• Aucun résultat trouvé

Procédure de traitement statistique

3. Matériel et méthode

3.2. Le protocole d’évaluation

3.2.5. Procédure de traitement statistique

L’analyse statistique a été effectuée avec le logiciel JASP, des tests non-paramétriques ont été utilisés.

17 Résultats

Nous traiterons les résultats des groupes monolingues et bilingues séparément. Les résultats des groupes avec trouble de langage seront plus détaillés que ceux des groupes DT.

4.1. Les groupes monolingues 4.1.1. L’exploration intergroupe

4.1.1.1. Les épreuves langagières et de mémoire de travail

Les taux de répétition exacte aux épreuves NWR et SR et les habiletés en mémoire de travail des groupes monolingues sont donnés dans la Figure 1 et le Tableau 5. Les scores aux Matrices de Raven sont également répertoriés. Le groupe Mo-TDL a obtenu des résultats significativement inférieurs à ceux des groupes DT4 et DT5 à NWR (respectivement : U = 248,5 ; p < ,001 et U = 203,5 ; p < ,001), à SR (respectivement : U = 140,5 ; p < ,001 et U = 154,0 ; p < ,001) et à l’empan endroit (respectivement : U = 275,5 ; p < ,001 et U = 268,0 ; p < ,001). Nous ne trouvons en revanche par de différence significative entre les résultats des groupes Mo-TDL et DT3 à NWR, SR ou à l’empan endroit.

Figure 1. Performance moyenne à NWR et à SR (par groupe)

Tableau 5. Performances en répétition de chiffres et Matrices Progressives (par groupe)

Mo-TDL DT3 DT4 DT5

Empan endroit (N) 3,2 (0,6) 3,1 (0.9) 3,8 (0,8) 4,0 (0,7)

Empan envers (N) 0,7 (1,2) - - -

PM (centiles) 31,1 (24,8) 22.5 (22,4) 44,0 (32,5) 44,5 (27,8)

***

***

***

* ***

* 51

*

52

*

71 79

47

57

82 85

18

4.1.1.2. Les liens entre les habiletés langagières, cognitives et l’âge

Les matrices de corrélation (Tableaux 6 et 7) montrent des tendances globalement similaires dans les groupes Mo-DT et Mo-TDL, en particulier une forte corrélation entre les taux de répétition identique à NWR et SR, ainsi que des corrélations entre chacune des mesures langagières et, l’âge d’une part, et l’empan endroit d’autre part.

Tableau 6. Matrices de corrélations pour le groupe Mo-DT

SR % Âge Empan endroit PM

NWR % ,709*** ,421*** ,502*** ,266*

SR % ,426*** ,609*** ,385***

Âge ,464*** ,192

Empan endroit ,206

* < ,05 ; ** < ,01 ; *** < ,001

Tableau 7. Matrices de corrélations pour le groupe Mo-TDL

SR % Âge Empan

endroit

Empan

envers PM

NWR % ,595*** ,396* ,450** -,184 ,058

SR % ,327* ,365* -,149 ,065

Âge ,379* ,150 -,382*

Empan endroit ,401* -,029

Empan envers -,199

* < ,05 ; ** < ,01 ; *** < ,001

L’âge. Le groupe Mo-TDL était plus âgé que chacun des groupes DT. Ses performances langagières y restent cependant significativement inférieures après contrôle de l’âge (DT3 : NWR : F(1,61) = 8,474 ; p = ,005, SR : F(1,61) = 5,451 ; p = ,023 / DT4 : NWR : F(1,63) = 11,675 ; p = ,001, SR : F(1,63) = 8,501 ; p = ,005 / DT5 : F(1,74) = 12,057 ; p < ,001, SR : F(1,74) = 7,045 ; p = ,01). Dans le groupe Mo-TDL (Figure 2), les enfants T15 et T23, bien que parmi les plus âgés de leur groupe, ont obtenu un score très faible à NWR, de même que les enfants T21 et T23 à SR ; à l’inverse le jeune T28 a bien réussi à SR. À noter que quelques enfants parmi les plus âgés ont obtenu une performance élevée à NWR (>80%) (T4, T5, T13, T20) et/ou à SR (T3, T4, T20) (les enfants T4 et T20 avaient plus de 8 ans). Les scores individuels à NWR et SR des enfants du groupe Mo-DT sont donnés en Annexe 5.

