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Sources principales :

- Insee 59 : La population resterait stable en Bourgogne-Franche-Comté à l’horizon 2050 - Insee 47 : En Bourgogne-Franche-Comté, le déficit naturel continue de se creuser en 2017

L’évolution démographique d’un territoire est déterminée par deux facteurs : le solde naturel qui mesure la différence entre les naissances et les décès et le solde migratoire qui mesure la différence entre les arrivées d’habitants dans la région et les départs. Ces deux facteurs n’ont pas le même poids dans la balance finale de la démographie dans notre région. Depuis les années 1980 et jusqu’en 2013, le solde naturel pesait environ deux fois plus que le solde migratoire. Surtout, le solde naturel compensait un solde migratoire régulièrement négatif (à l’exception de la décennie 2000). Les choses ont changé, sous l’effet du vieillissement de la population, le solde naturel est devenu négatif en 2015. Cette situation va s’aggraver. La démographie régionale repose à présent sur sa capacité à équilibrer le solde migratoire, c’est à dire sur son attractivité.

Le solde naturel est négatif depuis 2015 en Bourgogne-Franche-Comté.

En 2004, le solde naturel était de + 6 000 habitants. Il est aujourd’hui négatif, depuis 2015 et cette tendance n’est pas près de s’inverser. Elle est due à deux facteurs :

- Il y a moins de naissance par femme en âge de procréer ; - L’âge moyen de la population a progressé.

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A moyen terme, l’Insee prévoit un solde naturel négatif et durable en BFC. « D’ici 2020, les décès deviendraient durablement plus nombreux que les naissances dans la région. Ce solde naturel négatif pèserait donc à terme pour - 0,3 % par an sur l’évolution de la population »5. Autrement dit, le solde naturel qui était de + 3 % sur 10 ans dans les années 1980 passerait à - 3 % sur 10 ans dans les années 2040-2050.

5 https://www.insee.fr/fr/statistiques/3616310

21 Cette baisse est mesurée à l’échelle de l’Europe.

La baisse de la population n’est évidemment pas une bonne nouvelle, mais il convient de mesurer que cette situation (une baisse annuelle du solde naturel de 0,3 % d’ici 2040) n’est pas extraordinaire dans la situation démographique de l’Europe. Dans la carte ci-dessous, on voit en bleu foncé les territoires qui ont perdu plus de 2 % de population annuellement entre 2001 et 2011, c’est-à-dire beaucoup plus que le risque qui pèse sur le solde naturel dans notre région. En rouge foncé, ceux dont la croissance annuelle est supérieure à 2%

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Le solde naturel est le bilan d’une histoire qui se lit sur les temps longs.

Ce problème de solde naturel est-il ajustable à court terme ? Ce serait sous-estimer que le déficit naturel est dû à des phénomènes anciens davantage qu’à l’actualité ou à des décisions prises au cours des dernières années. Le vieillissement de la population qui est à l’origine de ces dérapages démographiques est l’héritage de phénomènes historiques dont nous payons aujourd’hui (et pour plusieurs années à venir) les conséquences. Pour le mesurer, il faut prendre un peu de recul. Depuis 1850, date des débuts de la révolution industrielle, la population de l’Europe a connu une croissance de 176 %, celle de la France de 76 % et celle de notre région de 4 %. La comparaison avec les territoires immédiatement voisins (Alsace 70 %, Île de France 440 % et Rhône-Alpes 92 %) traduit de la même façon une réalité : la révolution industrielle et les migrations qu’elle a générées n’ont pas distribué la croissance démographique équitablement sur le territoire national. Notre région est passée à côté d’une dynamique qui a réussi à ses voisins. La part de la population de l’actuelle Bourgogne-Franche-Comté en France est ainsi passée de 7 % en 1850 à 4,26 % en 2015. Les trente glorieuses et l’âge d’or des industries décentralisées sur le territoire français n’ont pas infléchi la tendance mais seulement permis le rattrapage temporaire des dynamiques démographiques. En revanche, depuis les années 1980, l’économie post-industrielle ou « servicielle » qui favorise l’emploi métropolitain (Dijon n’est que la 25ème aire urbaine de France, Besançon la 41ème) et les dynamiques démographiques côtières ont à nouveau nourri un décrochement.

