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Le clocher

Dans le document La chapelle Saint-Paul d'Arnave (Page 56-58)

L'église est dotée d'un clocher carré important par rapport à la taille de l'édifice. Ce clocher- tour est placé à l'entrée du chœur, à la verticale de l'arc doubleau (A703) et sur la voûte pour les trois autres côtés. De plan quasiment carré (2,90 m sur 2,75 m), il est percé d'un étage de baies géminées, identiques sur chacune des faces et est surmonté d'une toiture à quatre pentes (fig. 77). Il ne présente pratiquement aucune décoration : l'arc légèrement en retrait du plan du mur donne un léger relief à l'ouverture et la base carrée de la colonne est surmontée d'un tore. Les faces nord et sud sont encore largement enduites, mais laissent deviner un appareil très régulier en tuf. Les trous de boulin sont encore visibles. Les modillons qui soutiennent la corniche du toit182 sont similaires à ceux de la nef, c'est-à-dire sans caractères particuliers183. Il y a une volonté d'assurer une unité

182. On dénombre cinq modillons sur la face ouest et six sur les autres faces.

183. Cet argument est avancé par B. Tollon (op. cit., 1963, p. 94) pour estimer comme contemporaines les constructions des murs de la nef et du clocher ; l'absence de détails remarquables sur les modillons

architecturale.

Le plan en élévation (fig. 19) indique un appui du clocher sur l'arc doubleau de l'entrée du sanctuaire, le mur triomphal se trouvant en avant à l'ouest ; la fenêtre (F400) à double ébrasement traverse donc les deux murs (cf. chap. 5.1.4, p. 41, fig. 79). Le clocher n'a pas d'accès, extérieur ou intérieur ; un trou a été percé dans la voûte afin d'y passer une corde pour actionner la cloche.

Le clocher, placé sur une croisée qui n'existe pas, est peut-être révélateur d'une maîtrise du voûtement : on ose prendre des libertés avec les contraintes liées aux voûtes. Posé sur la voûte de la nef, il a forcément été construit après le voûtement. Mais les deux phases de travaux sont-elles continues ou y a-t-il eu une reprise ultérieure du chantier ? Les contreforts dans l'axe du clocher (C501 et C509) ayant, semble-t-il, été installés en concordance avec les autres contreforts et la voûte, on peut pencher pour une construction dans la suite du voûtement. La liaison entre le mur de soutènement du clocher (USC 2805) et le haut du mur des arcades au nord indique que le mur du clocher est postérieur (il est en appui). Au sud, ce mur d'angle (USC 2006), passage de la largeur du sanctuaire à celle de la nef, présente un coup de sabre, séparation entre deux types de parements (cf. chap. 5.1.1, p. 38 ; fig. 78 et 80). La partie basse de cette reprise est en moellons : il n'y a visiblement pas eu de modification du plan initial. Le parement du mur oriental est homogène sur toute la longueur au-dessus de la fenêtre. En dessous, le gabarit des pierres est plus petit sur les côtés du mur : des fissures sont visibles au nord et au sud. Le mur oriental paraît disparate à première vue, mais les couleurs différentes sont plutôt le fait d'une patine d'origine atmosphérique, car le parement est homogène. Seul le clocher est enduit. Des fissures sont présentes au droit des angles du clocher. Les modillons ne sont pas aussi réguliers et géométriques qu'ils le paraissent car au nombre de six par mur, il y en a seulement cinq à l'ouest. Ce clocher présente des ressemblances avec celui de Saint-Saturnin d'Axiat (annexe 13, fig. 2) daté du milieu du XIIe siècle. Les colonnes présentent le même ruban d'astragale, un chapiteau très simple du type béquille ; les colonnes d'Axiat n'ont pas de base. Contrairement au reste de l'édifice les trous de boulin sont nettement rectangulaires, ce qui pourrait être un indicateur de datation184. B. Tollon et M. Savès annoncent la même la date, XIIe siècle, pour celui d'Arnave, C. Aliquot indiquant une date autour du XIVe siècle185. Le trou de forme carrée visible sur le mur ouest du clocher supportait la poutre de faîte de la toiture surélevée. En regardant la position des pierres (fig. 81) il semble que ce trou a été façonné (pierre en porte-à-faux), ce qui indiquerait que le clocher est antérieur à la surélévation de

fragilise cette hypothèse.

184. N. Reveyron indique que les trous de boulin sont en général contemporains de la période gothique. (L'échafaudage…, op. cit., 1996).

la toiture.

R. Roger indique que tous les clochers-tours pour l'époque romane se situent en amont de Tarascon186. Par contre on remarquera que, hormis Saint-Saturnin d'Axiat située à 16 km d'Arnave sur la route des corniches, tous les clochers-tours sont de type campanile accolé au bâtiment187. On peut penser qu'avec une dimension réduite la chapelle initiale était dotée d'un clocher-mur188 ; s'il y avait eu un campanile, cette solution plus simple aurait certainement été conservée. La typologie des clochers-murs montre une dominante pour une position en façade occidentale. À Arnave, cette position n'est guère envisageable : il ne serait pas visible de la vallée et le portail, ainsi que la plupart des arrivées des chemins d'accès, se situe au midi. Il devait se trouver entre le sanctuaire et la nef, ce qui, comme on le voit sur la carte (fig. 82), n'est pas une position très courante en haute Ariège. D'après le plan (fig. 19) il ne pouvait se placer qu'au droit du doubleau de l'entrée du chœur (A703)189.

Dans le document La chapelle Saint-Paul d'Arnave (Page 56-58)

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