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Partie II- Éthos et stratégie argumentative

Chapitre 7- Les arguments d’autorité

Comme le note Philippe Breton (2006 : 58), « La forme des arguments d’autorité est assez constante : l’opinion qu’on lui propose est acceptable par l’auditoire parce qu’une autorité la soutient et que cette autorité elle-même en est bien une pour l’auditoire. De ce fait, il accepte comme vraisemblable ce qu’elle lui propose ».

On sera amené dans cette partie à s’interroger sur la position d’autorité que le locuteur adopte vis-à-vis de l’autre. Quelle image le sujet parlant construit-il de lui–même dans le but que l’autre accorde quelque crédit à ce qu’il dit voire s’identifie à sa personne ? Dans les cas de figure qui se présentent à nous à travers les discours que nous avons sélectionnés, nous noterons que l’orateur pourra préciser :

en tant que quoi il parle, quelle est la qualité qui l’autorise à argumenter. Ce pourra être en tant que personne impliquée (témoin, victime, acteur d’événements vécus), en tant que spécialiste qui a été sollicité (expert, savant), en tant que représentant d’un groupe qui l’a mandaté (délégué) ou en tant que porte-parole d’une voix d’autorité institutionnelle (la Loi) [il pourra également ] assurer son positionnement en s’appuyant sur d’autres paroles, soit pour établir des alliances soit pour marquer des oppositions avec d’autres participants afin de souligner sa propre crédibilité (Charaudeau : 2008)

127 7.1- les formes d’autorité

On sera amené à distinguer, dans les discours, l’argument d’autorité direct et l’argument d’autorité indirect :

— l’argument d’autorité direct, où le locuteur s’appuie sur sa propre autorité pour renforcer ses propos (“en tant que…, je peux vous garantir que P”). Dans ce cas, le locuteur et l’autorité invoquée se confondent (la structure logique qui sous-tend l’argument d’autorité direct est alors “J’ai dit que P ; je suis une autorité fiable à propos de P ; donc P)

— l’argument d’autorité indirect, au second degré : le locuteur exploite le crédit dont jouit une personne qui “fait autorité” dans un domaine donné pour donner plus de poids à une proposition qu’il souhaite soutenir. (Doury : 2006 : 2-3)

Certaines citations font partie de la première catégorie, les arguments d’autorité directs, dans la mesure où les députés mentionnent soit le rôle qu'ils sont amenés à jouer dans ce débat parlementaire soit leur fonction d'officier d'état civil, leur statut leur conférant cette autorité:

« j’attends avec impatience de pouvoir célébrer le mariage de celles ou de ceux qui, concernés par cette loi, ont déjà pris rendez-vous pour cette belle fête » (Buf)

« J’en ai déposé plus d’une cinquantaine, je ne pourrai en défendre aucun » (Bom)

« Moi-même, j’ai été, avec Dominique Tian et Jean-Frédéric Poisson, pris à partie par les forces de l’ordre » (Gos)

Dans ces trois premiers exemples, c’est l’éthos du député à travers l’utilisation de la première personne du singulier qui est mis en jeu mais il ne l’est pas de la même façon: dans le premier exemple, la députée se félicite du rôle qu’elle sera amenée à jouer dans la célébration des unions des personnes de même sexe. Elle anticipe sur l’issue du vote du projet de loi. Elle fait part de sa joie et exprime donc un sentiment au-delà du rôle d’officier d’état civil qu’elle sera amenée à remplir. C’est un éthos positif que Mme Buffet laisse entrevoir à son auditoire : il est marqué par l’écoute, la satisfaction de rendre les autres heureux. Il s’appuie sur des valeurs de bienveillance et d’humanité. Dans le deuxième exemple, au contraire, le ton est celui de la lamentation et du reproche : M. Bompard regrette de ne pouvoir défendre les amendements qu’il aura déposés. On voit qu’ici ce député reste centré sur sa propre personne et sur les désagréments qu’il subit. Dans le dernier exemple, M. Gosselin s’appuie en quelque sorte non seulement sur le fait qu’il a été témoin direct de certains événements mais aussi sur son statut de député pour souligner que traiter un élu de la République par des molestations est condamnable. Là aussi, l’intentionnalité du locuteur est de se mettre en avant pour qu’on le plaigne. Il souhaite que l’on éprouve pour lui de la compassion et à l’encontre des forces de l’ordre de la colère et de l’indignation.

