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LE CAS PARTICULIER DES MUTUELLES D’ENTRAIDE

Deux agriculteurs, fondateurs d’une mutuelle d’entraide dans une commune de l’Ouest de la France, Jean Perroteau et André Bossé, racontent l’histoire et la vie de leur associa- tion.

Une mutuelle d’entraide, c’est quoi ?

Ce sont des agriculteurs en activité qui acceptent de donner un coup de main pour réaliser les gros travaux chez un agriculteur malade ou accidenté.

Comment vous en est venue l’idée ?

En discutant avec des voisins sur l’avenir de l’agriculture, et en constatant qu’il y avait de moins en moins de travailleurs actifs dans les exploitations, souvent un homme seul avec sa femme. On savait qu’il existait une mutuelle d’entraide dans une commune voisine. On est allés les voir et on a ramené les statuts.

Nous avons invité les 150 agriculteurs de la commune en assemblée générale, un beau jour de 1965, pour les informer et présenter notre idée. 90 ont adhéré en mettant leur nom sur un cahier et en versant une modique cotisation de 1 franc. C’était un engagement moral.

Nous avons formé un conseil d’administration avec un délégué par quartier de commune comprenant 5 ou 6 adhé- rents. Ensuite les administrateurs ont élu un bureau composé d’un président, d’un secré- taire, etc.

Comment fonctionnez-vous ?

Le décret du 4 octobre 1966 Art.1

Les actions collectives de développement agricole ont pour objet […] :

* d’associer les agriculteurs à la Recherche agricole appli- quée ;

* de diffuser parmi les agriculteurs les connaissances néces- saires à l’amélioration des techniques de la production agricole, des conditions de gestion des entreprises et groupements agri- coles et structures économiques de production et de vente1,

ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs et de leur famille.

* de faire prendre conscience aux agriculteurs et à leurs orga- nisations professionnelles des problèmes techniques, écono- miques et sociaux dont la solution intéresse l’avenir de leur région.

Elles font l’objet de programmes nationaux, départementaux et, s’il y a lieu, régionaux. Ces programmes sont pluriannuels. Art.2

À l’échelon départemental, les actions de développement agri- cole sont réalisées de façon concertée, avec le concours des administrations et, éventuellement, des collectivités locales, par des établissements publics à vocation agricole2 et par […]

des groupements professionnels agricoles librement constitués3. Les uns et les autres s’assurent, pour cette réali-

sation, les services de conseillers agricoles.

Peuvent seuls bénéficier de l’aide financière de l’Association nationale pour le développement agricole, par le moyen d’un Fonds national de développement agricole, les organismes men- tionnés à l’alinéa précédent […]

Art.3

Le personnel des établissements publics […] et des groupe- ments […] travaille sous l’autorité directe de l’établissement ou des groupements qui utilisent ses services. […] Une conven- tion type précise les conditions de mise à disposition […].

Lorsqu’un agriculteur est malade et qu’il ne peut faire son travail, le délégué de quartier organise le remplacement à partir du troisième jour de la maladie ; si c’est un accident ou un décès, le remplacement démarre tout de suite. Le délégué note sur un cahier le nom des agriculteurs qui assurent le remplacement.

Les agriculteurs membres de la mutuelle fournissent à tour de rôle une demi-journée de travail chacun pour les soins aux animaux et les travaux des champs. La plupart font le travail avec leur tracteur. Si la maladie ou l’accident sont graves, le délégué de quartier informe le président qui réunit le conseil d’administration ou convoque l’assemblée générale afin d’organiser le remplacement par les agriculteurs des autres quartiers de la commune. En vingt ans, il n’y a eu que quatre à cinq cas graves.

Les accidents et les maladies des femmes sont-ils couverts par la mutuelle ?

Oui, le service s’est mis en place dans les années 1975, dix ans après la fondation de la mutuelle. Le mari assure les tra- vaux que faisait sa femme tandis que ses voisins le rempla- cent sur l’exploitation. Ainsi la ferme continue à tourner et le moral du couple est meilleur.

Si l’agriculteur en arrêt de travail possède un atelier ou une culture spécialisés — arboriculture, vigne, porcherie ou pou- lailler — qui prend le relais ?

Dans ce cas — et ça s’est présenté — la mutuelle fait appel à quelqu’un de compétent pour le remplacer. Entre agriculteurs, dans une commune, on trouve toujours une solution aux problèmes concernant le travail. Par exemple, si l’agriculteur est en arrêt de travail pendant la période d’ensi- lage, on demande à ceux qui font de l’ensilage dans la com- mune de venir et non aux voisins qui n’en ont jamais fait.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

Honnêtement, oui. Certains ne veulent pas aller travailler chez un voisin qui a la réputation d’être « profiteur » et sou-

vent malade ; d’autres refusent de remplir leur demi-journée sans raison valable. Ces derniers sont éliminés de la mutuelle. Notre principe, c’est la solidarité entre voisins afin que l’exploitation agricole de quelqu’un qui est malade, accidenté ou décédé ne soit pas pénalisée.

Un agriculteur nous a dit : « La mutuelle m’a sauvé. » Aujourd’hui, avec les exploitations plus importantes où des agriculteurs sont associés, le remplacement ne se pose plus avec la même acuité qu’autrefois, quand les exploitations étaient petites ou moyennes et conduites par une seule famille.

DE LA VULGARISATION