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Les commerces selon le type d’activités (Aubervilliers)

Wenzhou en France

Carte 19 Les commerces selon le type d’activités (Aubervilliers)

Sur les deux cartes 18 et 19, nous observons la singulière répartition des commerces chinois. En effet, la majorité de ces commerces sont installés dans des bâtiments d’entrepôt. Le quartier d’Aubervilliers est également une zone d’entrepôts et de forte concentration dans le commerce de gros. Les commerces chinois de ce quartier

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se trouvent principalement aux alentours de la rue Haie Coq (Relevés des commerces, 2012). Rappelons que ce quartier est remarquable par les entrepôts issus de l’histoire du développement industriel de cette ville (voir chapitre 2).

Tableau 19 Part des commerces chinois dans le total des commerces selon leur type d’activités en 2012 (Aubervilliers-Rue Haie Coq)

Types de commerce Total des commerces Dont chinois Dont non chinois

Nbr. % Nbr. % Nbr. %

Commerce de gros 458 100 444 96,94 14 3,06

Détail alimentaire 0 100 0 0 0 0

Détail non alimentaire 23 100 14 60,87 9 39,13

Restaurants 3 100 1 33,33 2 66,67

Autre* 2 100 0 0 2 100

Total 486 100 459* 94,44 27 5,56

(Source : Relevé de commerces 2012)

Dans le tableau 19, nous pouvons remarquer qu’il y a peu de commerces de gros non chinois (seulement 14 sur 458). La spécificité de ce quartier est donc d’être exclusivement centrée autour de l’activité des grossistes chinois. Avec le développement du commerce chinois de ces dernières cinq années, quelque restaurants chinois et commerces alimentaires émergent dans ce quartier. En raison de loyers moins chers, de plus en plus de chinois habitent à Aubervilliers.

Ainsi, le nombre de grossistes est passé de quelques unités au milieu des années 1990 à plus de 700 (Samarcande 2009, cité par Trémon 2012). D’après « le Carnet d’adresses des commerçants chinois d’Aubervilliers », document constitué des données réunies par une importante association à Aubervilliers, sur un total de 740 commerces, il y en a 728 tenus par des grossistes chinois. Depuis 2015, environ 300 boutiques chinoises de prêt-à-porter, chaussures et maroquinerie, se sont installées dans le secteur étudié ou à proximité, ce qui porte le nombre total de commerces chinois à plus de 1 000 aujourd’hui.

Certes, avant les années 1990 il n’y avait pas du tout de grossistes chinois d’importation. Selon notre enquête, la conception du modèle de vêtement et le marketing se déroulent souvent en France. L’activité productive quant à elle se déroule bien en Chine. Autrement dit, certains commerçants chinois ont réalisé leur apport initial grâce à la période du développement des ateliers de la confection. Basé sur ces épargnes réalisées en France, le commerce d’import de vente en gros s’est développé en France mais aussi pour l’investissement en Chine. Par exemple, un fabricant de la confection enquêté à Wenzhou nous a ainsi dit qu’il possède deux boutiques à Paris pour vendre ses vêtements, tandis que l’activité productive se déroule à Wenzhou (voir chapitre 6).

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La grande émergence de centralités de grossistes chinois d’importation, souligne un changement de vocation : de fabricants aux grossistes d’importation dans la confection. Ce changement est lié directement à l’ « exposition » des exportations chinoises (cf. 4.2.3), mais aussi nous rappelons que Gao Yun et Véronique Poisson (2005) ont montré qu’il existait des limitations dans les importations chinoises de textile habillement dans l’UE avant 2005 :

« Pendant longtemps, l’importation de ces produits vers l’UE a fait l’objet d’un double contrôle : -en Chine, l’autorité compétente monopolise la licence d’exportation en fonction de contingents annuels et du certificat d’origine ; -en Europe, ces documents doivent être examinés par la douane au moment de l’importation et il faut vérifier que le quota n’est pas épuisé. Ce système administratif compliqué obligeait la plupart des centrales d’achat en Europe à recourir aux intermédiaires pour importer les produits chinois. Le développement et le maintien de la production textile en France par les immigrés chinois s’expliquait en partie par ces complications administratives, et pas seulement à cause de la vague d’immigration de la fin des années 1980 qui a conféré un poids important à ce secteur économique. » (ibid. :72).

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Comme nous l’avons déjà noté, Belleville est un vieux quartier populaire d’immigration. Le situation de carrefour sur laquelle se déploie le quartier étudié est formée par la jonction de quatre arrondissements différents (10e, 11e, 19e et 20e ).

À Belleville, nous n’avons réalisé que deux entretiens semi-directifs, les autres ayant été fait que de façon plus informelle, et croisés avec des observations. Les entrepreneurs enquêtés dans le quartier de Belleville sont originaires de la région de Wenzhou (Chine).

