Ces résidus végétaux sont issus de l’entretien et du renouvellement des espaces verts publics et privés. La composition des déchets verts broyés, et donc leur valeur amendante, varie énormément notamment selon la saison.
2.2.1. Les broyats de déchets verts
L’utilisation des déchets verts est différente selon les départements. Dans la plupart des situations, les déchets verts servent de co-substrat pour composter en premier lieu les boues de stations d’épuration, mais aussi la FFOM, les biodéchets et les digestats.
Avec le développement de l’économie circulaire, une partie des gisements de déchets verts est de plus en plus proposée sous forme broyée brute non compostée, en amendement organique (avec enfouissement) ou en mulch (importante quantité à l’hectare sans enfouissement). Cette filière en développement, assimilée à tort à du compostage à la ferme, reste mal encadrée. Si les effets peuvent être vertueux (attention néanmoins aux problèmes de faim d’azote), ils dépendent beaucoup de la qualité initiale des broyats. Une attention particulière doit être portée sur les inertes (plastiques) et l’hétérogénéité de composition de ces broyats.
Les déchets verts broyés bruts ne sont pas du Bois Raméal Fragmenté ou BRF.
Ils ont un profil agronomique différent.
PHOTO 2/ BRF et broyat de déchets verts
Boues traitées
Prétraitement
Traitement des boues Clarificateur Dégraissage Graisses
Dessablage
Sables
Dégrillage
Refus
Poste de relevage
Sortie des effluents
traités Apport
extérieur de matière de vidange
Fosse à matière de vidange Eaux brutes
Traitement biologique
(Source : ADEME, 2001)
En 2014, le gisement régional de boues était de l’ordre de 93 000 tonnes de matière sèche, soit environ 350 000 tonnes brutes sur les 1 237 STEU productrices de boues en Occitanie (9 millions d’équivalent habitants en capacité nominale) (Source : PRPGD Occitanie, 2019).
La valeur agronomique des composts de déchets verts est très dépendante de la saisonnalité qui influe sur le type de déchets verts compostés (tonte de pelouse, taille d’arbres, etc.) et sur leur qualité (présence ou absence d’inertes).
Et les refus de criblage ?
À l’issu de la phase de maturation, les composts sont criblés afin de retirer les éléments grossiers ou indésirables. Il en résulte la production d’une quantité non négligeable de refus de criblage. Une partie de ces refus est réinjectée dans le procédé de compostage et fait partie intégrante de la recette. La partie non valorisable (inertes, plastiques, etc.) est enfouie en Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) ou incinérée. Certaines plateformes de compostage valorisent aussi le restant du refus de criblage de compost de déchets verts en le vendant comme paillage, en garantissant une absence totale d’éléments inertes.
► 2.3. LES BOUES DE STATIONS D’ÉPURATION URBAINES ET LEURS COMPOSTS
Les boues de station d’épuration urbaines (STEU) sont un déchet municipal issu du traitement des eaux usées.
FIGURE 16/ Schéma de fonctionnement d’une station d’épuration à boues activées
2.3.1. Les boues « brutes »
Il existe différents procédés de traitements des eaux usées :
• boues activées,
• lagunages,
• décanteur,
• filtres plantés de roseaux, etc.
Et différents procédés de traitement des boues :
• séchage thermique,
• filtre à bandes,
• chaulage,
• lits plantés de roseaux, etc.
Desquels sont issues différents types de boues que l’on peut classer en trois catégories : « liquides »,
« pâteuses » ou « sèches ».
FIGURE 17/ Trois catégories de boues Boues liquides
Lagune
Silo de stockage
Boues pâteuses
Lits de séchage plantés de roseaux
Filtres à sable plantés de roseaux
Boues sèches
Boues sèches, lits de séchage
Local de stockage de boues sèches
Du traitement dépendra aussi leurs caractéristiques agronomiques (ex : le traitement de l’eau par déphosphatation engendre une plus forte teneur des boues en P2O5).
Selon le PRPGD Occitanie, la valorisation des 350 000 tonnes de matière brute de boues se répartit comme suit :
• 18 % en épandage direct en agriculture, encadré par un plan d’épandage et un suivi agronomique des parcelles ;
• 60% en co-compostage avec des déchets verts ;
• 20% en méthanisation. 5 stations de traitement des eaux usées sont équipées d’unité de méthanisation et 4 étaient en projet au moment de la rédaction du plan. Le digestat produit est ensuite valorisé (voir paragraphe 3.2.) :
• en épandage direct en agriculture (encadré par un plan d’épandage et un suivi agronomique des parcelles),
• en co-compostage avec des déchets verts, pour une part marginale en incinération ou en stockage (seules les boues non valorisables en agriculture peuvent être enfouies),
• ou en incinération.
Le devenir des boues de STEU en Occitanie est illustré sur la Figure 18.
FIGURE 18/ Production et destination de boues de STEU (tonnes)
Depuis les années 2010, l’épandage de boues brutes diminue au profit d’une valorisation par compostage (normé ou non), fortement incitée par les pouvoirs publics. Le compostage des boues avec des déchets verts a montré toute sa pertinence durant la crise du COVID-19 en permettant d’hygiéniser les boues de STEU et de les rendre compatibles avec un épandage agricole.
Une forte disparité existe entre les deux anciennes régions qui constituent la région Occitanie : l’épandage des boues brutes est devenu très minoritaire sur l’arc Méditerranéen (<10%) au profit du compostage, alors qu’il reste significatif sur le reste de la région dans des secteurs d’élevage aux surfaces suffisantes pour les réaliser et dépourvues d’unité de compostage ou de méthanisation.
