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Les combats de Vorcefter & d’Edeehilt, furent d’a* K iüj

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [17] (Page 155-159)

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bord favorables à la caufe du roi. Il s’avança juf- qu’auprès de Londres. La reine fa femme lui amena de Hollande des foldats , de l’artillerie , des armes, des munitions. Elle repart fur le champ pour aller chercher de nouveaux fecours, qu’elle amena quel­ ques mois après. On reconnaîtrait dans cette a&ivité courageufe la fille de Henri I F . Les parlementaires ne furent point découragés ; ils fentaient leurs ref- fources : tout vaincus qu’ils.étaient, ils agiffaient com­ me des maîtres contre,lefquels le roi était révolté.

Us condamnaient à la mort pour crime de haute tra- hifon les fujets qui voulaient rendre au roi des vil­ les ; & le roi ne voulut point alors ufer de repré­ failles contre fes prifonniers. Cela feul peut juftifier aux yeux de la poftérité celui qui fut fi criminel aux yeux de fon peuple. Les politiques le juftifient moins d’ avoir trop négocié , tandis qu’il devait félon eux profiter d’un premier fuccès , & n’employer que ce courage actif & intrépide qui feul peut finir de pa­ reils débats.

Charles & le prince Robert, quoique battus à New-

b u ry, eurent pourtant l’avantage de la campagne. Le parlement n’en fut que plus opiniâtre. On voyait ce qui eft très rare , une compagnie plus ferme & plus inébranlable dans fes vues , qu’un roi à la tête de fon armée.

Les puritains qui dominaient dans les deux charn­ u e s levèrent enfin le mafque : ils s’ unirent folemnel- lement avec l’Ecoffe, & lignèrent le fameux Conve­

nant par lequel ils s’engagèrent à détruire l’épifcopat.

H était vifible , par ce convenant , que l’Ecoffe & l ’Angleterre puritaines voulaient s’ériger en républi­ que- C’était l’efprit du çaîvinifme ; il tenta longtems 0 i France cette grande entreprife ; il l’exécuta en Hol­

lande mais en France & en Angleterre on ne pou­ vait arriver à ce but fi cher aux peuples qu’à travers des flots de fa n g ..

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Tandis que le presbytérianifme armait ainfi l’An­ gleterre & PEcoffe , le catholicifme fervait encor de prétexte aux rebelles d’Irlande , qui teints du fang de quarante mille compatriotes ^ continuaient à fe défendre contre les troupes envoyées par le parlement de Londres. Les guerres de religion fous Louis X I I I étaient toutes récentes ; & l’invafion des Suédois en Allemagne fous prétexte de religion , durait encor dans toute fa force. C’était une chofe bien déplo­ rable que les chrétiens euffent cherché durant tant fiéeles dans le dogme , dans le culte , dans la dis­ cipline , dans la hiérarchie , de quoi enfanglanter prefque fans relâche la partie de l’Europe où ils font établis.

La fureur de la guerre civile était nourrie par cette auftérité fombre & atroce que les puritains affectaient. Le parlement prit ce tems pour faire brûler par le bourreau un petit livre du roi Jacques I , dans le­ quel ce monarque favant foutenait qu’il était permis de fe divertir le dimanche après le fervice divin. On croyait par - là fervir la religion, & outrager le roi ré­ gnant. Quelque tems après ce même parlement s’avifa d’indiquer un jour de jeûne par femaine, & d’ordonner qu’on payât la valeur du repas qu’on fe retranchait, pour fubvenir à la guerre civile.

De tant de troubles qui ont fi fouvent bouleverfé i’Angleterre avant qu’elle ait pris la forme ftable & heureufe qu’e'le a de nos jo u rs, les troubles de ces années , jufqu a la mort du rot , furent les feuls où l’excès du ridicule fe mêle aux excès de la fureur. Ce ridicule que les reformateurs avaient tant repro­ ché à la communion romaine , devint le partage dès presbytériens. Les évêques fe conduisirent en lâches; ils devaient mourir pour défendre une caufe qu’ils croyaient jufte ; mais les presbytériens fe conduifi­ rent en infenfés ; leurs habillemens , leurs difeours, leurs baffes allufions aux paffages de l’Evangile, leurs

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contorfions , leurs fermons , leurs p réd irion s, tout en eux aurait mérité , dans des tems plus tranquil­ les , d’être joué à la foire de Londres, fi cette farce n’ avait pas été trop dégoûtante. Mais malheureufe- ment l’abfurdité de ces fanatiques fe joignait à la fu­ reur ; les mêmes hommes dont les enfans fe feraient moqués , imprimaient la terreur en fe baignant dans le fang ; & ils étaient à la fois les plus fous de tous les hommes, & les plus redoutables.

Il ne faut pas croire que dans aucune des faftions, ni en Angleterre , ni en Irlande , ni en Ecoffe, ni auprès du roi , ni parmi fes ennemis, il y eût beau­

coup de ces efprits déliés , qui dégagés des préju­ gés de leur p arti, fe fervent des erreurs & du fana- tifme des autres pour les gouverner. Ce n’ était pas là le génie de ces nations. Prefque tout le monde était de bonne foi dans le parti qu’il avait embraffé. Ceux qui en changeaient pour des mécontentemens particuliers, changeaient prefque tous avec hauteur. Les indépendant étaient les feuls qui cachaffent leurs deffeins ; premièrement parce qu’étant à peine comp­ tés pour chrétiens , ils auraient trop révolté les au­ tres feétes ; en fécond lieu , parce qu’ils avaient des idées fanatiques de l’égalité primitive des hommes, & que ce fyftême d’ égalité choquait trop l’ambition des autres.

. Une des grandes preuves de cette atrocité inflexi­ ble répandue alors dans les efprits, c’eft le fupplice de l’archevêque de Cantorbëri Guillaume L auà, qui après avoir été quatre ans en prifon , fut enfin con­ damné par le parlement. Le féal crime bien conftaté qu’on lui reprocha , était de s’être fervi de quelques cérémonies de l’églife romaine en confacrant une églife de Londres. La fentence porta qu’il ferait pen­ de , & qu’on lui arracherait le cœur pour lui en bat­ tre les joues ; fupplice ordinaire des traîtres î on lui fit grâce en lui coupant la tête.

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« d e C h a r l e s I.

Charles

voyant les parlemens d’Angleterre & d’E-

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