19

Figure 2. Performance à NWR et SR du groupe Mo-TDL en fonction de l’âge

La mémoire de travail. Comme indiqué dans les Tableaux 6 et 7, les scores à NWR et SR progressent avec l’augmentation de l’empan de chiffres endroit pour les enfants DT et Mo-TDL. Toutefois, après contrôle de la mémoire à court terme (empan endroit), les performances du groupe Mo-TDL restent significativement inférieures à celles de tous les groupes DT, que ce soit pour NWR (DT3 : F(1,61) = 7,202 ; p = ,009 ; DT4 : F(1,63) = 15,003 ; p < ,001 ; DT5 : F(1,74) = 17,976 ; p < ,001) ou pour SR (DT3 : F(1,61) = 15,428 ; p < ,001 ; DT4 : F(1,63) = 10,44 ; p = ,002 ; DT5 : F(1,74) = 17,092 ; p < ,001). À l’échelle individuelle, la performance aux épreuves LITMUS d’une part et l’empan endroit d’autre part n’apparaissent pas systématiquement en lien chez les enfants Mo-DT, ni chez les enfants Mo-TDL. Ainsi, la performance des enfants Mo-TDL (Figure 3) avec un empan de trois chiffres varie de 19% à 81% à NWR et de 13% à 75% à SR. Il reste que la majorité des enfants avec l’empan le plus faible (deux chiffres) ont obtenu des scores faibles à NWR comme à SR, alors que l’enfant avec l’empan à cinq chiffres affiche un bon score à SR (87.5%) (les performances individuelles du groupe Mo-DT à NWR et à SR sont données en Annexe 5). Enfin, ni le taux de répétition exacte à NWR ni celui à SR n’est corrélé à l’empan envers dans le groupe Mo-TDL (pour rappel cette mesure n’est pas disponible pour les groupes DT). La majorité des enfants avec TDL ont un empan envers de 0 chiffre et leurs performances langagières ne diffèrent pas de celles des enfants avec empan de deux ou trois chiffres (Figure 4).

Figure 3. Performance à NWR et SR du groupe Mo-TDL en fonction de l’empan endroit

T4 T3

20

Figure 4. Performance à NWR et SR du groupe Mo-TDL en fonction de l’empan envers

Le niveau non-verbal (Matrices Progressives). Dans le groupe Mo-DT, il existe une faible corrélation entre le score aux PM et la performance à NWR d’une part (rs = ,266 ; p = ,013) et la performance à SR d’autre part (rs = ,385 ; p = < ,001). Ce lien n’est pas retrouvé dans le groupe Mo-TDL. À l’échelle individuelle (Figures 5 et 6), nous observons que les enfants avec un faible NNV (score aux PM <10) ont des performances à NWR et SR très variables, comme ce qui est observé chez les enfants avec PM dans la norme. En particulier, certains enfants avec PM bas ont obtenu des scores supérieurs à 80% à ces deux tâches.

