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Chapitre II : Les Hypermédias

2. Les hypermédias adaptatifs

Les hypermédias sont devenus depuis un peu moins de dix ans des systèmes très utilisés pour obtenir de l'information. On peut les utiliser dans un cadre éducatif, mais on peut aussi les utiliser dans

des systèmes d'information en ligne (Par exemple le système de gestion de document Lotus Notes de la société IBM permet de naviguer de document en activant des liens) ou encore dans les systèmes d'aide (tous les logiciel d'aujourd'hui possèdent une aide en ligne basée sur ce principe).

Dés lors il peut être intéressant de posséder un système qui s'adapte à l'utilisateur. Cette adaptation peut être très intéressantes, et ce quelque soit le type d'hypermédia. Par exemple dans un hypermédia éducatif, ceci va permettre de mieux guider l'apprenant. Il peut en être de même dans un système d'aide. Mais, cela peut aussi être très utile dans un système d'information, pour par exemple limiter l'accès de certains documents à certaines personnes.

2.1. L'adaptation

Nous avons vu qu'un hypermédia est composé de pages et de liens. Dès lors, un hypermédia adaptatif doit pouvoir adapter le contenu de ces pages et de ces liens pour mieux guider l'utilisateur dans son cheminement.

2.1.1. L'adaptation du contenu

L’objectif est d’adapter le contenu des pages de l’hypermédia en fonction des caractéristiques, des volontés et des buts de l’utilisateur. Ainsi, les utilisateurs qui accèdent à une même page mais en ayant des profils différents, doivent visualiser en fait des pages différentes. Pour l’instant, très peu de systèmes effectuent une adaptation du contenu, et lorsqu’ils font, l’adaptation n’a souvent lieu qu’au niveau des données textuelles, comme dans [BRU, 92] ou [COX & AL, 99].

2.1.2. L’adaptation pour facilité la navigation

L'objectif est d'aider l'utilisateur à se repérer dans l'hyper-espace ou à l'inciter, voire l'obliger à utiliser certains liens plutôt que l'autres. Différentes techniques ont été développées au fil des années [DEL, 00a], entre autres le guidage direct, l'ordonnancement des liens, masquage des liens, l'annotation des liens ou encore les cartes adaptatives [BRU, 92].

2.1.2.1. Le guidage direct

Cette technique a été la première à être utilisée régulièrement, car très simple et très facilement implémentable. Elle est basée sur l'ajout d'un lien hyper texte, nommé souvent "Suivant" (ou next en anglais), qui permet d'accéder à la meilleur page, c'est-à-dire celle qui est en adéquation avec les objets et/ou capacités de compréhension de l'utilisateur.

On peut utiliser cette technique en laissant les autres hyper-liens existants au préalable ou en les supprimant. Dans ce dernier cas, l'hypertexte perd beaucoup de ses capacités d'exploitation, puisque le système devient totalement linéaire (il conserve toutefois son aspect dynamique).

En fait, pour être réellement efficace, cette technique doit être utilisée conjointement avec au moins une des techniques suivantes :

2.1.2.2. L'ordonnancement des liens

L'ordonnancement des liens, comme son nom l'indique, est une technique qui propose d'afficher les liens hypertextes suivant un ordre définissent l'intérêt ou l'importation des pages cibles.

Cette technique ne peut pas être utilisées dans tous les cas. En effet, on ne peut pas l'utiliser avec des liens contextuels, c'est-à-dire des liens qui se trouvent au sein de phrases. En fait on ne peut l'appliquer que sur des liens qui appartiennent à un index, ou alors à une carte décrivant l'hyper-space du système.

L'intérêt de cette technique est très controversée. Certaines études ont en effet montré que la non stabilité d'une liste de liens pour une page donnée pouvait désorienter l'apprenant. Et a contrario d'autres études ont montré qu'elle pouvait réduire les temps de navigation des hypermédia surtout ceux axés sur la recherche d'informations [BRU, 94a].

2.1.2.3. Le masquage des liens

La technique dite du masquage de lien consiste à supprimer les liens hypertextes dont les pages cibles sont soit en inadéquation avec le modèle de l'utilisateur (trop simple ou trop compliquées), soit en inadéquation avec les objectifs de l'utilisateur.

Facile à mettre en œuvre, puisqu'il suffit, avant d'envoyer la page à l'utilisateur, d'enlever les liens non désirés, cette technique permet de réduire la taille de l'hyper-space pour l'utilisateur. Elle s'applique de plus sur tous les liens, contextuels ou non, avec des activateurs très divers (texte, bouton, image, etc.).

Tout comme les techniques que nous avons vues précédemment, cette technique a aussi un défaut. La suppression de liens hypertextes peut en effet entraîner chez l'utilisateur, et surtout chez l'apprenant une mauvaise représentation mentale des tenants et aboutissants de chaque page (et donc de chaque notion si dans un système on assimile une notion et une page).

2.1.2.4. L'annotation des liens

L'annotation des liens part du principe que l'utilisateur doit savoir où il va avant d'activer un lien. Il faut donc adjoindre à chaque lien des explications sur la page cible ou alors définir une syntaxe ou un codage particulier (par exemple telle icône pour dire que c'est une aide, telle couleur pour dire qu'il s'agit d'un exemple, etc.)[BRU & AL, 95].