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Comme on vient de le voir, le locuteur peut livrer les impressions que la situation de communication suggère ou laisse deviner. La crédibilité de l’argument repose alors sur la compétence liée à la fonction qu’occupe le député au sein du processus d’élaboration de la loi. Il est le législateur, celui qui propose et, comme c’est le cas ici, celui qui doit voter une loi conçue par le pouvoir exécutif. Il peut également inscrire son action dans un autre cadre que celui que lui attribuent la discussion et le vote de la loi. Ainsi, il peut rappeler à l’auditoire qu’il agit en tant qu’officier d’état civil quand il cumule son activité de parlementaire et celle de maire. De la discussion du projet de loi au sein de l’Assemblée nationale à l’application de cette même loi dans les communes qu’ils président, certains député.e.s ont à cœur de souligner qu’ils sont des acteurs de premier plan dans ce processus d’élaboration de la loi dans la mesure où ils ont la possibilité d’intervenir sur ce dernier et ce, de sa phase initiale à sa phase finale. Dans d’autres exemples, c’est le « nous » collectif qui fait figure d’autorité directe :

« c’est dans les pas de nos illustres prédécesseurs que nous pouvons désormais marcher pour, à notre tour, faire avancer la tolérance et la justice », « notre responsabilité est d’assumer notre fonction de parlementaire : celle de légiférer, donc de nous prononcer sur le statut juridique de femmes, d’hommes, d’enfants qui, jusqu’à aujourd’hui, sont des fantômes de notre République ! » (Ass),

« nous avions œuvré, avec notre collègue Claudine, Schmid, […] pour que la situation des Français établis hors de France ne soit pas oubliée » (Cor),

« nous avons, comme je le disais, rencontré ces manifestants » (Ti)

Utilisant la première personne du pluriel, le locuteur peut dès lors se prévaloir d’appartenir à un groupe au sein par exemple de l’Assemblée nationale ou/et formé pour une circonstance particulière : la présentation d’amendements avec des députés de la même formation politique ou d’une formation adverse, la rencontre de manifestants, etc. Evidemment, dans la mesure où les débats parlementaires visent plus à imposer et/où légitimer un point de vue qu’à créer du consensus, la mise en jeu de sa propre autorité ou de celle de son groupe est liée à la caution morale, au charisme, au crédit que l’on attribue à tel ou tel locuteur en fonction de ses propres convictions. Dans les discours que nous analysons, l’argument d’autorité direct est de loin la forme la plus utilisée par les députés.

La seconde forme d’autorité peut elle aussi se fonder sur la compétence mais cette fois-ci d’une entité extérieure au locuteur. Cette délégation de savoir peut être nécessaire lorsque les intervenants ne maîtrisent pas tous les tenants et les aboutissants ou quand leurs décisions sont subordonnées à l’avis d’institutions juridiques et politiques. Le recours à une autorité extérieure s’apparente alors à un appel à l’expertise.

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Selon Martin David-Blais, ce recours procède d’une « « crédibilisation par association » du locuteur à celui qu’il cite. Il ajoute que

la mobilisation d’un argument d’autorité, en particulier dans des débats politiques, est commandée par le fait que le locuteur s’attend à être soupçonné de mauvaise foi, de partialité, par son adversaire. L’argument d’autorité lui permet alors de recourir à un tiers que l’on ne peut soupçonner de parti-pris (David-Blais : 1998 : 41).

