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Le repérage précoce : une préoccupation partagée

La plupart des représentants de MDPH qui ont pris la parole au cours des ateliers ont davantage exprimé une préoccupation pour le repérage précoce qu’un intérêt immédiat pour participer à un dispositif de repérage.

Les coordonnateurs des équipes pluridisciplinaires sont évidemment particulièrement attentifs aux troubles psychiques qui ne sont pas détectés suffisamment tôt. Il y a un enjeu évident de santé publique et bien sûr de bien-être pour les personnes et leur entourage, comme cela a pu être signalé. Il n’y a pas de doute non plus sur le fait que l’effort de prévention doit être renforcé. L’identification des personnes vivant avec des troubles psychiques est considérée par tous comme une étape préliminaire dans la construction d’un parcours pouvant conduire à une prise en charge par une ouverture de droits décidée par les Commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées ou par d’autres acteurs décisionnaires. C’est à cette condition en particulier que les MDPH peuvent ensuite, « en aval », intervenir au mieux et au plus vite, alors même qu’elles sont souvent sollicitées à l’inverse par le « repêchage » de personnes qui font brusquement et tardivement irruption.

En revanche, les représentants de MDH n’ont pas exprimé d’avis sur le dispositif présenté (un répertoire numérique de ressources), sauf quelques-uns pour dire combien les « informations pratiques » sur les lieux d’accueil et de soutien, les dispositifs d’aide ou d’accompagnement pourraient leur être utiles. Cette réserve peut être interprétée comme une prudence, a fortiori

Organiser sur les territoires un repérage précoce des personnes présentant des troubles psychiques 54 dans le contexte des Journées nationales des coordonnateurs des équipes pluridisciplinaires. Ces acteurs ne peuvent pas engager leur structure et ces Journées ont un caractère institutionnel. Cette prudence est comparable à celle des représentants des trois MDPH qui ont accompagné la recherche-action tout au long, dont nous avons expliqué pourquoi ils se sont tenus en retrait des discussions lors des entretiens de groupes. Malgré les précautions prises pour rappeler que la recherche-action a pour unique objectif de comprendre comment des acteurs des territoires intervenant dans le champ du handicap psychique, ou pas, envisagent la possibilité d’un repérage précoce, les représentants des MDPH ont évidemment perçu que cette recherche- action – quelles que soient son autonomie et ses limites – participe d’une certaine façon à la discussion générale sur l’évolution en cours des MDPH. Lors des ateliers, plusieurs acteurs ont ainsi très tôt évoqué la montée en charge de la démarche « Réponse accompagnée pour tous » (RAT) qui implique pour sa mise en œuvre des modifications en profondeur des organisations et des pratiques des MDPH49. Même si dans ce cas les personnes sont identifiées et abordées, il est clair pour tous que la démarche RAT implique les MDPH dans des partenariats qui pourraient également être sollicités, « en amont », dans une démarche de repérage précoce. Toutefois, si dans le cadre de leurs missions les MDPH ont à prendre part à l’animation des territoires, il s’agit très clairement d’un rôle délimité et limité puisqu’elles interviennent au niveau de la reconnaissance et de la prise en charge du handicap, soit ici une fois que des troubles psychiques ont pu être repérés et signalés aux MDPH.

Le champ d’intervention des MDPH étant rappelé, des intervenants ont évoqué certaines de leurs actions qui peuvent contribuer à une démarche de prévention. Ces acteurs ont voulu de cette façon indiquer lors des ateliers que la question de l’implication des MDPH dans un dispositif de repérage précoce est déjà effective, sinon pouvait de leur point de vue être posée. Ils ont notamment rappelé le rôle joué par les services d’accueil des MDPH dans le repérage de troubles psychiques avec, quand elle existe, la possibilité d’un entretien approfondi avec un autre professionnel50. Ils ont également signalé l’attention portée par leurs MDPH à des acteurs qui peuvent être confrontés à des situations de décompensation psychique, et de citer à titre d’exemple des apports d’informations à des services de la santé scolaire, de la protection maternelle infantile… Leur témoignage a permis de noter que le repérage précoce doit être particulièrement vigilant aux enfants et aux jeunes, confirmant ainsi la contradiction qu’il y aurait à introduire dans le repérage un seuil fixé par un âge, relevée lors des entretiens de groupes. Par leurs interventions, ils ont finalement répondu à la présentation des résultats de la recherche-action en indiquant comment concrètement les MDPH peuvent déjà jouer un rôle de « fournisseur de ressources ». Certains ont même indiqué que le dispositif imaginé au cours de la recherche-action leur paraissait de bon sens et plausible. L’un d’entre eux prit position en commençant par dire qu’il était « en écho total » avec les propositions qui avaient été présentées, précisant que tous les fournisseurs de ressources indiqués dans la recherche-action sont réunis

49 Sur ce plan, on peut de référer au Dossier technique de la CNSA, « 2017 : Le réseau des MDPH, acteur de son

évolution. Synthèse des rapports d’activité 2017 des maisons départementales des personnes handicapées », Mars 2019 [en ligne].

50 Dans la recherche précédente sur « La compensation du handicap psychique face au risque de non-recours » (op. cit.

2018). Nous avions relevé l’importance des services d’accueil mais en constatant néanmoins dans les enquêtes menées dans deux MDPH, l’embarras des agents d’accueil face aux personnes pouvant avoir des troubles psychiques.

Organiser sur les territoires un repérage précoce des personnes présentant des troubles psychiques 55 dans le PTSM décidé dans son département. Ces intervenants et d’autres ont cependant insisté sur les moyens nécessaires pour développer au niveau des MDPH des actions d’information51, renvoyant sur ce plan la question de l’organisation d’un repérage précoce à l’engagement politique et financier des Conseils départementaux. Dit autrement, si sous l’angle de leur mission d’information les MDPH peuvent contribuer à la fourniture de ressources utiles pour un repérage précoce, la question des moyens disponibles est rapidement posée et limite les intentions.

D’autres acteurs sont cependant plus réservés sur la possibilité d’un repérage précoce. Ils s’interrogent ouvertement sur son intérêt et a fortiori sur celui d’une participation des MDPH alors que l’insuffisance de « l’offre de soins » (mais on peut ajouter aussi de l’offre d’accompagnement social et médico-social), qui de leur point de vue s’aggrave, fait que les acteurs qui pourraient être mobilisés se trouveront rapidement démunis pour aller plus loin. Cette discussion qui eut lieu également lors des entretiens de groupes, en particulier dans le Département 2, rencontra un fort écho lors des ateliers. Plusieurs des acteurs présents n’ont pas caché leur crainte qu’avec le repérage précoce les MDPH soient entrainées dans un exercice impossible alors que dans bon nombre de territoires les moyens disparaissent en matière de prise en charge de la santé mentale, mais aussi en ce qui concerne le logement, le suivi social, l’emploi, etc. Ils posent très clairement la question des moyens nécessaires sur différents plans pour que le repérage précoce des troubles psychiques soit un objectif réaliste et par conséquent un objet de discussion possible avec les MDPH.

2. Des engagements nécessaires pour une implication des MDPH