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Le cabinet Pictet aujourd’hu

5. LES INSTRUMENTS DU CABINET PICTET

5.1.2 Le cabinet Pictet aujourd’hu

Les instruments du Cabinet Pictet qui sont conservés aujourd’hui au Musée d’his- toire des sciences couvrent des domaines de la physique assez proches de ceux traités dans le Syllabus. La géodésie, le calorique, la vapeur et l’électricité sont for- tement représentés. Suivent l’optique, la météorologie, la mécanique, le magné- tisme et la pneumatique.

Un examen détaillé de ces instruments débouche sur un premier constat : le cabi- net Pictet n’est pas une collection de prestige comme en possédaient certains rois et princes des 17e et 18e siècles. Bon nombre de ces instruments ont servi à Pictet

dans ses études et travaux scientifiques dans le domaine de l’arpentage (règles, compas, rapporteurs, théodolites), du calorique (pyromètres, thermomètres), de la météorologie (baromètres, hygromètres, magnétomètres) et du magnétisme (boussole de déclinaison). Au sein de la collection Pictet se trouvent cependant quelques pièces très intéressantes. On pense notamment au lot d’instruments de démonstration (appareil de Pascal, pompe à feu, modèle de machine à pom- per l’eau des mines, hémisphères de Magdebourg et pistolet de Volta) issus des ateliers du célèbre constructeur parisien Jean-Antoine Nollet (1700-1770). Pictet a probablement hérité de ces instruments par l’intermédiaire de Jean Jalabert (1712- 1768), professeur de physique expérimentale à l’Académie entre 1737 et 1744, qui était très proche de Nollet. Mentionnons également les deux télescopes grégo- rien et newtonien provenant de la collection Chapeaurouge qui ont enrichi la col- lection Pictet en 1819.

Pictet lui-même n’hésitait pas à acquérir de beaux objets pour ces démonstra- tions, comme la très belle balance hydrostatique fabriquée à Paris par les frères Dumotiez ou encore la maquette de machine à vapeur de Watt construite par John Newman, un des constructeurs préférés de Pictet.

Un mot encore sur les constructeurs. En observant les signatures, on note une nette préominance d’instruments anglais issus des ateliers londoniens (Adams, Newman, Jones, Troughton, etc.). A cette époque, Londres était réputée pour la qualité de ses instruments scientifiques. Des savants de toute l’Europe y venaient pour équiper leur cabinet. Pictet possédait aussi des instruments construits à Paris, notamment par les frères Dumotiez (héliostat, pompe de compression, balance hydrostatique, hygromètre à cheveu, électromètre). Enfin, Pictet avait aussi ses constructeurs locaux attitrés comme Nicolas Paul (aéromètres, thermo- mètres) et les frères Schenk à Berne (pompe pneumatique, rhéomètre).

5.1.3 La méthode

Reconstituer un cabinet de physique qui n’avait plus été rassemblé depuis 1824, telle était la gageure de l’exposition Le théâtre des expériences qui se tient actuel- lement au Musée d’histoire des sciences. La plupart de ces instruments avaient été transférés de l’Institut de physique au Musée d’histoire des sciences lors de sa création en 1962. Ils se trouvaient donc dans les collections du Musée sans que leur origine soit clairement établie.

Pour mener à bien ce projet, l’équipe scientifique du Musée a pu s’appuyer sur un premier recensement des instruments Pictet établi en 1990. Il avait été établi par la conservatrice et son assistante de l’époque à l’occasion d’une exposition

consacrée aux cabinets de physique des membres fondateurs de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève (SPHN) qui s’était tenue au Muséum à l’occasion du bicentenaire de cette société. Quatre-vingts objets conservés au Musée d’histoire des sciences avaient pu être identifiés comme ayant appartenu au Cabinet Pictet.

Parmi les autres ressources utilisées pour tenter de retrouver la trace d’autres ins- truments du cabinet Pictet figurent plusieurs documents précieux conservés à la Bibliothèque du Musée. Rédigé en 1819 et 1824 par Marc-Auguste Pictet lui-même, le Syllabus des cours de physique expérimentale est un véritable traité pratique à l’usage des auditeurs et des professeurs qui non seulement décrit sommairement le contenu de toutes les leçons du cours public de physique expérimentale, mais présente aussi tous les instruments utilisés pour illustrer telle expérience ou tel phénomène physique.

Plusieurs anciens inventaires ont également été consultés. Le premier, qui date de 1802, décrit sur quelques feuillets tous les instruments du cabinet Pictet qui ont été revendus à ce dernier par la Société Economique de Genève, suite au projet avorté de créer un Muséum dans l’Hôtel du Résident de France (occupé aujourd’hui encore par la Société de lecture) à la Grande Rue. Autre document très intéressant consulté : le catalogue d’entrée des instruments dans les cabinets de mécanique et de physique du Musée académique entre 1820 et 1887. Organisé en deux volumes, ce catalogue liste les instruments par thème (géodésie, méca- nique, hydrostatique, acoustique, optique, électricité, etc.), par année d’entrée à l’inventaire du Musée académique, et précise d’où ils proviennent et qui les a donnés ou vendus.

Deux autres inventaires se sont aussi révélés fort utiles : le répertoire des ins- truments de l’Institut de physique établi en 1887 et une liste datée de 1962 qui recense tout le matériel remis à Marc Cramer, le premier conservateur du Musée d’histoire des sciences, par l’Institut de physique « en vue de la constitution du Musée d’histoire des sciences ». Enfin, la lecture de la correspondance scienti- fique et technique de Pictet a aussi apporté de nombreux détails sur les acquisi- tions de certains de ses instruments.

Avec l’aide de tous ces documents, en comparant les anciens et les nouveaux numéros d’inventaire, le travail a consisté à déterminer et à retrouver de nou- veaux instruments « Pictet » parmi les collections du Musée, mais aussi à l’Ins- titut de physique. Une arbalète ainsi qu’une imposante lentille en verre creuse décrites dans les Syllabus ont ainsi été retrouvées dans les armoires à côté du grand auditoire de l’Institut de physique.

Ce travail d’investigation s’est révélé fructueux puisqu’il a permis d’identifier une cinquantaine d’instruments supplémentaires ayant autrefois appartenu à Pictet. Le cabinet Pictet conservé au Musée est ainsi passé de 80 à 136 instruments !

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