antalgique ou anti-inflammatoire est responsable de nausées très fréquemment, cet effet est dose- dépendant. Ainsi, à dose anti-agrégante plaquettaire, le risque émétisant est rare. Les troubles digestifs font partie des premières manifestations lors de surdosage avec l’hyperventilation. (Thériaque 2017)

3.4.7. La Quinine et ses dérivés

La Quinine (OKIMUS®, HEXAQUINE®) et ses dérivés quinidique (SERECOR®) sont responsables de manière fréquente de nausées et vomissements. Cet effet indésirable est dose-dépendant, il se pourrait même que sa fréquence atteigne les 30% lors de son utilisation comme anti-arythmique. En 2012, l’ANSM recommande l’arrêt immédiat du traitement en cas de survenue de cinchonisme, se manifestant par une diminution de l’acuité auditive, d’acouphènes, de vertiges ainsi que de nausées. Dans les cas les plus graves, les vomissements sont aussi présents. (Thériaque 2017)

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