1. L’œil
1.1. Structure de l’œil
1.1.5. La vascularisation de l’œil
L'humeur aqueuse remplit l'espace entre la cornée et le cristallin. Essentiellement composée
d’eau, elle est produite par le corps ciliaire et résorbée au niveau du canal de Schlemm qui se
jette dans les veines choroïdiennes. Ainsi l’humeur aqueuse est continuellement renouvelée.
Le cristallin est la lentille de l'œil. De forme biconvexe et transparent, il est constitué à sa face
antérieur d’un épithélium synthétisant une abondance de protéines cristallines. Sa partie
antérieure est en contact avec l'humeur aqueuse tandis que sa partie postérieure est accolée au
corps vitré. Il est maintenu en place par une série de fibres amarrées au corps ciliaire. Sa
plasticité lui permet de modifier ses courbures et donc son indice de réfraction lors de
l'accommodation (Bassnett et al. 2011).
Le corps vitré est une masse gélatineuse et transparente représentant 60 % du volume oculaire
chez l’Homme. Composé à 99 % d'eau, il contient également des macromolécules tels que des
glycosaminoglycanes (l’acide hyaluronique, les chondroïtine et héparane sulfate) et divers
types de collagènes (Bishop 2000). Il est contenu dans une enveloppe transparente appelée la
hyaloïde et a plusieurs fonctions physiologiques comme le transport de molécules vers le
cristallin (Fatt 1977), le maintien de la rétine contre les parois de l'œil et la protection de l’œil
lors d’un traumatisme mécanique (Foulds 1987).
1.1.5. La vascularisation de l’œil
Le système vasculaire de l’œil humain est constitué de deux réseaux irriguant les trois
tuniques de l’œil : le réseau vasculaire de la tunique neurale et le réseau vasculaire des
tuniques fibreuse et uvéale (Ducasse A. et al. 2008).
Bien que différents dans leur structure, les deux réseaux vasculaires de l’œil tous deux natifs
de l’artère ophtalmique, elle-même issue de la carotide interne (Figure 13) Dans la cavité
orbitale, l’artère ophtalmique se ramifie en une multitude d’artères secondaires dont certaines
- les artères centrales de la rétine et les artères ciliaires - qui sont à l’origine de la formation
des deux réseaux vasculaires. En effet, les artères centrales de la rétine donnent naissance au
réseau vasculaire de la tunique neurale tandis que les artères ciliaires (antérieures, postérieures
courtes et postérieures longues) forment le réseau vasculaire des tuniques fibreuse et uvéale
(Figure 14). Le retour veineux est organisé selon le même schéma que la circulation artérielle
via les veines centrales de la rétine, les veines ciliaires postérieures et les veines vortiqueuses
(Figure 13).
Figure 13 : Mise en place des différentes du réseau vasculaire irrigant l’œil.
Adapté de (Tortora and Grabowski 2002).
1.1.5.1. Le réseau vasculaire des tuniques fibreuse et uvéale
Comme nous l’avons évoqué précédemment, le réseau vasculaire des tuniques fibreuse et
uvéale est issu des artères ciliaires antérieures et postérieures (longues et courtes) (Cerulli et
al. 2008).
Les artères ciliaires antérieures traversent la sclère 2 ou 3 mm avant la cornée et participent à
la formation du grand cercle artériel de l’iris et des réseaux vasculaires conjonctival et
épiscléral (Figure 14).
Les artères ciliaires longues postérieures traversent la sclère de part et d’autre du nerf optique
et cheminent, sans se ramifier, dans la choroïde jusqu’à la racine de l’iris. Là, elle distribue
deux branches dans le plan frontal qui forment, en s’anastomosant aux artères ciliaires
antérieurs, le grand cercle artériel de l'iris (Figure 14).
Les artères ciliaires courtes postérieures traversent la sclère en avant des précédentes,
au-dessus et au-dessous du nerf optique. Elles participent à la vascularisation du nerf optique et
de la choroïde dans laquelle elles forment le réseau vasculaire choroïdien très dense et
parfaitement organisé (Figure 14).
Figure 14 : Vascularisation des tuniques de l’œil.
Adapté de (Leber 1903).
En effet, le diamètre des vaisseaux choroïdiens est hiérarchisé en trois étages, de l’artère
choroïdienne principale à la couche choriocapillaire épaisse de 10 à 30 µm et dont la paroi est
particulièrement fine (Figure 15). Le drainage veineux de la choroïde s’effectue par les veines
ciliaires postérieures et les veines vortiqueuses (Figure 14) (Cerulli et al. 2008).
1.1.5.2. Le réseau vasculaire de la tunique neurale
Le réseau vasculaire de la rétine nait des vaisseaux centraux de la rétine (Figure 14). Ces
derniers pénètrent dans la rétine de part et d’autre du nerf optique et se ramifient en un réseau
capillaire organisé en trois couches interconnectées (Pournaras et al. 2008). Le premier
niveau de vaisseaux se situe à la surface interne de la rétine dans la couche des cellules
ganglionnaires tandis que les deux autres niveaux sont répartis, l’un dans la couche nucléaire
interne et l’autre dans la couche plexiforme externe (Figure 16) (Henkind 1967; Bek and
Jensen 1993). Ainsi la couche des photorécepteurs est totalement avasculaire.
Le réseau veineux suit l’arrangement artériolaire. En effet, les veines rétiniennes suivent les
artères rétiniennes puis, dans la rétine interne, les artérioles et les veinules s’anastomosent
formant ainsi les capillaires rétiniens (Pournaras et al. 2008).
Figure 16 : Organisation du réseau microvasculaire de la rétine.
Adapté de (Bek and Jensen 1993).
La fovéa et sa périphérie font exception de cette organisation car le réseau vasculaire de la
macula est disposé en une seule couche et la zone fovéolaire est totalement avasculaire
(Figure 17). L’approvisionnent de la fovéa en nutriments et en oxygène dépend donc
entièrement du réseau vasculaire choroïdien.
Figure 17 : Vascularisation de la zone maculaire.
Les photographies de droite représentent la vascularisation au fond d’œil après injection de fluorescéine. Adapté de (Kolb 1995).