4.4 Consommation et styles de vie
4.4.2 Les crédits à la consommation
Quel est l'usage que font les membres de la FRC du crédit à la consommation et quels sont les facteurs susceptibles de l'influencer ? Tout d’abord, intéressons‐nous aux moyens de paiement utilisés par les répondants. Une grande majorité (85%) d’entre eux utilisent de l’argent liquide – relevons qu’il est peu probable que les 15% restants n’en utilisent absolument pas. 81% des répondants ont recours aux cartes de débit et seulement 47% aux cartes de crédit. Enfin, 22% payent par facture et seuls 2% des répondants achètent à crédit (paiement par mensualités) ou en leasing. Notons que ces trois derniers moyens de paiement sont considérés, dans les analyses présentées ci‐ après, comme les achats à crédit puisqu’ils entraînent un délai entre l’acquisition du bien et son paiement. Les achats à crédit concernent donc 71% de notre population. L’importance des différents moyens de paiement considérés est présentée dans le tableau 7.
Tableau 7 – Moyens de paiement utilisés par les membres de la FRC11
Réponses Pourcentage d'observations N : Pourcentage :
Argent liquide 2123 33.1% 84.5%
Carte de débit (Postcard,
carte Maestro, etc...) 2023 31.6% 80.5%
Carte de crédit (Visa,
Mastercard, etc.) 1186 18.5% 47.2%
Achat à crédit ou leasing (jouissance d'un bien contre paiement de plusieurs mensualités)
49 0.8% 2.0%
Facture avec paiement
différé (à 30 jours) 561 8.8% 22.3%
Débit direct (LSV) 220 3.4% 8.8%
Bons d'achat en ligne (paysafecard, carte i tunes, etc.)
50 0.8% 2.0%
Bons d'achat de grandes
surfaces 193 3.0% 7.7% Total 6405 100.0% 255.0% S’agissant d’expliquer les déterminants socioéconomiques du recours au crédit à la consommation, nous ne sommes pas parvenus à démontrer de lien statistiquement significatif entre la pratique de la consommation à crédit et le revenu des membres de la FRC (Sig=0.090), contrairement à ce que nous postulions. La taille du ménage, qu’il soit avec ou sans enfant (ménages sans distinction : Sig=0.806, ménages sans enfants : Sig=0.633, ménages avec enfants : Sig=0.674) ne joue pas non plus un rôle déterminant.
En revanche, une corrélation a pu être établie entre l'âge des membres de la FRC et le recours au crédit (Sig = 0.045, Phi = 0.072, N=2506). La disposition au crédit à la consommation augmente avec l’âge pour atteindre son point culminant entre 46 et 55 ans, puis retombe pour les catégories d’âge supérieures. Ainsi, les moins de 55 ans consomment légèrement plus à crédit (57.3%) que les plus que 55 ans (53%). Dans la catégorie des plus de 55 ans, aucune tendance ne se dégage étant donné que les pourcentages sont proches, alors que pour les moins de 55 ans nous observons une tendance à peine plus marquée à acheter à crédit. Le lien entre les variables est statistiquement significatif,
mais faible. Il pourrait s’expliquer par les fluctuations du revenu qui suivent sensiblement la même tendance. Pourtant, le lien entre crédit et revenu n’étant pas significatif, il est impossible de confirmer cette hypothèse.
Enfin, soulignons qu’à l’heure où les achats nécessitant une carte de crédit ou un paiement par facture et les propositions d’échelonnage de paiement sont nombreux, 29% de la population interrogée déclare ne jamais y avoir recours.
4.4.3 Le e‐commerce
Notre intérêt pour les pratiques de consommation sur internet s’oriente vers les pratiques d’achat des membres de la FRC et vers leurs pratiques de vente en ligne. Dans nos hypothèses, nous prévoyions que le e‐commerce était une pratique répandue mais principalement cantonnée à l'achat de produits de luxe et de confort. Le moteur principal de ce mode de consommation serait la recherche du prix le plus bas. Par ailleurs, la vente en ligne serait une pratique plus marginale en raison de l'investissement qu'elle nécessite. Enfin, nous postulions que l'appréhension liée au fait de divulguer ses coordonnées bancaires sur internet était un frein à ce mode de consommation.
