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1.3 La GMR-CPP

1.3.2 Le mod` ele de Valet et Fert de CPP-GMR

Le mod`ele de Valet et Fert d´ecrit le transport ´electronique dans une mul-ticouche magn´etique par une ´equation de Boltzmann qui inclut le temps de retournement de spin τsf et les potentiels chimiques d´ependant du spin µ+et µ . Les ph´enom`enes de relaxations de spin dans chaque couche sont d´ecrits par des ´equations de diffusion de l’accumulation et du courant de spin tandis que les diffusions aux interfaces et les reflexions sp´eculaires sont trait´ees en introduisant des conditions aux limites pour ces mˆeme grandeurs. Les aiman-tations des diff´erentes couches magn´etiques sont colin´eaires par hypoth`ese.

Par la suite, on consid`ere une multicouches form´ee de couches magn´etiques Fi s´epar´ees par des couches non-magn´etiques Ni travers´ee par un courant (densit´e de courant j) s’´ecoulant dans la direction x perpendi-culaire au plan des couches. Les directions des aimantations sont suppos´ees colin´eaires et align´ees (parall`element ou antiparall`element) suivant l’axe z pris comme axe de quantification. Les symboles + et - sont associ´es `a la direction absolue de la direction de spin (sz=±1/2) et ↑ et ↓ aux directions de spin majoritaire et minoritaire respectivement. On d´efinit la densit´e de courant de spin par js = −~

2(j+ − j)/e, avec j+ et j les densit´es de courant as-soci´ees respectivement aux ´electrons de spin + et – . On peut ´ecrire la densit´e d’´electrons de spin de direction σ hors-´equilibre nσ, comme nσ = n0+ δnσ, avec n0 la densit´e `a l’´equilibre. On d´efinit l’accumulation de spin comme ∆s = (~/2)(δn+− δn). Le potentiel ´electrochimique d’accumulation de spin ∆µ = (µ+ − µ) est reli´e `a l’accumulation de spin ∆s par ∆µ = 2

~ ∆s N (EF), avec N (EF) la densit´e d’´etat au niveau de Fermi pour une direction de spin. On note ρFi et ρNi les r´esistivit´es respectivement des couches Fi et Ni.

Dans le cas o`u τsf est grand devant les temps de relaxation de quantit´e de mouvement τ et τ2 et en supposant des bandes paraboliques, les ´equations de transport suivantes se d´eduisent de l’´equation de Boltzmann :

j+(−)= 1+(−) ∂µ+(−) ∂x (1.1) j++ j = j (1.2) ∂(j+− j) ∂x = eN (EF)∆µ τsf (1.3)

L’´equation (1.1) n’est autre que la loi d’Ohm g´en´eralis´ee. Les ´equations (1.2) et (1.3) traduisent respectivement la conservation de la charge 2Cette hypoth`ese est g´en´eralement v´erifi´ee. Pour la grande majorit´e des mat´eriaux utilis´es en CPP-GMR, τsf est sup´erieur `a τ↑(↓)d’au moins un facteur 102 [11,24].

et la conservation du spin, c’est-`a-dire l’´egalit´e entre la divergence du cou-rant de spin et la relaxation de spin, proportionnelle `a ∆µ/τsf. Dans le cas o`u l’aimantation est align´ee suivant les z positifs, on peut d´eduire de (1.1) et (1.2) le courant de spin js en fonction de j et ∆µ, du coefficient d’asym´etrie β et de ρF tel que ρ↑(↓)= 2ρF(1 ∓ β) : js= −~ 2e(βj + 1 2eρ F ∂∆µ ∂x ) (1.4)

Le premier terme est li´e aux r´esistivit´es diff´erentes des deux canaux de spin dans le m´etal ferromagn´etique massif (voir section 1.1). Le second terme est une nouvelle source de courant de spin li´ee au gradient d’accumulation pr`es de l’interface. Cette ´equation montre qu’il est aussi possible d’injecter, grˆace `a l’accumulation, des courants de spin dans un m´etal non magn´etique (β = 0).

