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LES IMPACTS SOCIAUX

Dans le document Le réemploi au Québec (Page 51-53)

4 LES BÉNÉFICES DU RÉEMPLOI

4.2 LES IMPACTS SOCIAUX

Le réemploi est certainement le « R » de la hiérarchie des 3RV qui entraîne le plus d’impacts sociaux positifs. Le réemploi permet l’intégration socioprofessionnelle de personnes éprouvant certaines difficultés à cet égard; il rend disponible des biens à une clientèle moins nantie et il vise une certaine équité internationale.

4.2.1 L’intégration socioprofessionnelle

Comme le mentionne Valéry Fayard d’Emmaüs France,

« Le réemploi est une industrie à fort contenu de main-d’œuvre, car la collecte, le tri, la valorisation et la vente sont difficilement automatisables. Ces opérations permettent le recrutement de personnes peu qualifiées et assez éloignées de l’emploi, ce qui en fait un secteur intéressant pour l’insertion sociale et professionnelle. » (Fayard 2004).

Tout comme en France, le réemploi au Québec est un secteur où l’insertion socioprofessionnelle trouve sa place et pour les mêmes raisons. Ce milieu est largement constitué d’organismes à but non lucratif dont la priorité est de poursuivre cette mission. Ces acteurs du réemploi ont progressivement pris sur leurs épaules ce rôle social important. La plupart, telles les entreprises d’insertion sociales, les ressourceries, les Centres de travail adapté, les CFER et les organismes caritatifs sont des lieux où plusieurs personnes, longtemps éloignées du marché du travail, peuvent s’y intégrer. Ce sont des personnes jusque-là exclues et généralement peu scolarisées : des femmes, des immigrants, des toxicomanes, des personnes vivant un handicap physique ou mental. Ce sont également des individus sous-employés ou n’ayant jamais eu d’expérience sur le marché du travail ou tout simplement inaptes à l’emploi.

Pour ces personnes, les plateaux d’insertion socio-professionnelle par le réemploi s’offrent à eux par différents programmes. La tâche y est simple, répétitive, ne nécessitant pas d’études ou de compétences poussées. Ces milieux de travail, plus compréhensifs vis-à- vis les employés et ouverts aux bénévoles, permettent aux personnes éprouvant diverses

difficultés de regagner l’estime de soi nécessaire pour reprendre en main leur vie. Cette confiance en soi regagnée leur permet de se sortir d’un moment difficile, de vivre une première expérience de travail, d’acquérir des comportements propres au marché du travail et des compétences transférables, de se sentir utiles à la société, d’être productifs et non plus rejetées par elle. La valeur de ce service rendu à la société est difficile à évaluer d’un point de vue monétaire, mais il est indéniable.

4.2.2 Des biens accessibles aux moins nantis

Les organismes du réemploi rendent disponible à prix abordable un approvisionnement régulier de diverses marchandises utiles au quotidien et autrement inaccessibles aux moins nantis. Puisque les articles offerts sont usagés, les prix sont généralement réduits. Les visites faites par l’auteure auprès d’une quinzaine d’établissements du réemploi révèlent qu’il n’est pas rare d’y trouver des vêtements de 1 $ à 5 $, des meubles à 20 $, des appareils électriques à 5 $ -10 $ et un ordinateur complet pour moins de 150 $. Plusieurs organismes caritatifs donnent gratuitement des biens aux immigrants récemment arrivés au pays et aux plus démunis de la société. Le profil typique de la clientèle des organismes du réemploi serait la famille ayant un revenu inférieur à la moyenne. Ce n’est toutefois pas le cas des antiquaires, des écodesigners et de certains organismes privés qui vendent leur marchandise au prix de la valeur ajoutée ou de la valeur perçue, généralement plus élevée. Globalement, la plupart des organismes du réemploi rendent disponibles des biens à un public au pouvoir d’achat trop faible pour le marché du neuf.

4.2.3 L’équité dans une perspective globale

L’Agenda 21, issu du Sommet de Rio, porte une attention particulière à la nécessaire modification de la consommation : elle devrait conduire à une meilleure utilisation de l’énergie et des ressources, viser la réduction de la production de déchets et orienter le choix des particuliers et des acteurs vers des produits et des pratiques écologiquement rationnelles (Nations Unies 1992). Ce bouleversement des habitudes de consommation

occidentales vise non seulement la diminution de la pollution et la pression sur les ressources naturelles, il a également pour objectif, à terme, d’instaurer l’équité entre les habitants de la planète :

« Si la consommation est très forte dans certaines régions du monde, les besoins essentiels d'une grande partie de l'humanité ne sont pas satisfaits. Ceci entraîne des demandes excessives et encourage, parmi les groupes les plus riches, des modes de vie non viables à terme, qui imposent des contraintes considérables à l'environnement. Les groupes les plus défavorisés sont en revanche incapables de satisfaire leurs besoins en matière d'alimentation, de soins de santé, de logement et d'éducation. La modification des modes de consommation exigera de mettre en place une stratégie à plusieurs objectifs, axée sur la demande, la satisfaction des besoins essentiels des groupes les plus défavorisés et la réduction de gaspillage et de l'utilisation de ressources limitées dans le processus de production. » (Nations Unies 1992)

Le réemploi étant un mode de consommation plus écologique, il permettrait, ultimement, aux habitants des régions du monde moins riches, tels les pays en voie de développement et en émergence, de ne pas dilapider leurs ressources naturelles pour satisfaire les besoins de la surconsommation des groupes plus riches en les laissant d’abord satisfaire leurs propres besoins.

Dans le document Le réemploi au Québec (Page 51-53)