Figure 5. Performance à NWR et SR en fonction des PM dans le groupe Mo-DT

Figure 6. Performance à NWR et SR en fonction des PM dans le groupe Mo-TDL

4.1.2. Prédire les performances à NWR et à SR

Quelles variables parmi l’âge, la mémoire à court terme (empan endroit), la mémoire de travail (empan envers), le niveau non verbal (NNV) et les habiletés langagières permettent le

0

21

mieux d’expliquer les performances aux épreuves langagières LITMUS chez les enfants monolingues ? Pour répondre à cette question, des analyses de régression linéaire pas à pas descendantes ont été effectuées au sein des groupes Mo-DT et Mo-TDL, avec le score à NWR puis à SR en variable dépendante (et vice-versa) et les scores à l’empan de chiffres endroit et envers, aux PM, et à l’âge en variables indépendantes. Les tableaux de régressions sont donnés en Annexe 7. Toutes les analyses montrent que la variable langagière est toujours le prédicteur principal des performances aux épreuves LITMUS. Pour le groupe Mo-DT, s’agissant de NWR, la variable SR entre en premier dans le modèle et explique 55% de la variance, l’âge entre ensuite dans le modèle et rend compte de 2,1% supplémentaires (les variables NNV et empan endroit sont exclues). Pour SR, NWR entre en premier dans le modèle (explique 55% de la variance), suivie de la variable empan endroit (7,5%) et du NNV (3,1%) (la variable âge est exclue du modèle). Pour le groupe Mo-TDL, la mesure de langage (SR) entre en premier dans le modèle et rend compte de 27,6% de la variance à NWR, suivie de l’empan endroit (10,4%) (les variables âge, NNV et empan envers sont exclues du modèle). Pour SR, la mesure langagière (NWR) est la seule à entrer dans le modèle et explique 27,6% de la variance (les variables âge, NNV et empan endroit et envers sont exclues du modèle).

4.1.3. L’exploration intra-groupe : les enfants Mo-TDL 4.1.3.1. La réussite à NWR en fonction de celle à SR

Comme nous l’avons déjà vu (Tableau 7), la performance à NWR est fortement corrélée à celle de SR (rs = ,666 ; p < ,001), ce qu’ont confirmé les analyses de régression. Cependant, la Figure 7 met en évidence dix enfants (soit environ un quart des enfants Mo-TDL) dont l’écart entre la performance à NWR et à SR est supérieur à 20%. Ainsi, sept enfants ont un score à NWR nettement supérieur à celui à SR (T2, T9, T10, T12, T19, T21, T38) et trois enfants ont le profil inverse (T3, T14, T29).

Figure 7. Les enfants dont les performances à NWR et SR sont dissociées

T2

22

4.1.3.2. La réussite à NWR selon les propriétés des non-mots

Le Tableau 8 met en évidence que la performance à NWR du groupe Mo-TDL décroit avec l’augmentation du nombre de GC par NM (la réussite aux NM contenant deux GC est significativement inférieure à celle des NM n’en contenant qu’un seul ou aucun, et la réussite aux NM contenant un GC est significativement inférieure à celle des NM sans GC). La longueur des NM n’influence en revanche pas la performance qui est très similaire quel que soit le nombre de voyelles (une, deux, trois voyelles).

Tableau 8. Scores du groupe Mo-TDL à NWR selon les propriétés des non-mots

4.1.3.3. La réussite à SR en fonction de la complexité syntaxique

Le Tableau 9 donne la performance moyenne des enfants Mo-TDL à SR en fonction de chaque sous-type morphosyntaxique présent dans l’épreuve. Ces résultats indiquent que pour les structures morphosyntaxiques présent, passé composé et subordonnée complétive, la performance au deuxième sous-type, respectivement présent 3e personne du pluriel (45%), passé composé 3e personne du pluriel (24%) et subordonnée complétive tensée (10%), est significativement inférieure à celle observée pour le premier sous type, respectivement présent 3e personne du singulier (60%), passé composé 3e personne du singulier (50%) et complétive non-tensée (32%). Cette différence significative entre les deux sous-types ne peut être expliquée par la longueur des phrases puisque celle-ci est similaire dans les deux sous-types (voir le nombre de syllabes par phrases dans le Tableau 3). Par ailleurs, la réussite aux structures passé composé 3e personne du pluriel et relative objet est assez semblable pour les deux structures (respectivement 24% et 27%) bien que celles-ci soient associées à des longueurs différentes (respectivement 8 syllabes et 11-12 syllabes). Enfin, concernant la structure morphosyntaxique relative (la plus complexe du test), des performances faibles sont observées pour les deux sous-types (relatives sujets = 33%, relatives objets = 27%).

