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2.2 Les occupations de la place haute avant le XVIII e siècle

2.3.2 Les caveaux

Deux pièces voûtées ont pu être mise au jour sous le collatéral sud, occupant les trois der- nières tracées. La fonction funéraire de ces pièces ne laisse aucun doute : plusieurs inhu- mations ont été mises au jour dans la pièce située à l’ouest, tandis que celle située à l’est est désignée comme espace d’inhumation dans les registres paroissiaux du XVIIIe siècle28.

Le premier caveau, à l’ouest, est le plus grand des deux (Fig.83 et 84). Il est long de 11 m, soit les deux travées précédant le chœur, et occupe toute la largeur du collatéral, soit 2,80 m. L’ensemble du caveau est comblé par les couches de démolition (US 1019) et par l’effondrement de sa voûte ST 1.090. Il est fermé à l’est par un mur de refend, MR 1.089. Sa paroi nord et son niveau de sol sont directement creusés dans le rocher US 1018. Le fond est composé du seul rocher recouvert d’une couche d’encrassage US 1191, à une altitude constante de 299,70 m NGF, soit 2,14 m sous le niveau de sol de l’église. Ce sol n’est pas présent à l’extrémité est du caveau, creusé plus profondément et avec moins de régularité dans le rocher. Sa paroi nord-est en partie recouverte par un mur est-ouest, MR 1.044. Ce dernier, présentant un petit appareil régulier, est lié par un mortier de chaux blanc pulvérulent. Il est conservé dans sa partie ouest jusqu’à 300,86 m NGF. Le mur rattrape les irrégularités et le pendage du rocher, pour constituer le mur du

27 3 mai 1889, lettre de Sainte-Marie Perrin, architecte au conseil de Fabrique. « J’ai eu l’honneur de vous

indiquer dès les premiers jours de mai au moment où nous avons pu reconnaitre le sol des fondations de l’église nouvelle, le supplément approximatif de profondeur exigé par la nature du terrain […]. Le devis prévoyait une profondeur de 2,00 mètres, ors nous ne trouvons le solide qu’à une profondeur de 5,50  mètres. » Annexe I

caveau, il est ainsi construit sur toute la hauteur du caveau à l’est, mais uniquement sur quelques assises à l’ouest (Fig. 85).

Sa principale fonction est de servir d’assise à la voûte ST 1.090 couvrant le caveau. Un rebord de quelques centimètres, présent à 300,85 m NGF dans le parement intérieur du mur gouttereau MR 1.026 accueille la retombée sud de la voûte. Cette dernière n’a été observée qu’à l’est du caveau, très dégradée (Fig. 87).

Un petit massif maçonné, MR 1.086, est installé à l’extrémité est du caveau. Bien que très perturbé, il peut être interprété comme le pendant du mur MR 1.044, leur construction utilisant un mortier identique. Conservé uniquement en partie sud, sur le mur MR 1.025 et contre le mur gouttereau, il ferme l’extrémité est du caveau. On notera qu’il s’installe par- dessus une sépulture médiévale, SP 1.084.

Le mur gouttereau nord-est percé, au milieu de la première travée après le chœur, d’une porte permettant l’accès au caveau ouest (Fig. 86 et 88). Cette porte fait 1,35 m de haut pour un mètre de large. Seule la partie inférieure du piédroit est et les deux premières assises du piédroit ouest sont conservées. Elle est couverte d’un arc de décharge quasi hori- zontal, composés de pierres calcaires, dépassant du parement pour s’insérer dans la voûte ST 1.090. Cette porte est construite en même temps que le mur gouttereau et le caveau. Il n’a pas été possible d’observer le dispositif dans le parement sud. La différence d’altitude des niveaux de circulation entre le cimetière (300,76 m NGF) et le caveau (299,70 m NGF) suggère toutefois la présence d’un escalier pour entrer dans le caveau. Le sol du caveau, US 1191, s’arrête à l’aplomb du piédroit est de la porte.

Le caveau est couvert par une voûte partiellement détruite, ST 1.090 (Fig. 87). Les voutains sont des moellons de natures géologiques diverses. Ils sont noyés dans un mortier de chaux blanc et pulvérulent qui comble également l’espace situé au-dessus de l’extrados.

