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2-Les complications de la chirurgie thyroidienne

Dès les premières thyroïdectomies, les chirurgiens se heurtèrent à des accidents gravissimes de tétanie post-opératoire et de section du nerf récurrent.

En 1836, raynaud vétérinaire lyonnais, constate que les chiens thyréoidectomisés meurent en quelques jours[1].

Dupuyren et Roux en 1847 se sont aperçus à l’autopsie des malades décédés par complications respiratoires après thyroïdectomie des sections du récurrent.

Parallèlement WOLFIER en 1879 et 1880, fait de la tétanie une complication de la thyroidectomie.Comme KOCHER qui en 1883 en donne une description magistrale, il la rattache à tort à l’exérèse de tout le parenchyme thyroidien.Cette hypothèse fut infirmée par VON- ELSELBERG en 1890 en montrant que les troubles observés peuvent être corrigés transitoirement par l’implantation de la masse thyroïdienne dans la paroi abdominal d’un animal thyroidectomisé[1].

On commence alors à parler des parathyroïdes individualisées anatomiquement par sandstrom en 1880,et qui furent considérées d’abord comme des thyroïdes accessoires.Ces miniscules glandes voient leur origine embryonnaire précisée par kohn en 1895.

C’est GLEY en 1891 qui a été le premier a avoir impliqué la parathyroidectomie accidentelle à l’origine de la tétanie[4].

Cette complication de la chirurgie thyroïdienne à ses début fut très redoutée, sa fréquence était grande : 8 cas sur 22 interventions de BILLIROTH en 1880.

Dès le début du XX éme siècle, le risque parathyroïdien de la chirurgie thyroïdienne était connu et les premières mesures préventives avaient déjà permis d’en réduire la fréquence et la gravité de même que le risque de paralysie recurrentielle .C’est ainsi que Halsted en 1907 a proposé de remplacer la ligature du tronc de l’artère thyroidienne inférieure par des ultraligatures de ses branches distales.

Wells après un travail expérimental sur le chien et le rat (1974) donna un nouvel essor à l’auto-greffe parathyroidienne en publiant en 1975 les premiers résultats chez l’homme[2,4].

La paralysie recurrentielle n’a pas été étudiée d’une façon approfondie au début, mais rapidement, on s’est penché sur la question et Welti en 1940 proposait le repérage et la dissection du nerf recurrent .Les travaux de Soustelle et Vincent publiés en 1970 et ceux de Blondeau en 1973 ont permis de donner à ce problème toute son importance.

Dans le but e diminuer le risque de paralysie récurrentielle par le repérage du nerf récurrent, un monitorage peropératoire du nerf récurrent a été proposée et des moyens supplémentaires de ce monitorage sont apparus depuis une vingtaine d’années. Ils comportent tous une stimulation directe des nerfs laryngés inférieurs, mais diffèrent par la méthode de recueil de la réponse. Mais, les résultats de ce monitorage pour la prévention des PR

permanentes après thyroïdectomie sont décevants [5].

II-Etude générale de la chirurgie thyroïdienne

La pathologie thyroïdienne est fréquente au Maroc [1, 2,4].

Dans le service d’ORL de l’hôpital Antaki ,sont réalisées en moyenne 110 thyroïdectomies par an .Ce taux est proche de celui rapporté par MANSOURI :121 cas par an ,pour 1215 thyroïdectomies colligés en 10 ans[1] ,et celui rapporté par MAAOUNI :91 /an pour 637 cas colligés en 7 ans dans la clinique chirurgicale A au CHU de rabat[4] ,et dépasse celui de ALBAROUDI :66cas /an pour 200 cas colligés en 3ans à l’Hôpital Alghassani de Fès [3],et celui de COUDRAY :54 cas /an pour 538 cas colligés en 10 ans dans le service d’ORL du centre hospitalier du havre [6].

III-Epidémiologie

1-Age

Les âges extrêmes de nos malades sont 10 et 82 ans avec une moyenne de 46 ans

La tranche d’âge chez ou la thyroïdectomie est la plus pratiquée se situe entre 21 et 50 ans [7,8], elle représente dans notre série 77,38%.

5,31 % des patients ont un âge moins de 20 ans.ces données sont conformes à celles rapportées par plusieurs auteurs [9, 10, 11,12].

2-Sexe

La pathologie thyroïdienne est caractérisée par la prédominance féminine, ce qui témoigne du rôle joué par la présence des récepteurs stéroïdiens sexuels dans les cellules folliculaires de la thyroïde [13] .Ainsi dans notre série nous avons constaté une forte prédominance féminine 93,7% des cas contre 6,3% pour les hommes .Le sexe ratio est de 0,067.

Nos résultats sont conformes à ceux de la littérature : L’atteinte féminine est de 94,56% pour VOUDOUCHE [10] ,87% pour MOREAU[11],85,9% pour GIOVANNIS[14] et 82% pour DUCLOS.

III-Le geste opératoire

Notre série totalise 446 gestes bilatéraux, soit un pourcentage de 67,4%, et 216 gestes unilatéraux, soit un pourcentage de 32,6%.

La revue de la littérature concernant la réalisation uni ou bilatérale du geste chirurgical est résumée dans le tableau VI.

Tableau VI : Pourcentage de la réalisation des gestes opératoires uni et bilatéraux.

Série Pourcentage des gestes unilatéraux

Pourcentage des gestes bilatéraux Ouoba[15] 47% 53% Coudray[6] 55% 45% De roy van [16] 53% 47% Prades [17] 49% 51% Moreau [18] 45% 55% Vigneau [19] 48% 52% Duclos [20] 54,5% 45,5% Rulier [21] 66% 34% Spicarolen [22] 60% 4O% Notre série 32,6% 67,4%

IV-Les complications de la chirurgie thyroïdienne

1-Mortalité

Nous n’avons pas eu de décès lié à la chirurgie dans notre série.

La revue de la littérature retrouve peu d’issues fatales dans les études récentes.

Ouoba[15] ,sur une série de 104 thyroïdectomies effectuées à l’hôpital de Ouagadougou, annonce deux décès, l’un par choc anesthésique ,l’autre par hémorragie aigue peropératoire.

Sur les 1000 thyroïdectomies effectuées à l’hôpital universitaire de Toulouse, vigneau [19] annonce le décès par trouble du rythme d’une patiente opérée par thyroïdectomie subtotale d’un goitre multihétéronodulaire.

R.bergamaschi[23] annonce un seul décès sur une série de 1163 thyroïdectomies.

Mansouri [1] au CHU de Casablanca relève 4 décès pour 1215 interventions chirurgicales pratiquées sur la thyroïde.

La mortalité imputable directement à la nature de l’acte chirurgical est donc faible.