Des ´equations (1.1) et (1.3), on d´eduit l’´equation de diffusion pour ∆µ : ∂2∆µ

∂x2∆µ l2

sf

= 0 (1.5)

lsf est la longueur de diffusion de spin, donn´ee ici par : lsf = λsfλm 3 1/2 (1.6) o`u λsf = vFτsf, λm = (λ1 +λ1

)−1 avec λ↑(↓) = vFτ↑(↓), vF ´etant la vitesse de Fermi.

La solution de (1.5) est ∆µ(x) = A exp (x/lsf) + B exp (−x/lsf), A et B ´etant des constantes. Les courant de spin j+ et j suivent eux aussi une loi du type exponentiel d’argument lsf, qui apparaˆıt ainsi comme la lon-gueur caract´eristique gouvernant le transport. Ces solutions calcul´ees dans chaque couche sont reli´ees par des conditions aux limites prenant en compte la diffusion aux interfaces. On introduit pour cela une r´esistance d’interface d´ependant du spin r↑(↓) `a laquelle est associ´ee un coefficient d’asym´etrie de spin γ tel que r↑(↓) = 2rb(1 − (+)γ). Elle se traduit par une discontinuit´e du potentiel chimique `a l’interface x = x0 :

µ+(−)(x = x0) − µ+(−)(x = x0+) = r+(−)[j+(−)(x = x0)/e] (1.7) Les courants d´ependants du spin sont suppos´es continus aux interfaces (la relaxation de spin aux interfaces est n´eglig´ee3) et :

3La relaxation de spin aux interfaces peut ˆetre prise en compte en ins´erant une couche artificielle d’´epaisseur t de lsf tr`es court, caract´eris´ee par le coefficient de spin memory loss interfacial δ = t/lsf [27]

j+(−)(x = x0) − j+(−)(x = x+0) = 0 (1.8) On obtient grˆace `a ces ´equations l’accumulation de spin et le courant de spin dans toute la multicouche (voir par exemple Fig. 1.3(b),(c)). On en d´eduit la r´esistance totale de la multicouche dans la configuration parall`ele et antiparall`ele en calculant la partie du potentiel chimique ind´ependante du spin aux extr´emit´es de la multicouche.

Ceci permet d’exprimer la GMR en fonction des diff´erentes r´esistivit´es (ρFiet ρNi), r´esistance d’interface (rb), coefficients d’asym´etries (β et γ), et du rapport t/lsf, t ´etant l’´epaisseur de la couche, pour les diff´erents mat´eriaux. Il faut souligner que dans la limite o`u lsf est grand devant l’´epaisseur des couches, on retrouve bien le mod`ele `a deux courants pr´esent´e dans la sec-tion 1.1.

Chapitre 2

Introduction `a l’effet de

transfert de spin

Nous introduisons dans ce chapitre le principe physique du transfert de spin (section 2.1), et d´ecrivons deux manifestations exp´erimentales impor-tantes de l’action du couple de transfert de spin sur l’aimantation (sec-tion 2.2) : le renversement hyst´er´etique de l’aimantation `a faible champ et la dynamique entretenue de l’aimantation `a fort champ. Nous concluons par les applications technologiques potentielles qui d´ecoulent de ces deux effets (section2.3).

2.1 Principe de l’effet de transfert de spin

L’effet de transfert de spin a ´et´e propos´e th´eoriquement par J. Slonc-zewski et L. Berger en 1996 [1,9]. Consid´erons deux couches ferromagn´etiques s´epar´ees par une couche non magn´etique et travers´ees par un courant s’´ecoulant perpendiculairement au plan des couches (voir figure 2.1). La premi`ere couche ferromagn´etique F1 est ´epaisse de sorte que son aimanta-tion ~M1 est insensible `a l’effet de transfert de spin et peut-ˆetre suppos´ee fixe. Elle joue le rˆole de polariseur en spin du courant. La seconde couche ferromagn´etique F2 est fine, et son aimantation ~M2 libre de bouger sous l’ac-tion du courant. Les aimantal’ac-tions des deux couches ferromagn´etiques sont suppos´ees ˆetre non-colin´eaires et on les assimile `a des macrospins (leur ai-mantation est uniforme). La direction de la polarisation en spin du courant dans le m´etal normal ne peut ˆetre parall`ele aux deux aimantations ~M1 et

