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La rémanence de tissu testiculaire sécrétant

2 ème Partie : Etude expérimentale

PATIENT AGE En

D- Les limites de notre démarche expérimentale

2. La rémanence de tissu testiculaire sécrétant

Même si cela n’a pas été observé au cours de notre étude nous devons indiquer que la castration laparoscopique sans orchidectomie peut parfois échouer si le testicule n’est pas privé de toutes ses dépendances vasculaires, même des plus grêles.

a- Les données bibliographiques à propos de la « revascularisation testiculaire » après castration sans orchidectomie

La « revascularisation » du tissu testiculaire à l’origine d’une persistance de la production de testostérone et donc du comportement mâle a été rapportée deux fois dans la littérature. Les premiers à y faire allusion sont Bergeron J.A. et al. (1998), qui rapportent un cas de revascularisation du parenchyme testiculaire d’un testicule inguinal après cautérisation puis section de son support vasculaire. Un Quarter Horse est opéré à l’âge de 13 mois par l’équipe chirurgicale de l’Université du Colorado pour une supposée cryptorchidie abdominale bilatérale. L’équipe technique choisit de réaliser la cryptorchidectomie debout sous sédation poussée. Au cours de l’intervention, seul le testicule gauche est localisé en position intra-abdominale et est enlevé. Le testicule droit est quand à lui localisé dans le canal inguinal et sa rétraction en position abdominale n’est pas possible. Les vaisseaux sanguins et le conduit déférent sont cautérisés puis sectionnés afin que le testicule droit subisse une nécrose avasculaire en place. Douze mois plus tard, le cheval revient en consultation car il présente un testicule droit palpable dans le scrotum et surtout un comportement comparable à celui d’un étalon. Un dosage de la testostéronémie basale puis après stimulation à l’hCG confirme la persistance de la sécrétion de testostérone. Ce résultat, couplé à celui de l’histologie du testicule réalisée après une castration sous anesthésie générale selon une technique semi-fermée, a confirmé que le testicule est resté viable du côté droit. Les changements hormonaux au cours de la vie du cheval ont même engendré la descente tardive du testicule en position scrotale à 25 mois d’âge. Selon les auteurs, la revascularisation serait due à la présence de tissu péritesticulaire, dont l’angiogénèse s’est produite avant la nécrose totale du parenchyme testiculaire. La production de testostérone a pu persister (Bergeron J.A. et al. 1998).

En 2002, Rijkenhuizen A.B.M. et al. démontrent qu’il y a 96% de succès chirurgical lorsque les testicules sont laissés in situ après double ligature et section du cordon testiculaire. Cependant, même si ce taux de succès est fort, il demeure un faible pourcentage d’échecs. C’est dans le but de trouver quelle pouvait être la cause de cet échec que Voermans M. et al. (2006) ont mené leur étude. Lors d’une étude préliminaire, les cordons spermatiques de 8 étalons ont été ligaturés puis sectionnés à des endroits et selon des méthodes différents. Cinq semaines plus tard, les testicules furent enlevés et la viabilité des deux testicules et des épididymes évaluée. En parallèle, une étude clinique prospective a été menée chez 241 étalons normaux et cryptorchides chez qui le cordon spermatique a été ligaturé puis sectionné. Lorsqu’un échec chirurgical était rencontré, les testicules étaient retirés par des méthodes classiques afin d’entreprendre une analyse histologique.

Lors de l’inspection des deux testicules des 8 étalons de l’étude préliminaire, tous les épididymes paraissaient complètement ou en grande partie épargnés. Tous les testicules à l’exception d’un présentaient une nécrose avasculaire. Chez les autres patients (n = 447 testicules), les testicules cryptorchides abdominaux étaient tous nécrotiques (n = 123), alors que 5 des 88 testicules inguinaux et 8 des 236 testicules normalement descendus étaient partiellement viables. Finalement, la chirurgie a échoué chez 13 étalons. Ces derniers continuaient à produire de la testostérone et ne perdaient pas leur comportement mâle. Chez ces 13 chevaux, les testicules ont été retirés par des techniques de castration classique s’ils étaient inguinaux ou normalement en place ; alors qu’ils ont été laissés in situ s’il s’agissait de testicules abdominaux. Après cette intervention, le comportement mâle a disparu chez tous les chevaux et la production de testostérone est devenue comparable à celle d’un hongre. La viabilité partielle des testicules inguinaux et normalement descendus a été attribuée à une revascularisation du tissu testiculaire par des vaisseaux anastomotiques provenant de l’artère crémastérique ou encore de l’artère honteuse externe.

Après ligature puis section du cordon spermatique en région abdominale, 5,6% des testicules inguinaux et 3,4% des testicules normalement descendus n’ont pas complètement nécrosé ; suite à une probable revascularisation testiculaire par l’artère crémastérique et/ou par l’artère honteuse externe. Les auteurs concluent que la castration par laparoscopie sans orchidectomie ne peut pas être recommandée comme une méthode fiable pour la castration des cryptorchides inguinaux et pour les étalons normaux (Voermans M. et al. 2006).

b- L’origine de la revascularisation testiculaire

Alors que la technique laparoscopique de castration échoue dans certains cas lorsque les testicules sont normalement descendus ou inguinaux, le succès chirurgical est de 100% lors de testicule cryptorchide abdominal. Quelles sont les différences de technique chirurgicale qui existent entre la castration du testicule cryptorchide abdominal et les autres cas ? Lorsque le testicule est abdominal, la ligature concerne l’ensemble du cordon spermatique, du mésorchium et du conduit déférent. Rappelons que lorsque le testicule est engagé dans le trajet inguinal, le mésorchium doit être déchiré pour permettre de faire le tour du cordon avec la ligature. Cette différence est peut être la cause de certains échecs lors de castration sans orchidectomie.

L’artère testiculaire et l’artère épididymaire sont deux vaisseaux qui assurent majoritairement la vascularisation du testicule et qui courent dans le mésorchium. D’autres vaisseaux, comme l’artère crémastérique, comprise dans le mésorchium ou l’artère déférentielle qui court dans le méso du conduit déférent, participent à la vascularisation du

testicule. En réalité, toutes ces artères possèdent de grêles anastomoses les unes avec les autres et rappelons que le mésorchium, le méso du conduit déférent et le mésépididyme sont en contact puisqu’ils proviennent tous trois du méso uro-génital. Le fait que le mésorchium ne soit pas ligaturé dans son intégralité lorsque le testicule est engagé dans le trajet inguinal peut expliquer que certains vaisseaux persistent à l’issue de la chirurgie et continuent de maintenir le tissu testiculaire viable. D’autre part, nous avons veillé au cours de notre étude à cautériser les vaisseaux circulants dans le mésorchium, ce qui vraisemblablement a amélioré le taux de succès chirurgical.

3. Les inconvénients et les complications liés à la castration laparoscopique du