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Le Surcoût Économique des Autres Facteurs

4. Les Facteurs Économiques et l’Investissement Privé 21

4.3. Le Surcoût Économique des Autres Facteurs

Le transport

4.3.1 Malgré les investissements consentis, la qualité des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires reste hautement problématique. La réhabilitation n’a au mieux concerné que 20 % des infrastructures routières et n’a porté, pour l’essentiel, que sur les grands axes. Sur les 73 000 km de routes existant à la veille de l’indépendance, seuls 6 500 km ont été réhabilités, essentiellement au sein du réseau principal. Le chemin de fer est en cours de remise en état et devrait être largement fonctionnel en 2013. Deux nouvelles lignes sont en cours de construction, la première pour assurer

la liaison avec la Namibie, et la seconde avec la Zambie et la RDC. Ces projets font partie du renforcement de la position du pays tant au sein de la SADC que de la CEEAC. L’Angola dispose de quatre ports en eau profonde (Luanda, Lobito, Benguela et Cabinda). Les installations portuaires sont en cours de réhabilitation. Un autre port appelé à devenir l’un des plus importants points d’accès au pays est en construction (Barra do Dande à Bengo). Les aéroports (au nombre de 8) sont en train d’être réhabilités, et un nouvel aéroport d’une capacité annuelle de 13 millions de passagers est en cours de construction à Luanda. Pour l’heure, le mauvais état des infrastructures a un impact direct sur les coûts de production des entreprises et joue en la défaveur d’une délocalisation des projets d’investissement en dehors des grands centres urbains et du littoral. Les infrastructures constituent un secteur prioritaire pour l’État, qui entend à la fois renforcer celles qui existent et ouvrir la gestion et la réalisation des principales infrastructures au partenariat public-privé.

4.3.2 Dans la situation actuelle, malgré les efforts de l’ANIP, l’accent continue néanmoins à être mis sur le renforcement des structures publiques et la marginalisation des opérateurs privés, lorsqu’ils existent.

En matière de transport aérien, par exemple, les conditions concédées à la compagnie nationale TAAG, y compris pour l’exploitation des lignes intérieures24, constituent un obstacle au développement harmonieux du secteur et auront une incidence directe sur la rentabilité des investissements réalisés ou en cours dans les infrastructures aéroportuaires. Aujourd’hui, les conditions de transport affectent lourdement les entreprises tentées par le développement de la production locale et pèsent également sur les coûts des biens importés.

L’électricité

4.3.3 L’énergie électrique est majoritairement d’origine hydroélectrique, avec néanmoins quelques centrales thermoélectriques. Le programme d’investissement public accorde une attention particulière à la question de l’approvisionnement en énergie des entreprises et des ménages. Il prévoit d’investir 16 milliards de dollars EU

24Contrairement à la TAAG et à SONAIR (une filiale de Sonangol), les autres compagnies ont l’interdiction de faire de la publicité et même d’afficher leurs horaires dans la presse. En outre, les coûts d’accès aux facilités aéroportuaires sont exorbitants et pénalisent les opérateurs privés. La TAAG pratique des prix qui ne reflètent pas les coûts réels et ne semble pas soumise aux droits et taxes au même titre que les autres compagnies. La liaison entre Luanda et Pointe-Noire (au Congo) dure 1 heure et coûte 800 dollars EU. Entre Luanda et Cabinda, la durée du vol est de 45 minutes et le prix du billet est fixé à 120 dollars EU. Nombre de compagnies aériennes privées ont déjà cessé leurs activités et d’autres envisagent de le faire à court terme.

Environnement de l’Investissement Privé en Angola

entre 2012 et 2015, pour faire face à une demande en croissance de 12 % par an. L’objectif est de passer, en 5 ans, d’une capacité installée de quelque 1 000 mégawatts à 5 500 mégawatts. Au total, 10 centrales thermoélectriques devraient être installées et deux nouvelles centrales hydroélectriques construites avec la réalisation des barrages sur le Cuanza, à Lauca et à Caculo Cabaça. En outre, la réhabilitation en cours des barrages de Gove, Mabubas, Lomaum et Cambambé I devrait contribuer à améliorer la situation avec un apport de 295 mégawatts supplémentaires, au cours de 2013.

Ces investissements vont de pair avec la remise en état et l’extension du réseau, auxquelles ont été affectés environ 9 milliards de dollars EU.

4.3.4 De manière générale, le déficit d’électricité constitue une contrainte majeure pour les entreprises. À cause de la baisse du niveau de l’eau du barrage de Kapanda au cours des deux dernières années, la région de Luanda subit des délestages encore plus fréquents que par le passé. Pour en atténuer les effets, une centrale thermoélectrique devrait être installée et injecter 72 mégawatts supplémentaires, selon les prévisions de l’ENE, l’entreprise nationale d’électricité. Le manque d’électricité oblige les entreprises à se doter de générateurs (68 % y ont recours)25. Selon Enterprise Surveyde la Banque mondiale, les pertes occasionnées par les délestages coûtent aux entreprises près de 13 % de la valeur de leurs ventes. On compte en moyenne plus de 5 coupures par mois. L’approvisionnement ne couvre que les deux tiers des besoins des entreprises.

