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4. L ES PATHOLOGIES CARDIAQUES

4.3. Les extrasystoles

Lorsque l’impulsion électrique apparaît ailleurs que dans le nœud sinusal, la contraction cardiaque qui en résulte ne suit plus un rythme normal. Le battement supplémentaire qu'elle provoque se nomme extrasystole, par opposition à la contraction normale nommée systole. Nous avons vu que la séquence normale d'activation du cœur comprend tout d'abord une activation des oreillettes, ensuite la contraction des grands muscles cardiaques des ventricules. Une extrasystole perturbe cette séquence. Souvent, elle est suivie d'une pause compensatrice ressentie comme une sorte d'interruption. Certaines extrasystoles peuvent apparaître chez n'importe quelle personne bien portante, ce n'est que si elles se manifestent fréquemment qu'on peut parler d'arythmie [Fis’02].

Selon la cavité cardiaque où a lieu la contraction prématurée des cellules cardiaques (oreillette, ventricule cardiaque ou jonction entre ces deux cavités), on parlera d'extrasystoles auriculaires (ESA), d'extrasystoles ventriculaires (ESV) ou d'extrasystoles jonctionnelles (voir figure 1.20). Les extrasystoles auriculaires et jonctionnelles, d'aspect et de causes proches, sont reliés sous le vocabulaire extrasystoles supra-ventriculaires.

4.3.1. L'extrasystole ventriculaire (ESV)

Les extrasystoles ventriculaires s’observent sur quasiment tous les enregistrements, principalement en période de récupération après un effort. Bien que leur présence n’indique aucune pathologie particulière, si, de façon récurrente, leur nombre par minute est supérieur à 6, elles peuvent être un signe précurseur d’une tachycardie ventriculaire (déjà vu dans la section précédente), qui elle constitue une pathologie majeure très dangereuse.

Contrairement aux battements normaux qui ont pour origine la dépolarisation des cellules sinusales (voir le paragraphe 2.2. Fonctionnement électrique du coeur), l’ESV naît de la dépolarisation spontanée d’un petit groupe de cellules ventriculaires, appelé alors foyer ectopique ventriculaire (voir figure.1.20). L’impulsion électrique créée n’emprunte pas la voie normale de conduction (faisceau de His), et se propage donc plus lentement dans les ventricules. La contraction ventriculaire ainsi étalée dans le temps perd de son efficacité. Le tracé d’un battement ESV est caractérisé par deux propriétés : l’onde R n’est pas précédée d’une onde P, puisqu’il n’y a pas eu d’activité auriculaire préalable, et la durée du complexe est supérieure à la durée d’un complexe QRS normal (voir figure1.21). Les ESV étant fréquemment suivies d’un repos compensatoire, sorte de temps de récupération, elles introduisent en général une distorsion du rythme cardiaque.

Figure.1.21. Extrasystole ventriculaire (ESV)

Il est à noter qu’on parle de doublet (2 ESV de suite), de triplet (3 ESV de suite); au-delà il s'agit d'une salve de tachycardie ventriculaire.

Les ESV peuvent être bigéminées (on retrouve 1 ESV après chaque systole sinusale) ou trigéminées (1 ESV tous les 2 complexes sinusaux)

La gravité d'une extrasystole ventriculaire est dépendante du nombre d'extrasystoles, de leur précocité de survenue et de l'existence ou pas de répétition. Leur morphologie est également importante à prendre en compte. En effet, selon qu'elles sont répétitives, qu'il existe ou pas un

ou plusieurs foyers d'excitabilité électrique ventriculaire, les extrasystoles ventriculaires seront plus ou moins graves.