Néanmoins, lorsque le discours est enrichi de citations, il nous semble peu probable que ce soit l’emprunt qui fasse le discours ; selon nous, il n’est là que pour agrémenter l’argumentation, pour la doter peut-être d’un crédit supplémentaire. Il peut aussi selon nous avoir l’effet inverse de ce qui est recherché. En effet, par l’emploi de citations, le discours peut devenir emphatique voire abscons en particulier si l’allocutaire ne connaît pas la source citée ; la citation peut aussi être inopérante si elle n’est pas jugée suffisamment digne d’intérêt. Par ailleurs, la question de la fidélité à cette dernière lorsqu’elle est sortie de son contexte d’énonciation peut se poser.

Enfin, certains objecteront que « le recours à une autorité extérieure est associé à une démission intellectuelle : il supposerait en effet que l’on renonce à son propre jugement pour subordonner son opinion à celle d’autrui » (Doury: 2006 : 4). Ce cas de figure ne semble pas s’appliquer aux discours que nous avons sélectionnés : en effet, comme nous l’avons indiqué plus haut, la citation relève plus de l’apparat. Elle ne constitue pas l’ossature de l’argumentation des députés. Ces derniers ont des opinions bien tranchées sur les questions qu’ils abordent et ne se privent pas de les exposer. Pour d’autres, l’argument d’autorité aurait des effets « despotiques » sur l’allocutaire dans la mesure où il viserait à annuler le discours de ce dernier, contraint au silence par le poids de l’autorité (Kerbrat-Orecchioni : 1978 : 69). Dans la configuration que nous avons - celle du débat parlementaire, là encore, cette remarque est peu appropriée puisque les allocutaires sont libres de répondre de manière étayée aux paroles prononcées par leurs opposants et ne sont donc pas réduits au silence sous prétexte qu’une autorité a été mentionnée. Parfois, l’argumentation porte même sur la congruité de la citation choisie (par exemple, les études montrant que les enfants élevés par des couples gays ne souffrent absolument pas de cet état de fait ne seraient pas aussi nombreuses et probantes que certains - dont Mme Buffet - veulent bien le laisser entendre, à en croire M.Wauquiez).

En guise de synthèse, on pourra donc mentionner qu’il existe deux formes d’arguments d’autorité : les arguments d’autorité directs (les plus courants) et les arguments d’autorité indirects, selon que le locuteur s’appuie sur sa propre autorité ou sur celle d’un tiers pour

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illustrer son argumentation et en vue de rehausser son éthos. Les deux types visent à rendre crédible le discours du sujet parlant : dans le premier cas, les députés (et la garde des sceaux) mettent en valeur un éthos de compétence et de sérieux en mentionnant le rôle qu’ils sont amenés à jouer dans ce débat non seulement de par la fonction qu’ils occupent mais aussi de par leur implication sur le terrain auprès de ceux qui manifestent. L’éthos ainsi mis en valeur peut aussi bien concerner le locuteur et lui seul ou le groupe auquel il appartient. Quant aux arguments d’autorité indirects, même si l’argumentation des locuteurs ne repose pas entièrement sur eux, il ne faut pas les négliger (nous avons déjà souligné le poids des chiffres).

7.2- l’argument d’autorité direct

Parmi les arguments d’autorité directs utilisés par les uns et les autres, relevons dans un premier temps l’argument du témoignage.

7.2.1- L’argument du témoignage

Comme le soulignait Philippe Breton (2006 : 64), « Le fait d’avoir été présent à une manifestation, un événement, confère une autorité certaine, qui fonde l’argument du témoignage. Le témoin d’un fait divers aura plus de poids pour en proposer le cadrage dans une perspective argumentative ».

Des députés hostiles au projet de loi mentionnent ainsi à l’auditoire qu’ils ont assisté à certains événements liés aux débats autour du mariage pour tous. L’argument du témoignage suppose ainsi un accès privilégié à certaines informations (ce que j’énonce est vrai vu que j’ai assisté visuellement à certains événements et que j’ai moi-même été éventuellement victime des faits que j’énonce). Ils font alors référence à un fait qui s’est déroulé dans la nuit du 14 au 15 avril 2013 mais aussi plus globalement aux manifestations qui ont accompagné les différentes étapes du processus législatif. L’événement ayant eu lieu à la mi-avril 2013 est évoqué de cette façon :

« Dimanche soir, vous avez placé en garde à vue pendant plus de dix-sept heures 67 jeunes pacifiques qui campaient près de l’Assemblée, sur une place qui accueille des manifestations quasi quotidiennes » (Bom)

« Pourquoi des gens manifestant pacifiquement, revêtus du tee-shirt ou du sweater rose de la Manif pour tous, seraient-ils inquiétés au jardin du Luxembourg ? Pourquoi soixante-sept personnes ont- elles été gardées à vue il y a quelques jours ? » (Gos).