L’épandage est en effet la solution la moins coûteuse pour les collectivités et elle s’inscrit dans un schéma d’économie circulaire (ce qui est produit par la population est réutilisé localement).
(Source : PRPGD Occitanie, 2016)
Stockage Vers autre STEU Compostage Incinération Epandage agricole 200 000
150 000
100 000
50 000
0
LR MP Occitanie
Matières sèches Matières brutes
LR MP
(Source : PRPGD Occitanie)
2.3.2. Les composts de boues
Les boues brutes sont de plus en plus souvent compostées avec des déchets verts. Le compost bénéficie d’une meilleure réputation, il est plus facilement manipulable, il dégage peu d’odeurs et son hygiénisation due au process garantit une meilleure qualité sanitaire.
En 2017, la région Occitanie comptait 28 plateformes produisant du compost de boues (voir Figure 19).
FIGURE 19/ Installations de compostage des déchets organiques en Occitanie en 2017
3. LES SPÉCIALITÉS
DE L’AGROFOURNITURE
Des distributeurs de l’agrofourniture proposent une large gamme d’engrais ou amendements organiques. Le guide (tome II) présente des fiches techniques sur quelques-unes de ces matières utilisées notamment en Occitanie mais n’a pas vocation à être exhaustif. Le choix s’est porté sur les plus couramment utilisées en Occitanie.
4. LES DIGESTATS
Le digestat est le résidu du processus de méthanisation qui sert de fertilisant ou d’amendement organique. Le digestat brut peut subir une étape de séparation de phase, donnant lieu à deux types de matière :
• digestat liquide, considéré comme un engrais organique azoté, riche en azote (presque entièrement sous forme ammoniacale), phosphore et potasse
• digestat solide, considéré comme un amendement de fond.
Attention, il faut se fier à l’analyse du digestat produit sur l’unité car les caractéristiques dépendent des intrants du méthaniseur et du processus de méthanisation. Un digestat solide peut apporter des doses non négligeables d’azote et de phosphore.
Le digestat peut également subir une étape de compostage avant d’être épandu.
Il existe plusieurs types de méthanisation en Occitanie :
• La méthanisation agricole : unité portée majoritairement par un ou plusieurs exploitants agricoles et traitant des effluents, matières végétales et déchets d’origine agricole majoritairement.
• La méthanisation industrielle : unité portée par un industriel et traitant des déchets organiques de production interne (lactosérum, effluents viticoles).
• La méthanisation territoriale : unité multi-partenariale ou portée par un industriel, traitant des gisements de multiples déchets (effluents agricoles, biodéchets, déchets agroalimentaires…).
• La méthanisation STEP : unité localisée sur une station d’épuration, portée par la collectivité et traitant principalement des boues de stations d’épuration (STEP).
Ces unités sont réparties sur tout le territoire, comme le montre la Figure 20.
FIGURE 20/ Localisation des unités de méthanisation en Occitanie
(Source : ADEME, 2017)
5. LES CENDRES
9Le développement de la filière bois énergie a conduit à une augmentation du nombre de chaufferies utilisant du bois comme combustible. Ces chaufferies conduisent à la production de cendres qui peuvent être valorisées en agriculture sous certaines conditions.
Tout épandage agricole de cendres doit être réalisé dans le cadre d’un plan d’épandage (sauf démarches de normalisation ou d’homologation) et respecter les seuils d’innocuité fixés par la règlementation.
Le traitement ou la valorisation des cendres de bois est placé sous la responsabilité de leur producteur.
Les cendres ont une valeur neutralisante non négligeable et permettent de redresser le pH du sol. L’apport de cendres permet d’améliorer la stabilité de la structure du sol et ainsi d’optimiser la fertilité de la parcelle. Enfin, les cendres apportent des éléments fertilisants indispensables à la croissance des végétaux comme du magnésium, du phosphore et surtout du calcium et du potassium.
Attention toutefois car les cendres peuvent être de composition très variables en fonction des types de bois utilisés.
FIGURE 21/ Localisation des chaufferies bois en Occitanie en 2016
(Source : ADEME BL, novembre 2016)
6. LES LOMBRICOMPOSTS
Les lombricomposts (ou vermicomposts) sont des amendements issus de la digestion des matières organiques par certains vers de terre. Il en existe plusieurs types et leurs caractéristiques agronomiques dépendent des matières premières qu’ils décomposent (biodéchets, déchets verts broyés, boues de STEU, etc.)
7. LES STRUVITES
Les boues de STEU sont riches en phosphore et peuvent constituer une source alternative aux engrais minéraux issus de ressources naturelles (mines), afin de produire des engrais phosphatés.
Dans les années 2010 se sont développées des technologies permettant d’isoler le phosphore des boues et de le conditionner sous forme de struvites.
Selon le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, « les premiers essais au champ de la struvite comme fertilisant sont concluants dans certaines conditions.
PHOTO 3/ Struvites
Le sujet est porté au niveau de l’Afnor en vue de sa normalisation pour permettre sa mise sur le marché après évaluation de l’Anses. La struvite relève de la réglementation sur les déchets et ne peut à l’heure actuelle être commercialisée qu’à des industriels de matières fertilisantes en tant que matière première entrant dans un process de fabrication, en substitution d’une autre matière première. »13.