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2. QUELQUES INSTRUMENTS MÉTHODOLOGIQUES

2.4. L’intervention

2.4.3. Le personnel d’intervention

Le personnel d’intervention réfère au nombre, à la préparation ainsi qu’à l’organisation du tra-vail des pompiers et des membres des services de sécurité incendie sur les lieux d’un sinistre.

Chacun de ces aspects comporte un certain nom-bre de facettes qui doivent être prises en compte dans la planification d’une intervention.

a) Le nombre d’intervenants

Ainsi, la considération du nombre de pompiers à déployer sur la scène d’un incendie donne lieu à l’examen successif des aspects suivants :

• le nombre minimal de pompiers néces-saires pour une attaque à l’intérieur d’un bâtiment ;

• le nombre minimal de pompiers nécessaires pour assurer une force de frappe appropriée;

• le recours à du renfort ou à du personnel de relève ;

• le nombre de pompiers nécessaires dans un service afin d’assurer en tout temps l’acheminement de l’effectif minimum d’intervention.

i) Le nombre minimal de pompiers pour une attaque à l’intérieur d’un bâtiment

Le succès d’une opération d’extinction repose fortement sur la capacité du service de sécurité incendie à commencer promp-tement son intervention. En ce sens, une attaque rapide à l’intérieur du bâtiment s’impose. Une telle attaque ne doit cependant rapide des secours. On devrait donc promouvoir

l’installation de tels équipements dans les bâti-ments situés en-dehors du rayon d’intervention considéré comme acceptable par les services de sécurité incendie.

La deuxième phase est constituée du temps de traitement de l’alerte et d’acheminement de celle-ci à un service de sécurité incendie. Bien que cette période ne soit pas toujours sous la responsabi-lité du service de sécurité incendie, il est possible d’en contrôler la durée, en fixant des exigences aux centres d’appel. La norme NFPA 1221 Instal-lation, Maintenance, and Use of Emergency Services Communications Systemsconstitue la principale réfé-rence sur cette question pour les organisations de secours en Amérique du Nord.

La troisième phase est celle du temps de réponse proprement dit. Elle se subdivise en deux temps :

• le temps de mobilisation des pompiers, qui est notamment fonction du statut (à temps plein, à temps partiel ou volontaire) de ces derniers ;

• le temps de déplacement entre la caserne et le lieu de l’incendie, qui est évidemment fonc-tion de la distance à parcourir mais qui peut également varier selon l’importance des entraves à la circulation, l’état des routes, la densité de la circulation, etc.

Comme l’objectif recherché est ordinairement d’acheminer les secours sur les lieux d’un incen-die avant que celui-ci n’atteigne le point d’embrasement général, le délai d’intervention ne doit normalement pas excéder la partie gauche de la courbe représentée à la figure 3. Bien que ces délais ne fassent pas partie du temps de réponse en tant que tel, il faut de plus tenir compte du temps nécessaire au déploiement des pompiers et

être tentée que lorsqu’un nombre minimal d’intervenants peut être réuni pour accom-plir cette tâche en toute sécurité.

La norme NFPA 1500 Norme relative à un programme de santé et de sécurité du tra-vail dans les services d’incendie établit clairement que quatre pompiers constituent un minimum pour effectuer une attaque intérieure et des opérations de sauvetage.

Cette prescription est reprise dans le projet de norme NFPA 1710 Standard for the Organization and Deployment of Fire Sup-pression, Emergency Medical Operations and Special Operations to the Public by Career Fire Departmentset dans le projet de norme NFPA 1720 Standard on Volunteer Fire Service Deployment7. Une décision rendue le 5 décembre 1996 par le Bureau de révision de la Commission de la santé et de la sécurité du travail a confirmé l’opportunité de rete-nir cette norme, et ce, même si elle n’est pas adoptée par règlement.

Tant pour assurer la propre sécurité du personnel d’intervention que pour garan-tir les chances de succès de l’ensemble de l’opération, rien ne devrait donc être tenté à l’intérieur d’un bâtiment en flammes avant que les quatre premiers pompiers ne soient arrivés sur les lieux. Seules quelques circons-tances particulières permettent d’enfreindre cette règle : par exemple, lorsqu’une victi-me est tombée à proximité d’une issue ou lorsque le feu est confiné en un endroit qui

7. Ces deux normes ont été approuvées par le Comité technique de NFPA le 16 mai 2001. Le texte définitif de chacune d’elles doit cependant être révisé et recevoir l’approbation du Conseil des normes de l’organisme, au mois de juillet 2001, avant de faire l’objet d’une diffusion.