Dans notre enquête par questionnaires pour usagers réalisée dans le cadre du projet COMET, les usagers du quartier le décrivent positivement comme « cosmopolite », « chinois », « ethnique », « exotique », « original », « populaire », « convivial », « vivant », « prospère », « agréable », etc., ou alors négativement pour son « insécurité », ses « prostituées », sa « saleté », son « bruit », son « surpeuplement ». De plus, on peut voir que la majorité des Chinois proviennent principalement du sud de la Chine, évidemment les Wenzhou, puis les Fujian. S’ajoutent à ces populations quelques Chinois provenant du Nord de la Chine, de Dongbei (Heilonjiang, Jilin et Liaoning), de Shandong, de Hunan, de Beijing, etc. À cette première génération de migrants s’ajoutent désormais de nouveaux arrivants qui profitent de la présence d’un parent déjà présent en France pour s’y installer. Une jeune femme de Wenzhou relie ainsi sa récente installation à la présence préalable de son père. Son installation à Belleville s’explique par la forte concentration des Wenzhou.

Aujourd’hui, l’implantation de commerces chinois (174 commerces chinois) est concentrée principalement dans le bas de la rue de Belleville, la rue Rampal, la rue Jules Romain, la rue Rébéval et le boulevard de la Villette. Leur implantation se prolonge vers le sud par la rue Civiale adjacente au boulevard de Villette, la rue de la Présentation et la rue Louis-Bonnet (voir carte 20).

Les Wenzhou, maintenant majoritaires, ont peu à peu remplacé dans les années 1990 les commerçants originaires d’Asie du Sud-Est même si ces derniers restent néanmoins encore présents. Aujourd’hui la majorité des commerçants chinois (90%) est originaire de Wenzhou.

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Carte 21 Les commerces selon leur type d’activités (Belleville)

Si nous prenons encore en considération le commerce de gros (chinois et non chinois), nous remarquons qu’il y a très peu de ce type de commerce dans l’ensemble du commerce de Belleville. Par contre, les restaurants représentent une grande partie des établissements chinois (voir carte 21) Nous pouvons voir nombre de restaurants chinois installés principalement sur la rue Belleville et la rue Louis Bonnet. Le choix de cette

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localisation est dû au fait que des Chinois habitent dans ce quartier, comme un restaurateur nous l’a confirmé188.

Cependant, nous observons la présence de quelques restaurants non chinois installés sur le boulevard de Belleville. Les commerces de détail alimentaire et de détail non alimentaire sont répartis à peu près à égalité entre Chinois et non Chinois.

Tableau 20 Part des commerces chinois dans le total des commerces selon leur type d’activités en 2012 (Belleville)

Types de commerce Total des commerces Dont chinois Dont non chinois

Nbr. % Nbr. % Nbr. %

Commerce de gros 1 100 1 100 0 0

Détail alimentaire 63 100 27 42,86 36 57,14

Détail non alimentaire 98 100 50 51,02 48 48,98

Restaurants 92 100 53 57,61 39 42,39

Autre* 123 100 43 34,96 80 65,04

Total 377 100 174 46,15 203 53,85

Selon le tableau 20, nous pouvons voir que les effectifs de commerces chinois sont inférieurs à ceux des commerces non chinois (174 contre 203). En effet, ce quartier est aussi caractérisé par un contexte judéo-musulman. Sur le plan historique, le boulevard de Belleville a parfois, les soirs d’été, avec ses terrasses de restaurants orientaux, des faux airs de la banlieue chic de Tunis. Dans les années 2000, Belleville est devenue un important centre de rencontre et de déambulation. Ce quartier est particulièrement animé le dimanche.

Rappelons l’évolution dans ce quartier du commerce chinois liée à l’arrivée des réfugiés chinois d’Asie du Sud-Est. Leur implantation a commencé à la fin des années 1970 avec la création d’un restaurant chinois dans la rue de Belleville. Un commerce d’alimentation chinoise s’est installé à la même époque, suivi ensuite de quatre autres commerces du même type rue de Belleville. Au début des années 1980, l’implantation s’est poursuivie et s’est étendue vers des rues adjacentes. Un premier restaurant s’implante rue Rampal, puis au carrefour des boulevards de la Villette et de Belleville. Des restaurants se sont installés dans les rues Civial, Louis-Bonnet, et de la Présentation, dans une zone fortement dégradée. L’implantation commerciale se poursuit par densification et par le rachat d’établissements non chinois dans les périmètres où l’on enregistrait une forte présence commerciale chinoise et par l’extension vers l’est le long de la rue de la Belleville, et vers l’ouest rue du Faubourg du Temple ainsi que dans les rues adjacentes aux boulevards de Belleville et de la Villette.

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