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Le choix d’une interaction basée agent conversationnel

Dans le document Guidage Gestuel pour des Robots Mobiles (Page 35-37)

2.2 Design spécifique de l’interaction

2.2.1 Le choix d’une interaction basée agent conversationnel

L’objectif principal est de proposer un modèle d’interaction qui permette à l’opérateur humain, d’utiliser un robot mobile tout en restant conscient de l’environnement qui l’entoure. On cherche donc à réduire le coût de l’interaction, c’est à dire à limiter l’usage de ressources physiques et cognitives qu’elle implique.

Pour cela, classiquement, deux grandes approches peuvent être considérées : la manipula- tion directe et les agents conversationnels (Shneiderman 1982;Shneiderman & Maes 1997). La manipulation directe est un mode d’interaction nommé et décrit par Shneiderman en 1982 (Shneiderman 1981;Shneiderman & Plaisant 1987;Javed et al. 2011). Également appelé interaction basé monde, basé action (Frohlich) ou encore interaction à la première personne (Laurel 1986), la manipulation directe est caractérisée par :

— une représentation continue des objets d’intérêt, — une action physique sur ces objets d’intérêt et

— les actions de l’utilisateur sont incrémentales (additives) et leurs effets sont immé- diatement visibles.

Comme représenté en Figure 2.5(a), avec la manipulation directe, l’utilisateur agit directement sur l’environnement et on part du principe et accepte que ce soit de manière continue.

Ainsi, pour réduire le coût de l’interaction, l’enjeu est de proposer des métaphores et shèmes qui présentent les objets et les actions de manière cohérente et immédiatement compréhensible afin de les rendre évidents et donc d’en simplifier l’usage.

Hutchins et al. (Hutchins et al. 1985;Hutchins 1987) ont indiqué que ce mode d’inter- action est particulièrement attractif. En effet, en réduisant la distance (au sens de Norman) entre l’utilisateur et la machine, l’engagement de l’utilisateur et la satisfaction de pouvoir agir directement sont augmentés. Il en résulte un sentiment de maîtrise du système.

(a)

(b)

FIGURE 2.5 – Deux modes classiques d’interaction : (a) la manipulation directe crée un sentiment d’engagement et de contrôle et, (b) les agents conversationnels libèrent l’utilisateur en partie en prenant à leur charge la réalisation de certaines actions .

2.2. Design spécifique de l’interaction 33

Toutefois certains auteurs (Frohlich & Luff 1990;Claassen et al. 1990) indiquent que la manipulation directe est particulièrement impactée par les phénomènes de latence perçue ; que ce mode s’applique difficilement aux objets invisibles, métaphoriques, aux groupes d’objets ou lorsque les actions n’ont pas un effet immédiat ; et que ce mode d’interaction est également peu adapté aux actions longues, répétitives et ne permet pas une planification ou une parallélisation des tâches.

Les agents conversationnels (Franklin & Graesser 1996) sont le second mode d’interac- tion. Également appelé mode langage (Frohlich & Luff 1990) ou interaction à la seconde personne (Laurel 1986), il s’agit de libérer l’utilisateur de tout ou partie de sa charge de travail par une délégation de celle-ci à un intermédiaire virtuel. Cet intermédiaire est appelé agent et est défini comme étant une entité virtuelle qui peut agir à la place de l’utilisateur et en son nom (Franklin & Graesser 1996).

Comme représenté en Figure2.5(b), ce second mode d’interaction repose sur l’établisse- ment d’un dialogue entre l’utilisateur et l’agent. Ce dialogue est réalisé grâce à un langage qui peut éventuellement être naturel. Les supports de ce langage peuvent être multiples : écrit, oral, gestuel. L’utilisateur écrit dans ce qui doit être fait ; la machine le réalise puis, informe du résultat.

Différents types d’agents peuvent être définis. Par exemple une distinction est faite entre les agents cognitifs et les agents réactifs (Coutaz et al. 1996; Demazeau & Müller 1991). Les agents cognitifs cherchent à atteindre un but. Ils sont capables d’analyser un ensemble de données et de raisonner dessus pour prendre des décisions. Les agents réactifs, quant à eux, ont une capacité de raisonnement limitée. Ils n’ont pas de but précis mais suivent un comportement prédéfini par des règles explicitement implémentées lors du développement. Ces deux grands modes d’interaction ont fait l’objet de nombreux débats à la fin des années 1990 (Shneiderman & Maes 1997). Finalement, il est apparu que chacun présente des spécificités complémentaires qui peuvent être utiles à des applications différentes. Aussi, dans le cadre des robots mobiles, ces deux modes d’interaction semblent chacun convenir à un type de pilotage : la manipulation directe est particulièrement pertinente pour la téléopération et les agents conversationnels sont adaptés à la supervision.

Alors, de ces deux modes, lequel utiliser ? De manière simpliste, la manipulation directe et les agents conversationnels sont deux modes d’interaction qui influencent le coût d’une interface. Cependant, comme présenté en Figure2.6, chacun le fait de manière différente : la manipulation cherche à réduire la charge imposée par l’interface à chaque instant alors que les agents permettent de réduire le temps total de l’interaction.

Quel serait l’impact de l’usage de ces deux modes en environnement hostile ? Le choix de la manipulation directe conduit à charger et immobiliser un opérateur, certes moins mais pendant toute la durée du déplacement du drone. Tactiquement, cela impose à l’opérateur de tomber à l’arrêt ce qui requiert une préparation et une protection de l’ensemble de son équipe. Le choix de l’agent conversationnel, quant à lui, rend la commande rapide et peu fréquente. Bien qu’en théorie, une communication constitue un élément de distraction, si la durée est suffisamment courte, il n’est pas alors nécessaire d’immobiliser toute l’équipe.

Le mode d’interaction basé agent conversationnel semble donc le mieux adapté. En effet, l’utilisation d’un plan de navigation (supervision) par l’intermédiaire d’un simple

(a) (b)

FIGURE2.6 – La manipulation directe et les agents conversationnels influencent de manière différente le coût de l’interaction :(a)la manipulation permet une réduction de la charge à chaque instant alors que(b)les agents cherchent à réduire la durée de l’interaction.

dialogue, permet une interaction moins coûteuse pour l’opérateur au cours de la mission, et une progression plus fluide de toute l’équipe sur le champs de bataille.

L’opérateur peut donner des consignes de manière réactive et retourner rapidement à sa mission première. De cette manière, le robot mobile peut ne plus être un outil contrai- gnant mais devenir un coéquipier partiellement autonome supervisé par un, voir plusieurs opérateurs.

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