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1. INTRODUCTION :

1.5 L’enquête exploratoire

1.5.6 La critique de l’enquête exploratoire

La question 2 « Depuis quand êtes-vous diplômé(e) ? » aurait pu être plus pertinente, elle permet de connaître l’ancienneté mais ne permet pas d’évaluer le degré d’expertise de l’ergothérapeute interrogé. Il n’est pas possible de savoir avec cette question s’il y a un lien entre l’ancienneté de l’ergothérapeute et sa prise en charge du changement chez une personne en situation de handicap. De plus, le nombre d’années après l’obtention du diplôme ne correspond pas au nombre d’années de pratique du métier. Cependant, cette question permet de tenter de s’assurer que la personne est bien diplômée d’Etat en ergothérapie. Elle rappelle que la personne doit être diplômée, et non étudiante en ergothérapie, pour pouvoir répondre à ce questionnaire.

La question 3 « Quel type de pathologies rencontrez-vous dans l’exercice de cette structure ? » n’est pas exploitable par la chercheuse. Cette question est trop large. Elle permet de situer le domaine de pratique de l’enquêté mais ne sert à rien pour le traitement des données en lien avec le thème et la revue de littérature. Beaucoup d’écrits évoquent les pathologies acquises par accident ou par maladies comme des maladies chroniques. Il aurait été plus intéressant de formuler une question à ce propos pour faire le lien avec la revue de littérature.

A la question 6 : « vos patients valident-ils ces préconisations ? », la majorité des ergothérapeutes répond « souvent ». Les réponses à cette question laissent penser qu’elle a entrainé un biais de désirabilité. Les enquêtés ont peut-être voulu se montrer sous « leur meilleur jour » comme pour montrer qu’ils sont centrés sur la personne dans leur approche ou qu’ils considèrent la personne comme partenaire durant ce processus. Or, la chercheuse ne peut pas savoir si la personne dit vrai. Peut-être que poser une question ouverte telle que « Quelle posture adoptent vos patients lors de ces préconisations ? » aurait permis de recueillir cette information avec le moins de biais possible.

La chercheuse a possiblement induit un biais méthodologique par la question 6 « Vos patients valident-ils ces préconisations ? » et par la question 7 « Arrive-t-il que vos patients acceptent ces préconisations en début de prise en soin puis finalement, se rétractent par la suite ? ». En effet, les enquêtés n’ont peut-être pas compris ces questions de la même manière que la chercheuse car les termes « valider » et « accepter » peuvent être interprétés comme des synonymes. Par ces termes, la chercheuse avait en tête les situations de départ qui ont permis de faire émerger son thème. Par « valider », il pensait aux situations où les personnes s’adressent à l’ergothérapeute avec une demande et des idées de préconisations à mettre en place pour répondre à leur demande. Dans les situations de départ, elles avaient pu choisir et elles « validaient » la préconisation. Par « accepter », l’ergothérapeute pensait au moment où les personne avaient déjà validé la préconisation, comme cité avant, et les démarches étaient donc en cours pour la mettre en place. Il est possible que les résultats soient différents si la chercheuse avait expliqué le fond de sa pensée. Cependant, la peur d’induire des réponses a rendu compliqué la formulation de ces questions. Peut-être qu’un entretien aurait été plus adapté pour ce type de questions.

La chercheuse a rencontré des problèmes de distanciation avec son travail en voulant savoir si les situations qu’il a observées sur le terrain pouvaient être observables par d’autres ergothérapeutes dans leur pratique. Il est probable que des biais soient liés à cela.

Synthèse des résultats de l’enquête exploratoire

Les réponses de l’enquête exploratoire sont en accord avec la revue de littérature. La population interrogée est un groupe d’ergothérapeutes pour qui une hétérogénéité est observable concernant leur ancienneté, leur lieux d’exercice et les personnes en situation de handicap moteur avec qui ils travaillent.

Ils sont tous d’accord pour dire que leurs préconisations induisent un changement auprès de la personne en situation de handicap. Ils parviennent tous à identifier des facteurs pouvant entraver l’acceptation durable et réelle du changement lié aux préconisations alors que la personne l’avait validé au départ. Le principal facteur obstacle identifié est l’identité de la personne en lien avec sa pathologie ou sa situation de handicap par rapport au groupe auquel elle appartient. Le principal facteur lié à l’environnement humain concerne les difficultés rencontrées par la famille et l’entourage de la personne en lien avec l’acceptation du handicap et du changement. La personne réalise-t-elle ses choix de préconisation en fonction des autres personnes ? La personne n’accepte-t-elle pas certains changements de peur d’être stigmatisée ? Les enquêtés trouvent des moyens pour que la personne donne un sens au changement. La recherche des facteurs obstacles au changement par les ergothérapeutes est mise en avant. La posture d’accompagnement et l’acceptation des choix de la personne par les ergothérapeutes sont également retrouvées dans plusieurs réponses. Pour finir, la communication (information, conseil, échanges avec l’équipe) est soulignée par la plupart des enquêtés. Il n’est pas évoqué comme dans la revue de littérature le fait de rendre la personne actrice. Cela amène à se demander : Est-ce que l’ergothérapeute parvient à rendre la personne actrice dans cette situation ? Cherche-t-il à impliquer la personne dans ce processus ?

Les résultats de l’enquête exploratoire ont été mis en tension avec les savoirs et les pratiques du thème de départ.

La chercheuse a développé un questionnement à leur propos. Cela l’amène à formuler la question initiale de recherche :

Comment l’identité de la personne en situation de handicap moteur peut-elle avoir un impact sur son adhésion à un changement ?

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