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La figure 1 illustre les lacs de montagne retenus pour la réalisation de ce travail. Elle montre que les lacs de montagne sélectionnés sont relativement bien répartis entre le Bas-Valais, le Valais central et le Haut-Valais. La plaine valaisanne ne comprend aucun numéro puisque cette étude porte sur les lacs de montagne. À la suite de la figure 1, un tableau (tableau 1) présente la liste des lacs et leurs caractéristiques. Une analyse de ces dernières est ensuite proposée.

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Figure 1: Les lacs de montagne valaisans

Source : Figure de l’auteure adaptée du site officiel du Canton du Valais (2013) et de Google Map

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Tableau 1: Liste des lacs de montagne valaisans

Nom du lac Commune Altitude

(mètres)

Superficie

(hectares) Type

1. Bettmersee Betten 2'006 5,5 Artificiel

2. Bortelseewji Ried bei Brig 2'450 9,8 Naturel

3. Daubensee (Gemmi) Loèche-les-Bains 2'206 52 Naturel

4. Correspond au nom du Lieu-dit, Fêta d’Août de Châteaupré

Grimentz 2'349 8,1 Naturel

5. Geisspfadsee Binn 2'423 11,4 Naturel

6. Correspond au nom du Lieu-dit, Godey

Conthey 1'401 5,7 Artificiel

7. Griessee Ulrichen 2'386 59,2 Artificiel (barrage)

8. Illsee Loèche 2'360 20,6 Artificiel

9. Lac d’Émosson Finhaut et Salvan 1'930 322 Artificiel (barrage)

10. Lac de Champex Orsières 1'466 11,1 Naturel

11. Lac de Cleuson Nendaz 2'186 48,3 Artificiel (barrage)

12. Lacs de Fenêtre La Fouly 2'456 7,3 Complexe naturel

de 3 lacs

13. Lac de Lona Grimentz 2'640 6,2 Naturel

14. Lac de Louvie Bagnes 2'213 10,8 Artificiel

15. Lac de Mauvoisin Bagnes 1'961 206 Artificiel (barrage)

16. Lac de Moiry Grimentz 2'250 131 Artificiel (barrage)

17. Lac de Salanfe Évionnaz 1'925 184,3 Artificiel (barrage)

18. Lac de Sénin Savièse 2'034 28 Artificiel

19. Lac de Taney Vouvry 1'408 17,5 Naturel

20. Lac de Tseuzier Ayent et Icogne 1'777 83,9 Artificiel (barrage)

21. Lac des Audannes Ayent 2'453 8,2 Naturel

22. Lac des Dix Hérémence 2'365 400 Artificiel (barrage)

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24. Lac des Vaux Riddes 2'543 13,2 Naturel

25. Lac du Grand Désert Nendaz 2'642 5,7 Naturel

26. Lac du Vieux Émosson Finhaut 2'205 56 Artificiel (barrage)

27. Lac Moubra Montana 1'424 5 Artificiel

28. Lac Supérieur de Fully Fully 2'135 20,1 Artificiel

29. Lac Vert Val d’Illiez 1'972 25 Naturel

30. Lämmerensee Loèche-les-Bains 2'265 6,7 Artificiel

31. Correspond au nom du

Lieu-dit, Obere Teodulgletscher

Zermatt 2'828 9,9 Complexe naturel de 14 lacs

32. Correspond au nom du

Lieu-dit, Obdem See

Zermatt 2'595 6,6 Complexe naturel de 6 lacs

33. Sirwoltesee Simplon 2'420 7,8 Complexe naturel

de 4 lacs

34. Stausee Mattmark Saas Almagell 2'197 174 Artificiel (barrage)

35. Stausee-Gibidum Mund et Naters 1'436 18,1 Artificiel

36. Tschawinersee Zwischbergen 2'174 6,2 Naturel

37. Totensee Oberwald 2'160 20 Artificiel (lac de

retenue) 38. Correspond au nom du Lieu-dit, Turtmann Gletscher Oberems 2'174 11,3 Artificiel comprend 2 plans d’eau 39. Correspond au nom du Lieu-dit, Zmuttgletscher Zermatt 2'238 8,6 Naturel

Source : Tableau de l’auteure provenant de sources multiples a. Zufferey (1995)

b. Henri (2001, pp. 22-84)

c. Valais/Wallis Promotion (2013a)

Les résultats du recensement sont à prendre avec précaution puisque les plans d’eau ont été sélectionnés selon des critères spécifiques qui sont susceptibles, comme c’est le cas notamment pour la superficie, de varier avec le temps. Il est également important de relever que ce tableau n’est pas exhaustif puisque les plans d’eau de trop petite superficie et d’altitude trop basse n’ont pas été retenus.

