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Chapitre I : Contexte de l’étude et état des connaissances sur les zones humides et

11. Les formations hygrophiles à aulne glutineux

Toutes les espèces qui se développent dans l’eau ou sur un sol fortement gorgé d’eau sont appelées hygrophiles ; on utilise également pour les caractériser le terme d’hygrophytes (Montégut, 1987 ; Quézel, 1957). L’aulnaie glutineuse des plaines sublittorales est une formation hygrophile dont la diversité des espèces végétales est liée à des variations du milieu

dues selon Thomas (1975) à : la permanence de l’inondation du sol ; la profondeur de l’eau (niveau de la nappe phréatique) ; l’intensité de l’éclairement. La formation forestière hygrophile à aulne glutineux est un bois se développant sur substrat tourbeux. Le sous-bois y est plus ou moins abondant et est caractérisé par la présence de plusieurs lianes formant parfois une forêt humide inaccessible. Selon (Belouahem et al., 2009), on distingue les strates suivantes :

11.1. La strate arborescente :

La strate arborescente est formée d’Alnus glutinosa dans les peuplements purs, exemple des sites suivants : Oum Laâgareb, Nechaâ Khellalba et les stations d’aulne de Berrihane. En général, l’aulne glutineux est associé (dans les peuplements mixtes ou en mélange) à Fraxinus angustifolia, à Ulmus campestris, à Salix pedicellata et Salix alba. On y trouve aussi Ficus carica accompagné parfois par Laurus nobilis qui prend la taille d’un arbre dans certaines stations telles que : Righia, Ain Kheiar, Seraidi, etc. Plusieurs chênes font partie aussi de ce mélange d’espèces arborescentes : Quercus canariensis dans les aulnaies d’Ain Kheiar, de Laouledj, Ain Bergougaia, Bourdim et Seraidi. Et en bordure des stations d’aulne asséchées on trouve surtout Quercus suber et Quercus coccifera.

11.2. La strate arbustive :

La strate arbustive ou frutescente dépend du type d’aulnaie (aulnaie d’oued, aulnaie de lac ou aulnaie de dépression inter dunaire : aulnaie marécageuse). En effet, ces formations forestières (aulnaies glutineuses) présentent plusieurs faciès qui dépendent de la densité d’Alnus glutinosa.

Dans les stations d’aulne inondées en permanence (Garaât El Ouez, les aulnaies de Berrihane et Bouglès), la strate arbustive est presque absente. Le milieu ombragé par la strate arborescente permet le développement d’Osmunda regalis et d’Athyrium filix femina : espèces dont la taille atteint parfois la hauteur d’un arbuste (au-dessus de 1.50m) quand le milieu est très riche (Exemple : aulnaie de Sidi Makhlouf).

Grâce à l’absence du couvert de ces peuplements caducifoliés en hiver, la strate arbustive est plus ou moins abondante selon les types d’aulnaies considérées (aulnaies marécageuses ou aulnaies d’oueds : ripisylves). Lorsque l’aulnaie n’est pas inondée en permanence, la présence de lumière a pour conséquence que cette strate est constituée par des arbustes à feuilles caduques exemples : Frangula alnus, Crataegus oxyacantha subsp.

monogyna, Prunus avium et rarement Prunus padus à Ain Bergougaia ainsi que Vitex agnus castus aujourd’hui complètement détruit dans l’aulnaie limitrophe au lac Mellah. On trouve également dans cette strate arbustive des arbustes à feuilles persistantes comme Viburnum tinus qui prend l’allure d’un arbre dans la ripisylve d’Oued Hrour ainsi que Rhamnus alaternus à Seraidi.

Plusieurs arbustes propres au cortège floristique de la subéraie se trouvent sur les bordures asséchées des aulnaies marécageuses : c’est le cas de Phillyrea latifolia, Myrtus communis, Pistacia lentiscus, Olea europaea, et Ruscus hypophyllum qui est un nanophanérophyte trouvée dans les milieux ombragés ou sous les rochers. Ainsi que les bruyères indicatrices de sols acides généralement sablonneux telles qu’Erica scoparia dans les milieux humides et Erica arborea dans les milieux plus secs accompagnée par Calycotome villosa et Genista ferox.

Les lianes sont nombreuses et sont représentées par les phanérophytes suivantes : Smilax aspera, Hedera algeriensis, Vitis vinifera, Rubus ulmifolius, Rosa sempervirens, Clematis cirrhosa et Clematis flammula, la nanophanérophyte Rubia peregrina ainsi qu’Aristolochia paucinervis : hélophyte trouvée dans l’aulnaie d’Oum laâgareb. Parmi les géophytes lianoïdes, il a été inventorié Bryonia dioïca, Asparagus acutifolius ainsi que Tamus communis ; généralement toutes ces lianes sont humicoles.

11.3. La strate herbacée :

La strate herbacée est constituée par quelques ptéridophytes : Osmunda regalis, Cyclosorus interruptus, Asplenium adiantum nigrum, Athyrium filix femina quand le milieu est ombragé. Au bord des stations d’aulne prospèrent abondamment Pteridium aquilinum espèce heliophile envahissante et parfois quelques pieds d’Adiantum capillus veneris en terrains sablonneux.

Quant à Selaginella denticulata, elle se développe dans les dépressions dunaires et les rochers humides en montagne particulièrement à Ain Bergougaia et Seraidi où on dénombre d’autres fougères plus rares telles qu’Asplenium scolopendrium var. scolopendrium, Asplenium trichomanes, Polystichum setiferum ou Dryopteris aculeata et Cystopteris fragilis.

Parmi les épiphytes inventoriées, Polypodium cambricum ou Polypodium vulgare affectionne les troncs d’arbres et se développe vigoureusement sur les branches étalées des

aulnes situées sur les rives d’Oued Laouledj ou même sur les rochers comme pour le site de Seraidi. Quant à Cotyledon umbilicus veneris, elle préfère les microclimats humides et ombragés sous les arbres, les broussailles et les rochers. Par ailleurs, Funaria hygrometrica, indicatrice du passage des incendies dans ces forêts est abondante dans les sites humides étudiés.

La strate herbacée est principalement caractérisée par de nombreuses hélophytes, des amphiphytes, des hydrophytes ainsi que des thérophytes. En fait, un caractère commun à tous ces types biologiques réside dans leur exigence en eau, facteur qui fournit le milieu ambiant lui-même pour les hydrophytes ou qui assure les importants besoins en eau de l’appareil végétatif pour les hélophytes, les amphiphytes et les thérophytes hygrophiles.

Les géophytes sont peu nombreuses dans les aulnaies humides ou inondées. Ce dernier type biologique est surtout représenté par Arisarum vulgare subsp. exsertum ; Colocasia antiquorum ainsi qu’Arum italicum de la famille des Araceae et Cyclamen africanum de celle des Primulaceae, Iris unguicularis de la famille des Iridaceae ainsi que par des Oxalidaceae.

Les hémicryptophytes comprennent des Brassicaceae, des Graminées, des Plantaginaceae ainsi que des Scrophulariaceae.

Les chaméphytes sont absentes dans les aulnaies peu éclairées et inondées pendant de longues périodes. Néanmoins, elles apparaissent lorsque la nappe phréatique s’abaisse et le milieu devient plus sec. Elles sont représentées par Sideritis romana subsp numidica : Lamiaceae trouvée une fois dans l’aulnaie « sèche » du Tonga et par plusieurs Euphorbes : Euphorbia terracina, Euphorbia paralias, Euphorbia biumbellata ainsi que par des Scrophulariaceae exemple Scrophularia sambucifolia.