Le grand caveau est fermé à l’est par un mur de refend, MR 1.089, qui le sépare du petit caveau situé sous la dernière travée, et séparait dans l’église la sacristie du collatéral sud (Fig. 84 et 87). Ce mur est arasé à 301.43 m NGF (Fig. 53) et possède une largeur de 68 cm. Il est chaîné aux murs MR 1.026 et MR 1.044 dont il partage le mortier. Il est majo- ritairement composé d’assises régulières de moellons en roche locale. Une espace vide de 15 cm de côté est observable au centre du parement est, à hauteur des premiers voutains. Il s’agit probablement d’un trou de poutre pour soutenir le coffrage de la voûte.

La porte permettant l’accès au caveau est bouchée par une maçonnerie, UC 1194, com- posée de pierres de dimensions et de natures très diverses, assisées irrégulièrement. Cette maçonnerie est liée par un mortier gris contenant de nombreuses inclusions de gravier. La fermeture du caveau intervient probablement lors de la phase de destruction de 1892.

Un mur, MR 1.045, coupe perpendiculairement le caveau en deux en son milieu et s’accole contre les parois du caveau (Fig.89). Il est composé d’assises de moellons de dimensions diverses et de fragments de tuiles. L’ensemble est lié par un mortier de chaux blanc-gris très dense, avec de nombreuses inclusions de gravier, assez similaire à celui observé dans le bouchage UC 1194. Ce mur est large de 40 cm et a pu être observé sur une hauteur de près d’un mètre, entre le niveau de sol US 1191 sur lequel il repose et son arase supérieure à 300,68 m NGF. Le mur coupe en son milieu une des sépultures du caveau, SP 1.101 (Fig. 90) La destruction des travées ouest en 1892 a concerné les trois premières travées. Une nouvelle façade est nécessairement construite à cette occasion, au niveau des piles entre la troisième et la quatrième travée. Cette façade est visible sur la photographie de 1900 (Fig. 12), l’arc plein cintre et les deux piles y sont d’ailleurs clairement visibles. Le mur MR 1.045 est le vestige de cette façade venant fermer le caveau simultanément au bouchage UC 1194.

L’église comporte un second caveau sous la travée du chœur (à l’emplacement de la sacris- tie), formant une pièce d’environ 3,30 m de longueur est-ouest sur 3 m de largeur nord-sud. Le volume de ce caveau est entièrement conservé malgré la destruction complète de l’étage supérieur (Fig. 92). En raison de l’instabilité de la voûte ST 1.091, aucune observation n’a

été effectuée à l’intérieur de la pièce. Deux accès ont pu être observés : une trappe située dans la partie ouest de la voûte (Fig. 91), et une porte aménagée dans le mur MR 1.042 (Fig. 49 et 50). L’accès par la voûte, composé d’un dispositif de regard contemporain en fonte sur un socle bétonné, est très tardif, mais il s’agit peut-être d’un accès ancien remanié au XXe siècle. L’accès par l’est se présente sous la forme d’une porte réinsérée. Les pié- droits et le linteau sont monolithiques, en roche métamorphique jaune. Le linteau est brisé suite à l’’affaissement des assises supérieures. Les matériaux sont probablement utilisés en remploi, le linteau présentant sur toute sa largeur une feuillure régulière. La porte fait 1,54 m de haut pour 65 cm de large. Son seuil, fortement perturbé, est situé à une altitude de 299,41 m NGF. L’accès à cette porte a été condamné, probablement après 1975, par l’installation d’un mur en béton recouvert d’un talus.

Le caveau est couvert par la voûte ST 1.091, dont la structure et les matériaux sont similaires à ceux de la voûte ST 1.090. La voûte est intégralement conservée, ainsi qu’une partie de sa charge jusqu’à 301,47 m NGF (Fig. 53). À l’instar de ST 1.090, la charge de la voûte ST 1.091 ne présente aucune organisation identifiable, les pierres sont noyées dans une quantité importante de mortier blanc pulvérulent. Les matériaux employés proviennent probablement d’une démolition puisqu’ont été retrouvés dans ce mortier des fragments d’enduit peint fin, blanc et rouge, ainsi que des fragments de céramique médiévale (com- mune grise).

Il est difficile de dire jusqu’à quand cette pièce occupa la fonction de caveau, et à quelle date la porte fut insérée dans son mur oriental. Son usage perd probablement toute fonction religieuse ou funéraire lors de l’érection de la nouvelle église, sans qu’on sache si ce chan- gement s’accompagne d’un remaniement. Cette pièce, bien qu’invisible sur la place, était encore présente sur le cadastre (Fig. 3).