Moyenne (Écart-type) Comparaisons W p

Nb GC 0GC 71 (29) 0GC - 1GC 372 < ,001

1GC 50 (24) 1GC - 2GC 590,5 ,001

2GC 35 (30) 0GC - 2GC 563 < ,001

Longueur 1 voyelle 52 (24) 1V - 2V 418 ,701

2 voyelles 51 (23) 2V - 3V 359 ,916

3 voyelles 50 (32) 1V - 3V 390,5 ,561

23

Tableau 9. Scores à LITMUS-SR selon les structures syntaxiques Structure Sous-type Performance

Moyenne (%) (ET) Comparaisons W p

Présent 3 SG 60 (45) Prés. 3SG – 3PL 120 < ,001

3 PL 46 (45)

PC 3 SG 50 (43) PC 3SG – 3PL 175 < ,001

3 PL 24 (38)

Complétive Non-tensée 32 (39) N-tensée - Tensée 99 ,018

Tensée 10 (23)

Relative Sujet 33 (42) Sujet - Objet 67 ,351

Objet 27 (43)

4.2. Les groupes bilingues

4.2.1. Les résultats généraux de la population recrutée

Les performances langagières des groupes d’enfants bilingues et Mo-DT sont présentées dans la Figure 8. Nous ne trouvons ni pour NWR ni pour SR de différences significatives entre les performances des groupes Bi-NS et Bi-S (NWR : U = 1178,0 ; p = ,160 ; SR : U = 1161,0 ; p = ,196). Leurs scores ne diffèrent pas significativement de celui du groupe Mo-DT à NWR (Bi-NS : U = 4795,5 ; p > ,05 ; Bi-S : U = 500,5 ; p > ,05) mais sont significativement inférieurs au score de ce groupe à SR (Bi-NS : U = 2528,5 ; p < ,001 ; Bi-S : U = 172,0 ; p < ,001).

Figure 8. Performances à NWR et à SR (par groupe)

L’absence de différences significatives entre les groupes Bi-NS et Bi-S interroge sur la pertinence du critère suivi/absence de suivi orthophonique pour définir le statut clinique. Les analyses à suivre seront effectuées sur les deux groupes bilingues réunis et uniquement pour les 83 enfants dont les informations issues du questionnaire PaBiQ sont disponibles.

57

36

66 69

47

76

*** ***

24

4.2.2. L’exposition au français et le développement langagier précoce

Tel que l’indique le Tableau 10, le taux de répétition exacte à NWR est corrélé significativement à l’Indice de Développement Langagier précoce (IDL) (mesure issue du PaBiQ) (rs = ,306 ; p < ,01) mais à aucune des mesures d’exposition au français (âge de première exposition et durée d’exposition) et d’utilisation du français (utilisation à la maison et en-dehors du cadre familial). Pour SR, les corrélations sont diamétralement opposées, puisque le taux de répétition exacte n’est pas corrélé à l’IDL mais l’est significativement avec chacune des mesures d’exposition et d’utilisation du français. Pour la suite des analyses, nous nous concentrerons sur le score de l’IDL tout en prenant en compte les variables de bilinguisme.