8. Office of the Fire Marshall of Ontario, Fire Ground Staffing and Delivery Systems Within A Comprehensive Fire Safety Effectiveness Model, Ministère du Solliciteur général et des Services correctionnels, 1993, 49 pages.

9. Service d’inspection des assureurs incendie, Évaluation de la protection du public contre l’incendie, Groupement technique des assureurs inc., 1987.

ne représente manifestement pas un dan-ger pour les pompiers.

ii) Le nombre minimal de pompiers pour assurer une force de frappe appropriée

Quant au nombre minimal de pompiers nécessaires pour assurer une force de frappe appropriée, il peut être fixé à l’aide de la nomenclature des tâches critiques qui doivent normalement être accomplies sur les lieux d’un incendie. Inspirée du projet de norme NFPA 1710, du modèle ontarien8et du Tableau d’intervention efficacedéveloppé par le Service d’inspection des assureurs incendie (SIAI)9et reflétant les pratiques en vigueur dans les principales organisations de sécurité incendie du Canada et des États-Unis, l’annexe 1 présente, en fonction des actions nécessaires au sauvetage et à l’extinc-tion, un exemple de méthode de travail prévoyant l’effectif généralement consi-déré comme optimal pour effectuer une intervention dans un bâtiment constituant un risque faible.

Il faut noter que cet effectif a été établi en fonction d’interventions de combat contre l’incendie dans des secteurs desser-vis par un réseau d’approdesser-visionnement en eau, où il n’est pas nécessaire de procéder au transport de l’eau. Du personnel supplé-mentaire devrait normalement être prévu pour le fonctionnement de chacun des camions-citernes ou des équipements destinés, en

milieu rural, au pompage de l’eau à partir d’une autre source d’approvisionnement qu’un réseau d’aqueduc et à son achemi-nement sur les lieux de l’incendie. La norme NFPA 1142 Standard on Water Supplies for Suburban and Rural Fire Fightingpropose différentes stratégies à cet effet.

iii)Le recours à du renfort ou à du personnel de relève

La détermination du nombre d’interve-nants doit tenir compte d’un éventuel besoin de recourir à du renfort, lors d’alertes subséquentes, ou à du personnel de relève.

Étant donné les délais que cela implique, on ne doit cependant pas compter sur une deuxième alerte ou sur les ressources offer-tes par l’entraide municipale afin d’assurer le nombre de pompiers nécessaires pour déployer la force de frappe initiale.

La réquisition de ressources supplémen-taires d’un même service de sécurité incendie ou de celui d’une localité voisine exige, au préalable, la planification des modalités de redéploiement des ressources en pareil cas, de manière à continuer d’assurer une cou-verture adéquate de l’ensemble du territoire.

Il va sans dire, dans ce contexte, que le recours à l’entraide ponctuelle prévue à l’article 33 de la Loi sur la sécurité incendie ne saurait être envisagé que dans des situations excep-tionnelles, que le processus régional de planification n’aurait pu anticiper.

iv)Le nombre de pompiers nécessaires dans un service afin d’assurer en tout temps l’achemi-nement de l’effectif minimum d’intervention

L’acheminement d’un effectif minimum destiné à assurer une force de frappe appro-priée à un niveau de risque donné ne peut être obtenu que si l’on peut compter sur un bassin de pompiers disponibles et dont le temps de déplacement vers le lieu de l’incen-die sera compatible avec le temps de réponse escompté. Cela nécessite donc, pour les services composés de personnel à temps plein, le maintien d’un effectif suffisant en caserne.

Pour les services ne pouvant compter que sur des pompiers volontaires ou à temps partiel, le fait de s’en remettre à un ratio prédéterminé de personnes présumées dis-ponibles en fonction d’un effectif total peut conduire à des résultats aléatoires pour quel-ques parties du territoire ou lors de certaines périodes de l’année. Il convient plutôt d’établir des horaires tenant compte de la disponi-bilité de chacun des membres aux différents moments de la journée, de manière à s’assu-rer de pouvoir mobiliser l’effectif minimum nécessaire en tout temps et dans tous les sec-teurs géographiques concernés.

b) La préparation des intervenants

L’efficacité d’une intervention est fortement conditionnée par le niveau de préparation du per-sonnel appelé à combattre l’incendie. Ce niveau de préparation peut être mesuré en considérant

la formation reçue par les pompiers, l’entraîne-ment auquel les membres du service de sécurité incendie sont régulièrement soumis ainsi que l’exis-tence et la mise à jour, au sein de l’organisation, de plans d’intervention.