Comme le mentionnent les deux députés, 67 membres63 du « camping pour tous » qui avaient

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dans un premier temps planté leurs tentes devant le Sénat ont essayé de récidiver en se postant cette fois-ci devant l’Assemblée nationale. Selon les sources gouvernementales, ils auraient refusé d’obtempérer face aux forces de l’ordre et troublé l’ordre public ce qui aurait abouti à leur placement en garde à vue au commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris. Les députés opposés au projet de loi contestent cette version des faits ; pour cela, ils se basent non seulement sur ce dont ils ont été témoins mais aussi sur les éléments recueillis auprès des forces en présence lors de ces mouvements de rue (policiers, gendarmes mais aussi les manifestants eux-mêmes et les confrères ayant assisté à ces cortèges) sans parler de la version des militants qui ont subi ces arrestations64 :

« Les fonctionnaires de police affectés au commissariat de la rue de l’Évangile – où sont parqués vos prisonniers politiques – ont témoigné de leur ras-le-bol devant le sale boulot que vous leur demandez de faire. » (Bom)

« Les hauts gradés à qui nous demandions quelques comptes de ces agissements nous ont fait la réponse suivante : "Nous nous en excusons ; demandez à la Préfecture de Paris, au ministre de l’intérieur" » (Gos)

« Nous avons également rencontré les policiers et les gendarmes, gradés et hommes de rang, qui nous ont indiqué en privé que ce déploiement de force était totalement inédit, absurde et disproportionné » (Ti)

[on soulignera que le « nous » désigne ici un éthos de groupe : il concerne les députés qui se sont rendus sur le terrain]

L’argumentation vient donc réfuter la présentation telle qu’elle est proposée par le gouvernement ; les parlementaires s’appuient, pour cela, d’une part, sur la légitimité politique dont ils ont été investis et sur les représentations que l’opinion publique se fait (ou peut se faire) de la figure du député (éthos de responsabilité/de respectabilité/de sincérité), d’autre part, sur la défiance que cette même opinion publique peut éprouver à l’égard du pouvoir en place (et qui s’exprime d’ailleurs à travers les sondages).

L’idée selon laquelle le gouvernement aurait tout intérêt à cacher des informations capitales aux citoyens dans le cadre de ces débats quitte même parfois à les travestir semble renvoyer à la théorie du complot. Celle-ci peut s’appréhender sous l’angle d’une interprétation erronée

(Paris Tech les Mines, Centrale, Saint-Cyr, Sciences Po) ou les établissements catholiques du supérieur. Il est intéressant de noter que plusieurs des participants travaillent dans les secteurs humanitaire et social: l'Unicef, les Apprentis d'Auteuil ou les Instituts régionaux de formation sanitaire et sociale de la Croix-Rouge. Ou encore dans des associations catholiques comme les Guides et Scouts d'Europe ou l'Arche de Paris (aide aux handicapés). Des militants (fédérations départementales UMP, syndicat étudiant de droite UNI), mais peu, complètent le tableau » [http://www.slate.fr/france/71059/camping-pour-tous-droite-ballerine-facebook]

64 Les motifs auraient été, selon Samuel Lafont l’un des organisateurs de ce sit-in, les suivants : « avoir marché

sur la pelouse du jardin (chacun pourra cependant constater qu’elle est intacte) ; avoir organisé une "manifestation ludique sans autorisation spéciale", à savoir que d’après ces messieurs de la sécurité, il y a "manifestation" dès lors que deux personnes portent un sweat de La Manif Pour Tous. Enfin, un troisième type de P.V. a été dressé pour "gêne à la tranquillité des promeneurs par cris et vociférations" : la réalité c’est que certains jeunes sont partis en courant avec un drapeau en chantant des slogans… mais toujours pacifiquement et dans la joie (entretien accordé à Juliette Gendre et Astrid Clauzet pour le blog « La Table Ronde »)