19 De plus, il faut compter qu’avec le réchauffement climatique les glaciers fondent, et par conséquent, engendrent la création de nombreux nouveaux lacs de montagne. Comme l’indique le WWF (2013), depuis le début du recul des glaciers en 1850, près d’une centaine d’entre eux ont disparu des Alpes suisses. Cette région est écologiquement sensible et les conséquences du réchauffement climatique y sont très prononcées. Ce phénomène s’accroît davantage et les glaciers reculent de plus en plus. Un article publié dans le journal Le

Nouvelliste évoque la création de 500 à 600 nouveaux lacs en Suisse d’ici la fin du siècle

(2012). Ces futurs lacs naturels peuvent constituer un nouvel attrait touristique pour la région en question, mais également un nouvel enjeu économique. Les dangers naturels doivent également être pris en compte pour exploiter au mieux ces ressources naturelles. Le glacier de Trift, dans le canton de Berne, est l’exemple le plus impressionnant. Avec le réchauffement climatique, ce glacier a perdu près de 216 mètres entre 2004 et 2005 (Département fédéral des affaires étrangères, 2013). Il y a près de dix ans, la langue glaciaire a disparu et a laissé place au fameux lac de Trift. Étant d’abord perçu comme obstacle pour rejoindre la cabane de Trift, le lac glaciaire est ensuite devenu une attraction touristique grâce à sa passerelle suspendue. Construite en 2005, elle a été remplacée en 2009 par un pont plus sûr et simple d’accès (Suisse Tourisme, 2013b). La figure 2 illustre cette construction de type népalais. À la vue du succès engendré par ce pont, un ancien funiculaire de chantier a été remis en service afin de véhiculer les touristes jusqu’à la passerelle. Les chercheurs des Universités de Berne, Zürich et de l’EPFL se penchent actuellement sur la modification de ces paysages. Leur but étant de les exploiter de manière intelligente et durable. La construction d’un barrage serait intéressante en termes de production d’hydroélectricité et d’attrait touristique (visite du barrage, spectacle de lumières, etc.). Toutefois, pour les amateurs de nature, la construction d’un barrage pourrait diminuer l’attractivité du lieu de par son imposante structure en béton (Le Temps, 2012). Quoi qu’il en soit, il est avant tout nécessaire de prendre en compte les dangers auxquels sont exposées les populations des vallées en aval. En effet, les lacs retenus par la moraine d’un glacier sont des barrages naturels qui peuvent céder à tout moment. De plus, que le lac soit naturel ou artificiel, les parois rocheuses autrefois retenues par la glace sont susceptibles de s’effondrer dans le lac. Ces éboulements engendreraient un tsunami. Dans ces deux cas de figure, les habitations des vallées en aval sont en danger et pourraient être inondées en cas de débordements (Le Temps, 2012). Il est donc essentiel que les chercheurs se préoccupent de

20 la transformation des paysages alpins et qu’ils trouvent une solution adéquate pour ce nouveau phénomène.

Figure 2: Le pont du Trift, canton de Berne

Source : (Suisse Tourisme, 2013b)

Le tableau 1 présente les lacs de montagne valaisans sélectionnés selon les critères d’altitude et de superficie, comme expliqué au préalable. Il est possible d’en distinguer deux catégories; les lacs naturels et les lacs artificiels. Les lacs naturels ont été créés, comme leur nom l’indique, naturellement à savoir par un éboulement rocheux ou encore par la fonte de glaciers. Le plus grand lac naturel de l’inventaire est le Daubensee (Loèche-les-Bains) avec une superficie de 52 hectares. Il faut relever que 50% de l’effectif des plans d’eau valaisans est considéré comme étant naturel. Ils occupent cependant seulement 14% de la superficie totale, car ils sont de petite taille, soit moins de 3 hectares (Zufferey, 1995, p. 15). Les lacs artificiels ont quant à eux été créés par l’homme. Il s’agit généralement de barrages ou de réservoirs. Le plus grand de la liste des lacs établie dans le tableau 1 est le lac des Dix avec une superficie de 400 hectares. Ces barrages se situent généralement en moyenne altitude, au fond d’une vallée. Bien qu’il y ait deux catégories distinctes pour classifier les lacs (naturels et artificiels), certains d’entre eux sont difficiles à différencier. Par exemple, les lacs Moubra et Grenon à Montana sont artificiels mais semblent être naturels puisqu’ils n’ont pas de construction en béton apparente comme c’est bien souvent le cas des lacs artificiels.