i) La formation des pompiers

Tout service d’incendie devrait avoir un programme de formation et d’entraînement adapté aux tâches que ses membres accom-plissent, sans égard à la fréquence de réalisation de celles-ci puisque les risques pour la santé ou la sécurité des pompiers demeurent sensiblement les mêmes, peu importe le contexte municipal dans lequel ceux-ci sont appelés à travailler. D’ailleurs, la Loi sur la santé et la sécurité du travail pré-voit qu’un employeur doit assurer une formation, un entraînement et une supervi-sion appropriés afin que la travailleuse ou le travailleur ait l’habileté et les connaissances nécessaires pour accomplir son travail de façon sécuritaire.

Le personnel nouvellement engagé à temps plein doit respecter les exigences du Règlement sur la formation des membres des services d’incendie. En vertu de ce règlement, un pompier exerçant son métier à temps plein doit avoir complété avec succès le programme de formation certifié par le diplôme d’études professionnelles (DEP) Intervention en sécu-rité incendie. D’autres exigences visent les techniciens en prévention, les officiers et les gestionnaires de brigades municipales lors-que ceux-ci sont engagés à temps plein.

Malgré l’absence d’exigences applicables aux pompiers volontaires ou à temps par-tiel, il est fortement recommandé que ces derniers suivent la formation offerte au Québec selon l’ordre proposé dans le tableau

3. Ayant été établi dans le même esprit que la Loi sur la santé et la sécurité du travail, soit dans la perspective de développer chez les individus des compétences particulières en lien direct avec le contexte de leur travail, les modules du programme de formation en sécurité incendie correspondent en effet à diverses catégories de tâches susceptibles d’être confiées aux pompiers dans le cadre d’interventions de combat contre l’incendie.

La formation recommandée pour les offi-ciers à temps partiel correspond quant à elle au profil Gérer l’intervention du programme Gestionnaire en sécurité incendie.

Par ailleurs, lorsqu’une municipalité demande à son service d’exercer d’autres res-ponsabilités que la lutte contre les incendies, telles que le sauvetage nautique ou la dés-incarcération sur des scènes d’accidents routiers, elle devrait s’assurer que le personnel détient la formation appropriée aux tâches qu’il exerce.

ii) L’entraînement

Le travail d’intervention en sécurité incendie requérant de la part de chaque indi-vidu la maîtrise de connaissances et d’habiletés particulières, ainsi que la réali-sation de la part du groupe de standards élevés en matière de coordination, un ser-vice municipal doit, afin de maintenir constantes ces conditions, voir à l’entraîne-ment régulier de son personnel.

La norme NFPA 1500 Norme relative à un programme de santé et de sécurité du tra-vail dans un service d’incendie établit la fréquence des séances d’entraînement. Il y est notamment mentionné, au chapitre 3, qu’un programme d’entraînement consis-tant en un exercice mensuel représente un

minimum pour le personnel d’un service de sécurité incendie susceptible d’être appelé à combattre un incendie de structure. Un nom-bre d’heures supplémentaires est toutefois recommandé lorsqu’une municipalité possède des équipements particuliers ou lorsqu’elle offre des services spécialisés. Un programme d’entraînement devrait tenir compte des risques particuliers à chaque milieu, en prévoyant notamment des exer-cices de simulation inspirés du contenu des plans d’intervention préparés pour les

bâti-ments susceptibles de présenter des difficul-tés pour les combattants contre l’incendie.

De même, dans les cas où l’on procède au brûlage de bâtiments, il y aurait avantage à ce que les séances d’entraînement s’inspi-rent des dispositions de la norme NFPA 1403 Standard on Live Fire Training Evolutions.

iii) Les plans d’intervention

Les plans d’intervention ont pour objet de planifier, pour les bâtiments représentant des risques de conflagration ou des

carac-Présence sur une scène d’intervention et assistanceaux intervenants dans des tâches de soutien

Lors d’activités extérieures en soutien à une attaque :

• Opération de véhicules d’intervention (excluant les appareils d’élévation) Lors d’une attaque à l’intérieur de tout genre de bâtiment de faible hauteur :

• Pompier formé (premier homme au feu)

• Pompier apprenti accompagné d’un pompier formé et expérimenté Intervention en présence de matières dangereuses

Lors de toute autre intervention :

• Pour un pompier accompagné d’un pompier formé et expérimenté

Tableau 3 Formation recommandée10pour les pompiers volontaires selon l’ordre dans lequel les cours devraient être suivis

