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: Les conséquences d’un manque de financement

PARTIE I :

Section 2 : Les conséquences d’un manque de financement

Les crédits alloués par les banques au secteur privé ne consomment qu’une modeste fraction de leurs ressources et sont caractérisés par des taux d’intérêts élevés. Etant donné le rôle majeur des banques dans l’allocation du capital et le financement des projets d’investissement et de consommation, le rationnement de crédit ( faible volume, coût

élevé) joue incontestablement en défaveur du potentiel de développement économique de Madagascar. En réalité le degré de la pénurie se diffère selon la taille de l’entreprise. Et dans cette section, nous allons voir successivement l’impact de la pénurie de financement sur la croissance économique Malgache et la discrimination des PME.

2.1. Une pénurie de financement et une faible croissance économique

Le lien de causalité entre développement économique et développement financier est réciproque. Cependant, l’influence du développement économique sur l’approfondissement financier ne pourrait être dominante que lorsque le processus de développement du pays est arrivé à la maturité. Celle du développement sur la croissance économique semble dominer dans les pays émergents et ce cas est justifié à Madagascar.

Par ailleurs, de nombreuses études empiriques confirment l’existence d’une corrélation positive entre le degré de développement financier et la croissance économique à long terme. Les plus récents sont les travaux économiques de Robert King et Ross Levine sur un échantillon de 60 pays. Entre 1960 et 1990 qui démontrent l’existence d’un effectif positif significatif du développement financier sur le PIB par habitant, sur son taux de croissance ainsi que sur son taux de croissance du stock de capital par habitant et de productivité. A Madagascar, le crédit bancaire au secteur privé ne présente que moins de 5% du PIB en 2004, un niveau fortement inférieur en comparaison avec d’autres zones émergentes, telles que l’Asie pacifique (73%), l’Europe centrale (34%), l’Amérique latine (30%) et les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) (12%) »57.

Figure n°16

: Crédit bancaire au secteur privé en % du PIB en 2004

57 FMI « Solidité du système financier » Fiche technique n°19

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Asie pacifique Europe centrale Amérique latine UEMOA Madagascar

Crédit bancaire au secteur privé en % du PIB

Source : FMI

De plus, l’existence d’un véritable phénomène de rationnement du crédit est confirmée par le fait que Madagascar affiche un taux débiteur moyen parmi les plus élevés (22%).

La contrainte de crédit sur le potentiel de développement économique du pays est d’autant plus forte que les banques constituent de loin la principale source de financement du secteur privé, en dehors de l’autofinancement. Le marché de capitaux n’est en effet qu’un projet, il ne fonctionne pas encore à Madagascar sauf pour l’émission des BTA par le secteur public. Donc, nous pouvons dire que le secteur financier dans son ensemble reste moins avancé à Madagascar et ses conséquences pèsent lourdement sur l’ensemble de l’économie malgache pour son développement.

2.2. La discrimination des PME 2.2.1. En terme de financement

La pénurie de crédit bancaire et l’absence d’alternative de financement pèsent particulièrement sur les Petites et moyennes Entreprises (PME). Selon la source de CSBF sur le climat des affaires, la discrimination dont soufrent les PME sur le marché bancaire est une caractéristique particulière de l’économie malgache. En effet, la part d’investissement dans le total des crédits alloués est inférieure à 5% pour les petites entreprises (moins de 5 à 100 employés), 10% pour les moyennes entreprises (moins de 5 à 100 employés) et 85% de financement se concentre aux grandes entreprises58.

Or l’économie malgache est caractérisée par une multitude de petites unités dont la majorité relève du secteur informel.

Les dernières statistiques (2005) sur le secteur industriel ont montré que la moitié des entreprises a moins de 5 salariés, 47% entre 5 et 100 salariés et seuls 3% emploient plus de 100 employés.

Par conséquent, seuls 5% des besoins de financement ressentis par les PME sont financés par les banques et au total moins 30% de besoins de financement de l’ensemble de l’économie sont satisfaits par les crédits alloués par les banques à Madagascar.