Le vieillissement de la population aujourd’hui est le fruit de cette tendance post industrielle.

La mondialisation, l’automatisation et l’évolution des consommations vers plus de services6 ont fragilisé le tissu industriel standardisé très présent dans notre région. Faute de transition économique, le renouvellement des populations actives ne s’est pas fait dans certains

6 Lilas DEMMOU. La désindustrialisation en France. Document de travail de la DG Trésor. Juin 2010.

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territoires. Les populations y ont vieilli plus vite que dans le reste de la France.

Conséquence : moins de natalité, plus de mortalité.

Conclusions du 1.1

Le solde migratoire détermine l’équilibre démographique de la région depuis 2015.

Si le solde naturel devient déficitaire, le maintien de la démographie régionale à un niveau constant repose entièrement sur l’arrivée de nouvelles populations. C’est le scénario des projections Insee à 2050 et la raison pour laquelle la question de l’attractivité régionale devient prioritaire dans les politiques publiques.

Le solde migratoire maintiendrait la population régionale, mais pèserait sur sa moyenne d’âge.

L’effet de substitution n’est pas parfait. Le solde migratoire repose sur l’arrivée de populations de tous âges, parfois mêmes assez âgées lorsqu’on songe aux retraités. Il s’agit donc d’une façon de maintenir la quantité de population, mais qui aggravera son vieillissement dès lors que ceux qui arrivent sont plus âgés que la moyenne des habitants.

La problématique des carences de populations actives n’est pas à écarter.

Le vieillissement de la population pèse aussi sur les effectifs de population susceptibles d’intégrer la population active. En effet, le vieillissement de la population dans notre région va faire passer des cohortes de populations actives au-delà de 65 ans. Dans 3 EPCI sur 4, ces transferts de populations d’une classe d’âge à l’autre, risquent d’être significatifs et poser la question de sa baisse.

Explorer le détail : https://public.flourish.studio/visualisation/2452589/

24 Le regard de Charles PILARSKI (Insee)

La Bourgogne-Franche-Comté perd des habitants depuis 2015. Le solde naturel s’y est dégradé sensiblement depuis une dizaine d’année en raison de causes largement structurelles (vieillissement de la population) qui devraient s’intensifier encore. A l’inverse le solde migratoire bien que déficitaire est resté plutôt stable, le nombre de personnes entrantes comme sortantes étant faible au regard de la population régionale.

En termes de trajectoire démographique, la région semble occuper une place singulière. Elle a été la première à perdre des habitants, et la seule à conjuguer déficit naturel et déficit migratoire. Pourtant la problématique de la fin de la croissance démographique n’est en rien spécifique à la Bourgogne-Franche-Comté. L’augmentation des décès comme la baisse des naissances s’observe partout en France : en 2017, plus de la moitié des régions métropolitaines affichaient un taux d’accroissement naturel négatif. Dans des régions réputées plus dynamiques démographiquement comme la Bretagne ou la Nouvelle Aquitaine, le déclin naturel pèse d’ores et déjà plus lourdement qu’en Bourgogne-Franche-Comté : en tirant profit d’excédents migratoires passés liés à l’héliotropisme, elles ont capté de fait plus de personnes âgées ce qui génère aujourd’hui une augmentation plus soutenue du nombre de décès.

Les mouvements migratoires, par nature plus soumis aux aléas conjoncturels, ne pourront pas partout continuer à compenser ces tendances démographiques structurelles. Au final, l’atonie actuelle du solde migratoire régional pourrait conduire à lisser une transition démographique qui apparaît inexorable, alors que les autres régions pourraient la subir plus tardivement mais de façon plus brutale7.

7 Insee BFC : bilan démo 2018-2019 ici : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4283682

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1.2. Les territoires attractifs ne sont pas toujours ceux qu’on