Tableau 10. Matrices de corrélations de la population bilingue

Âge 1ère exp. Durée exp.fr Ut fr maison Ut fr ext. IDL

NWR % ,106 ,146 ,048 -,064 ,306**

SR % -,331** ,528*** ,329** ,491*** ,138

* < ,05 ; ** < ,01 ; *** < ,001

4.2.3. La clarification des groupes cliniques

Pour fixer la limite entre les enfants à risque de trouble de langage oral et ceux sans risque, nous avons défini et appliqué un seuil à l’IDL (PaBiQ) de huit points. Cette démarche et ce choix étaient sous-tendus par le fait qu’une apparition tardive des premiers mots est généralement associée à une apparition tardive des premières phrases et à une inquiétude parentale, mais aussi par le mode de calcul de l’IDL (Annexe 6) : l’apparition retardée des premiers mots et des premières phrases (respectivement après 16 et 25 mois) est cotée 0 ou quatre points (sur un total de six points à cet item du PaBiQ, soit un score compris entre 0 et huit points selon l’ampleur du retard) et la préoccupation parentale concernant le développement du langage entraine un score de 0 (sur un total de deux points). À partir de ce critère, et pour les 83 enfants dont la mesure d’IDL est disponible, nous obtenons :

- un groupe de 63 enfants non à risque de trouble de langage (IDL > 8 : M = 12,8 ; ET

= 1,6) (ce groupe comprend 53 enfants Bi-NS et 10 enfants Bi-S)

- et un groupe de 20 enfants à risque (IDL ≤ 8 : M = 4,9 ; ET = 2,6) (ce groupe comprend 15 enfants Bi-NS et 5 enfants Bi-S).

Les deux groupes sont comparables en termes d’âge et de leur exposition et utilisation du français (Tableau 11). Les compétences en langue maternelle ont été jugées significativement meilleures par les parents (PaBiQ) dans le groupe non à risque que dans le groupe à risque.

25

Tableau 11. Exposition et utilisation du français des groupes bilingues cliniques Enfants non à

risque (n = 63)

Enfants à

risque (n = 20) U p

Âge (mois) 60,8 (11,7) 60,6 (11,6) 617,5 ,898

Âge de 1er contact frç (mois) 10,0 (15,5) 8,2 (15,0) 683,0 ,502 Durée d’exposit au frç (mois) 50,7 (17,2) 53,0 (15,1) 572,5 ,544 Ut du frç à la maison (/16) 8,0 (4,2) 9,8 (3,8) 471,5 ,091 Ut du frç autres contextes (/14) 9,3 (4,0) 9,8 (3,5) 599,5 ,748 Habiletés actuelles en L1 (/15) 8,2 (4,5) 4,8 (3,9) 913,0 ,003 Indice de dvlmpt langagier (/14) 12,8 (1,6) 4,9 (2,6) 1260,0 < ,001

4.2.4. Les résultats des groupes cliniques

4.2.4.1. Les épreuves langagières et cognitives

Les résultats aux épreuves langagières et cognitives sont donnés dans la Figure 9 et le Tableau 12. La performance à NWR du groupe non à risque (69%) est significativement meilleure que celle du groupe à risque (51%) (U = 897,500 ; p = ,004). La différence entre le score à SR sans contrôler la durée d’exposition au français du groupe non à risque (47%) et du groupe à risque (40%) n’est pas significative (U = 706,000 ; p > ,05), mais la différence est significative lorsque la durée d’exposition au français est contrôlée (F(1,81) = 31,295 ; p < ,001). À noter que cette différence est également significative après contrôle de l’utilisation du français en dehors du cadre familial (F(1,81) = 26,513 ; p < ,001). Enfin, les deux groupes sont comparables en termes de capacités de mémoire à court terme (MCT) (empan endroit) et de niveau non verbal (NNV) (Matrices Progressives).

Figure 9. Performance à NWR et à SR des enfants non à risque et à risque de TDL (par groupe)

40 47

51

69

** ***

26

Tableau 12. Performances en répétition de chiffres et Progressives Matrices (par groupe) Enfants non à risque

4.2.4.2. Les liens entre les habiletés langagières, cognitives et l’âge

Pour les deux groupes (Tableau 13), les performances langagières sont corrélées entre elles, et chaque mesure de langage est significativement corrélée avec l’empan endroit mais pas avec l’âge. Dans le groupe à risque, les performances langagières sont aussi corrélées au NNV ce qui n’est retrouvé que pour SR dans le groupe non à risque. Toutefois, la différence entre les scores des groupes non à risque et à risque à NWR et à SR reste significative après contrôle de l’empan endroit (NWR : F(1,81) = 35,115 ; p < ,001 et SR : F(1,81) = 66,912 ; p < ,001) comme après contrôle du NNV (NWR : F(1,81) = 9,633 ; p = ,003 et SR : F(1,81) = 14,826 ; p < ,001).

