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Nombre de culots globulaires transfusés

II. Discussion des résultats :

3. Facteurs cliniques :

3.3. La transfusion sanguine :

Au Maroc comme dans la plupart des pays en voie de développement, le dépistage systématique du cytomégalovirus dans les produits sanguins labiles n’est pas de pratique courante dans les centres de transfusions.

Ainsi une prévalence élevée des anticorps anti CMV chez les immunodéprimés, notamment les hémodialysés sujets aux transfusions répétées, serait dû à la transmission du CMV par transfusion [75,91,116,117,118,119,120].

Dans la littérature, cette observation a été confirmée par de nombreuses études, notamment en Iraq, où la séroprévalence du CMV était de 79% chez les patients hémodialysés avec antécédent de transfusion sanguine [79].

Comparativement, les résultats d’Abou El Yazed et al. ont rapporté que l’antécédent de transfusion s’élevait à 78% chez les patients CMV positifs de leur étude [74].

Adjei et al. ont rapporté également, que la transfusion pourrait être un facteur majeur de transmission du Cytomégalovirus [120,121;122], et que la prévalence du CMV est associée de manière significative à la transfusion d’autant plus que le Ghana est en endémie [96].

Eivazi –Ziae et al. trouvent que la séroprévalence du CMV est élevée parmi les hémodialysés transfusés, et considèrent que la transfusion sanguine est un facteur de risque majeur de contamination par le CMV [119].

Dans le même sens, Haitham et al. et De Ory et al. trouvent que la prévalence du CMV est élevée chez les hémodialysés ayant eu recours aux transfusions [70, 107] .

Cependant certains auteurs n’ont pas identifié de relation entre la transfusion et la séropositivité du CMV type IgG chez l’hémodialysé. Remarquant qu’il y a moins de patients séropositifs parmi le groupe des transfusés que parmi ceux traités par EPO. Dans l’autre sens, il y aurait des patients séropositifs qui n’ont jamais reçu de transfusion .Ce qui laisse supposer qu’il y aurait d’autres voies de transmission du virus [75].

Dans notre série 60.3% des hémodialysés CMV séropositifs ont été transfusés au moins une fois.

L'Association américaine des banques de sang recommande la transfusion de sang "CMV- safe" (sang de CMV séronégatif ou sang déleucocyté) chez des individus à risque, ce qui a été adopté dans les pays développés depuis la fin des années quatre-vingts. Ces guidelines ont

contribué à minimiser considérablement la transmission de l’infection à CMV chez les immunodéprimés [122,123],et donc de diminuer la prévalence de l’infection à CMV [124,125].

Pourtant selon Adjei et al, la séroprévalence élevée observée chez les donneurs de sang Ghanéens ne justifie pas un dépistage avant le don de sang pour ce virus, car d’une part la sérologie du CMV n’est pas un indicateur de virémie, d’autre part ce serait un obstacle à l'approvisionnement en sang au Ghana. Ceci dit, la transfusion de sang à partir de donneurs CMV séronégatifs est recommandée seulement pour les receveurs d'organes ou autres immunodéprimés.

Inversement, un dépistage post don de sang pour le CMV pourrait être justifié chez les donneurs de sang au Ghana, à la recherche de CMV séronégatifs, les motivant à devenir des donneurs volontaires périodiques et de maintenir une base de donnée comprenant leurs informations épidémiologiques et leurs contacts afin de permettre leur rappel rapide en cas de besoin. Aussi il faut devoir les éduquer et conseiller sur comment maintenir leur statut vu son importance pour eux-mêmes et pour la population immunodéprimée en croissance au Ghana [96].

Toutefois, le maintien du sang CMV-séropositif et CMV séronégatif en «double stock» dans les banques de sang est coûteux, et certains pays à forte séroprévalence de CMV ont trouvé difficile de maintenir un approvisionnement adéquat de produits sanguins CMV séronégatifs [126], comme il est le cas pour un pays en développement comme le Ghana. Ainsi, une méthode alternative est le sang déleucocyté.

