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3 Trajectoires d’objets mobiles

3.5 La trajectoire dans le cadre du Time Geography

Dans le cadre de l’étude du comportement de la mobilité quotidienne des individus, une dimension sémantique est rajoutée aux dimensions spatiales et temporelles du mouvement. En effet, un mouvement ou un déplacement n’est pas fini en soi ; un motif l’explique nécessairement même s’il correspond à une promenade ; "on ne se déplace pas pour se déplacer" [61]. Ainsi, l’étude de la mobilité quotidienne s’illustre à travers un chaînage d’activités et de déplacements (voir Figure I.11) prenant en considération les aspects spatiaux (Où ? par Où ?), temporaux (Quand ?) et sémantiques (Quoi ? Comment ? Pourquoi ?) [61].

Figure I.11Mobilité quotidienne et chaîne d’activités et déplacements

Avant les années soixante, aucun modèle reconnu n’associe ces différentes dimensions de la mobilité. C’est dans les années soixante-dix que Hägerstrand [79] propose un nouveau cadre de travail appelé "time geography". Dans ce cadre, l’espace et le temps fusionnent en une ressource indispensable à toute action, l’espace-temps [75]. La dimension temporelle est utilisée afin d’ordonner une séquence d’actions et de synchroniser les activités des individus. La dimension spatiale concerne les changements de localisations des objets. Le transport est considéré comme un moyen d’échange d’un budget temporel contre l’occupation d’un espace.

Dans cet espace bidimensionnel, chaque individu possède sa propre trajectoire (space-time path), séquence d’actions reliées par une chaîne de déplacements entre des lieux de stationne-ment (stations). Chaque trajectoire individuelle peut ainsi être représentée dans un espace à trois dimensions (une pour le temps, deux pour l’espace), par un cheminement spatio-temporel

constitué de segments verticaux représentant la durée de chaque activité localisée dans l’espace (voir Figure I.12). La trajectoire spatio-temporelle dans le cadre du Time Geography a été aussi un "outil" pour l’étude de l’historique résidentielle d’individus durant les années vie [48]. Cette dernière étude a pour but de suivre les déplacements d’adresses d’habitation de personnes durant leur vie.

Figure I.12L’idée de trajectoire spatio-temporelle

Nous donnons dans ce qui suit une description des composantes principales du cadre de Time Geography :

– Trajectoire spatio-temporelle (space time path) : Cette notion trace le mouvement d’un individu dans l’espace et dans le temps. Elle fournit une représentation spatio-temporelle explicite des différentes activités de l’individu, comme le temps de début ou de fin d’une activité, son emplacement, et de la séquence totale des activités. La trajectoire spatio-temporelle est composée d’une série connectée de segments inclinés et verticaux. Les segments inclinés indiquent le mouvement de l’individu dans l’espace et dans le temps. Les segments verticaux indiquent qu’il y a encore une consommation du temps mais qu’il y a une immobilité de l’individu dans l’espace. La pente d’un segment incliné représente la vitesse du déplacement.

– Prisme spatio-temporel (space-time prism) : Ce concept est une extension de la trajec-toire spatio-temporelle [8]. Il définit un volume spatio-temporel délimitant les trajectoires possibles de l’individu. Il permet ainsi de mesurer la capacité des individus à atteindre

certains endroits dans l’espace et dans le temps. L’intérieur de ce prisme est appelé le

Potential Path Space. La projection du prisme sur le plan géographique 2D est appelé Po-tential Path Area. Elle représente une région constituée de l’ensemble des emplacements

géographiques que l’individu peut occuper durant un intervalle de temps [t1, t2] [30] (voir FigureI.13).

– Contraintes : Les trajectoires des individus sont contrôlées et influencées par des contraintes imposées par la société. De manière plus formelle, Tortsten Hagerstrand identifie trois types de contraintes :

– Les contraintes de capacité (capability constraints) limitent notre " univers des possibles " pour des raisons physiologiques (nécessité de lieux de replis où manger, dormir), techniques (vitesse de déplacement) et topologiques (chaque possibilité de déplacement est circonscrite par une localisation donnée et à venir).

– Les contraintes de conjonction (coupling constraints) recouvrent la nécessité de re-grouper dans un même espace-temps (bundle) individus, outils et matériaux, dans un objectif d’activités de production et/ou de consommation et/ou d’interaction sociale. Ces activités sont fixes, tel que le travail si elles sont difficiles à ordonacer ou à re-localiser. Elles sont dites flexibles, tel que le shopping, sinon. Les activités fixes dictent des contraintes de conjonction strictes, tandis que les contraintes flexibles permettent des conjonctions plus fluides dans le temps et dans l’espace.

– Les contraintes de pouvoir (authority constraints) proviennent de l’organisation de l’espace en domaines (domains) hiérarchiquement emboîtés, qui trouve son origine dans la nécessité d’éviter que l’accumulation et la coexistence d’individus en un même lieu n’engendre des conflits de partage des ressources.

– Bundle : C’est l’illustration graphique de la convergence d’une ou plusieurs trajectoires spatio-temporelles ou la convergence d’une unique trajectoire avec une ou plusieurs res-sources physiques, comme des équipements, des matériaux ou des bâtiments [37] (voir FigureI.13) . Cette notion prend tout son sens à des niveaux agrégés. En effet, le besoin de séquencer et de coordonner des tâches avec d’autres individus amène à la formation de bundles.

– Station : Dans une trajectoire, une station est l’endroit de formation des bundles. C’est un emplacement fixe avec une durée de temps limitée dans lequelle plusieurs trajectoires se joignent. Comme exemple, nous citons les écoles et les lieux de travail. Les stations sont habituellement illustrées sous forme de " tubes " (voir FigureI.14).

Figure I.13Trajectoire spatio-temporelle, prisme spatio-temporel et région de trajectoire potentielle

Figure I.14Les notion de bundle et de stations dans le time geography

4 Conclusion

Les trajectoires spatio-temporelles d’objets mobiles ont constitué, cette dernière décennie, une source d’information particulièrement importante. Cette nouvelle donnée, de part ses ca-ractéristiques spatiales, temporelles et sémantiques, sert à quantifier le mouvement d’objets mobiles et à le caractériser. L’analyse efficace des trajectoires spatio-temporelles est devenue, donc, un élément primordial dans de plus en plus d’applications impliquant le mouvement de phénomènes complexes.

Dans ce chapitre, nous avons présenté les bases de données d’objets mobiles à travers les données manipulées dans ce type de base de données et à travers les applications qui les mani-pulent. Nous avons conclu, à travers cette étude, que la donnée gérée dans les bases de données d’objets mobiles sont les trajectoires spatio-temporelles.

Dans un deuxième temps, une étude de la notion de trajectoires spatio-temporelle d’objet mobile est présentée. Cette étude a permis de dégager les concepts de base des trajectoires et de mettre l’accent sur la caractéristique liée à la sémantique, qui est souvent ignorée dans

la littérature. Un intérêt particulier a été porté sur la présentation des trajectoires spatio-temporelles dans le cadre théorique du Time Geography, de part la sémantique qui se dégage dans cette représentation.