1SANTÉ ET SÉCURITÉ AU

TRAVAIL (Avant l’entrée en fonction) 2NOTIONS RELATIVES À L’EXTINCTION D’INCENDIE 3APPAREILS RESPIRATOIRES AUTONOMES 4NOTIONS RELATIVES AUX BÂTIMENTS 5MATÉRIEL D’INTERVENTION 6MATÉRIEL D’INTERVENTION RELATIF À L’EAU 7TECHNIQUES DE VENTILA

TION 8PROCESSUS D’INTERVENTION

POUR UN BÂTIMENT DE F

AIBLE HAUTEUR 9INTERVENTION EN PRÉSENCE DE MATIÈRES DANGEREUSES

TÂCHES

MODULES DE FORMATION

X

X X X

X X

X X

X X

X X X X X

X X

X X X X X X X X

X

téristiques particulières sur le plan de l’intervention, les stratégies qui permettront d’éviter l’improvisation sur les lieux d’un incendie. Ils contiennent des informations sur le potentiel calorifique des bâtiments, les particularités associées à leur construc-tion, les dangers reliés aux types d’affectation ainsi que le nombre de personnes suscep-tibles de se retrouver sur les lieux selon les heures du jour ou le temps de l’année. Les plans d’intervention constituent donc une source de renseignements des plus impor-tantes pour l’officier qui effectue l’analyse de la situation lors d’un incendie. Les procé-dures de préparation d’un plan d’intervention sont décrites à la norme NFPA 1620 Pre-Incident Planning.

c) L’organisation du travail

L’organisation du travail sur le théâtre d’un incendie constitue le dernier aspect associé à l’effi-cacité du personnel d’intervention. Elle réfère à la fonction de commandement dans le contexte d’interventions de combat contre l’incendie, aux directives et aux procédures encadrant la conduite des opérations ainsi qu’aux mesures et aux conditions entourant la sécurité des pompiers.

Pour gérer efficacement une intervention, il est important de s’appuyer sur un système de com-mandement clairement défini, applicable à tous les types de situation. Cela permet d’établir une structure et une coordination de la gestion des opérations d’urgence. La norme NFPA 1561 Fire Department Incident Management System consti-tue une référence très intéressante à ce sujet.

Les services de sécurité incendie peuvent aussi utiliser le Guide des opérations à l’intention des services de sécurité incendie, produit récemment sous l’égide du ministère de la Sécurité publique.

Réalisé à partir d’un document développé au Service de prévention des incendies de Montréal, ce document est adapté à la situation de la

majo-rité des services de sécumajo-rité incendie au Québec.

Il est en quelque sorte un guide de bonnes pra-tiques, qui regroupe dans un seul produit les éléments essentiels pour préparer et planifier adéquatement les interventions d’un service d’incendie. Son utilisation devrait permettre :

• d’uniformiser les façons de faire des services d’incendie ;

• de planifier l’acheminement des ressources en fonction des caractéristiques du territoire, des bâtiments et des ressources disponibles ;

• de faciliter le partage des ressources entre les services d’incendie ;

• de connaître les risques propres à chaque intervention, les moyens de les contrôler ainsi que les tactiques à mettre en œuvre ;

• de déterminer les besoins en formation du personnel.

Le Guide des opérations à l’intention des servi-ces de sécurité incendie n’a pas pour objet de remplacer la formation des pompiers ou des ges-tionnaires des services, mais il peut certainement constituer un bon point de départ pour améliorer les connaissances du personnel. La norme NFPA 1201 Standard for Developing Fire Protection Services for the Publiccontient également d’autres éléments qui devraient servir à l’organisation des services de sécurité incendie.

En ce qui concerne la sécurité des pompiers, il faut savoir que la Loi sur la santé et la sécu-rité du travail (L.R.Q., c. S-2.1) demande à chaque employeur et aux travailleurs de recher-cher et de mettre en application des moyens pour améliorer les conditions de santé et de sécurité du travail. La loi fait également mention des outils pour y arriver. Le premier de ces outils, le pro-gramme de prévention, est obligatoire pour tous les services de sécurité incendie. Il consiste en une planification d’activités visant à éliminer ou à contrôler les dangers auxquels sont confrontés les travailleurs et à établir des moyens à cet effet.

Une municipalité peut donc, à l’aide d’un tel pro-gramme, se donner un calendrier d’acquisition de matériel et d’équipements d’intervention satis-faisant les normes de sécurité. La consultation de la norme NFPA 1500 Norme relative à un programme de santé et de sécurité du travail dans les services d’incendiepeut être profitable à cette fin.

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