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Chapitre 1. Le Trésor de la langue française informatisé ( TLFi ) et sa structure . 21

1.5. Les divers types de définitions lexicographiques

lexicales en fournissant une définition. La tâche de rédaction des définitions est

attribuée aux lexicographes qui essaient d’expliquer l’unité lexicale par une paraphrase

sémantiquement liée à celle-ci. L’énoncé définitionnel rédigé représente une expression

paraphrastique et doit permettre au lecteur de construire une signification de l’unité

lexicale. Pour ce faire les lexicographes utilisent en fait divers types de définitions.

Nous présentons dans les sous-sections suivantes les principaux types de définitions

utilisées dans le TLFi en nous basant sur la synthèse présentée par Martin (2001).

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1.5.1. Définition hyperonymique (logique)

SelonChoi-Jonin et Delhay (2008, p. 319), la définition hyperonymique est bipartite,

constituée d’un genre prochain et des différences spécifiques : « Héritière de la tradition

aristotélicienne, la définition logique ou hyperonymique indique d’une part la classe à

laquelle appartient le défini — ou genre prochain — et d’autre part les propriétés qui le

particularisent à l’intérieur de cette classe : on les appelle les différences spécifiques. ».

La majorité des définitions des dictionnaires de langue sont de cette catégorie. Par

exemple, la définition du TLFi du lexème LION est :

LION. Subst.masc. Mammifère carnivore, de la famille des Félidés, de forte taille, caractérisé par sa face large, sa crinière touffue, son tronc et ses membres trapus, son pelage fauve, et vivant à l'état sauvage surtout en Afrique.

Donc lion fait partie de la famille Félidés, laquelle représente son genre prochain, et

il se distingue du chat et du tigre par sa forte taille, son pelage fauve, sa crinière

touffue, ce qui constitue ses différences spécifiques.

Ce type de définition est souvent appliqué aux noms, mais il convient aussi aux

autres catégories grammaticales comme le verbe et l’adjectif. Par exemple, la définition

du TLFi pour le verbe courir est :

COURIR. V. Se déplacer rapidement par un mouvement successif et accéléré des jambes ou des pattes prenant appui sur le sol.

Ainsi, courir est un verbe qui appartient à une classe, se déplacer, et se distingue au

sein des verbes de cette classe par des propriétés spécifiques qui portent sur le

mouvement successif et accéléré des jambes.

En analysant les définitions hyperonymiques, nous observons que l’hyperonyme qui

indique la classe à laquelle appartient le lexème défini est de même catégorie

grammaticale que celui-ci (ex. lion (nom)-mammifère (nom), courir (verbe)-se déplacer

(verbe)). Dans une définition, l’hyperonyme peut être aussi un syntagme (ex. « ramener

(un malade, un blessé) à la vie par … » RÉANIMER). Ainsi, il peut être simple (un seul

hyperonyme ou syntagme hyperonymique, ex. dans le TLFi, ACETAMIDE « amide

primaire »), multiple (plusieurs hyperonymes au choix, ex. dans le TLFi, ACCUSER

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« reprocher, imputer à qqn un défaut »), ou conjonctive (ex. dans le TLFi, RATATINÉ

« tassé et émacié (par l’âge, la maladie, …) ») (Martin, 2001).

Les définitions logiques sont des définitions par inclusion, car le genre prochain est

inclus dans la définition, étant ainsi une partie de cette définition. La difficulté de cette

définition réside dans le fait de trouver le genre prochain, c’est-à-dire le concept le plus

voisin du lexème à définir (Touratier, 2000).

Il convient de remarquer que les résultats des recherches que nous avons présentés

dans la section précédente ne regroupent en fait que des définitions qui toutes relèvent

de ce type de définition hyperonymique.

1.5.2. Définition synonymique

Ce type de définition est toujours constitué d’un synonyme définissant un lexème

donné. Par exemple, la définition du TLFi pour l’adverbe rapidement est :

RAPIDEMENT. Adv. Prestement, vivement.