Nos résultats indiquent que 39% des enquêtés ont recours au e‐commerce – qui par ailleurs correspond à 14% des activités sur Internet (N=2517). Le type de service le plus prisé par les consommateurs en ligne est les voyages, qui représentent 17% de l'activité et concerne 60% des membres de la FRC. Suivent immédiatement les livres et les offres de vacances, acquis notamment sur internet par 50% des répondants. Comme attendu, les aliments et les vêtements sont moins fréquemment achetés en ligne : ils ne concernent que respectivement 21% et 34% des consommateurs. Seuls 13% des enquêtés achètent des équipements audiovisuels sur internet. Soulignons donc que si certains produits de confort et de luxe sont acquis en ligne, pour d’autres, les consommateurs privilégient l’achat en situation de coprésence physique.
Alors que l’âge, les catégories socioprofessionnelles et le niveau de formation ne permettent pas d’expliquer les différences de pratiques en matière de e‐commerce, le revenu est corrélé de manière positive avec ces dernières (Sig = 0.000 pour les items livres et vacances et Phi = 0.161 et 0.194, respectivement, N=977). Nous pouvons ainsi observer que parmi les usagers du commerce en ligne, 44% des revenus inférieurs à 3000 francs ont profité d'offres de voyages sur internet. Chez les bénéficiaires d'un revenu supérieur à 18'000 francs en revanche, la proportion est de 80%. Cette tendance peut s'expliquer par la loi d'Engel: la consommation des biens de luxe augmente plus que proportionnellement avec le revenu (Montoussé et Chamblay 2005).
Parmi les membres de la FRC qui ont recours au e‐commerce, 96% pratiquent l'achat en ligne et 26% la vente en ligne (N=983). Ces résultats sont proches de ceux de l'OFS (2011b) qui comptaient 80% de vendeurs et 20% d'acheteurs. Par ailleurs, nous avons fait choisir, parmi cinq avantages potentiels de l'achat en ligne (gain de temps, facilité d’accès aux produits, grande variété, prix avantageux, comparaison facile), ceux qui étaient considérés comme étant les plus intéressants. Aucune proposition ne se détache particulièrement. Nous avons procédé de même en ce qui concerne la vente en ligne, en demandant cette fois aux enquêtés de trancher entre le fait de pouvoir facilement atteindre des acheteurs potentiels, la possibilité d'obtenir un bon prix de vente ou la rapidité du procédé. Les résultats sont cette fois plus parlants : 62% estiment que la vente en ligne permet de faciliter l'accès aux acheteurs, 36% recherchent avant tout un gain de temps et seuls 2% d'entre eux espèrent ainsi vendre leurs biens à des prix avantageux (N=256).
En ce qui concerne les moyens de paiement utilisés lors des transactions en ligne, la carte de crédit est le plus représenté avec 52% de réponses positives. La facture comptabilise quant à elle 30% de réponses. Les moyens de paiement sécurisés (type Paypal, ClickToPay, etc.) constituent l'option la moins fréquente avec 18%.
Ces résultats rejoignent partiellement nos hypothèses. S'il est vrai que le e‐commerce est une pratique largement répandue et qu'elle concerne particulièrement l'achat de produits de luxe et de confort, nous ne pouvons confirmer que la recherche du prix le plus avantageux en soit le principal moteur. Nos données révèlent qu'une multitude de facteurs entrent en compte et qu'aucun d'entre eux ne se détache particulièrement. En outre, l'appréhension liée au fait de fournir ses données bancaires en ligne ne semble pas constituer un obstacle majeur, puisque cette option est privilégiée au paiement par facture.