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Le développement numérique vecteur de développement économique

Analyse des discours politiques

Ce climat de confiance passe par le discours et la démarche participative: «Pour créer aussi de nouveaux droits aux individus et réaffirmer leur

place face aux entreprises, car sans confiance de leur part pas d’essor du numérique». Dans cette phrase, nous y percevons à la fois les

intérêts des citoyens qui sont de l’ordre de la sécurité, de la protection, de l’appropriation, à celui des intérêts politiques et des entreprises (la croissance). Le consensus est donc de maintenir les droits des individus tout en permettant un terrain propice au développement pour les acteurs économiques.

Cette phrase va aussi dans ce sens : “Pour faire de la France un champion

incontestable du numérique”, extraite du premier discours, cette phrase

assimile cette loi comme le sésame pour gagner cette course qu’est le numérique. Le terme champion n’est quant à lui, pas employé au hasard, il convient de le prendre comme la première place face à une forte concurrence que serait une compétition. Une compétition qui pourrait être comparée à la compétitivité économique.

La compétitivité est rappelée à la ligne 129 puis, le développement économique est énoncé et accolé à la donnée : “L’innovation autour de

l’utilisation des données et de la diffusion des savoirs”.

Pour le second discours et le troisième, les termes économiques se succèdent “croissance”, “investissement”, “emploi”, “opportunités”, etc, montrant l’importance que l’Etat donne au numérique au vue des valeurs

ajoutées qu’il permet. Nous pouvons rajouter que le second discours contient des métaphores et des figures de style pour amplifier cet effet de développement économique via celui du numérique : une “révolution

numérique opère, en ce moment même, une gigantesque redistribution de cartes”. Le développement numérique est définit pour l’entrepreneur

comme un remède à la crise, ou du moins une réponse pour repositionner la France sur l’échiquier politique et économique.

La troisième idée structurante et présente dans ces discours est celle d’une valeur positive du numérique et de la société numérique souhaitée. La valeur positive est illustrée dans les termes positifs tels que “transversalité”,

“transparence”. Ainsi, le numérique est évalué comme une réponse aux

enjeux sociétaux de manque de transparence de la société, mais également celle de l’encloisonnement des administrations et des autorités publiques. Le bien commun est alors souligné, en présence du terme “renouveau

démocratique” est utilisé afin de montrer leur volonté de renouer le lien

entre les citoyens et les politiques.

Enfin, dans le dernier discours, la ministre parle d’un développement d’infrastructures haut débit comme une priorité dans la politique numérique, notamment pour développer les milieux ruraux et ainsi permettre une politique publique équilibrée. Cette valeur d’équilibre et de réduction des inégalités est importante et reste très appréciée dans un pays profondément rural (historiquement et du fait de son nombre de petites communes).

Une valeur positive de la société numérique

39 Le numérique est dans ces discours caractérisé comme un fait acté, à

l’instar de la société numérique qui est souvent décrite comme naturelle. Des outils rhétoriques sont mis en œuvre afin de convaincre que le numérique est inévitable. Le premier est celui de la métaphore : dans le premier discours par exemple avec “la donnée n’est pas comme le pétrole,

elle est comme l’air, elle est comme la lumière, elle doit se diffuser”. Nous

pouvons voir que les termes utilisés sont de l’ordre de la nature, appuyant cette idée de fait acté, et d’un secteur déjà présent qu’il faut accompagner. Dans le discours 2, on évoque la dimension du numérique qui va au-delà du secteur économique, de tout secteur : “le numérique n’est plus un secteur

parmi d’autres. Il s’installe dans toutes les politiques publiques. Il est, par nature, interministériel”. Cette phrase démontre l’ampleur du numérique et

la transversalité du domaine. Enfin, la métaphore est utilisée fréquemment pour montrer le développement inévitable du numérique : “le logiciel dévore

le monde” (discours 1), ou encore “vague du numérique” (discours 2).

Pour finir, les trois discours ont fait apparaître le souhait des différents orateurs de positiver l’action et le rôle de l’Etat , de la France. De par des métaphores fortes et successives, “Les français sont des révolutionnaires,

et je dirais, des hackers dans l’âme. Peu de pays sont donc aussi bien positionnés que le nôtre pour prendre la vague numérique, pour surfer dessus.”, extrait du discours de Benoît THIEULIN.

Cette image et le sens des mots vont dans le sens de “persuader par le

sentiment d’une vraisemblance” (17).

Ensuite nous avons la figure de pensée avec des questions oratoires, toujours selon Alexandre Dorna, où il s’agit de questions-réponses :

“Le texte serait-il une contrainte de plus pesant sur les collectivités locales? Nous avons pris soin d’introduire des seuils d’application de la loi, de la progressivité dans le temps, de s’engager sur la mise en œuvre de plan d’accompagnement.” Cet outil rhétorique permet de renforcer la solidité de

la proposition de loi de république numérique.

Nous avons également des figures d’amplification et d’addition en utilisant successivement le terme “plus”. “Il n’y a pas de retard français dans le

numérique : la société française (…) parmi les plus connectées, avec les usages numériques parmi les plus développés, au monde” ou encore “dans aucun autre pays n’a été lancée une concertation à une telle échelle”.

Dans ces phrases, les orateurs amplifient les efforts fait par l’Etat et le phénomène du numérique pour la France.

Pour conclure et vous rappeler les éléments clés de cette partie, nous allons vous exposer les enjeux actuels de la donnée avant de passer à la mise en pratique de l’injonction politique autour de la donnée géographique. Cette classification des enjeux autour de la donnée découle des différentes analyses vues précédemment (historique, législative et politique).

(17) Expression relevant de la définition des figures de mots selont Alexandre Dorna, Les effets langagiers du discours politique, CEPSP, Université de Caen, p.136.

Le numérique : un fait acté et une valorisation de