Les extrasystoles ventriculaires, par rapport aux extrasystoles auriculaires ou jonctionnelles, nécessitent une prise en charge thérapeutiquement en service spécialisé (cardiologie). En effet elles s'accompagnent souvent d'une affection cardiaque (leur survenue sur un cœur non pathologique c'est-à-dire non malade est rare).Selon l'affection en cause le traitement n'est pas le même. Ainsi, au cours de l'infarctus du myocarde les extrasystoles sont susceptibles survenir de façon répétitive, entraînant alors une tachycardie ventriculaire susceptible d'évoluer vers une fibrillation ventriculaire (inefficacité des battements cardiaques) et vers le décès du patient quand aucune prise en charge thérapeutique en service de réanimation n'est effectuée (défibrillation par un choc électrique externe).

4.3.2. L'extrasystole supra-ventriculaire (ESsV)

Les extrasystoles supra-ventriculaires (ESsV) sont des battements prématurés dont le point de départ se situe à l'étage supra-ventriculaire ailleurs qu’au niveau du noeud sinusal. L'activation des ventricules se fait par les voies normales de conduction à l'étage ventriculaire et les deux ventricules sont dépolarisés simultanément, Les QRS sont donc fins (inférieur à 0.12 sec).

Selon l’origine de l’excitation électrique, elle est dite auriculaire (oreillettes) ou jonctionnelles (noeud atrio-ventriculaire).

Les extrasystoles auriculaires se caractérisent par la présence de l’onde P avant chaque complexe QRS, elle différente des ondes P habituelle d’origine sinusale (voir figure1.22).

Figure.1.22. Extrasystole auriculaire

Il est à noter que dans certains cas l’onde P extra systolique peut être également isolée, non suivie d’un QRS, car une grande prématurité de l’extrasystole atteignant trop précocement le nœud AV ne peut le franchir (extrasystole auriculaire bloquée (ESAb) illustrée dans la figure.1.23)

Figure.1.23 Extrasystole auriculaire bloquée, Ce type de battement se caractérise par une onde P

Tandis que pour les extrasystoles jonctionnelles, les ondes P sont absentes le plus souvent ou elles se produisent après le complexe QRS. (Voir figure 1.24)

Figure.1.24 Extrasystole jonctionnelle

Les extrasystoles supra-ventriculaires sont généralement bénignes essentiellement quand elles sont peu nombreuses, et qu'elles surviennent sur un cœur ne présentant aucune pathologie. À l'opposé, quand les ESsV sont nombreuses elles nécessitent une prise en charge thérapeutique essentiellement quand le patient présente en plus une affection cardio-vasculaire. Elles sont susceptibles d'évoluer vers une fibrillation auriculaire (inefficacité des battements des oreillettes cardiaques), ainsi le patient doit être pris en charge étant donné le risque évolutif.

Conclusion :

Malgré une forte évolution technologique dans le domaine de l’instrumentation médicale, l’électrocardiographie reste un examen indispensable en cardiologie depuis de longues années.

Cette technique permet de faire un monitorage de l’activité électrique du myocarde depuis l’extérieur du corps. Ceci est achevé par l’utilisation des électrodes collées à la surface de la peau pour récupérer un signal sous forme électrique appelé signal électrocardiogramme ECG. L’étude menée dans ce premier chapitre sur l’anatomie cardiaque ainsi que les propriétés électrophysiologiques des cellules cardiaques ont permis de mieux comprendre la nature et l’origine de ce signal ECG.

L’analyse des enregistrements continus du signal électrocardiogramme de longue durée (24 à 48 heures) (Holter) permet de diagnostiquer un grand nombre de pathologies cardiaques, parmi lesquelles celles qui surviennent de manière sporadique comme les extrasystoles ventriculaires et supra-ventriculaires ainsi que les blocs de branche droits et gauches.

Une analyse automatique de ces battements anormaux est très souhaitable par les médecins à cause de la grande quantité de battements récupérés lors d’un examen Holter.

Le chapitre suivant présente une technique très utilisée dans le domaine du traitement de signal qui est la transformée de ondelettes. Cette technique est très appliquée sur les signaux électrophysiologiques vu leur caractéristiques statistiques aléatoires.

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