~

M2 simultan´ement. Elle fait donc un angle avec l’aimantation de la couche fine ~M2 et poss`ede ainsi une composante transverse1 par rapport `a celle-ci

e

-F

1

F

2

S1 S2

NM

J>0

x

z

y

ϕ

e

-F

1

F

2

S1 SS22

NM

J>0

x

z

y

ϕ

Fig. 2.1– Sch´ema de la structure tricouche propos´ee initialement par J. Slonczewski. Les aimantations ~M1 et ~M2 ont une direction oppos´ee aux macrospins ~S1 et ~S2 cor-respondants et s’´ecrivent ~Mi= −gµB/(~Vi) ~Si, avec Vi le volume de Fi.

(en vert sur la figure 2.1). En traversant la couche F2, les ´electrons alignent leur spin avec la direction de l’aimantation locale ~M2 du fait de l’interaction d’´echange. Cette interaction conservant le spin, cela signifie que la compo-sante transverse du courant de spin a ´et´e absorb´ee et transf´er´ee `a l’aimanta-tion. Ce transfert de moment angulaire est ´equivalent `a un couple ~τ exerc´e sur l’aimantation ~M2, appel´e « couple de transfert de spin ». Ce couple de transfert de spin est ´egal au courant de spin transverse `a ~M2 absorb´e.

On peut l’exprimer en fonction de la polarisation en spin P du courant dans la couche non magn´etique, repr´esentant le spin moyen port´e par chaque ´electron du courant et de l’angle ϕ entre les deux macrospins ~S1 et ~S2associ´es respectivement aux aimantations ~M1et ~M22. Nous supposons pour simplifier que le spin des ´electrons de conduction dans la couche non magn´etique a la mˆeme direction que ~S13. Une section de surface A de F2 est travers´ee par unit´e de temps par Aj/e ´electrons, j ´etant la densit´e de courant et e la charge de l’´electron. Dans la couche non magn´etique, chaque ´electron du courant

2les directions de ~M1 et ~M2sont oppos´ees aux macrospins ~S1 et ~S2de la figure 2.1.

3Nous verrons dans les chapitres 3.1.2.2, p 40 et 5.1, p 61 qu’en r´ealit´e le spin des ´electrons dans la couche non magn´etique fait un angle ϕg(ϕ) avec ~S1 . Cependant, l’ex-pression2.1du couple de transfert de spin reste exact en incluant les corrections dues `a ϕg(ϕ) dans le facteur de polarisation du courant P (ϕ). Voir les ´equations5.2et 5.3p 61

porte en moyenne un spin P ~/2. Le courant de spin suivant ~S1 est donc (P ~/2)(Aj/e). En projetant ce courant suivant la direction ~uz transverse au macrospin ~S2, on obtient le courant de spin transverse dans la couche non magn´etique ´egal au couple de transfert de spin ~τ :

~τ = courant de spin transverse absorb´e = AP sin ϕ~ j

2 e~uz (2.1) La polarisation P d´epend `a priori de ϕ. On peut d´ej`a noter sur cette expression que le sens du couple d´epend du signe du courant.

En ´ecrivant sin ϕ ~uz = ~m2× ~m2× ~m1, avec ~m1 et ~m2 les vecteurs unitaires correspondant `a ~M1 et ~M2, on a finalement :

~τ = AP~ j

2 e m~2× ~m2× ~m1 (2.2) En multipliant ~τ par −γ00 = −gµB/~ (γ0 est la valeur absolu du rap-port gyromagn´etique et µB le magn´eton de Bohr) et en normalisant par rapport au volume de F2, V=Ad o`u d est l’´epaisseur de F2, on obtient la variation d’aimantation par unit´e de temps d ~M2

dt correspondant `a ~τ : d ~M2

dt = −PBj

2 d e m~2× ~m2× ~m1 (2.3) On peut d´ecrire l’action du couple de transfert de spin sur la dynamique de l’aimantation en ajoutant 1

