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CHAPITRE 5. LA RECHERCHE SUR L'ECRIT

5.3 Le regard sur les textes Une double approche

5.3.1. Positionnement du scripteur. Identité énonciative et pragmatique

L’écriture comme le souligne Barré-de-Miniac concerne une expression de soi et un moyen de se retrouver (2000, p. 20). Dans les écrits l’identité énonciative prend place quand elle conduit le scripteur à prendre une position. Cela implique de rassembler, ordonner ou

reformuler une pensée. Bucheton et Chabanne (2002, p.p. 131-132) distinguent trois formes d’identité énonciative : le choix de la voix, la gestion écrite de la voix des autres et le développement d’un point de vue singulier.

Pour la première, il s'agit de situer l'origine de la voix qui va conduire le texte, elle représente la situation narrative à travers laquelle le scripteur s’adresse au lecteur (première personne : désigne le locuteur ; deuxième personne : qui reçoit le message et l’impersonnel).

La deuxième forme fait référence à une polyphonie énonciative (discours direct et indirect, utilisation de citations et des discours repris). La dernière concerne l’inscription la voix dans une communauté, cela implique de s’approprier des textes d’autres auteurs pour leur donner un style propre. Cette dernière forme semble être plus complexe à cause des significations que l’on y met : la prise en compte du lecteur, le contexte d’écriture et les divers actes de langage ; par conséquence le scripteur va décider s’il s’implique ou non dans l’écrit.

D’après ces auteurs la difficulté peut être double car il s’agit de penser avec l’écrit, de là la difficulté de choisir entre je, on, nous. Cette difficulté est plus évidente quand il s’agit de textes académiques. Pour Reuter l’absence de jugements critiques ainsi que les erreurs dans l’utilisation des citations rendent compte de la difficulté qu’à l’étudiant pour prendre de la distance avec les pensées des auteurs, ce qui peut s’interpréter comme un indice de basse estime ou confiance en soi. (1996, p.17).

Cette perspective que nous venons d’énoncer appuie la prise en compte des motivations et des représentations du scripteur préconisée par Dabène, car elle implique une expression de soi et une exposition à autrui, elle concerne une manière de « se dire » mais au même temps une exhibition (1987, p. 62). Ces manières de se dire et de révéler quelque chose de soi comportent des éléments pragmatiques (la prise en compte de l’autre, les actes de communication et le contexte).

5.3.2 Contenu symbolique de textes

En plus des normes et codes linguistiques, un texte a un contenu représentant une histoire qui comporte un ensemble de caractéristiques, de raisonnements, des idées, des réflexions. Le symbolique dans les textes comme « ce qui est dit et ce qui est en jeu est le moteur de l'engagement dans son propre écrit, la condition du développement des compétences langagières ». (Bucheton et Chabanne, 2002, p. 137).

Ces auteurs distinguent trois facteurs du contenu symbolique de textes : la richesse thématique, le degré d’organisation, et les opérations sémantico-cognitives. (Op. Cit., 137). Le premier facteur concerne ce que le texte constitue au-delà des moyens linguistiques utilisés, le deuxième implique les formes de structuration socialement construites (types et stéréotypes) et le dernier relève de la conceptualisation de l’information.

À ce propos, le regard sur les textes va au-delà de la mise en place de normes linguistiques, il s’agit de voir que malgré les limitations syntaxiques le scripteur exprime sa pensée et se sert de ses moyens linguistiques acquis pour se faire comprendre, il s’agit alors de voir comment le scripteur traite l’information. Donc dans ce cas il s’agit de prendre en compte les représentations sociales de l’individu ainsi que la manière dont il traite les savoirs acquis.

5.3.3La prise en compte des normes

D’après Boucheton et Chabanne (Op, Cit., p. 142) « le respect des normes relève tout autant d'une attitude que d'une compétence ». Pour appuyer leur point de vue ces auteurs convoquent trois notions : le traitement de normes grammaticales, la longueur du texte et la construction de normes complexes ainsi que le traitement des contraintes des normes discursives.

Le traitement de normes grammaticales comprend l’usage de codes et de normes linguistiques, il s’agit de repérer le choix du scripteur dans l’utilisation d’un certain mot, une certaine structure plutôt qu’une autre, de noter la fréquence avec laquelle il l’utilise. Donc cela peut aboutir à la formulation d’hypothèses sur la richesse du répertoire lexical et linguistique ou simplement le rejet de l’individu vis-à-vis d’une structure qu’il considère comme trop complexe pour la faire sienne. Les raisons sont assez diverses ; d’après Bucheton et Chabanne, il faut distinguer si l’erreur et due au souci de la norme ou il s’agit d’un contrôle aléatoire (Op. Cit., p. 143).

La longueur du texte renvoie à l’usage de normes textuelles, de formes syntaxiques plus complexes ainsi que le traitement de contraintes discursives ; alors la longueur d’un texte ne peut pas être toujours considérée comme un facteur de réussite textuelle, bien entendu cela dépendra du contenu et de la qualité linguistique qui le compose.

En somme, l’étude sur la double approche dans les textes peut donner des indices sur les possibles obstacles qui peuvent bloquer l’acquisition et appropriation de l’écriture au niveau cognitif et affectif.

Par ailleurs, la forme d’évaluation d’un texte, semble être un lieu de contradictions et des comportements subjectifs qui mettent en place la position du scripteur et la position du correcteur. (Pilorgé, 2010, p. 85). D’après cet auteur, le sens d’un texte existe pour et par sa lecture c’est pourquoi l’évaluateur est confronté à la question de savoir « comment apprécier

la nature des éventuels dysfonctionnements du texte ?» (Op. Cit., p. 86). La révision d’un texte

reste alors sous une recherche objective de la norme et une implication subjective par la lecture.