La définition synonymique n’est pas souvent pratiquée, en raison de l’absence dans

la langue de deux lexèmes avec un sens parfaitement identique, c’est-à-dire des

synonymes stricts, et, d’autre part, à cause du risque de circularité, car un lexème A est

décrit par le lexème B qui peut être lui-même décrit par le lexème A.

1.5.3. Définition dérivative

La définition dérivative (translative) définit un lexème en faisant appel aux lexèmes

dérivés de celui-ci, appartenant à la même famille morphologique. Nous présentons

ci-dessous quelques exemples de définitions dérivatives du TLFi pour les lexèmes de

différentes catégories grammaticales :

ACCÉS. Subst. masc. Action ou possibilité d’accéder. ANALYSEUR. Subst. masc. et adj. Celui qui analyse.

DOMESTICITÉ. Subst. fém. État de l'animal qui a été domestiqué, apprivoisé par l'homme.

AGITABLE. Adj. Qui peut être agité. AFFINER. V. Rendre plus fin.

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Dans ce type de définition, le lexème dérivé et le lexème de définition ne sont pas de

la même catégorie grammaticale (ex. accès (nom)-accéder (verbe), affiner (verbe)-fin

(adjectif), etc.). Comme nous avons pu l’observer dans les exemples ci-dessus, les

définitions dérivatives sont formées à l’aide d’opérateurs de translation qui varient

d’une catégorie grammaticale à l’autre. Par exemple, pour définir un substantif dérivé,

on utilise des constructions comme action de, fait de, celui/celle/ce qui,

état/caractère/qualité de ce qui, etc. Toutefois, ces opérateurs peuvent aussi être

rencontrés en dehors de définitions dérivatives, comme dans le cas ci-dessous :

PROGRÈS. Subst. masc. Fait de gagner du terrain.

Ainsi, dans le cas des définitions dérivatives, afin de préciser le sens d’un lexème

donné, il convient de se rapporter à l’article du vocable concernant le lexème dérivé

utilisé dans la définition (Touratier, 2000).

1.5.4. Définition méréonymique

Ce type de définition s’appuie sur une relation entre un lexème dénotant une partie et

un autre dénotant le tout correspondant. Ci-dessous nous présentons un exemple de

définition de ce type du TLFi :

DOSSIÈRE, subst. fém. Partie du harnais d’un cheval, posée sur le dos et servant à soutenir les brancards.

Les opérateurs méréonymiques peuvent être de plusieurs types, comme partie de,

portion de, morceau de, segment de, chacun de, ensemble de, etc. Nous présentons

ci-dessous quelques exemples de définitions utilisant les opérateurs méréonymiques :

BILLE, Subst. fém. Portion de tronc d'arbre débitée à la scie et non équarrie.

CALE, Subst. fém. Morceau de bois, de fer, etc., qu’on place sous ou contre un objet quelconque, afin de le mettre d’aplomb ou de l’immobiliser.

ÉNONCÉ, Subst. masc. Segment de la chaîne parlée produit par un seul locuteur et situé entre deux silences.

ROUAGE, Subst. masc. Chacun de ces éléments : roue dentée, pignon.

ÉCRITURE, Subst. fém. Ensemble des caractères d'un système de représentation graphique.

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1.5.5. Définition approximative

Ce type de définition utilise des opérateurs d’approximation comme sorte de, espèce

de afin de rapprocher un lexème d’un autre lexème, par exemple :

TRANSE, Subst. fém. Sorte de sommeil pathologique ou

d'altération de la conscience avec indifférence aux

événements extérieurs et dont il est difficile de faire sortir le sujet.

ACTÉON, Subst. masc. Espèce de papillon.

Par rapport à la définition hyperonymique, la définition approximative introduit

plutôt une relation ontologique entre des objets (genre et espèce), tandis que la relation

d’hyperonymie est une relation lexicale et concerne le langage. Ainsi, nous citons

l’exemple donné par Gaudin et Guespin (2000) : « On pourra dire que marmonner est

un hyponyme de parler, alors que cette relation n’est, habituellement, pas prise en

compte si l’on raisonne en termes de genre et d’espèce. ».