21 Grâce à une analyse du tableau 1, il est possible d’affirmer qu’en haute altitude, se concentrent les plans d’eau de petite taille. En effet, ils n’ont qu’un nombre restreint de sources les alimentant. 20% des plans d’eau sont inaccessibles en voiture et sont donc restés dans un état naturel comme, par exemple, les lacs de Fenêtre. Aussi, le paysage lacustre offre une certaine tranquillité au vu du nombre réduit de visiteurs les fréquentant. Les lacs situés proche des stations touristiques (~1'500 mètres) ont une superficie plus importante du fait de leurs diverses sources d’alimentation (torrents, glaciers, nappe phréatique, réseau d’irrigation, etc.). De plus, en se trouvant près d’une zone urbanisée, il est possible d’accéder aux lacs avec un véhicule ce qui augmente la fréquentation des visiteurs à leurs abords (Zufferey, 1995, pp. 8 et 15).

Les activités de loisirs pratiquées autour des lacs de montagne sont totalement dépendantes des saisons. En hiver, les lacs d’altitude sont gelés et il est possible, comme par exemple au lac de Champex, d’y pratiquer du ski de fond et du patin à glace. Pour pêcher et se baigner dans le lac, il faut en revanche attendre la belle saison, soit le printemps voire même à certains endroits, l’été, afin que la glace ait totalement fondu. C’est le cas, par exemple, pour le lac de la Forcla au-dessus de Chamoson.

Certains lacs font l’objet d’une protection particulière. Il existe en effet différentes associations qui ont pour objectif de sauvegarder la nature. Pro Natura Valais, notamment, a pour mission de protéger les habitats des animaux et des végétaux. En Valais, ce sont plus de 40 sites que l’association gère avec l’aide du Canton et de la Confédération. Dans la plupart des cas, Pro Natura est propriétaire du terrain ou y est liée par contrat comme pour la réserve naturelle de Taney (Pro Natura Valais, 2013) (Henri, 2001, p. 31). Vuadens explique qu’un contrat de zone de protection a été signé en 1965 en collaboration avec Pro Natura, Patrimoine Suisse et le Club Alpin suisse et ce pour une durée de 50 ans (président de la Commission de Taney, communication personnelle, 19.09.2013). Les discussions pour reconduire cet engagement auront lieu en 2014. Grâce à cette protection, le site est resté, au fil des années, naturel et intact. Des projets de construction inappropriés n’ont pas vu le jour et la circulation est limitée sur le site. Comme expliqué par le président de la Commission de Taney, les véhicules 4X4 démultipliés peuvent emprunter la route de Taney mais doivent ensuite être garés au parking avant le col (Vuadens, C., CP, 19.09.2013). Seules les personnes ayant une autorisation communale et les résidents du site sont autorisés à

22 franchir le col. Vuadens ajoute que depuis une quinzaine d’années la fréquentation de promeneurs a sensiblement augmenté. Afin de maintenir un équilibre entre le développement touristique et la protection de la nature, la Commission de Taney a pris différentes mesures. De plus, durant les mois de mai à octobre, un garde site et un auxiliaire de police ont pour tâche de contrôler que les diverses règles en vigueur soient respectées (Vuadens, C., CP, 19.09.2013). Le lac de Morgins figure également dans la liste des réserves protégées. Un arrêté cantonal a été rédigé en 1978 (Pro Natura Valais, 2013). Ce lac a la particularité d’être un biotope classé dans l’inventaire fédéral des sites de reproduction des batraciens. Le dernier paysage d’importance situé dans le Valais romand et protégé par Pro Natura depuis 1959 est le site de Derborence. C’est à cette date que l’association a obtenu plusieurs hectares des bourgeoisies de Conthey et d’Ardon. Ce site comprend un lac et une forêt vierge créés lors des éboulements de 1719 et 1749. Finalement, dans le Haut-Valais, un des sites les plus importants mis sous la protection de Pro Natura en 1964 est la Vallée de Binn (Pro Natura Valais, 2013).