A la différence des commentaires que l'on peut ajouter à nos liens des images de pages html (qui apparaissent sous forme de bulle ou en bas de nos navigateurs), les annotations de liens, pour être efficaces, doivent être fonction de l'utilisateur.

Cette technique, assez simple à mettre en œuvre, peut être utilisée pour tous les types de liens, et ne semble pas avoir d'effets de bord néfastes.

2.1.2.5. Les cartes adaptatives

Les cartes, ou maps en anglais, permettent de présenter à l'utilisateur, l'organisation de l'hyper- espace, à l'aide de liens, soit sous forme textuelle (Dans ce cas nous avons souvent présentation hiérarchique de l'hyper-espace), soit sous forme graphique (Cf. [PIL & AL, 99]). Dés lors, il est possible de présenter à l'utilisateur une organisation plus ou moins simplifiée en fonction de son profil.

Bien entendu, l'ensemble de ces méthodes peuvent et même doivent être combinées. Par exemple dans [BRU & AL, 94b], le système ISIS-Tutor utilise les techniques de guidage direct, de masquage de liens et d'annotation de liens.

2.2. L'interconnexion entre le modèle du domaine et les pages de l'hypermédia

Pour qu'un logiciel éducatif soit "intelligant", il faut qu'il soit composé de quatre composants, que sont le modèle du domaine, le modèle de l'apprenant, le modèle pédagogique et le modèle d'interface. En fait ceci s'intègre dans une définition plus large. En effet, pour qu'un système s'adapte à l'utilisateur, il faut absolument au moins deux composantes : le modèle du domaine et le modèle de l'utilisateur. Le modèle du domaine sert à organiser la connaissance, et le modèle de l'utilisateur permet d'adapter le contenu et les liens hypertextuels que l'on va présenter à l'utilisateur.

Se pose alors la question de l'interconnexion entre ce modèle du domaine qui organise la connaissance, et les pages d'hypermédias qui la présentent. [BRU, 94a] a dénombré trois méthodes permettant d'interconnecter ces deux composants : l'indexation par page, l'indexation fragmentée et la relation directe.

2.2.1. La Méthode dite d'indexation par page

L'objectif de cette méthode est d'indexer tout le contenu des pages de l'hypermédia avec les concepts du modèle du domaine. Ainsi chaque concept est associé à une page d'index (Voir figure 1) qui permet d'accéder à toutes les pages présentant ce concept.

Modèle du domaine index hypertexte

Figure 1 : Indexation par page

Il est aussi possible de créer des index relatifs aux relations définies dans le modèle du domaine. Ainsi le système peut créer un index par concept et par relation. Cet index réfère l'ensemble des pages de l'hypertexte qui contiennent des références à des concepts qui sont cibles de la relation spécifiée. Ainsi si le modèle du domaine contient n concepts et possède m types de relations, cela peut produire n*m index différents.

Cette méthode a été très utilisée dans les hypermédias éducatifs, par exemple dans [BRU & AL, 94b], car le ou les index que l'on peut présenter à l'utilisateur peuvent être modifiés à l'aide des

techniques d'adaptation vues précédemment, et ainsi l'obliger, ou du moins l'inciter, à suivre telle ou telle direction.

Enfin, l'avantage de cette méthode est surtout sa facilité de mise en œuvre, mais son système d'indexation est peu grossier. En effet, si une page de l'hypertexte présente ou explicite plusieurs concepts, elle sera indexée plusieurs fois de la même façon.

2.2.2. La méthode dite d'indexation fragmentée

Cette deuxième méthode est en fait une évolution de la méthode précédente. Cette fois les pages de l'hypertexte ne sont plus indexées dans leurs globalité, mais indexées par fragment (Voir figure 2). Cela permet d'avoir une indexation plus fine. Deux index peuvent alors référencer une même page de l'hypertexte mais pas au même endroit.

Outre un guidage de l'utilisateur, cette méthode permet aussi d'obtenir une adaptation au niveau du contenu, puisque les éléments référencés au niveau des index peuvent être très spécifiques et le système peut dans certains cas avoir des informations décrivant chaque élément [BOY & AL, 98]. On voit en fait apparaître par ce biais d'adjonction de sémantiques au sein des documents hypertextuels, ce qui de nos jours semble assez normal, grâce à l'utilisation du langage XML.

2.2.3. La relation directe

Cette dernière méthode se distingue des deux méthodes précédentes par l'absence de page d'index. Ici, la structure de l'hyper-espace est totalement calquée sur la structure du modèle du domaine : Chaque concept du modèle du domaine est représenté par une page de l'hypertexte (bien que certains systèmes relient de temps à autre un concept à un hyper document, c'est-à-dire une partie de l'hyper- space), et à chaque relation on associe un lien hypertexte (Voir figure 3).

Vis-à-vis des deux méthodes précédentes, la relation directe exige d'avoir une représentation du modèle du domaine sous forme sémantique (Ou tout autre technique apparentée) afin de pouvoir déterminer les hyperliens, alors qu'auparavant il suffisait d'identifier les concepts

Modèle du domine index Hypertexte Figure 2 : Indexation fragmentée

Modèle du domaine hypertexte

Figure 3 : Relation directe