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des événements par un groupe (le gouvernement mais aussi les lobbies) aux intentions hostiles selon un plan secret :

« De la sorte, dans le secret de votre cabinet, vous pourrez tout à votre aise torturer les différents codes qui organisent notre vie sociale. Dans le secret de votre cabinet, vous porterez à la famille les coups que la clameur populaire ne vous autorise plus à asséner aux yeux de tous » (Fromi)

« vous avez nié jusqu’à l’absurde la présence dans les rues d’un million de nos concitoyens, fournissant sciemment, avec l’aide du ministre de l’intérieur, des chiffres totalement sous-estimés » (Ti)

Dans ces exemples, la charge accusatrice porte sur les autorités, entités aux intentions suspectes qui utilisent à mauvais escient le pouvoir que les citoyens leur ont accordé et ce, dans le but d’asservir et de manipuler l’opinion publique. Que cet argument soit utilisé par la droite dite républicaine montre que celle-ci s’est radicalisée puisqu’elle emploie, dans ses discours, une rhétorique qui est ordinairement celle de l’extrême-droite.

Nous nous rendons également compte, qu’aux dires de ces députés, (et nous l’avons déjà évoqué dans la sous-partie précédente) l’influence d’un groupe ferait plier le gouvernement sur ces questions sociétales, ce groupe étant celui de la communauté gay.

Ces théories conspirationnistes sont motivées par la peur (peur que le côté sacré du mariage disparaisse/que la société perde ses repères – jusque-là hétéro-normatifs) et par une grande suspicion à l’égard du pouvoir en place ; le doute face aux explications officielles est le produit d’un hyper-criticisme, pour certains lié à la société post-moderne et au déclin des institutions faisant autorité.

Le député qui met au jour quelques secrets inavoués s’attribue un éthos valorisant puisqu’il est le détenteur d’une vérité cachée et grâce à ses révélations, il va éveiller la conscience de ceux qui ne sont pas informés, de ceux qui croient aveuglément aux propos délivrés par le gouvernement et par les médias ou encore de ceux qui n’ont pas la capacité de se rendre compte qu’ils sont manipulés. Comment va-t-il le faire ?

En indiquant que ces manifestants n’ont pas le comportement que la police et le gouvernement leur prêtent et ce, dans le but de les réhabiliter aux yeux de l’opinion publique:

« des gens manifestant pacifiquement », « démonstration sereine et pacifique » (Gos)

« nous avons rencontré des gens responsables, des pères et des mères de famille […] pas des casseurs », « ce ne sont pas les casseurs que vous décrivez » (Ti)

« jeunes pacifiques », « des Français qui étaient assis paisiblement sur l’esplanade des Invalides » (Bom).

Les qualités ainsi mises en avant montrent par le biais de phrases affirmatives (dans un souci de qualification) ou négatives (dans un souci de dissociation par rapport au discours officiel) que ce qui caractérise les manifestants, qu’ils soient parents ou étudiants est leur manière de

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gérer calmement la situation (emploi de la forme adjectivale « pacifique(s) » ou des adverbes « pacifiquement », « paisiblement »). Par ailleurs, l’argument selon lequel certains sont parents est savamment mis en avant par les députés pour asseoir en quelque sorte l’honorabilité de ces manifestants : qui pourrait en effet remettre en question la droiture de gens qui représentent une autorité morale et qui ont pour mission de transmettre un certain nombre de valeurs à leur progéniture ?

Cet argument de la respectabilité des parents est cependant balayé d’un revers de la main par Mme Untermaier qui souligne l’irresponsabilité de parents qui, selon elle, utilisent leurs enfants comme arme de chantage visant à émouvoir l’opinion publique :

« Nous avons vu des enfants s’agenouiller dans la rue sous la pluie, nous avons vu des bébés dans leur poussette ».

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