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La langue en milieu de travail

Chapitre 3 : Évolution du vieillissement de la population selon les groupes linguistiques,

3.1 L’âge moyen selon les indicateurs linguistiques et les régions en 1971 et 2006

3.1.3 La langue en milieu de travail

Dans cette dernière section, nous nous pencherons sur le vieillissement de la population dans la sphère publique grâce à l’âge moyen en milieu de travail. Bien qu’il existe d’autres indicateurs linguistiques caractérisant le domaine public, nous avons choisi de nous concentrer principalement sur la langue utilisée en milieu de travail.

En effet, la langue de travail est l’indicateur linguistique public le mieux documenté, et celui pour lequel Statistique Canada collecte de nombreuses données.

La question linguistique concernant la langue de travail étant apparue pour la première fois au recensement canadien de 2001 et à la vue des faibles différences existantes entre les recensements de 2001 et de 2006, l’âge moyen sera calculé seulement pour l’année 2006.

Le tableau 3.1.3 (page 48) nous présente la valeur de l’âge moyen pour l’année 2006, pour chacune des régions et pour chaque langue de travail. Contrairement à la langue maternelle et à la langue d’usage, nous avons, pour la langue de travail, obtenu l’âge moyen seulement pour trois régions que sont la région métropolitaine de Montréal, le reste du Québec et l’ensemble du Québec. Des données séparées pour l’Île de Montréal et pour le reste de la région métropolitaine de Montréal n’étant pas disponibles par groupe d’âge, nous n’avons pas pu calculer l’âge moyen des travailleurs de l’Île et du reste de la RMR.

Tableau 3.1. 3 : Âge moyen de la population, par langue de travail et région, 2006 RMR Montréal Reste Québec Ensemble Québec

Source : Statistique Canada, recensement de 2006 et calculs de l’auteur.

Pour la langue de travail, nous n’avons pas réparti les déclarations multiples. En effet, il est difficile de croire que lorsqu’un travailleur déclare avoir utilisé « principalement » deux (voire trois !) langues à son lieu de travail, il a dans les faits utilisé à parts égales chacune des langues déclarées. Par exemple, lorsqu’une langue tierce est déclarée avec une des deux langues officielles, il est fort probable que cette langue tierce ait été moins utilisée que les langues officielles, mais on ne peut prétendre que cela est vrai dans tous les cas. Ces déclarations multiples doivent donc être considérées comme des catégories à part entière.

Anglais Français Tierce 40 ,3 40,2 43,6 41,4 40,7 37,7 40,5 40,5 41,2 Anglais et français Anglais et tierce Français et tierce Anglais, français et tierce Total 39,2 43,6 45,1 41,6 40,2 40,5 39,2 42,2 38,9 40,7 39,5 42,8 44,4 41,4 40,5

En 2006, l’âge moyen des travailleurs de l’ensemble du Québec était de 40,5 ans. La région métropolitaine était la région qui avait l’âge moyen le plus faible soit 40,2 ans et le reste du Québec était la région où les travailleurs sont les plus vieux, avec un âge moyen équivalent à 40,7 ans. Les écarts sont donc minimes. Nous observons également que les travailleurs utilisant principalement l’anglais en milieu de travail ont un âge moyen plus élevé ou égal à celui de ceux utilisant le français, et ce quelle que soit la région considérée. Les différences régionales pour une même langue de travail sont assez faibles, sauf dans le cas des rares travailleurs utilisant uniquement une langue tierce en milieu de travail. L’âge moyen de ces travailleurs est de 43,6 ans dans la région métropolitaine de Montréal et de 37,7 ans dans le reste du Québec. Le très faible âge moyen pour les travailleurs de cette dernière région est sans doute lié à la présence des populations autochtones dans cette région. Ces populations sont plus jeunes que partout ailleurs au Québec et elles ont, par conséquent, de plus jeunes travailleurs. Les jeunes autochtones de cette région sont aussi moins diplômés (avec un parcours scolaire plus court, par exemple) ; ils entrent donc à un âge plus jeune sur le marché du travail et obtiennent leur premier emploi à un plus jeune âge. Au sein de la région métropolitaine de Montréal, la situation est différente. Les travailleurs utilisant une langue tierce en milieu de travail (soit en tant que langue principale, soit en tant que langue parlée en plus du français et/ou de l’anglais), sont les travailleurs qui ont les âges moyens les plus élevés. Les travailleurs utilisant une langue tierce en milieu du travail sont en moyenne plus vieux que ceux du reste du Québec.

Enfin, il existe des différences entre les différentes langues de travail au sein d’une même région. C’est le cas de la région métropolitaine de Montréal où les travailleurs ayant déclaré le français et l’anglais, tous les deux comme langues principales de travail, ont l’âge moyen le plus faible, soit 39,2 ans, alors que les travailleurs utilisant le français et une langue tierce ont l’âge moyen le plus élevé, soit 45,1 ans. Dans le contexte montréalais, il est avantageux, voire parfois très fortement recommandé, d’être capable de travailler en français et anglais, surtout sur l’Île de Montréal. La mondialisation des échanges, le commerce national (pancanadien) et

international et la société cosmopolite de Montréal incitent les jeunes travailleurs à maîtriser les deux langues officielles.

Même si l’âge moyen est un des principaux indicateurs de la structure par âge d’une population, permettant ainsi d’évaluer le vieillissement de cette dernière, il n’en demeure pas moins le seul. Le rapport de dépendance est un deuxième indicateur tout aussi important dans la compréhension de la structure par âge d’une population.

3.2 Le rapport de dépendance selon les indicateurs linguistiques et