La question qui se pose est : sang déleucocyté VS sang de séronégatif sont-ils aussi efficace pour prévenir l'infection à CMV transmise au cours des transfusions? Une question qui reste suspendue, sans réponse ferme dans la littérature [127].

Bowden et ses collègues ont rapporté que l'utilisation de sang déleucocyté était comparable à l'utilisation de produits sanguins CMV séronégatifs pour la prévention de l'infection à CMV transmise par transfusion après greffe de moelle. Cependant, une récente

méta-analyse a indiqué que les composants sanguins CMV séronégatifs étaient plus efficaces que le sang déleucocyté dans la prévention de l'infection à CMV post-transfusion [127].

Tableau XVIII : Prévalence du CMV chez les patients transfusés.

Auteurs Nombre de

patients atteints

Nombre de patients

transfusés Pourcentage (%)

Ansam et al[79] 78 61 79%

Abou El Yazed et al. [74] 100 78 78%

Haitham et al. [70] 93 77 97.5%

Notre série 494 297 60.03%

Au Maroc, où la prévalence du CMV atteint les 98% aussi bien chez les hémodialysés que dans la population générale, la déleucocytation semble être la meilleure approche préventive de la transmission post-transfusionnelle du CMV chez les sujets immunodéprimés. C’est une alternative plus appropriée et plus rentable devant la rareté de sang de séronégatifs qui pourrait être disponible pour la transfusion.

3.3.1. La récurrence de la transfusion :

Selon Cavlek et al. , la prévalence élevée du CMV chez les hémodialysés chroniques pourrait être associée à l’acquisition du virus lors des transfusions récurrentes. Et donc l’association est significative entre le recours à plusieurs transfusions et la prévalence élevée des IgG anti CMV [90].

En contraste avec Tamer et al. qui ne trouve pas d’association significative entre le nombre de transfusion et la prévalence des IgG anti CMV tant que le sang transfusé n’est pas déleucocyté ,ce qui est de pratique courante en Egypt et dans la plupart des pays en voie de développement [75].

Dans notre travail, la plupart des patients IgG positifs ont reçu deux transfusions et plus.

3.3.2. Type de sang transfusé :

L’incidence des infections à CMV chez les patients recevant une transfusion de sang standard a été un grand sujet de recherche depuis plus de deux décennies. Et devant l’évidence que les leucocytes étaient le vecteur de transmission de l'infection lors des transfusions. Il y a eu recours à la déleucocytation, pour minimiser cette incidence et atténuer le risque de transmission transfusionnelle du CMV.

La déleucocytation est la réduction du nombre de leucocytes à un niveau inférieur à 5 x 106

La déleucocytation était une avancée technologique et thérapeutique au cours de la dernière décennie. Actuellement, son rôle est bien établi pour certains transfusés dits à risque, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Australie. Les hautes autorités de santé de plusieurs pays européens et du Canada ont rendu ce processus obligatoire pour tous les patients transfusés en vue de minimiser les réactions transfusionnelles fébriles, la formation d’allo- anticorps HLA , et la transmission de virus leucotropes comme le CMV particulièrement chez les hémodialysés chroniques candidats à la transplantation [129]. Un procédé que nous espérons généraliser prochainement dans nos établissements hospitaliers.

par unité, soit à l’aide d’un filtre de réduction leucocytaire, soit dans le cadre du processus d’aphérèse pour les plaquettes provenant d’un seul donneur. L’absence du CMV dans ces échantillons de produits sanguins a été confirmée par (PCR) [128].

Dans l’étude de Tamer et al. , le type de sang standard non déleucocyté s’associe à une séropositivité élevée des IgG anti CMV [75].

Par contre, Haitham et al. suggèrent toujours d’utiliser un sang de CMV séronégatif au cours des transfusions pour diminuer l’incidence du CMV associée à la transfusion [70]. Et propose comme stratégie future ,le dépistage systématique du CMV aux centres de transfusions chez les donneurs de sang [96].

Dans notre étude un seul patient à IgG anti CMV+, a été transfusé par du sang déleucocyté.

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