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I.3. Les genres journalistiques

I.3.3. Les articles d’opinion

I.3.3.3. La lettre d’opinion

Comme son nom l’indique la lettre d’opinion est un texte dont l’auteur est un lecteur voulant donner son point de vue sur un sujet traité à l’intérieur de la publication ou un sujet d’ordre général ayant suscité la curiosité du public.

Comme il est de coutumes les journaux et les magazines sont munis d’une section réservée aux commentaires du lectorat dont la lettre d’opinion. Celle-ci est le genre qui y est le plus souvent publié car elle obéissait à une structure particulière et s’appuyait sur des arguments et non seulement sur des émotions comme elle semble l’être. En plus elle se caractérisait par son ton ironique, agressif, humoristique, neutre, élogieux…Bref; un ton qui peut varier selon les lecteurs auxquels elle est destinée.

Son rôle ne se définit pas uniquement par l’opinion exprimée mais également par les preuves susceptibles d’en convaincre le lecteur.

I.3.3.4. La caricature

Comment peut-on négliger la part accordée à la caricature lorsqu’on évoque les textes d’opinion?

Selon le dictionnaire Larousse, la caricature est un «dessin, peinture…etc; donnant de quelqu’un, de quelque chose une image déformée de façon significative, outrée, burlesque.»41 Une définition qui semble déjà annoncer l’appartenance de la caricature aux textes d’opinion puisqu’il est impossible de faire image de quelque chose sans en avoir une opinion.

La caricature porte habituellement sur l’actualité politique dont elle reprend et commente les faits essentiels avec un humour parfois corrosif.

C’est pourquoi que sa diffusion est étroitement liée à la liberté d’expression de l’Etat dans lequel son journal d’attache est publié.

I.3.3.5. Le billet

C’est un texte d’opinion, qui traite sur un ton humoristique, voire fantaisiste42, un sujet d’actualité ou secondaire.

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Le Petit Larousse illustré. Op. Cit. P.180.

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Ce sont les textes relativement courts qui sont désignés généralement par ce vocable et ce sont les journaux français qui sont connus particulièrement par la publication régulière de ces billets; étant donné que les textes d’opinion autres que les éditoriaux sont regroupés souvent sous le terme de «chroniques».

I.3.3.6. La chronique

Ancienne muse et poétesse romantique, femme d’Emile de Girardin,

créateur de la presse, Delphine de Girardin est la véritable fondatrice du genre de la chronique, c’est elle qui lui fixe ses codes et ses stratégies.43

Au second empire une certaine forme de chronique a été marquée par le bavardage et la causerie et épinglée par Larousse qui la caractérise par des termes extrêmement péjoratifs.44

Chambure, quant à lui, la définit en insistant plutôt sur le rapport entre une thématique parisienne ou mondaine et un style paradoxal ou humoristique:

«En un style souvent léger et humoristique, quelquefois grave, toujours vif,

alerte et châtié, le chroniqueur touche à tout sans rien approfondir. Son art consiste à effleurer les questions, à improviser une causerie aussi ingénieuse et intéressante que possible sur n’importe quel sujet. Accident ou crime sensationnel, mort ou naissance, divorce ou mariage, bal ou duel, concert ou scène scandaleuse, succès dramatique ou succès de librairie, salon des beaux arts ou champs de cours ,expérience ou découverte scientifique, tout lui sert de canevas, tout lui est matière à article. Et, en effet, ces faits sociaux et moraux sont des manifestations aussi importantes de la vie nationale que tel acte de la chambre ou tel avatar ministériel. Sans doute, pour résoudre les problèmes que ces questions soulèvent, les chroniqueurs ont soutenu-souvent par dilettantisme et quelquefois pour étonner et scandaliser le lecteur-les paradoxes les plus étranges et opinions les plus bizarres. Mais, malgré tout, quelle idée juste que celle de tirer de tous les événements sociaux un enseignement.»45

Oui un enseignement, puisque l’objectif ultime de la chronique ne diffère en rien de celui du journal dans lequel elle est déjà glissée.

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Marie-Eve, THERENTY. La littérature au Quotidien. Paris: Seuil, 2007. P. 241.

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Ibid. 236.

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D’autre part, si l’éditorial engageait tout le journal dans ce qu’il avance, la chronique, elle «paraît régner par la liberté créative qu’elle permet»46, n’engageant que son auteur; celui-ci qui pourrait s’exprimer et réfléchir à haute voix et, ne risquait presque rien au cas où il outrerait quelques cadres politiques. C’est-à-dire que la liberté d’expression dont il jouit est capable à elle seule de le défendre et de le protéger. Son statut de chroniqueur l’autorise à dire ce qu’il pense sans se soucier des conséquences.

Le chroniqueur est en quelque sorte un caricaturiste-scripteur et Les chroniques peuvent couvrir différents sujets: de la politique aux manifestations artistiques comme il vient d’être dit dans la définition de Chambure.

Néanmoins, Les chroniques politiques sont les plus fameuses parce qu’elles n’abordent pas la politique directement mais à travers d’autres domaines. En fait, elles n’en font que semblant car en vérité elles ne s’éloignent du politique que pour mieux le voir.

Autrement dit, elles traitent de la culture, de l’économie, de la religion, de l’éducation…etc. Mais, toujours sous un angle politique. Et en raison de la délicatesse et la sensibilité des sujets traités elles sont habituellement signées par des auteurs bien connus du public ou au moins des milieux journalistiques et politiques.

Quant à la catégorie des lecteurs qu’elles attirent; on suppose que ces chroniques peuvent bien être poursuivies et avec soin par les équipes des relations publiques des politiciens, de par l’influence qu’elles peuvent exercer sur l’opinion publique.

Nous avons vu au cours de ce chapitre que les genres journalistiques obéissent à certaines règles comme tout un genre indépendant, mais ces règles semble-t-il sont au fort même de l’écriture littéraire.

Cependant, qui oserait dire que le journalisme prétend se réaliser loin de la littérature et voulant se séparer complètement d’elle?

Ceci peut sembler juste mais, à une certaine limite car le journaliste écrivait certes selon les normes que lui dicte sa discipline et s’acharnait probablement à le faire jusqu’à ce qu’il s’y échappe ne serait ce

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qu’inconsciemment. Etant donné qu’il pratiquait de l’écriture et que le contrôle qu’on exerçait sur soi lors de cet acte n’est point garanti. En effet Platon disait que:

«l’objectivité n’est pas la fatalité de l’esprit scientifique».47

Evidemment, on n’est pas dans la science proprement dite c’est-à-dire qu’on est loin d’être inscrit dans les sciences exactes mais, le fait d’imposer des normes et de dicter des lois conduit sûrement au carcan de celles-ci.

Ne serait-on pas libres à dire son avis, à analyser les faits à peu près à sa manière d’écrivain, de poète que l’on est? C’est peut être à quoi espérait le journalisme d’hier et d’aujourd’hui et c’est éventuellement par le reportage, l’analyse, la chronique qu’il le réaliserait.

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Chapitre II