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2. L’AGRICULTURE URBAINE, UN OUTIL DE RÉDUCTION DES IMPACTS DES

2.6 La contribution éducative de l’AU

2.6.1 Le concept d’éducation relative à l’environnement

savoirs-faire et aux savoirs-être dans le but d’encourager le pouvoir d’agir en tant que citoyens et individus (Orellana, 2002, p. 11). Les institutions scolaires ne sont pas les seuls médiums éducationnels existants puisque l’éducation recourt à divers contextes pour s’exprimer (Sauvé, 1997). Le tableau 2.1 propose une synthèse des trois contextes éducationnels existants.

Tableau 2.1 Les contextes d’expression de l’éducation (Sauvé, 1997)

Contexte Médium Visées

Éducation formelle Institution scolaire Les apprentissages développés

permettent l’obtention d’un diplôme.

Éducation non formelle Association, entreprise,

organisme communautaire

Les apprentissages développés correspondent aux intérêts du médium.

Éducation informelle Médias, publicité,

interactions sociales

Les apprentissages sont factuels et les retombées indirectes.

Cet essai va s’intéresser au contexte éducationnel non formel puisqu’actuellement les initiatives d’agriculture urbaine sont dirigées par des organismes communautaires ou des associations. Les apprentissages sont donc en lien avec les objectifs, les approches et les valeurs privilégiés par ce contexte. En ce qui concerne les initiatives d’AU, celles-ci priorisent davantage les apprentissages concernant le jardinage écologique, les saines habitudes alimentaires, la participation citoyenne, la vie en collectivité et le développement local.

2.6.1 Le concept d’éducation relative à l’environnement

Dès le début des années soixante-dix, les consciences s’éveillent aux impacts du développement sur l’environnement et la Conférence de Stockholm en 1972 reconnaît la protection de l’environnement comme étant un enjeu mondial. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) supportent la création du Programme international d’éducation relative à l’environnement (PIEE) qui permet la diffusion et la reconnaissance du concept d’éducation relative à l’environnement (ERE) (Sauvé, 2007). À la base, l’ERE était davantage considérée comme un « outil de prévention et de résolution » des problèmes environnementaux tels la destruction des écosystèmes et « l’épuisement des ressources

collectives » (Sauvé, 1997, p. 9). Par la suite, ce concept a fait l’objet de multiples interprétations et il a à son actif un grand nombre de définitions. L’UNESCO propose d’ailleurs la définition suivante :

« L’éducation relative à l’environnement est conçue comme un processus permanent dans lequel les individus et la collectivité prennent conscience de leur environnement et acquièrent les connaissances, les valeurs, les compétences, l’expérience et aussi la volonté qui leur permettront d’agir, individuellement et collectivement, pour résoudre les problèmes actuels et futurs de l’environnement » (UNESCO, 1987, p. 7).

Selon cette définition, l’ERE permet de transmettre des connaissances sur l’environnement tout en mettant l’emphase sur la résolution de problèmes et les actions directes. À cette étape, il semble tout indiqué de proposer certaines clarifications en ce qui concerne le concept d’environnement. En fait, il existe plusieurs conceptions de l’environnement qui peuvent être sous-jacentes à la définition de l’ERE et celles-ci sont résumées au tableau 2.2.

Tableau 2.2 Les conceptions de l’environnement (Sauvé, 1997)

Conceptions Description

Ressource • Gestion

• Développement et répartition

Communautaire • Vie démocratique et engagement

• Développement de compétences

Milieu de vie • Aménagement

• Vie quotidienne (travail, sport, maison)

Biosphère • Réflexion • Écosystèmes Problème • Résolution • Pollution et nuisance Nature • Contemplation • Milieu naturel

Par ailleurs, il est essentiel de s’interroger sur le lien qui unit l’éducation et l’environnement et trois conceptions découlent de cette relation. Premièrement, « l’éducation pour l’environnement » où les apprentissages ont des visées de résolution de problèmes. La deuxième conception est celle de « l’éducation au sujet de l’environnement » qui privilégie le développement d’apprentissages liés aux « connaissances relatives à l’environnement ». Enfin, la troisième conception considère « l’éducation dans l’environnement » où l’environnement détermine en quelque sorte les apprentissages puisqu’il est à la fois « un milieu

d’apprentissage et une ressource pédagogique » (Sauvé, 1997, p. 18). Selon ces conceptions, l’objet de l’ERE serait la relation à l’environnement où ce dernier est considéré dans un sens large, à savoir qu’il ne se limite pas à la nature « cathédrale» et à la dimension écologique de l’environnement. Les dimensions économiques, culturelles et sociales de l’environnement y sont tout autant représentées (Sauvé, 2007). D’ailleurs, Chavez soutient que l’ERE nourrit « l’action réflexive » des individus en incluant « des dimensions sociale, politique, économique, philosophique, humanitaire et même spirituelle » (Chavez, 2008, p. 1). Il est donc possible de supposer que les relations présentes entre l’environnement, les individus et leur milieu de vie influencent le potentiel éducatif d’une situation (Bouchard, 2009).

Lucie Sauvé propose une définition de l’ERE différente de celle de l’UNESCO et qui intègre davantage l’importance de la relation entre être humain et environnement.

« L’ERE est une dimension intégrante du développement des personnes et des groupes sociaux, qui concerne leurs relations à l’environnement. Au-delà de la simple transmission de connaissance, elle privilégie la construction de savoirs collectifs dans une perspective critique. Elle vise à développer des savoir-faire utiles associés à des pouvoirs-faire réels. Elle fait appel au développement d’une éthique environnementale et à l’adoption d’attitudes, de valeurs et de conduites imprégnées de cette éthique. Elle privilégie l’apprentissage coopératif dans, par et pour l’action environnementale » (Sauvé, 1997, p. 53).

Malgré un ensemble de définitions variées, des finalités similaires sont partagées : la prise de conscience, le développement de connaissances, d’attitudes et de valeurs afin d’acquérir des compétences qui permettent au sujet d’agir et de participer (Sauvé, 1997).

2.6.2 L’éducation relative à l’environnement et les adultes

L’ERE s’adresse à toutes les personnes, peu importe le groupe d’âge dont elles sont issues puisqu’il s’agit pour Goffin d’un « processus de développement de la personne au sein d’un groupe social » (Goffin, 2001, p. 17). Ainsi, les jeunes d’âge scolaire ne sont pas le seul public visé par l’ERE, les adultes sont tous autant concernés par les problèmes environnementaux. Pourtant, les programmes d’ERE destinés aux adultes sont assez rares et l’ERE des adultes est souvent perçue comme étant le transfert de connaissances environnementales (Villemagne, 2008). Cependant, cette conception de l’ERE des adultes est incomplète puisqu’elle viserait plutôt l’engagement des individus au sein de la communauté (Villemagne, 2008), c’est-à-dire envers autrui et avec autrui.