4.3.5 Tout comme pour les infrastructures de transport, l’État entend recourir aux PPP pour le développement du secteur de l’énergie, tant au niveau de la réalisation que de l’exploitation. En attendant, l’insuffisance de la production énergétique et la qualité de son réseau de distribution constituent une source de surcoût pour les entreprises et pénalisent leur compétitivité.

Les télécommunications

4.3.6 Le système des télécommunications a été largement affecté par la guerre civile. L’extension du réseau de téléphonie fixe est limitée. Le pays compte

200 000 abonnés. Inversement, la téléphonie mobile connaît un développement rapide, avec deux compagnies Unitel et Movicel dont l’État est actionnaire, majoritaire dans la première à travers Mercury, une filiale de Sonangol. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile est de l’ordre de 70 %, avec 11 millions d’usagers. Elle offre divers services, y compris la 3G. La pénétration de l’informatique connaît elle aussi une accélération significative depuis l’arrivée de la fibre optique et la connexion au câble sous-marin ouest-africain WACS reliant la côte ouest du continent à l’Europe. Le pays compte un million d’abonnés à Internet, mais en ce qui concerne les entreprises, il s’agit surtout de grandes compagnies. Selon l’enquête auprès des entreprises de la Banque mondiale (Enterprise Survey), 38 % des entreprises utilisent des courriels dans leur communication et 29 % disposent d’un site web. Dans un futur proche, l’accès à Internet devrait sensiblement s’améliorer et le coût de communication baisser de manière significative26, grâce aux projets actuellement mis en œuvre par le Groupe Angola Cable, qui regroupe les cinq fournisseurs de services (Angola Telecom, Unitel, MSTelecom, Movicel et Startel)27.

La fiscalité

4.3.7 Le système fiscal angolais est jugé « obsolète, inefficace, extrêmement complexe et fondé sur des lois remontant à la période coloniale28» . Il est en cours de réforme. Un décret présidentiel de juillet 2010 a lancé le Projecto da Reforma Tributaria (PERT) ; un autre décret présidentiel, datant de mars 2011, a donné lieu à un plan d’action ; et une unité technique chargée de la conduite des réformes a été créée au niveau du ministère des Finances. Le travail est en cours. Les objectifs fixés sont la transparence dans la collecte des impôts ; l’élargissement de la base fiscale et l’amélioration de la collecte ; et la simplification et l’équité de l’imposition.

Actuellement, le mode de calcul du taux d'imposition du revenu des sociétés varie en fonction de la taille de celles-ci. Pour les grandes entreprises, il est établi sur la base des livres comptables et représente 35 % du chiffre d’affaires. Les entreprises moyennes sont taxées à 25 %, sur la base d’une déclaration simplifiée. Les autres entreprises (de plus petite taille, opérant principalement

25 AEO 2012

26Selon la revue Africa Today citant les données de NetIndex, l’Angola se placerait actuellement en seconde position après le Ghana en termes de rapidité de connexion. Voir Africa Todayn° 92 August 2012.

27 Dans le Groupe, l’État conserve une large majorité de contrôle du capital à travers Angola Telecom (51 %) et les parts qu’il détient dans les autres entreprises partenaires (Unitel 31 %, MSTelecom 9 %, Movicel 6 % et Startel 3 %).

28Diaro da Republica, I Série- n°49 ; Decreto Presidencial n° 50/11 de 15 de Março cité dans Taking Stock of the tax reform process in Angola, Odd-Hlege Fjeldstad, Soren Kirk Jensen et Aslak Orre, in Angola Brief, June 2012 Volume 2 n°1 CEIC-CMI.

25

Environnement de l’Investissement Privé en Angola dans le commerce de détail) sont taxées de façon

forfaitaire à un taux estimé à 35 % du chiffre d’affaires.

Les entreprises pétrolières obéissent à un régime particulier. La gestion n’est pas informatisée, sauf pour le secteur pétrolier. En plus de l’impôt sur les sociétés, les employeurs s’acquittent d’une contribution sociale de 8 % (l’impôt sur les salaires acquitté par les employés est de 3 %). Les recettes tirées des impôts proviennent pour l’essentiel des grandes compagnies pétrolières et, dans une moindre mesure, des grandes entreprises. La contribution du secteur privé local atteindrait au mieux

10 % des recettes fiscales de l’État. Si les taux ne sont pas prohibitifs, les contrôles et le harcèlement exercés par l’administration sont monnaie courante. Ils donnent lieu à des versements informels de montants variables, qui viennent grever les frais de fonctionnement des petites et moyennes entreprises. Du fait de leur accès aux centres de décision, les grandes sociétés et les multinationales sont nettement moins exposées à ce type de pratiques. Selon Enterprise Survey de la Banque mondiale, 34 % des entreprises affirment payer des pots-de-vin aux inspecteurs des impôts.

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