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Le nouveau rôle des banques comme intermédiaires

Dans le document MEMOIRE DE FIN D ETUDES (Page 31-34)

1. Le revirement stratégique des banques vers une position d’intermédiaire a) Le rapprochement banques – investisseurs institutionnels

Sous l’effet des nouvelles normes règlementaires Bâle III présentées précédemment, nous observons auprès des banques une évolution du modèle « originate to hold » à un modèle

« originate to distribute », ce qui conduit à renforcer le phénomène de désintermédiation financière.

Toutefois, nous pensons que les banques ont un véritable rôle à jouer dans le développement du marché des Euro PP.

En effet, dans le cadre du modèle « originate to hold », les banques européennes avaient pour habitude de fournir des financements qu’elles gardaient au sein de leurs bilans jusqu’à l’échéance.

Contrairement à ce type de gestion, dans le cadre du modèle « originate to distribute », les banques ont avant tout pour objectif de prendre une part plus importante à l’origination des opérations via un rôle d’arrangeur.

Pour les banques, le rôle d’arrangeur consiste à offrir une solution globale de financement de la croissance d’une société, en se faisant accompagner de partenaires créanciers tels que les fonds d’investissement et les sociétés d’assurance, et au final, à diminuer la taille du ticket investi.

26 FFSA (Fédération Française des Sociétés d’Assurances)

27 « Allianz France diversifie avec prudence ses placements » - L’AGEFI Quotidien – Juillet 2014

Les banques préfèrent désormais « originer » plus d’émissions obligataires pour lesquelles elles perçoivent des commissions et avoir de moins en moins recours aux ressources bilancielles dans le but de satisfaire les normes de Bâle III tout en améliorant leur retour sur fonds propres.

Or, nous constatons que le développement du marché des placements privés en euros, passe nécessairement par le financement du tissu économique par les investisseurs institutionnels, qui devront jouer le rôle « d’investisseurs de long-terme » comme le mentionne Bernard Spitz.28 Dans ce cadre, les banques semblent posséder des compétences leur permettant de devenir des intermédiaires à forte valeur ajoutée. En effet, elles peuvent s’appuyer sur leur base de clientèle, leur expertise en analyse crédit, et leur capacité à originer et structurer des opérations de financement. Une certaine complémentarité parait donc être possible entre des banques positionnées de plus en plus sur un modèle « originate to distribute » et des investisseurs institutionnels développant un modèle « invest to lend ».

En ce sens, Sophie Javary (Professeur de finance à HEC) souligne que « certes, on parle de désintermédiation, mais les banques ont réellement un rôle majeur d’intermédiaire dans cette diffusion des financements auprès des investisseurs, parce que sans ce relais, les PME n’y auront pas accès. ».

b) Des partenariats inédits

Depuis 2012, dans le cadre du développement du marché des placements privés, de nombreux partenariats banques-institutionnels ont été mis en place. Nous avons déjà cité les partenariats banques-sociétés d’assurances (CA-CIB/Axa, Société Générale/Axa, BNP Paribas/Cardif, HSBC/Amundi) ou bien la création de fonds d’Euro PP au format « prêt » (Amundi, Lyxor, etc.).

Par exemple, le groupe Axa a été le principal acteur de ce type de relations, nouant des partenariats avec la Société Générale en août 2012, puis avec le Crédit Agricole en octobre 2012.

Il est également partenaire de deux banques étrangères : Commerzbank et ING. Ces partenariats illustrent la volonté de diversifier les investissements du groupe, en complétant le financement des banques à destination des PME et ETI. Concrètement, le partenariat avec la Société Générale s’est matérialisé pour la première fois par la réalisation d’un placement privée obligataire (de format prêt) pour le compte de Sonepar, tandis que celui avec le Crédit Agricole a permis l’élaboration d’un Euro PP pour le groupe Neopost.

Le principal avantage de ces partenariats pour les investisseurs institutionnels réside dans l’alignement des intérêts des deux parties. En effet, l’assureur Axa finance certes 80% du montant du placement privé, mais la banque partenaire participe tout de même au financement à hauteur de 20% du montant.

Ceci garantit donc à l’assureur une plus grande sécurité et apparait comme un gage de confiance dans les choix d’origination des dossiers de la banque partenaire, puisque celle-ci investit aussi dans la société émettrice.

Ce partenariat possède d’autres intérêts pour les investisseurs institutionnels. L’assureur n’étant pas habitué à accorder des crédits aux entreprises non notées, il bénéficie de l’expérience de la banque partenaire qui joue un rôle prépondérant dans l’élaboration du montage de l’Euro PP. De

28Président de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances

plus, il peut s’appuyer sur la banque partenaire afin d’accéder à des informations concernant les émetteurs. Guy Silvestre (Société Générale MCIB, Responsable global capital markets) a affirmé « qu’un accord de confidentialité a été établit entre Axa et SGCIB, afin que la banque partage des informations financières et historiques de l’émetteur après autorisation de celui-ci ».

Cette coopération apparait également être dans l’intérêt des banques, qui s’appuient sur le financement des investisseurs institutionnels dans leur offre aux PME et ETI.

2. L’arrivée de nouveaux concurrents aux banques

Comme il existe des partenariats entre banques et investisseurs institutionnels, d’autres partenariats ont également vu le jour chez les nouveaux concurrents des banques sur le marché obligataire des Euro PP : les courtiers.

Nous pouvons citer celui entre la société de courtage Kepler et Fédéris Gestion d’Actifs, la filiale du groupe Malakoff Médéric. Ainsi, le fonds « Fédéris Core Euro Crédit 2018 » a été créé afin de participer au financement des PME en souscrivant à leurs placements privés obligataires. En 2013, ce fonds a participé à plus de quinze Euro PP (Orpéa, Fromageries Bel, Plastic Omnium etc.). Le succès est tel que la société a créé un autre « millésime » en 2014 : le fonds « Fédéris Core Euro Crédit 2019 ». A mi-2014, ce nouveau fonds a d’ores et déjà investi dans une dizaine d’Euro PP.

D’autres courtiers se sont également lancés sur le créneau des placements privés, comme par exemple le courtier Compagnie Financière Jacques Cœur qui a très récemment participé à l’Euro Placement Privé de la société foncière SCBSM29.

Nous pouvons ainsi constater que le marché des placements privé est en plein développement et attire de nouveaux concurrents aux banques de financement et d’investissement qui jouaient jusqu’à lors le rôle de pionnières. Par exemple, la Société Générale, très active sur le marché des Euro placements privés, a constaté une perte de parts de marché entre 2012 et 2013 : selon cette dernière, sa part de marché est passé de 40% à seulement 25% en une année.

29Une émission obligataire de 23M€ en juillet 2014

III. Recherches et études empiriques

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