Tableau 13. Matrices de corrélations (par groupe)

SR % Âge Emp endroit PM

Figure 10. Performances langagières du groupe à risque en fonction de l’empan endroit

0

27

Figure 11. Performances langagières du groupe à risque en fonction du NNV

Comme pour les groupes monolingues, à l’échelle des scores individuels (Figures 10 et 11, Annexe 6), des performances très variables sont observées à NWR et SR pour un même empan endroit ou un même score aux PM, et quel que soit le niveau d’habiletés en MCTv ou le NNV. L’enfant avec empan endroit très faible (0 chiffre) a cependant une très faible performance à NWR comme à SR et les enfants avec empan de 2 chiffres, des performances généralement sous la moyenne de leur groupe (Figure 10). Par ailleurs, les enfants avec faible NNV ont des taux de répétition très variables, tel qu’observé chez les enfants avec NNV dans la norme (Figure 11). Enfin, les performances langagières ne sont pas corrélées à l’âge, et contrairement au groupe Mo-TDL, nous ne notons pas de progression de la réussite en fonction de l’âge à NWR et SR dans le groupe à risque (Figure 12). Dans le groupe non à risque, les scores progressent avec l’âge à SR mais pas à NWR (Annexe 6).

Figure 12. Performances langagières du groupe à risque en fonction de l’âge

4.2.4.3. Les performances langagières et les mesures d’exposition au français Comme l’indique le Tableau 14, la réussite à NWR n’est corrélée ni à la durée d’exposition ni à l’utilisation du français (quel que soit le groupe). Il en est de même pour la performance à SR des enfants à risque de trouble de langage. En revanche, celle-ci est fortement corrélée à l’exposition comme à l’utilisation du français pour les enfants non à risque.

0

28

Tableau 14. Matrice de corrélations entre NWR, SR et l’exposition et l’utilisation du français dans les groupes bilingues à risque et non à risque de trouble langagier

Âge 1ère exp Durée exp Ut maison Ut extérieur NWR % Groupe non

à risque

,137 ,173 ,032 -,020

SR % -,396*** ,611*** ,381*** ,556***

NWR% Groupe à risque

-,163 ,290 ,391 -,180

SR % -,166 ,309 ,306 ,283

4.2.5. Les scores individuels

Dans le but d’identifier les enfants qui s’éloignent des performances de leur groupe, les moyennes et écart-types à NWR et SR de la population bilingue totale (n = 83) ont été calculés (NWR : M = 65% ; ET = 23, SR : M = 46% ; ET = 32). Ces données seront croisées avec les données issues du PaBiQ et les performances cognitives.

