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Chapitre III – Présentation des résultats

3.3 Description des catégories conceptuelles

3.3.2 Le savoir

Rappelons qu’aucune définition précise de la connaissance n’a été présentée aux participants lors des entrevues. La connaissance à utiliser et à partager dans le cadre de leur travail est abordée en fonction de trois aspects principaux par les répondants. D’abord, la connaissance scientifique

35 provenant de la recherche est discutée sous plusieurs angles. Puis, la notion de l’accessibilité aux connaissances fait aussi l’objet de questionnements. Finalement, les répondants associent la connaissance avec ses visées, c’est-à-dire qu’ils ont une réflexion sur son utilité dans leur pratique de la santé publique à Montréal.

Validité ou scientificité de la connaissance

Les extraits suivants montrent que les connaissances issues de la recherche ne sont pas le seul type de savoir utilisé par les répondants. Les connaissances issues des savoirs tacites sont également très présentes dans leur discours. Ce qui attire l’attention, ici, c’est que la validité de la connaissance ne passe pas à tout prix à travers une logique scientifique pour être utilisée dans la prise de certaines décisions. Derrière les nuances apportées, il y a le caractère pragmatique des actions que doivent poser quotidiennement les répondants.

• Quand tu pousses un peu plus loin et tu dis… est-ce qu’il existe des données probantes autour de l’implantation de ces approches-là? Bien peu… même presque pas. Et on ne peut pas dire non plus que ça a été évalué dans son ensemble, donc on ne peut pas dire que ça l’a eu un effet ce type d’approche globale et intégrée-là sur la santé. On ne peut pas dire non plus que c’est nul et que ça ne donne rien. Ça l’a eu des effets sur certains aspects (entrevue 9).

• Donc, oui il y a de la donnée probante, mais je ne crois pas tellement à l’utilisation linéaire de la donnée probante qui change dans un système expert la décision qui va être prise. Ce n’est pas comme un thermostat-là. Le thermostat il prend la température et il décide s’il part le chauffage ou la ventilation (entrevue 11).

• Il faut être capable d’envisager qu’au fond on n’est pas juste des experts avec des données scientifiques blindées, mais aussi, comme je disais tantôt, il faut tenir compte de l’expérience du terrain et il faut tenir compte aussi de toutes les controverses qui sont suscitées par des projets autour desquels on souhaite un certain transfert (entrevue 13).

Accessibilité à la connaissance

Selon les répondants, l’accès aux connaissances varient selon leur type. La quantité de connaissances scientifiques qui circule n’est visiblement pas l’enjeu, mais il s’agit de réussir à connaître précisément le milieu dans lequel on souhaite faire une intervention de santé publique. Il est rare qu’à l’échelle d’une école ou d’un voisinage, des données scientifiques aient été colligées et pourraient appuyer d’éventuelles actions de santé publique. C’est d’ailleurs pourquoi des ressources sont mobilisées de plus en plus pour accompagner les CSSS dans la création de portraits de

situation de l’état de santé de la population sur leurs territoires locaux. Étant donné toutes les informations qui arrivent dans la boîte de courriels sans avoir été demandées, un effet pervers se produit, à savoir une saturation qui paralyse les utilisateurs. Lorsqu’on est envahi par l’information, il est difficile de faire un tri dans le but d’effectuer un choix éclairé ou de passer à l’action.

• Les données moi je trouve qu’on en a presque en masse-là, on en a quasiment trop, même si je suis en train de structurer un programme d’enquête pour aller en chercher plus. Des informations, moi ce qui me manque le plus en terme d’informations c’est une compréhension claire des besoins du milieu. […] Et un peu en arrière plan, bien ce sentiment-là que parfois on n’a pas… on ne travaille pas sur les bonnes choses parce qu’on ne comprend pas assez bien les besoins (entrevue 11).

• Je pense qu’on a accès à ce qu’on a de besoin. Quand on trouve de nouveaux agresseurs, bien on fouille dans la littérature et on trouve plein de choses. On a des comités provinciaux qui peuvent se pencher sur certaines nouvelles problématiques (entrevue 7).

• C’est sûr qu’on peut être noyé dans de l’information aussi, il faut chercher qu’est-ce qui est le plus utile pour faire avancer les objets et souvent ça aussi c’est du timing, si nos partenaires sont prêts à travailler sur des domaines et il y a un climat favorable ou il y a une nouvelle politique publique qui s’en vient…(entrevue 8).

Utilité perçue de la connaissance

Suivant la logique du modèle de résolution de problème, il apparaît clair que les connaissances deviennent plus facilement utilisables lorsqu’elles représentent une solution ou qu’elles s’intéressent à une problématique identifiée au préalable par l’utilisateur. Les répondants expriment aussi la place des connaissances pour confirmer des décisions ou bien en justifier de nouvelles. Dans une perspective décisionnelle, il faut comprendre les enjeux de réorganisation qu’implique la connaissance pour les acteurs qui décident de l’utiliser.

• Dans le fond c’est que les connaissances viennent appuyer nos interventions, nous dire que c’est plus efficace d’interagir sur tels déterminant versus tel déterminant, d’agir de telle manière et ça va être plus coût efficace aussi. Donc ça nous permet de faire des choix plus judicieux. C’est central dans nos interventions. Sinon on ferait n’importe quoi (entrevue 3). • On transmet les connaissances sur les données probantes, mais aussi sur les solutions. On

ne sort jamais une donnée sans avoir une solution. Donc nous notre transfert des connaissances, il y a un but, c’est d’amener le changement, ça c’est fondamental sur les solutions, le changement sur les solutions. […] avec le rapport annuel on a fait un forum, 250 personnes et ça a vraiment… Ça l’a déclenché tout le plan de transport de la ville de Montréal, qui s’est beaucoup inspiré de ça (entrevue 10).

37 • Pour moi de faire une recherche aussi ça l’a une deuxième fonction. C’est faire en sorte que

ça puisse servir. Quand on lit dans la littérature c’est plus d’aide à la décision ou faire en sorte que les connaissances puissent s’imbriquer, s’implanter, se disséminer dans le processus de gouvernance. Et le processus de gouvernance pour moi il est large (entrevue 9).

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