Ms d ~M2

dt aux autres couples de l’´equation de Landau-Lifschitz-Gilbert (LLG) :

d ~m2

dt = −γ0m~2× ~Hef f + α ~m2× d ~m2

dt −P gµBj

2dMse m~2× ~m2× ~m1 (2.4) Les deux premiers termes de l’´equation correspondent `a l’´equation LLG classique : le premier terme est un terme de pr´ecession autour du champ magn´etique effectif ~Hef f prenant en compte le champ ext´erieur, les champs d’anisotropie, champs de couplage, etc . . . ; le second terme est un terme ph´enom´enologique d’amortissement caract´eris´e par le facteur α (de l’ordre de 0.01), tendant `a ramener l’aimantation vers sa position d’´equilibre. A ces deux couples s’ajoutent le couple de transfert de spin.

Pour comprendre comment le couple de transfert de spin agit sur l’ai-mantation, il est instructif de faire un bilan ´energ´etique du syst`eme. Pour cela, on peut ´ecrire ~Hef f en fonction de la densit´e d’´energie magn´etique E

du syst`eme, form´ee des ´energies d’anisotropie et d’interaction avec le champ ext´erieur : ~ Hef f = − 1 µ0 ∂E ∂ ~M (2.5)

En multipliant vectoriellement (2.4) par d ~m2/dt et en utilisant la rela-tion (2.5), on obtient la variation d’´energie par unit´e de temps dE/dt :

dE dt = µ0MS γ0 (−α d ~m2 dt 2 + P gµBj 2dMse d ~m2 dt . ( ~m2× ~m1) ) (2.6) En d´efinissant les longueurs adimensionn´ees  = E/(µ0M2

s), τ = t/(γ0MS)−1 et η = j /ja, avec ja = 2µ0Ms2ed/(P ~), on peut ´ecrire l’´equation (2.6) sous sa forme sans dimension :

d/dτ = −α d ~m22 + η d ~m2. ( ~m2× ~m1) (2.7) L’´equation (2.7) montre que la variation d’´energie du syst`eme est due `a deux termes : un premier terme dissipatif li´e `a l’amortissement, un second terme li´e au couple de transfert de spin. Ces couples sont non-conservatifs. Lorsqu’aucun courant n’est appliqu´e (η = 0), l’amortissement fait perdre continˆument de l’´energie au syst`eme et tend `a ramener ~m2 vers un mi-nimum d’´energie. Si le champ ext´erieur appliqu´e est statique, il empˆeche toute pr´ecession continue de ~m2. Si on applique un courant dans la structure (η 6= 0), le couple de transfert de spin peut prendre ou fournir de l’´energie au syst`eme suivant le signe du courant appliqu´e. Dans le premier cas, le couple amplifie l’effet de l’amortissement. Dans le second cas, le couple de transfert de spin s’oppose `a l’amortissement. Pour un courant suffisamment important, d/dτ devient positif et l’´etat d’´equilibre initial devient instable. Suivant la valeur du champ magn´etique appliqu´e, l’aimantation peut soit se retour-ner et atteindre un nouvel ´etat stable statique, soit se mettre `a pr´ecesser continˆument autour d’orbite d’´energie moyenne constante. Les densit´es de courant critiques permettant l’excitation de l’aimantation (retournement ou pr´ecession) pr´edites par Slonczewski sont de l’ordre de 107A/cm2.

L’influence du couple de transfert de spin sur l’aimantation apparaˆıt aussi de mani`ere directe sur l’´equation LLG (2.4) dans le cas particulier o`u ~Hef f et ~m1 sont align´es, c’est-`a-dire ~Hef f = Hef fm~1. En n´egligeant les termes d’ordre 2 en α, on peut r´e´ecrire (2.4) sous la forme :

1 γ0

d ~m2

avec un amortissement effectif ˜α = α + j ja

Ms

Hef f. Dans ce cas, le couple de transfert de spin a la mˆeme direction que le couple d’amortissement, mais s’oppose ou s’y ajoute suivant la direction du courant.

Heff

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