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Les difficultés de compréhension

Dans le document Les langues inventées (Page 112-114)

En effet, la plupart des éléments que je n’ai pas compris lors de mes premières lectures du texte ne relevaient pas du domaine technique, mais étaient liés aux expressions utilisées par l’auteur. J’ai néanmoins été bloquée pendant un certain temps par une tournure, dans le point 5.5, lorsque Peterson explique la règle de voisement intervocalique de l’ancien anglais : « V-

initial suffix ». Au début, j’avais en effet compris qu’il se référait à un suffixe commençant par

la lettre (ou le son) [v]. Néanmoins, cela me semblait peu plausible, non seulement parce que je n’arrivais pas à trouver de suffixe commençant par [v], mais aussi parce que cela ne collait pas avec le sens du début de la phrase. Ainsi, comme pour chaque difficulté, j’ai fait des recherches qui ne m’ont, initialement, pas vraiment aidée, et ai donc rédigé « suffixe commençant par v » dans ma traduction. Ce n’est qu’à la troisième relecture, après avoir lu des textes qui contenaient cette expression que j’ai compris que le « v » ne se référait pas à la lettre

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mais à une voyelle, ce qui concordait parfaitement avec la règle de voisement intervocalique. En effet, les textes opposent souvent le « V » (voyelle) au « C » (consonne), et au fil de mes lectures, certains éléments que j’avais lus aussi bien dans l’ouvrage d’André Martinet26 que

dans celui de Peterson27, me sont revenus en tête, me permettant d’en saisir pleinement le sens. Le passage qui m’a le plus posé problème se situait à la fin du premier paragraphe du point 5.4. La phrase en anglais est la suivante : « All I mean is don’t confuse the fact that an [-

s] appears with a large number of plural nouns to mean that the [-s] means “plural” in any real or useful sense. ». Ici, je n’arrivais pas à comprendre la dernière expression (« in any real or useful sense »), bien que le reste de la phrase ne m’ait pas posé de problèmes. En particulier,

je ne savais pas comment la rendre en français pour qu’elle ne soit pas ambigüe. Ainsi, dans mon e-mail à David Peterson, je lui ai demandé des précisions sur le sens de cette expression. Après quelques échanges, j’ai ainsi pu en comprendre le sens, et ai donc inséré une traduction en français qui semblait correspondre à ce que m’avait expliqué l’auteur : « Ce que je dis en revanche, c’est qu’il ne faut pas prendre le fait qu’un [-s] apparaisse en fin de nombreux noms au pluriel, comme une preuve que le [-s] est une marque de pluralité, ce qui n’est ni universel, ni utile à l’inventeur de langues ».

D’autres difficultés de compréhension n’ont pas été aussi bien résolues parce qu’elles ne relevaient pas d’un domaine en particulier. Par exemple, dans la conclusion, l’auteur écrit « it is on us to both define what rigor in naturalistic conlanging is » et « if we don’t have a way

to define rigor in conlanging, very soon a definition will be thrust upon us ». Le terme qui m’a

posé problème était ici « rigor ». En effet, si je l’avais initialement traduit par « rigueur », je trouvais que cela était ambigu, et j’ai donc tenté de trouver une autre solution. Après avoir regardé, sans succès, les différents synonymes que pouvait avoir ce mot, afin d’en trouver un équivalent, je me suis concentrée sur le sens de cette phrase, et non plus sur sa forme. Le sens original m’échappait initialement, et je l’ai donc interprété de la façon qui me semblait à la fois la plus proche du sens du texte en général, et la plus idiomatique en français. J’ai donc traduit « rigor » par « limites » : d’après moi, dans ces phrases, Peterson incitait ses collègues

26 Op.cit. 27 Op.cit.

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inventeurs de langues à réguler en quelque sorte la pratique d’invention de langues, et donc à définir les limites de ce qui doit être fait et ce qui aboutit à un mauvais résultat.

Si ces difficultés n’ont pas été relevées par mon spécialiste-référent, M. Kloczko, lors de sa relecture, il n’en va pas de même pour d’autres passages. En effet, dans le premier paragraphe du point 4.2, une proposition m’avait posé problème lors de la traduction, et je l’avais initialement traduite plutôt littéralement : la phrase « and though there have been strong

opinions about what role language creation should play -if any- in linguistics […] time appears to be resolving the matter for us » était devenue « le rôle (si tant est qu’il y en ait un) que la

création de langues devrait jouer dans le domaine linguistique a certes fait l’objet d’opinions bien arrêtées […] mais cette question semble se résoudre avec le temps ». Le sens que j’avais tiré de cette dernière expression (« time appears to be resolving the matter for us ») était qu’au fur et à mesure, le débat était résolu de façon presque naturelle. Mais lors de sa relecture, M. Kloczko a surligné cette expression pour me signifier qu’elle était un peu floue ou peu compréhensible. J’ai ainsi reformulé la phrase en tentant de m’éloigner du texte original, ce qui a donné un résultat plus idiomatique et compréhensible en français, qui se réfère aux éléments précédents dans la phrase : « au fil du temps, sa place semble se préciser ».

Les difficultés de ce genre ont été surmontées de la même façon. En effet, une recherche terminologique ne suffisait pas pour en comprendre le sens, et ces expressions étaient parfois en lien avec le style adopté par l’auteur dans son texte, qui comporte de nombreuses expressions ou façons de parler.

Dans le document Les langues inventées (Page 112-114)

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