Les scores individuels (Figure 13) mettent en évidence deux enfants du groupe à risque de trouble qui ont un score supérieur à 88% à NWR (> +1ET) (les enfants D2 et B55) et trois enfants qui ont un score supérieur à 78% à SR (> +1ET) (D2, B55, B79). B79 obtient également un bon score à NWR (84%). Ces trois enfants majoritairement exposés au français au quotidien ont de faibles performances estimées dans leur autre langue (arabe) (4/15 pour D2 et B55, 6/15 pour B79). À noter que D2 est suivi en orthophonie ; B55 et B79 ne le sont pas. Concernant le groupe non à risque, 8/63 enfants ont un score à NWR sous le seuil de 42% (< -1ET) (D5, D15, B11, B49, B93, B98, B122, B125) et 12/63 inférieur à 14% à SR (< -1ET) (D7, D12, B33, B39, B113, B119, B122, B124, B125, B128, B130, B137). Les enfants B122 et B125 obtiennent des scores faibles dans les deux épreuves. Ils sont exposés au français depuis seulement 7 et 40 mois respectivement et exposés majoritairement au turc au quotidien. Leur niveau de turc est estimé correct par leurs parents (12/15 et 14/15 respectivement). Ils ont un empan endroit réduit (2 chiffres) et un faible NNV (PM = 2,5 et 10 respectivement). À noter que ces deux enfants ne sont pas suivis en orthophonie. Les enfants D5 et B49 obtiennent un faible score à SR (19%) et une assez faible estimation de leurs habiletés dans leur autre langue (6/15 en portugais pour D5, 7/15 en créole pour B49). D5 est exposé au français depuis 34 mois et peu à la maison ou en dehors, et B49 est exposé au français depuis la naissance (54 mois). Ils ont par ailleurs tous les deux un faible empan endroit (respectivement 0 et 2 chiffres). S’agissant du suivi, D5 bénéficie de séances d’orthophonie mais B49 n’est pas suivi. L’enfant D15 cumule un faible score à SR (25%), d’empan endroit (3), de PM (2,5) et une faible estimation de ses habiletés en langue maternelle (2/15 en arabe) malgré une exposition équilibrée aux deux langues depuis la

29

naissance (six ans). Il s’agit d’un enfant suivi en orthophonie. Les enfants B11, B93 et B98 sont exposés depuis la naissance au français et de manière assez équilibrée au quotidien avec leur autre langue, leur performance à SR est dans la moyenne (respectivement 44%, 56%, 44%).

Ces trois enfants ne sont pas suivis en orthophonie. Enfin, sur les 12 enfants avec faible performance à SR, 11 sont des enfants franco-turcs et huit d’entre eux sont exposés au français depuis moins de quatre ans. Parmi ces 11 enfants, 10 ne sont pas suivis en orthophonie et le 11e (D7) bénéficie d’un suivi. Le douzième enfant (D12) est très jeune (moins de quatre ans) et affiche un score assez correct pour son âge à NWR (49%) ; il s’agit d’un enfant suivi.

Figure 13. Performance à NWR et SR selon leur durée d’exposition au français (en mois)

Discussion

Cette étude s’est intéressée au bien-fondé des épreuves françaises LITMUS de répétition de non-mots (NWR) et de phrases (SR) à s’intégrer dans un bilan orthophonique de langage oral et à participer au diagnostic de trouble développemental de langage chez les enfants de trois à huit ans, monolingues et bilingues. Nous nous attendions à ce que : (1) les groupes d’enfants suivis en orthophonie pour difficultés de langage oral obtiennent de moins bonnes performances aux épreuves langagières LITMUS et de mémoire de travail (MCTv et/ou MDT) que les groupes non suivis (que les enfants soient monolingues, groupes Mo-DT et Mo-TDL, ou bilingues, groupes Bi-S et Bi-NS), (2) cette différence de performance entre groupes suivis (Mo-TDL, Bi-S) et non suivis en orthophonie (Mo-DT, Bi-NS) soit maintenue après contrôle de la MCTv/MDT et après contrôle du niveau non verbal ; nous souhaitions également connaître : (3) le poids de la MCTv et/ou de la MDT sur la réussite aux tâches langagières LITMUS ; (4) si la performance aux outils langagiers LITMUS dépend d’une capacité minimale de MCTv et/ou de MDT ; (5) et si le statut linguistique (monolingue/bilingue) pouvait influencer le lien éventuel entre les performances aux tâches LITMUS et la MCTv/MDT. Ces différents points seront explorés au travers différentes thématiques dans les sections à suivre.

0

30

5.1. Les performances langagières et cognitives des enfants avec trouble de langage Dans la population monolingue, nos résultats ont confirmé notre première hypothèse et

5.1. Les performances langagières et cognitives des enfants avec trouble de langage Dans la population monolingue, nos résultats ont confirmé notre première hypothèse et

Documents relatifs