Les lacs, protégés ou non par une association, portent des noms très variés. En Valais, les toponymes proviennent parfois des langues celtiques et latines voire même des patois régionaux. Le « lac du Tsaté », par exemple, signifie château, en patois évolénard. Ce substantif évoque la ressemblance du sommet rocheux avec la muraille ou le donjon d’un château (Henri, 2001, p. 44). Dans la majorité des cas, le lac prend le nom du lieu où il se trouve comme le « lac de Taney ». D’autres encore portent un nom qui a été choisi en fonction d’une caractéristique particulière; Gelé, Vert, Long (Henri, 2001, p. 12). Les couleurs sont souvent utilisées pour nommer les lacs. Par exemple, le « lac Bleu » de Grengiols, doit son nom au bleu vif de l’eau produit par la présence d’algues et d’argile glaciaire. La couleur de l’eau varie selon différents facteurs : la luminosité, la profondeur, la température et la présence de végétaux et minéraux environnants (Henri, 2001, p. 12). Il est donc possible d’observer une grande variété de nuances. L’eau du lac de Moiry est souvent comparée à une émeraude. Celle du lac de Mauvoisin est quant à elle assimilée à de l’absinthe car elle n’est ni bleue, ni verte, ni grise (Henri, 2001, p. 38).

Certains des lacs de montagne, regroupés dans le tableau 1, sont considérés comme étant un attrait touristique, d’autres comme étant plutôt un atout économique et certains d’entre eux comme étant les deux à la fois. D’un point de vue touristique, Valais/Wallis Promotion,

23 anciennement Valais Tourisme, promeut ces paysages lacustres à travers ses brochures thématiques et son site internet. Pour atteindre les lacs alpins valaisans, une marche de quelques heures est parfois requise. Pour ce faire, les promeneurs peuvent suivre les sentiers pédestres balisés. Les touristes sont également intéressés à visiter les plans d’eau artificiels, accessibles à pied ou en véhicule. À certains endroits, ils ont la possibilité de découvrir l’intérieur de la construction en béton (barrage d’Émosson). Les lacs artificiels sont aussi très intéressants d’un point de vue économique, car ils permettent de produire de l’hydroélectricité. Cette énergie renouvelable est consommée à hauteur de 54% en Suisse et le Valais en produit à lui seul 27% (FMV, 2009-2013). Le parc hydroélectrique valaisan comprend cinq grands barrages ; Mauvoisin, Mattmark, la Grand Dixence, Émosson et la Gougra, ainsi que de nombreux petits aménagements. Le principe de ces centrales est de puiser l’énergie potentielle contenue dans l’eau et de la transformer en énergie électrique. Il faut relever que l’hydroélectricité est une source d’énergie de plus en plus sollicitée actuellement. La Confédération l’a bien compris et souhaite encourager la population à utiliser cette énergie renouvelable. Ainsi, elle a pris des mesures d’agrandissement et de rénovation pour diverses centrales (Confédération suisse, 2012).

La majorité des lacs de montagne, cités dans le tableau 1, sont en altitude et donc relativement éloignés de la civilisation. Pourtant, ces fragiles écosystèmes subissent les influences négatives de l’activité humaine. De par sa sensibilité, l’écosystème lac réagit immédiatement aux pollutions atmosphériques toxiques, aux dépôts acides et au changement climatique. Avec ces trois menaces, toute la chaîne alimentaire est en danger (Patrick & Wathne, 2000). Par conséquent, la qualité de l’eau en est affectée. Il faut également ajouter que d’autres types de pollutions comme les déchets laissés par les promeneurs ou les pâturages voisins peuvent altérer cette qualité (Henri, 2001, p. 18). En effet, les matières fécales et les fertilisants contribuent à la pollution de l’eau. Si les lacs subissent les conséquences de l’activité humaine, ils causent aussi des problèmes aux individus. Avec le réchauffement climatique et le dégel du permafrost, des pierres peuvent chuter à tout moment dans le lac, comme déjà mentionné au début de ce chapitre. Ces éboulements causeraient alors de grands ou petits tsunamis et mettraient en danger les habitations des vallées en aval (Le Temps, 2012). Ensuite, les pluies estivales et la fonte des neiges entraînent une accumulation de sédiments dans les lacs. Ce phénomène est

24 dangereux dans la mesure où les sédiments endommageraient les centrales électriques. Il faut également relever que plus il y a de sédiments dans un lac, moins il reste de place pour l’eau (Bellemare, 2012).