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2. De la compétence culturelle vers une démarche interculturelle

2.2. La démarche culturelle/ interculturelle au service de l’éducation

Les méthodes didactiques d'enseignement des langues étrangères, dites communicatives du français en particulier, sont le résultat de longs travaux de recherches. Quant aux méthodes d'enseignement de la culture étrangère, elles ne sont pas encore définies. À ce propos, M. BYRAM souligne : « Qu’en dépit d'un large éventail de publications, il manque à l'étude de la culture un axe précis, le peu de recherches empiriques qui existe a été effectué sur une petite échelle et relève souvent de la pratique individuelle que pourrait avoir un enseignant pendant son cours. »46.

Ce qui nous amène à dire que la formation culturelle et interculturelle doit être à jamais une préoccupation des pédagogues et des acteurs de l’éducation.

Connaître la culture de l’Autre en passant par l’apprentissage de sa langue, nécessite forcément de jeter un regard extérieur sur soi, de se décentrer et de relativiser sa propre culture. C’est aussi de dépasser ces préjugés et d’accepter l’Autre dans sa différence. L’objectif principal de l’enseignement/apprentissage de la culture, est de participer à la formation de l’esprit interculturel des élèves, un esprit qui leur permettra, quand ils seront confrontés aux différences des cultures, d’éviter certaines réactions négatives qui peuvent susciter des ressentiments envers autrui et de le rejeter.

L’enquête menée auprès des enseignants et ensuite auprès des élèves, nous montre que la compétence linguistique reste le souci majeur pris en charge en classe de langue. La composante culturelle quant à elle, demeure une prérogative à prendre avec mesure, et très rarement, l’enseignant se voit dans l’obligation de se frayer un chemin à tâtant sur ce sentier47.

Les enseignants gèrent mieux l’objectif instrumental, c'est-à-dire, les compétences linguistiques sont mieux appréhendées, puisque la maitrise de la grammaire, de la conjugaison, du vocabulaire et de l’orthographe, ne sont guère difficiles à faire

46 Byram, M. Identité sociale et dimension Européenne. La compétence interculturelle par l’apprentissage des langues vivantes. 1993.

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acquérir à l’apprenant. En somme, elles n’engagent aucun élément subjectif qui pourrait déstabiliser cette manière de faire de la langue, une manière longtemps établie mais aujourd’hui contestée.

Pour beaucoup d’enseignants interrogés, communiquer dans une langue, c’est surtout savoir utiliser des règles de vocabulaire, de la syntaxe le lexique et l’orthographe. En bref, n’utiliser que le code linguistique instrumental. Or, et selon HYMES :

« Pour communiquer, il ne suffit pas de connaitre la langue, le système

linguistique, il faut également savoir s’en servir en fonction du contexte social. »48 , car, « Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que

les mots. Leur fonction ne se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d’une part des marqueurs fondamentaux de l’identité ; elles sont structurantes d’autre part de nos perspectives. »49

.

Ceci dit, le code linguistique comporte des éléments culturels qui distinguent la nuance grammaticale d’une langue à une autre, puisque la structure d’une langue, ne peut que refléter son aspect culturel. Les manières formelles et informelles d’adresse varient selon les langues, mais aussi selon les cultures, et de ce fait influencent même les visions du monde. En effet, des chercheurs en sciences cognitives tentent de déterminer de quelle manière la langue maternelle peut influencer la vision du monde. La grammaire et le vocabulaire sont adaptés à l’environnement culturel de la société dans laquelle vit et évolue la langue. La structure de la phrase peut avoir différentes significations et surtout différentes visions des choses, la composante référentielle est la connaissance des domaines d’expérience, des objets du monde et de leurs relations. Ces études se sont en particulier intéressées à une différence notable entre l'anglais et l'allemand dans la description des événements. La langue anglaise possède des outils grammaticaux permettant de situer des actions dans le temps : "I was swimming in the

pool when I saw a big Fish" (que l'on peut traduire en français par : "je nageais dans

48 Dell Hymes, « Vers la compétence de communication », in « Langues et apprentissage des langues », Hatier-CREDIF, Paris, 1984, P. 219

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la piscine lorsque j’ai vu un gros poisson") est différent de "I swam in the pool and I saw a big Fish " ("Je nageais dans la piscine lorsque je vis un gros poisson").

Or, la langue allemande ne permet pas cette nuance. En conséquence, les germanophones ont tendance à spécifier le début, le milieu et la fin d'un événement, alors que les anglophones se concentrent davantage sur l'action elle-même. En regardant la même scène, par exemple, le germanophone pourrait dire : "Il prend un

verre et boit". Alors qu'un anglophone dirait simplement : "Il boit", deux codes

linguistiques, au moyen de formes grammaticalement différentes mais sémantiquement équivalentes. Nous pouvons ajouter à cela aussi, tout en rappelant par exemple, que : « le français se distingue en l’aspect formel et informel de la langue [le vouvoiement et le tutoiement], que l’arabe n’a pas dans son code culturel »50.

Ainsi, nous nous appuyons sur cette hypothèse qu’enseigner une langue, c’est également s’ouvrir à une culture et c’est par commodité, que nous résumerons le plus souvent sous le terme "langue " une langue culture et qu’un code linguistique se rapporte donc toujours à une action dans un contexte socioculturel donné.

Chaque fois que nous parlerons des langues et de l’enseignement des langues, il doit être clair que nous ne dissocions pas apprentissage strict de la langue et acquisitions culturelles qui l’accompagnent nécessairement. La dimension culturelle indissociable, dans toute langue, de son rôle de communication est inhérente à l’éducation interculturelle. La diversité linguistique et culturelle, prônée par l’UNESCO comme étant un «"héritage commun de l’humanité " doit être un atout à l’unisson du genre

humain.

50Mme Hamidou, Mars, 2008. « De la dimension culturelle à la dimension interculturelle dans

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Chapitre II. Le rôle de l’éducation dans la formation culturelle et