2.2.2. En terme de coûts

La situation en terme de coût du crédit est également hétérogène. « Les taux d’intérêt réels sur les prêts sont à la fois fonction du coût de refinancement des banques,

58 INSTAT « Conjoncture économique » 2004

lui-même dépendant des fondamentaux macroéconomiques (finances publiques et politique monétaire) et des marges d’intermédiation bancaire. Celles-ci découlent des coûts d’exploitation des coûts réglementaires, des charges fiscales et du degré de concurrence sur le marché bancaire ainsi que du risque systématique de crédit, c’est-à-dire du risque de défaut moyen des emprunteurs résultant non seulement de leur qualité financière, mais aussi de l’environnement macro financier et institutionnel dans lequel ils opèrent. »59

Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal – taux d’inflation

Taux d’intérêt nominal = taux sans risque (taux de base bancaire) + prime de risque de crédit (définie par le risque de défaillance de l’emprunteur qui résulte de sa santé financière et de son environnement légal et réglementaire) + coût d’exploitation + charge fiscale.

Dans ce cas, les PME où les environnements sont caractérisés par la forte instabilité sont les plus victimes de la tarification bancaire. Cette situation est la résultante du fait de la résolution de rationnement de crédit car il n’est possible pour les banques d’établir un taux d’intérêt unique et le moyen le plus efficace c’est l’appréciation et la tarification individuelle du risque de crédit. D’où le slogan de la BNI-CLM, « parce que chacun est unique ».

Ce phénomène pénalise les PME et répercute à son tour sur l’ensemble de l’économie malgache fortement dominée par ces dernières.

Pour conclure ce chapitre, nous constatons que les performances de système financier malgache sont encore limitées et ce système reste sous développé dans son ensemble. Il laisse de coté un certain nombre de besoins (non satisfait) de certaines catégories d’entreprises. Les problèmes de ressources à long terme sont particulièrement aigus. En effet, s’il est difficile notamment aux PME d’accéder aux concours bancaires courants, les ressources de financement à long terme sont rares pour tout l’ensemble.

Compte tenu de cette situation, nous pouvons dire que le système financier malgache est loin d’être un vrai promoteur de développement économique.

Par conséquent, à Madagascar, le rationnement du crédit au secteur privé est le résultat de fragilités des fondamentaux macroéconomiques à savoir la pénurie d’épargne locale mobilisable, le fort endettement public et la volatilité des fondamentaux (taux d’inflation élevé, déficit budgétaire récurrent et dépréciation monétaire) et la carence

59 BOA MADAGASCAR

institutionnelle qui ont gêné les banques dans leur gestion des risques. En effet, d’une part, l’insuffisance de fonds prêtables disponibles et les effets d’éviction du secteur public sur le marché financier domestique limitent la capacité des banques à prêter au secteur privé.

D’autre part, les risques systémiques de crédits élevés, entretenus par l’instabilité d’exploitation des entreprises malgaches et la protection imparfaite des droits des créanciers en cas de défaillance des emprunteurs réduisent la volonté des banques de prêter au secteur privé. En un mot, les performances du système bancaire malgache sont encore très faibles en terme de participation au développement économique et le système financier, dans son ensemble, reste encore sous développé. Cependant, par l’effet de la politique de prudence prise par la CSBF, le bilan du système bancaire semble assaini. Donc le système financier malgache est robuste mais non performant.

CHAPITRE 3

LES ORIENTATIONS POSSIBLES DU SYSTEME FINANCIER MALAGASY

Dans ce chapitre, nous allons voir successivement les initiatives récentes dans la restructurations du système financier malagasy pour que celui-ci soit stable et efficient et ensuite de donner les recommandations nécessaires pour s’assurer de la robustesse et de l’efficacité du système financier malagasy notamment en installant de marché de titres boursier à Madagascar.